proses de l'inventeurProses de l’inventeur. Ecrire et penser l’invention au XIXè siècle
Textes réunis par Muriel Louâpre

Détrôné au siècle suivant par le savant-chercheur, l’inventeur n’est pas encore au XIXe siècle ce spécimen loufoque qui prêtera à rire dans les futurs concours Lépine. Au contraire, la France postrévolutionnaire voit le sacre de l’inventeur comme figure d’exception, dont la légitimité a été renforcée par l’essor des sociétés d’émulation et la mise en place des systèmes de brevets, maillon indispensable entre l’invention et le capitalisme naissant. La création de la Société des inventions et découvertes composée « d’inventeurs, de savants, d’artistes et d’amateurs […] sans prééminence entre ces quatre classes » comme l’annoncent en 1790 ses statuts, a préparé et facilité l’adoption d’une loi « relative aux découvertes utiles et aux moyens d’en assurer la propriété à ceux qui seront reconnus en être les auteurs », première pierre de notre législation sur les brevets. La monarchie de Juillet va également favoriser l’invention, notamment avec la loi de 1844 qui facilite le dépôt de brevet, puis la fondation en 1849 par le Baron Taylor de l’Association des Inventeurs et Artistes Industriels, qui marque le glissement vers un monde de l’invention divisé entre arts appliqués et mécanique, incluant désormais les ingénieurs. Le premier XIXe siècle est donc particulièrement attentif à l’inventeur, rouage précieux du nouveau système capitaliste ; c’est le temps des David Séchard, à la fois synthèse et référence d’un inventeur idéaliste sorti du rang, et au service du bien commun. Plus loin dans le siècle, en 1867, un pamphlet d’Yves Guyot défend explicitement un idéal de l’inventeur héraut de la société démocratique et républicaine, et constitue de ce fait un marqueur dans la construction médiatique cette fois du personnage d’inventeur.

couverture-imageThéâtre et médecine.
Etudes réunies par Florence Filippi et Julie de Faramond
Cet ouvrage réunit les actes du colloque international « Théâtre et Médecine » organisé à la Faculté de Médecine de l’Université Paris Descartes en 2010. Plusieurs hypothèses ont guidé les réflexions compilées dans ce volume. La première consistait à envisager les raisons qui motivaient le corps médical à concevoir sa pratique comme un spectacle à part entière, puisant dans les ressources de la mise en scène théâtrale les moyens d’une représentation efficace de son pouvoir thérapeutique. L’hypothèse seconde relevait du constat réciproque que les théoriciens du théâtre, comme les dramaturges et les metteurs en scène, s’étaient emparé à maintes reprises du discours du médecin pour penser une poétique de la scène, exploitant les pathologies et les symptômes du malade pour établir un diagnostic de la pratique théâtrale. Cherchant à se légitimer mutuellement, théâtre et médecine ont été renvoyés dos à dos par leurs détracteurs, nourrissant aussi bien la critique de leurs effets pathologiques que l’éloge de leurs vertus thérapeutiques. Dans cette optique, les études réunies ici examinent cette relation de fascination et de répulsion mêlées, afin de penser le médical comme élément spectaculaire, et considérer le discours du médecin comme paradigme épistémologique pour le théâtre. À partir d’une double approche, diachronique et synchronique, cet ouvrage tente ainsi d’analyser des dispositifs et des discours communs à la médecine et au spectacle vivant.  
 
couverture3Belles lettres, sciences et littérature
Etudes réunies par Anne-Gaëlle Weber

