Dr Atomic au MET

Le Metropolitan Opera de New York présente Dr Atomic , l’opéra de John Adams consacré au physicien Robert Oppenheimer. De multiples événements accompagnent cette production qui unit musique, science, philosophie, politique, etc. de manière originale. Les retransmissions publiques dans une série de salles de cinéma vont permettre à un très large public de faire connaissance avec cette démarche artistique qui renouvelle la tradition du théâtre scientifique (dont les origines remontent au XIXe siècle avec les tentatives de Louis Figuier ou de Jules Verne).




Roman préhistorique et darwinisme : amour impossible ou mariage blanc ? par Marc Guillaumie

Conférence donnée dans le cadre du séminaire de recherche : « Positivisme, scientisme, darwinisme dans la littérature et les sciences sociales depuis la seconde moitié du XIXe siècle : triomphe et contestations », organisé par l’équipe Traverses 19-21 et coordonné par Lise Dumasy.

Mercredi 18 juin 2008, de 17h30 à 19h00, à Grenoble, Maison des Langues et des Cultures,
salle des Conseils, au 2e étage, salle 218
(campus universitaire, tram B ou C, arrêt « Bibliothèques universitaires »)

Résumé : Depuis quelques années, la mise en scène de la Préhistoire suscite un intérêt renouvelé. Les fictions, et particulièrement les images et les romans préhistoriques du XIXe siècle, sont analysés et critiqués par des spécialistes de disciplines diverses. Le « darwinisme » simpliste du roman préhistorique est souvent moqué. Très peu de critiques ont remarqué qu’en réalité, ce roman n’est pas darwinien.
En dépit des intentions affichées par les auteurs, on doit constater dans les romans la présence obligée de scènes, de personnages, de motifs qui révèlent des postulats incompatibles avec le darwinisme. Les causes de ce fait sont d’une part les nécessités romanesques intrinsèques (le roman est incompatible avec l’illustration de la théorie darwinienne), d’autre part la concurrence, au sein des romans, de théories biologiques quelles qu’elles soient avec des valeurs spirituelles ou des enjeux politiques modernes, très éloignés du darwinisme.
Cela nous conduit à nous interroger sur les valeurs et enjeux d’aujourd’hui, dans des fictions préhistoriques contemporaines aussi peu darwiniennes que celles de jadis ; sur le regard rétrospectif que notre époque porte sur le XIXe siècle ; sur ce que le roman préhistorique dit vraiment : quelle(s) idéologie(s) illustre-t-il en réalité, sous le nom de « darwinisme » ?

Marc Guillaumie vit et enseigne en Limousin. Il participe aux travaux de l’équipe d’accueil Espaces Humains et Interactions Culturelles de la faculté des Lettres de Limoges. Il travaille depuis de nombreuses années sur le thème des récits et de l’imaginaire suscités par la Préhistoire, auxquels il a consacré sa thèse (2000), publiée en 2006 par les Presses Universitaires de Limoges (PULIM) sous le titre Le Roman préhistorique : essai de définition d’un genre, essai d’histoire d’un mythe.




Psychologie de l’imagination et du jeu chez Spencer, Ribot, et dans la critique littéraire, par Jean-Louis Cabanès

Conférence donnée dans le cadre du séminaire de recherche : « Positivisme, scientisme, darwinisme dans la littérature et les sciences sociales depuis la seconde moitié du XIXe siècle : triomphe et contestations », organisé par l’équipe Traverses 19-21 et coordonné par Lise Dumasy

Mercredi 18 juin 2008, de 17h30 à 18h45, à Grenoble,
Maison des Langues et des Cultures, salle des Conseils, 2e étage, salle 218
(campus universitaire, tram B ou C, arrêt « Bibliothèques universitaires »)

Présentation :
Selon Spencer l’imagination créatrice et le jeu sont apparentés. Cette thèse s’impose encore à l’orée du XXe siècle chez Théodule Ribot. Émile Hennequin dans sa Critique scientifique croise Spencer et Edgar Poe en estimant que la création artistique dérive, par évolution, du jeu. Le philosophe et sociologue Jean-Marie Guyau conteste cette approche. Tarde, inspirateur à bien des égards d’Hennequin, et proche également de Guyau dans sa définition de la communion artistique, s’en distingue cependant en reprenant à son compte l’idée de jeu et en la déplaçant sur un terrain tout à la fois sociologique, esthétique, religieux. On sait combien Proust doit à Tarde, pour ce qui concerne sa conception des sociabilités, peut-être lui doit-il aussi sur le plan de son esthétique.
On se propose donc, dans cette communication, de procéder à une double remontée archéologique, il s’agit en effet de lier Tarde et Proust et de suggérer en même temps que les thèses de Freud sur la relation que la création littéraire entretient avec le jeu ou avec le rêve éveillé ne sont pas sans avoir des soubassements psychologiques spenceriens. Cette proposition ne sera pas traitée pour elle-même, elle courra, néanmoins, en filigrane tout au long de l’exposé.