S’il existe désormais de nombreuses études sur la question des „deux cultures“ et des partages disciplinaires entre sciences et humanités, elles tiennent rarement compte de l’écart existant entre le décret de leur séparation et sa réalisation effective, qui n’a pas toujours pris des formes aussi définitives ou univoques qu’on le croit généralement. C’est l’ambition de cet ouvrage que de redessiner l’histoire des articulations de la science et de la littérature en prenant pour point de repère temporel l’apparition de la notion moderne de « littérature » et le remplacement progressif du système des Belles Lettres par une nouvelle organisation des disciplines de l’esprit. Les études de cas réunies ici dessinent une nouvelle histoire de la séparation des « deux cultures », qui tient  compte de l’extrême variabilité historique et culturelle des mots « science » et « littérature ». Peut-on échapper à l’illusion rétrospective lorsqu’on analyse, à partir de nos catégories présentes, les « sciences » et les « littératures » passées ? Convient-il de subsumer l’étude de leurs rapports sous des catégories plus générales, comme les « imaginaires », ou faut-il considérer que les liens entre science et littérature jouent un rôle spécifique pour l’histoire de chacune de ces disciplines, qu’elles sont archétypales de certaines évolutions culturelles ? Tout en ébauchant un certain nombre de réponses à ces questions, cet ouvrage suggère que le modèle contemporain
la spécialisation des disciplines savantes pourrait être nuancé, voire remodelé dans le sens d’une plus grande complexité.

couv ammonites2La Poésie scientifique, de la gloire au déclin
Etudes réunies par Muriel Louâpre, Hugues Marchal et Michel Pierssens

Ce volume réunit les actes d’un colloque international organisé à Montréal en 2010. Il part d’une interrogation, et ouvre un champ d’investigation : après avoir connu une sorte d’apogée à la fin des Lumières, autour de figures comme Delille, Erasmus Darwin ou Goethe, la « poésie scientifique » a-t-elle disparu avec le romantisme, qui, selon Sainte-Beuve, consomma la déroute de la poésie didactique et descriptive ? A-t-elle au contraire survécu, comme le suggère l’analyse quantitative des données éditoriales françaises, jusqu’en 1900 ? En ce cas, que faire des œuvres qui ont cherché, après cette date, à réinventer les modalités d’un dialogue entre poème et sciences, quitte à tourner le dos à toute tradition antérieure ? Peut-on encore parler d’un même genre ? Enfin le destin de cette poésie fut-il identique en France et dans d’autres pays européens ? Ce sont les pièces de cette enquête en cours, poursuivie selon d’autres voies par l’anthologie Muses et Ptérodactyles (Seuil, 2013), qui sont versées ici au dossier, avec 26 contributions synthétiques, monographiques ou théoriques, couvrant plusieurs siècles et plusieurs langues, du XVIIIe siècle à nos jours.

Eighteenth-Century Archives of the BodyEdited by Elena TADDIA

Conference Proceedings of the International Workshop Archives of the Body. Medieval to Early Modern, Cambridge University, 8-9 Sept. 2011.  Téléchargez l’ouvrage en format pdf : Nous remercions la Bibliothèque de l’Académie Nationale de Médecine pour l’illustration de couverture : (c) Bibliothèque de l’Académie Nationale de Médecine

 

mecaniqueMécaniques du vivant : Savoir médical et représentations du corps humain (XVIIe–XIXe siècle)Sous la direction de Laurence Talairach-Vielmas

Actes du colloque. Explora 2011 à l’Université de Toulouse « Mécaniques du vivant : savoir médical et représentations du corps humain »  Télélarchargez le livre en format pdf : Pages 1-70 : Pages 71-129

 
 
Projections : Des organes hors du Corps
Études réunies par Hugues Marchal (Paris III) et Anne Simon (CNRS) 

Ce dossier spécial présente les Actes du colloque tenu les 13-14 octobre 2006 au MAC-VAL, Musée d’Art Contemporain du Val-de-Marne. Les actes du colloque PROJECTIONS : des organes hors du corps sont téléchargeables soit sous la forme d’un volume complet au format pdf (mais attention : la durée du téléchargement du fichier de 65M dépendra de votre bande passante) soit en cliquant ici pour une consultation chapitre par chapitre. [Actes->http://rnx9686.webmo.fr/IMG…] du Colloque International Projections : des organes hors (…)

Jules Verne et la vulgarisation scientifique

Vingt mille notes sous les textes — Daniel Compère Le document chez Jules Verne : valeur didactique ou facteur de configuration romanesque ? — Philippe Scheinhardt Technologies et société du futur : procédés et enjeux de l’anticipation dans l’œuvre de Jules Verne — Julien Feydy Les Voyages extraordinaires ou la chasse aux météores — Christian Robin Cartonnages et illustrations : de Jules Verne à Robida — Sandrine Doré et Ségolène Le Men

 
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Introduction

En juillet 2013, alors que la grande chaleur du plateau castillan sévissait, une vingtaine de chercheurs de disciplines diverses ont trouvé refuge – durant trois journées – auprès de la fraîcheur des vieilles pierres de la Faculté de Lettres de l’Université de Salamanca. Venus des quatre coins de la « Peau du taureau » et de plusieurs angles de « l’Hexagone », ils ont cherché à réunir art et mathématiques, physique et littérature, neuroscience et poétique, anthropologie et intelligence artificielle, biologie et esthétique sous l’enseigne des « Inscriptions littéraires de la science ». L’équipe de recherche éponyme – ILICIA, de son acronyme – les avait invités, espérant ainsi inaugurer un dialogue de disciplines, unique dans le domaine académique espagnol. Depuis, le dialogue a fait route et deux projets de recherche se sont succédés, accompagnés de publications. Au moment où ce volume paraît, un projet ILICIA. Inscriptions littéraires de la science. Langage, science et épistémologie1 se trouve en cours.

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L’Élaboration d’une figure du poète-médecin dans La Chronique médicale (1919-1940)

Fondée en 1894 par Augustin Cabanès, médecin, journaliste et historien de la médecine, La Chronique médicale s’affirme comme une revue historique et littéraire autant que médicale. La période de l’Entre-deux-guerres voit la revue survivre à la mort de son fondateur (en 1928) et poursuivre de manière très dynamique jusqu’en 1938 un projet encyclopédique touchant tous les aspects du monde médical et bénéficiant de l’implication d’un lectorat élargi à toute la France. La création poétique, qu’elle soit passée ou contemporaine, occupe une place important dans cette période, avec l’appui notamment de la très active Société des Médecins littérateurs. La construction collective d’une anthologie des médecins- poètes par un corps médical militant et soucieux de sa propre image éclaire sa conception de la poésie. mots-clés: réseaux, revues médico-littéraires, médecine, poésie, Augustin Cabanès, histoire de la médecine, Entre-deux-guerres, anthologie.

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Inventer en littérature

Pour bien comprendre le sens de mes réflexions sur l’invention en littérature, il n’est pas inutile de rappeler un certain nombre de faits historiques et juridiques qui ont fait de l’invention un concept à part entière pour désigner dans l’ordre des activités humaines la production du neuf. Historiques et juridiques, car la question de l’invention s’est posée de la sorte dès le XVIIIe siècle dans le monde de l’artisanat et de l’industrie afin d’assurer aux « inventeurs » la reconnaissance et la protection de la propriété intellectuelle de leurs inventions. Ce qui soulève la question du rapport entre l’individuel et le collectif, l’inventeur et la société. Ce cadre juridique a été bien étudié par les historiens, et je renvoie aux travaux de Christine Demeulenaere et de Gabriel Galvez-Béhar. Deux lois importantes à cet égard : celle du 7 janvier 1791 et celle du 5 juillet 1844, qui régissent l’obtention d’un brevet sous forme contractuelle entre l’inventeur et l’Etat dans une société qui, à l’instar de l’Angleterre, entend prendre le pas de l’industrialisation (plusieurs modifications ont été apportées dans le sens d’un assouplissement, notamment des taxes, au moment des grands expositions universelles, dès 1855). Toute découverte ou invention — la loi de 1844 a été d’application jusqu’en 1968 — devant remplir deux conditions : « être nouvelle et avoir un caractère industriel » (Galvez-Behar, p. 30), ce qui exclut d’office le brevetage des découvertes purement théoriques et scientifiques.

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Introduction

  La médecine est omniprésente au théâtre, tant sur le plan thématique que du point de vue des dispositifs, elle qui…

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Modulations comiques : médecins, médecine et maladie dans le théâtre de Molière

Cet article propose une analyse typologique et généalogique de la figure du médecin, personnage incontournable de la poétique moliéresque. En montrant comment Molière fait du médecin un instrument de mystification et de renversement des rapports de force, il insiste sur le cas particulier du Malade imaginaire qu’il considère comme la clé de cette dramaturgie de l'imagination chimérique et obsessionnelle.