Jean-Louis CABANES est Professeur de littérature française à l’Université de Paris X-Nanterre

Livres : Le corps et la maladie dans les récits réalistes, Klincksieck, 1991, 2 volumes.
Critique et théorie littéraires (1800-2000), en collaboration avec Guy Larroux, Belin-Sup, 2005.
Dirige une nouvelle édition critique du Journal des Goncourt (2 volumes parus).
Vient d’éditer L’Art du XVIIIe siècle des frères Goncourt, Le Lérot, 2007, et de faire paraître un ouvrage collectif, en collaboration avec Nicole Edelman et Jacqueline Carroy : Psychologies fin-de-siècles.

Son intérêt est centré sur l’analyse du normatif dans les relations que la littérature entretient avec les savoirs ou bien encore dans les représentations que la critique donne du littéraire lorsqu’elle prétend prendre modèle sur la science.




Conférence de Stéphanie Dord-Crouslé : Bouvard et Pécuchet, une « encyclopédie critique en farce » à l’époque du positivisme : problèmes généraux et cas particulier du magnétisme

Dans le cadre du séminaire de recherche organisé par l’équipe Traverses 19-21 et coordonné par Lise Dumasy sur : Positivisme, scientisme, darwinisme dans la littérature et les sciences sociales depuis la seconde moitié du XIXe siècle : triomphe et contestations,
La conférence de Stéphanie Dord-Crouslé, Agrégée, chargée de recherche au CNRS, à Lyon, dans le laboratoire LIRE :
Bouvard et Pécuchet, une «encyclopédie critique en farce» à l’époque du positivisme : problèmes généraux et cas particulier du magnétisme
aura lieu
mercredi 28 mai 2008 de 17h30 à 19h00
à la Maison des Langues et des Cultures de l’Université Stendhal Grenoble 3,
salle des Conseils, au 2e étage, salle 218
(campus universitaire, tram A ou B, arrêt « Bibliothèques universitaires »)

À sa mort, le 8 mai 1880, Flaubert laisse un roman inachevé : Bouvard et Pécuchet. La rédaction de cet ouvrage a presque entièrement occupé la dernière décennie de son existence, en plein cœur de la grande période positiviste et scientiste qui couvre la seconde moitié du XIXe siècle. Pour analyser la manière singulière dont Flaubert s’est affronté aux savoirs dans sa dernière œuvre, une œuvre qu’il a lui-même qualifiée de « testament », il faudra expliquer la position générale qu’occupe la science dans la pensée et la pratique de l’écrivain. Ceci permettra de mieux saisir le statut particulier de Bouvard et Pécuchet, roman que son auteur définissait comme « une encyclopédie critique en farce », un roman qui met en scène deux personnages aux prises avec la science. Une fois les problèmes généraux posés, on s’arrêtera plus spécialement sur le traitement ambigu que reçoit un savoir particulier dans le roman, à savoir le magnétisme.

Ancienne élève de l’ENS (Ulm), agrégée, Stéphanie Dord-Crouslé est chargée de recherche au CNRS, à Lyon, dans le laboratoire LIRE (Littérature – Idéologies – Représentations, XVIIIe-XIXe siècles ; équipe ENS LSH XIXe siècle). Spécialiste de Flaubert, auteur d’une thèse portant sur la genèse de Bouvard et Pécuchet, elle a édité deux de ses romans dans la collection GF chez Flammarion, son Voyage en Orient chez Gallimard en collaboration avec Claudine Gothot-Mersch (prépublication du texte à paraître prochainement dans la « Bibliothèque de la Pléiade » : Œuvres complètes, tome II), et prépare pour la même collection l’édition de Trois Contes en collaboration avec Pierre-Louis Rey. Elle a rédigé un ouvrage de synthèse sur le roman posthume (Bouvard et Pécuchet de Flaubert, une « encyclopédie critique en farce », Belin, 2000), ainsi que de nombreux articles sur cet auteur. Elle dirige actuellement un projet d’édition électronique des dossiers documentaires de Bouvard et Pécuchet, financé par l’ANR (Corpus, 2007). Elle travaille aussi sur la question des savoirs dans le roman catholique (1801-1891), collabore à l’édition électronique des journaux d’Alexandre Dumas et codirige la livraison annuelle de la Bibliographie du dix-neuvième siècle (Presses de la Sorbonne Nouvelle).
Contact: Stephanie.DordCrousle@ens-lsh.fr