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Méthode et observation dans la botanique de Linné

Cet article a pour point de départ la volonté d’étudier à nouveaux frais la méthodologie mise en œuvre par le célèbre naturaliste suédois Carl von Linné. C’est qu’en dehors même des réformes bien connues qu’il a introduites dans la discipline, il semble important de clarifier sa position concernant la bonne méthode à adopter en botanique, notamment par rapport à ses prédécesseurs et contemporains. En effet, cette méthode ne se limite absolument pas à son système sexuel, mais implique la création d’un ensemble cohérent de règles pour la pratique, ainsi que l’approfondissement de la connaissance du végétal. Le but visé est bien de produire une classification, mais où se trouve diminuée la part d’artificialité inhérente aux débuts de la recherche et grâce à laquelle il devient possible de se rapprocher toujours davantage de la nature. Ainsi Linné produit-il à la fois une nouvelle conception des entités du système, en s’éloignant d’un schéma logique et ontologique pour les « naturaliser », et des règles inédites et définitives pour les observer et en tirer le meilleur parti. Enfin, il dessine l’horizon de la science botanique à l’aune d’un progrès constant de la connaissance du règne végétal.

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Les satires ménippées de la science nouvelle : la littérature comme avenir de la sagesse ?

Le corpus des satires ménippées de la première modernité constitue un observatoire intéressant pour comprendre les relations entre le littéraire et le scientifique au sein des Belles Lettres. Contentons-nous d’adjectifs, puisque les substantifs « littérature » ou « science », s’ils existent, n’ont alors pas le sens qu’ils commencent à acquérir à la fin du XVIIIe siècle. Si l’on emploiera ici, ponctuellement, le substantif de « sciences » pour désigner les savoirs mathématisés ou expérimentaux caractéristiques des « novateurs » dans le domaine de ce qu'on appelle alors la « philosophie naturelle », c’est plutôt par commodité, suivant l’usage de la langue moderne. La ménippée consiste en un art de la satire d'idée pouvant associer un contenu philosophique ou savant tout à fait sérieux à l’ironie la plus subtile, à des mises en scène fictionnelles complexes, ainsi qu’à une sollicitation herméneutique constante du lecteur – autant de critères évidents de littérarité. Les textes dont nous traiterons témoignent de l’existence non pas de passerelles, mais d’un véritable continuum reliant encore les discours scientifiques et la pratique de formes littéraires sophistiquées au sein de la République des Lettres. Et ce parce qu’ils prennent pour matière satirique des controverses et des thèses d'actualité, toujours évoquées précisément, même lorsqu’elles le sont de manière allusive ; parce qu’ils manifestent une réelle ambition critique envers les théories savantes de leur époque, même et justement lorsqu’il s'agit de les tourner en dérision. Téléchargez cet article au format PDF: pdf/Correard.pdf

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La théorie des esprits animaux ou l’alchimie poétique de La Fontaine

Mots clés : fable, morale, philosophie dualiste, animal, mécanique des passions. Résumé : La Fontaine s’est intéressé explicitement au moins à deux reprises à la théorie des esprits animaux : il l’expose dans son Poème du Quinquina pour louer un remède contre la fièvre et relayer la thèse de Harvey sur la circulation du sang ; il l’évoque également dans le Discours à Madame de La Sablière où il s’appuie sur Gassendi pour critiquer la vision dualiste de Descartes qui considère que les bêtes sont gouvernées par des principes purement mécanistes. Mais cette référence aux esprits animaux déborde à la fois ces deux textes et le seul cadre de la controverse philosophique pour nourrir l’écriture et l’imaginaire poétiques de l’auteur. La Fontaine l’associe en effet à l’idée d’une division et d’une dynamique de la matière également présente dans ses réflexions sur l’atomisme démocritéen. Ces corpuscules subtils et mobiles qui interviennent aussi bien dans les mouvements des organismes que dans la « mémoire corporelle » ou dans l’imagination deviennent ainsi l’occasion de suggérer les correspondances graduées qui relient les espèces, les circulations qui s’opèrent au sein du vivant et des textes. La théorie des esprits animaux contribue dès lors à justifier l’écriture analogique des Fables ou si l’on préfère l’alchimie mentale et poétique dont elles résultent.

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Renaissance de la poésie scientifique : 1950-2010

Je remercie les organisateurs de m’avoir accordé cette séance plénière, dont le titre semble avaliser le thème général du colloque. En effet, selon Hugues Marchal, la disparition de la poésie scientifique aurait été largement consommée dès la fin du XIXe siècle. Dans la conférence d’ouverture, Muriel Louâpre a été plus magnanime en prolongeant la moribonde d’une quarantaine d’années et en établissant son certificat de décès à l’an 1939. Le titre de mon intervention, lui, annonce une renaissance du genre à partir des années 1950, ce qui suppose bel et bien une mort auparavant. Tout le monde semble donc d’accord.

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SIGN AND SILENCE : MATTERS OF LANGUAGE

La langue est en étroite relation avec le silence, de même qu’avec la nature et la biologie. Nous pourrions ainsi dire que la langue appartient au silence, car elle vient directement de lui, de ce qui n’est pas prononcé, du long du chemin neuronal que les mots rebroussent jusqu’à l’énonciation. Ce chemin se trouve dans un calme apparent, mais il représente en nous la porte d’entrée de l’évolution et de ce qui nous rend humains. C’est la phase de vérification d’un mouvement silencieux mais nécessaire dans la matière, mis en évidence dans le discours au fil du temps, depuis ses origines jusqu’à sa pratique quotidienne. La nature nous fournit quelques outils d’imitation formidables, qui nous conduisent d’un état sensori-moteur indifférencié à une proposition quelque peu utilitariste de soi. Mais ce n’est qu’en accédant au plein contrôle et à la maîtrise de nos déclarations qu’un sentiment d’appartenance est libéré, en déplaçant l’incertitude en faveur de l’idée d’être. Cet article aborde certaines questions sur l’énonciation, à la lumière de notions neurologiques et philosophiques, qui véhiculent les relations intimes reliant le cerveau et le langage. Mots-clés : Langage, évolution, sensori-moteur, énonciation, dissonance cognitive

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Le dialogue entre médecine et littérature dans la Neue Rundschau, 1918-1939. (Benn, Döblin, Koelsch, Schleich)

La Neue Rundschau est une revue culturelle de premier ordre dans l’Allemagne de l’Entre-deux-guerres où des médecins et des écrivains-médecins ont publié des essais qui mettent en œuvre un dialogue entre littérature et médecine, reflétant ainsi non seulement le caractère discursif de la médecine, mais aussi les interrogations d’une société en crise. Dans les essais médico-littéraires de la période étudiée, l’examen récurrent du « Moi », comme sujet rationnel et libre, corps et être social, sert de prisme à un questionnement sur la pérennité des valeurs attachées à un humanisme profondément meurtri à l’issue de la Première Guerre Mondiale. À travers une synthèse de ces écrits, nous tâcherons de mettre en lumière les continuités et les ruptures dans ces dialogues, en nous montrant attentifs aux imbrications troubles entre démarches esthétiques et épistémologiques. mots-clefs : revue, médecine, essai, discours, « Moi », humanisme, Entre-deux- guerres.

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« Le Pise : Ô ma divine maîtresse !… ». L’architecte François Cointeraux (1740-1830) et la poésie du Pise de Terre

La seconde moitié du XVIIIe siècle voit une réévaluation des arts et métiers qui doit beaucoup à des entreprises éditoriales comme les Descriptions des arts et métiers et l’Encyclopédie. Celles-ci sont le fait d’institutions savantes (l’Académie des sciences) ou d’intellectuels rompus aux mots et à leur usage (Diderot et D’Alembert). Si leurs auteurs ont enquêté, visité des ateliers, rencontré des artisans, s’ils se sont informés auprès de praticiens, ils ont ordonné, mis en mots et en discours et finalement théorisé des pratiques et des usages, des tours de main, des « secrets » de métier, des savoir-faire techniques dont ils n’avaient qu’une approche très indirecte et une connaissance déléguée.

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L’obtention végétale au XIXè siècle : fruit du hasard ou de l’industrie ?