Darwin et la littérature


L’incidence idéologique et épistémologique de la pensée de Darwin au sein du discours littéraire à la fin du XIXe siècle : triomphes et contestations par Sabine Schiano-Bennis

Conférence du séminaire « Positivisme, scientisme, darwinisme dans la littérature et les sciences sociales depuis la seconde moitié du XIXe siècle : triomphe et contestations » .

Le 14 mai 2008 de 17h30 à 19h00 à la Maison des Langues et des Cultures, salle des Conseils, au 2e étage, salle 218 (campus universitaire de Grenoble.

Cf. la rubrique «Séminaires»




La Fille du singe ou Maurice Sand aux prises avec le roman évolutionniste par Claire Le Guillou

Conférence du séminaire de recherche : «Positivisme, scientisme, darwinisme dans la littérature et les sciences sociales depuis la seconde moitié du XIXe siècle : triomphe et contestations», organisé par l’équipe Traverses 19-21 et coordonné par Lise Dumasy

La Fille du singe ou Maurice Sand aux prises avec le roman évolutionniste
par Claire Le Guillou, Post-doctorante, enseignante à Angers

mercredi 4 juin 2008 de 17h30 à 19h00
Maison des Langues et des Cultures de l’Université Stendhal Grenoble 3, (campus universitaire, tram A ou B, arrêt « Bibliothèques universitaires »)

Maurice Sand, grâce ou malgré son nom illustre, fit une carrière littéraire des plus honorables. En 1886, il publiait chez Paul Ollendorf un roman original et cocasse intitulé La Fille du singe. Ce roman est un bon exemple des préoccupations scientistes et darwinistes qui fleurissent dans la littérature de la fin du XIXe siècle.
Maurice Sand nous conte l’histoire d’Adrien Cazenave, scientifique épris d’anthropogénie. Installé à Manille, il s’y maria et devint père quelque temps après l’agression de sa femme par un grand singe du nom de Jocko. De retour à Paris, il n’hésita pas à laisser croire que le vrai géniteur de sa fille était ce singe afin d’étayer ses théories.
Dans ce roman, Maurice Sand défend les théories évolutionnistes et conspue les théories créationnistes. Cependant, La Fille du singe a comme sous-titre « Roman humoristique ». Maurice Sand décrit alors, non sans ironie, certaines manies d’Adrien Cazenave, telles que sa collection de crânes, ses moulages de corps, ses identifications de race, etc. et par là même condamne un certain délire scientiste ambiant.
Indépendamment des problèmes scientifiques posés par ce roman, cette thématique permet à Maurice Sand dans un premier temps de sacrifier à un certain exotisme, puis de faire une forte critique sociale et d’aborder les problèmes des mixités sociales. Être fille du singe offre à Juana la possibilité d’aller à la rencontre des règles oppressantes d’une société bourgeoise et d’évoluer à sa guise. Son statut de « monstre » va même lui permettre d’épouser un homme du peuple, qui répond au nom de Jacquet, sorte de doublet positif de Jocko.
Il s’agira donc de nous interroger sur les ressorts narratifs et dramatiques donnés par une telle thématique. En bref, quels rapports Maurice Sand instaure-t-il entre théories évolutionnistes et exotisme, entre théories évolutionnistes et critiques sociales ? Quels sont les problèmes, au regard de la société, posés par la figure du monstre qu’incarne la jeune Juana ?

Claire Le Guillou est l’auteur d’une thèse sur la Correspondance générale de Maurice Rollinat, 1861-1903, soutenue en 2004, et de plusieurs articles et conférences consacrés principalement à Maurice Rollinat et à George Sand. Elle a en projet des travaux sur Rollinat, Joséphin Péladan, la réception de George Sand, et a déjà consacré une communication au roman Callirhoé de Maurice Sand.