Le statut de la nouveauté dans le domaine du vivant se situe en dehors des cadres légaux car les lois sur les brevets ne reconnaissent la qualité d’invention qu’aux objets inanimés.  « Inventer des plantes » reste une expression du domaine de l’imaginaire ou de la métaphore. Cette exclusion procède d’une limite intrinsèque entre la création humaine, qui peut être nouvelle, reproductible et utile, que l’inventeur peut s’approprier, et la création du monde vivant qui appartient, elle, au Créateur. Au XIXe siècle, les préceptes religieux ou philosophiques subsistent tacitement dans les lois et ne suscitent pas de controverse majeure autour de la brevetabilité du vivant avant les années 1920. Cependant, au cours du XIXe siècle, les nouveautés végétales font l’objet d’une évolution radicale, qui concerne les procédés dont elles découlent et les conséquences commerciales qu’elles entraînent.

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Opérateurs et charlatans dans quelques pièces du XVIIIe siècle

De nombreuses peintures et dessins des XVIIème et XVIIIème siècles nous montrent comment les empiriques, pouvaient mettre en scène leurs pratiques pour attirer le public. Les textes de ces spectacles de rue ne nous sont que très peu parvenus. En revanche il y a un gros corpus de pièces de théâtre où ces mêmes empiriques et charlatans sont mis en scène. L’analyse d’un échantillon de pièces de théâtre du XVIIIème siècle nous instruit sur le discours prêté par l’auteur à ces personnages et leurs clients. Se dégagent certaines constantes : l’argent omniprésent, la peur, la douleur et le pouvoir du soignant sur celui qui souffre. Ces éléments sont mis en relief par les différents auteurs qui laissent apparaître à travers leurs personnages, leur propre peur et leur propre vision du monde des arts de guérir. Pierre Baron énumère les différentes figures de charlatan dans le théâtre de foire et de rue, inspirés de la Commedia dell’arte. La proximité entre les tréteaux sur lesquels se jouaient ces spectacles et ceux sur lesquelles les charlatans pratiquaient leur art et leur commerce donne un relief et une saveur particulière à la présence de ces nombreux personnages de charlatans. Dans les foires, charlatanisme réel et fictionnel se côtoyaient, pour la grande joie des spectateurs et pour la joie moindre des patients

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Beobachten, ordnen, erklären : Johannes Gessners Tabulae phytographicae (1795-1804)

Der Beitrag untersucht Strategien der Inszenierung und Kommunikation botanischer Klassifikationssysteme anhand der Tafeln, die der Zürcher Naturforscher Johannes Gessner in den 1740er-Jahren anzufertigen begann und die nach seinem Tod als Tabulae phytographicae veröffentlicht wurden. Mit diesen schuf Gessner Abbildungen, die jene Merkmale hervorhoben, die für die Linné'sche Klassifikation bedeutend waren, und vermittelte somit eine spezifische Sichtweise auf Pflanzen. Um die Entstehung dieser botanischen Tafeln genauer zu beleuchten, werden in dem Beitrag die Praktiken des Beobachtens, Ordnens und Erklärens untersucht und gezeigt, auf welcher Grundlage die Abbildungen erstellt wurden, wie das Pflanzenwissen mit ihrer Hilfe organisiert und einem breiteren Publikum verständlich gemacht wurde. Dabei wird deutlich, dass der Anspruch, derartige Abbildungen zu schaffen, nur mit grossen Anstrengungen und in Zusammenarbeit verschiedenster Akteure verwirklicht werden konnte.

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Le Roman de la Terre au tournant des XVIIIe et XIXe siècles

En 2011, dans L’Évolution des idées en géologie. Des cosmogonies à la physique du globe, le philosophe et historien des sciences Bernard Balan situe la « fondation » de la science géologique à la fin des années 1960, c’est-à-dire au moment où il est définitivement établi, grâce aux travaux de géophysiciens anglais et américains, que la surface de la Terre est mobile aussi bien dans un sens horizontal que dans un sens vertical . Devant l’émergence tardive, en matière de physique du globe, d’un discours scientifique, Balan s’interroge sur les raisons pour lesquelles le développement des études « géologiques » depuis la fin du XVIIIe siècle, et certains résultats obtenus par l’étude des strates déjà anciennes, n’ont pu aboutir plus tôt à l’explication tectonique. Ce « retard » de la géologie par rapport à d’autres branches de l’histoire naturelle a, selon lui, deux causes possibles : il fallait pour que la « géologie » progresse et naisse enfin qu’aient été acquis les résultats de la thermodynamique ; il fallait aussi que la géologie s’arrache aux mythes des origines et, plus particulièrement aux récits bibliques de la Genèse et du Déluge, qu’elle a d’abord et surtout chercher à laïciser. Ce second argument n’est guère nouveau ; il est récurrent sous la plume de ceux qui, depuis les années 1740 avec Buffon jusqu’aux années 1830 au moins avec Charles Lyell, entreprennent non seulement de retracer l’histoire de la Terre mais aussi de fonder la géologie en tant que science expérimentale. En 1812, Georges Cuvier s’étonne, au moment d’exposer une méthode d’analyse des fossiles essentielle aux progrès de la géologie, qu’aucun des anciens n’ait attribué les bouleversements de la surface du globe à des causes lentes ou n’aient cherché dans l’état actuel des causes agissantes. Il en dénonce très vite la raison en ces termes : « Pendant longtemps on n’admit que deux événements, que deux époques de mutations sur la surface du globe : la création et le déluge, et tous les efforts des géologistes tendirent à expliquer l’état actuel en imaginant un certain état primitif modifié ensuite par le déluge, dont chacun imaginait aussi à sa manière les causes, l’action et les effets » . Téléchargez cet article au format PDF: pdf/Weber.pdf

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Circulation des esprits animaux et écriture de l’affect dans quelques lettres de Sévigné

Résumé : On analyse traditionnellement la présence des « esprits animaux » dans les lettres de Mme de Sévigné comme la marque d’une stratégie d’enjouement et de revivification du discours de l’intime au service de la perpétuation du lien épistolaire. En revenant aux contextes d’apparition de la référence savante dans la Correspondance, en en saisissant les convergences et les continuités, on voudrait en suggérer une autre lecture, autour de l’idée que Sévigné exploite dans les « esprits animaux » des caractéristiques psychophysiologiques à travers lesquelles elle définit à la fois son rapport au vivant et à l’écriture. Mots-clés : esprits animaux, Sévigné, Descartes, psychophysiologie, épistolaire, émotions

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« Mûrir sans vieillir jamais ». Conservation de la physique cartésienne dans la poésie néo-latine en Europe du XVIIe au XVIIIe siècle (Polignac, Le Coëdic, Stay)

Dans ses Pensées sur la décadence de la poésie latine, parues dans le Journal de Trévoux en mai 1722, Pierre Brumoy dresse le constat accablant d’une « poésie peu à la mode », « reléguée dans les collèges », ensevelie « dans la poussière du cabinet ». Cependant le savant jésuite entrevoit un espoir pour le renouvellement du genre : en revenant vers la philosophie et les sciences, la muse néo-latine pourrait selon lui se « réconcilier avec [son] siècle ». Dans la publication en 1721 du poème de Claude Fraguier sur la morale de Platon (Mopsus sive schola platonica de hominis perfectione), ainsi que dans l’Anti-Lucrèce du cardinal de Polignac (Anti-Lucretius sive de deo et natura libri IX), dont il a circulé des copies avant l’édition posthume de 1747, Brumoy croit deviner les premiers signes de cette « chance de salut pour la poésie latine ». L’objet de cette étude est de chercher à comprendre comment, aux yeux des « gens à latin », une langue « peu à la mode » peut être transformée en atout pour la poésie scientifique.