Séminaire de l’équipe TRAVERSES

«L’incidence idéologique et épistémologique de la pensée de Darwin
au sein du discours littéraire à la fin du XIXe siècle: triomphes et
contestations »

Sandrine Schiano-Bennis, Docteur ès lettres de l’université Paris
Sorbonne Paris 4

Séminaire de l’équipe TRAVERSES 19-21 (2007-2008)
coordonné par L. Dumasy

Mercredi 14 mai 2008 de 17h30 à 19h00
à la Maison des Langues et des Cultures,
salle des Conseils, au 2e étage, salle 218
Lyon

«La fin du XIXe siècle est une période de réflexion épistémologique
d?envergure, de par son ampleur, son extension et sa profondeur. On
assiste à la remise en question abrupte de l?assurance dogmatique des
pouvoirs de la science et de la raison, dans le prolongement d?un climat
positiviste marqué par le surgissement de doutes multiples. Les années
1880 sont celles du «crépuscule des évidences» et de la «décevance du
vrai», conduisant à des attitudes épistémologiques nouvelles: mise à
distance du positivisme, relativisme, idéalisme sans compter ce fonds
noir qu’est le pessimisme, mais aussi le scepticisme.
Cette désespérance plonge partiellement ses racines dans la science de
l?époque: les distances stellaires, la paléontologie humaine et la
théorie de l?évolution se chargent de nous ramener sur Terre. En
augmentant les dimensions de l’univers jusqu’à l’absurde, en élargissant
le champ de l?infiniment petit, en posant une limite et un point de
départ à l?histoire humaine, c?est paradoxalement la place de l?homme
qui ne peut que diminuer. L?irruption des théories darwiniennes avait
hâté à leur façon la déchéance de la nature, la fragilité des savoirs et
la désacralisation de ses lois, faisant osciller perpétuellement le
discours littéraire entre idéalisme désenchanté et naturalisme
outrancier. Les extrapolations idéologiques de la théorie de Charles
Darwin au sein même du discours littéraire ont pu dans cette mesure
créditer la crise épistémique de cette époque.»

* * * * *
Docteur ès lettres de l’université de Paris-IV Sorbonne et chercheur
indépendant, Sandrine Schiano-Bennis poursuit actuellement des
recherches sur l’interférence des discours intellectuels philosophiques
et scientifiques dans les oeuvres littéraires des années 1870-1900. Ces
travaux ont abouti à la signature d’un premier ouvrage, La renaissance
de l’idéalisme à la fin du XIXe siècle
, paru en 1999 aux Éditions
Honoré Champion.
Outre une collaboration à différentes revues littéraires, elle participe
également à différents séminaires et colloques universitaires en
histoire des religions, philosophie des sciences et littérature.

Quelques publications:
* */La renaissance de l?idéalisme à la fin du XIX^e siècle/, Éditions
Honoré Champion, coll.«Romantisme et modernités», sous la direction
d?Alain Montandon, octobre 1999, 621p.
* *«Remy de Gourmont et Jules de Gaultier – Une esthétique de
l?intelligence», /Cahiers de l?Herne/, sous la direction de Thierry
Gillyb?uf et Bernard Bois, mars 2003, p. 47-57.
«Portée et postérité épistémologiques de /Bouvard et Pécuchet/ à la fin
du XIX^e siècle. Le trouble de la connaissance», /Revue Flaubert 4/,
numéro spécial «Flaubert et les sciences», numéro dirigé par Florence
Vatan, janvier 2005 (_http://www.univ-rouen.fr/flaubert/_).
* *«Jules Soury (1842-1915). Le drame moderne de la connaissance»,*
*Actes du colloque /Pour comprendre le XIX^e : Histoire et philosophie
des sciences à la fin du siècle/, sous la direction de Jean-Claude Pont,
Leo S. Olschki Editore, 2007.
«Lectures des sciences, débats littéraires au tournant du XIX^e siècle.
Éléments de réflexion»,* *Actes du colloque* */Pour comprendre le XIX^e
: Histoire et philosophie des sciences à la fin du siècle/, sous la
direction de Jean-Claude Pont, Leo S. Olschki Editore, 2007.
«La portée littéraire et imaginaire du /Dogme et Rituel de la Haute
Magie/ d?Éliphas Lévi, Actes du colloque/Les traités démonologiques de
saint Augustin à Léo Taxil/, sous la direction de Françoise Lavocat et
Pierre Kapitaniak, 20-22 novembre 2003, à paraître aux Éditions Droz,
courant 2007.
«Théories évolutionnistes et représentations de la Terre dans la seconde
moitié du XIX^e siècle», /Histoires de la TerreConférence
internationale/, Université de Sheffield, mars-avril 2007.