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DE L’OPTIQUE AU MENTAL. LA POÉTIQUE COGNITIVE DE BERNARD NOËL

De manière parallèle à sa poésie, Bernard Noël développe une œuvre en prose qui pose des interrogations d’ordre cognitif, tout particulièrement autour de la perception visuelle. L’exploration de dispositifs technologiques (l’appareil photographique) et de mises en scène de l’acte de création (la scène du peintre au travail) sert à vérifier la pertinence des intuitions et des réflexions du poète au contact des sciences cognitives actuelles. Le trajet de l’optique au mental s’inscrit de la sorte dans une compréhension incarnée et gestuelle de la cognition qui vise également le surgissement du langage. Sa poésie devrait alors être comprise comme l’aboutissement du processus. Mots-clés: poétique cognitive, perception visuelle, cognition gestuelle, cognition incarnée, Bernard Noël

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L’Ère sanatoriale vue par Thomas Mann ou la médecine comme Weltanschauung

Cet article contribue à l’analyse des réseaux médico-littéraires en Allemagne dans la première moitié du XXe siècle, en interrogeant la mise en récit du sanatorium dans La Montagne magique (1924). Cette étude est issue de l’analyse des rapports entre l’écrivain et des médecins et s’appuie principalement sur la correspondance de Thomas Mann (1909-1927) et sur les informations consignées dans son journal (1920-1921). L’écrivain dresse un portrait impitoyable du milieu sanatorial, lui valant des critiques acerbes. Il profite de l’occasion pour revendiquer les droits à la parole d’un littérateur dans une revue médicale. Sa conviction profonde que les visées de la médecine et celles de l’écrivain ne diffèrent guère l’incite à dialoguer avec les docteurs Liefmann, Hanhart et Schnitzler, parmi d’autres. Mann s’intéresse aux pratiques des docteurs Bircher-Benner et Groddeck, qui transforment sa conception de la maladie, où la réflexion et le langage contribuent au processus de guérison. mots-clés : sanatorium, tuberculose, Thomas Mann, Ernst Hanhart, Emil Liefmann, Arthur Schnitzler, Georg Groddeck, Maximilian Bircher-Benner.

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Entre vision progressive et enjeux professionnels, l’invention architecturale chez Louis Auguste Boileau (1849 – 1853)

Parmi les nombreux écrits de Louis Auguste Boileau (1812-1896), les textes rédigés vers 1850 témoignent particulièrement d’une réflexion sur l’invention, question qui ne cessera de préoccuper l’architecte dans la suite de sa carrière. Le cas de Boileau mérite l’attention car son œuvre révèle une tension complexe entre sa capacité de projection imaginaire et son aptitude à faire face aux réalités de la profession. Déjà en 1867, l’article du Grand Larousse remarque que l’œuvre novatrice de l’architecte possède à la fois des aspects pratiques et théoriques. Boileau est en effet l’un des premiers expérimentateurs du fer dans les édifices religieux, notamment à l’église Saint-Eugène réalisée à Paris en 1854-1855. Il est également, sur un plan plus spéculatif, l’auteur d’un système inédit de composition architecturale inspirée de l’ossature ogivale. L’application de ce principe permettrait de réaliser des espaces dont l’immensité et l’élancement rivaliseraient avec les grandes constructions médiévales.

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Le parti pris des mots : « lettres », « littérature » et « science » au tournant des XVIIIe et XIXe siècles

Lorsque l’on s’interroge sur les croisements historiques entre la science et la littérature au XIXe siècle, il apparaît vite nécessaire de mener une enquête sur l’émergence de la dichotomie « science/littérature » à travers l’examen des définitions des mots de « lettres », « littérature » et « science » dans les dictionnaires de l’époque. Cet article présente le premier volet de cette recherche réalisé sur la période 1750-1840 sur un corpus français et anglais. Par la suite, il conviendrait de prolonger l’enquête tant du point de vue chronologique que du point de vue géographique. Le corpus retenu comporte ainsi dans le domaine français : l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert (1751-1765), l’Encyclopédie méthodique de Charles-Joseph Panckoucke (1782-1832), le Dictionnaire philosophique de Voltaire (1764) , le Dictionnaire de l’Académie (éditions de 1694 à 1835) et le dictionnaire de Louis Sébastien Mercier intitulé Néologie ou vocabulaire de mots nouveaux (1801). Du côté anglais, nous avons consulté le dictionnaire étymologique de Nathan Bailey (1721) , le dictionnaire de Samuel Johnson paru en 1755 et réédité huit fois jusqu’en 1799, le dictionnaire réalisé par Samuel Johnson en collaboration avec John Walker (1827), et le dictionnaire de Charles Richardson publié en 1839. Téléchargez cet article au format PDF: pdf/girleanu.pdf

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