Tout Darwin en ligne

The Complete Work of Charles Darwin Online (or Darwin Online) began in 2002 to assemble in one scholarly website all of Darwin’s published writings and unpublished papers. It does not cover his unpublished letters which were already the focus of the Darwin Correspondence Project.

Darwin Online is by far the largest Darwin publication in history. It contains over 43,000 pages of searchable text and 150,000 electronic images. This site contains at least one exemplar of all known Darwin publications, reproduced to the highest scholarly standards, both as searchable text and electronic images of the originals. The works reproduced here were lent by helpful institutions and individuals. Some of the books are worth over £100,000 ($196,800), which means that few libraries can afford to collect all of Darwin’s works. The site also provides the largest collection of Darwin’s private papers ever published in c. 20,000 items in c. 90,000 images, thanks to the kind permission of Cambridge University Library.




Mots et énoncés scientifiques en poésie

Journée d’études du programme ANR
Euterpe : la poésie scientifique en France de 1792 à 1939

Samedi 12 avril 2008
Université de Paris III – Sorbonne nouvelle

L’extension du lexique et des modes de discours accessibles à la poésie a été, en France, l’un des enjeux majeurs de la modernité. Or, entre les Lumières et la fin de l’Empire, le succès de la poésie scientifique, illustrée notamment par Delille (dont Les Trois règnes de la nature paraissent en 1808, annotés par Cuvier et une pléiade de savants), est indissociable d’un débat théorique et stylistique sur l’aptitude et le droit du genre à dire la science, ses mots, ses thèmes et ses tours propres. La Harpe explique que la poésie « ne se prête volontiers, dans aucun idiome, au langage de la physique ni aux raisonnements », et de multiples formules font écho au rejet du vers par Buffon, qui y dénonçait un « genre où la raison ne porte que des fers ». Mais le même Buffon est salué comme l’auteur d’une prose poétique où science et littérature se fondent, et Rougier de La Bergerie, dès 1804, réfute le cliché d’une langue poétique française répugnant aux sciences en se récriant : « Comment peut-on prescrire des bornes à la poésie, dont le domaine est aussi vaste que celui de la nature et de l’esprit humain ? ». Bref, comme l’a souligné Catriona Seth, la poésie scientifique a joué un rôle précoce et important dans le mouvement par lequel « le poème conquiert le droit de tout dire et de le dire comme il l’entend ». Pourtant, l’histoire littéraire attribue l’essentiel de cette libération au romantisme…
Aussi ces débats méritent-ils d’être revisités et replacés dans le contexte élargi de la construction de nos définitions actuelles du poétique. Les poèmes scientifiques ont-ils adultéré science et poésie en cherchant à les concilier ? Quelle place raisonnement et lexique savant ont-ils pu trouver dans le poème, en vers ou en prose ? Métaphores et périphrases ont-elles obscurci la limpidité des connaissances, ou souligné leur complexité et leur part d’approximation ? Le langage scientifique ne peut-il être détourné et transformé en objet de création, ou en support pour l’imagination ? La poésie a-t-elle voulu transmettre un savoir ou sauver l’unité de la langue en poursuivant son illustration dans la lignée de Du Bellay ? Quels furent les arguments de ce débat, leur évolution, et les réalisations contradictoires qu’ils ont suscitées, dans la poésie scientifique, mais aussi dans l’ensemble de la création poétique ?
C’est à ces questions que les interventions s’articuleront, en un parcours qui ira de la fin des Lumières à la poésie de Césaire.

13 h 30 – Accueil

13 h 45 – Hugues Marchal (Euterpe / UMR 7171)
Présentation : Intersections de langage(s)

14 h 00 – Jean-Christophe Abramovici (Université de Valenciennes)
Médecine, poésie et carnavalesque : Vénus et Adonis de Sacombe

14 h 30 – Jean Dhombres (mathématicien, historien des sciences, CNRS/EHESS, Centre Koyré)
Pensées « aveugles » et pensées analytiques dans la poésie scientifique de la Révolution à l’Empire

15 h 00 – Nicolas Wanlin (Euterpe / UMR 7171)
« Sur des pensers nouveaux faisons des vers antiques » : les tensions entre rhétorique profonde et tropologie de surface dans la poésie scientifique

15 h 30 – Pause

16 h 00 – Caroline de Mulder (Euterpe / Université de Gand)
Hydre d’airain, âge de fer : le vocabulaire scientifique et technique dans la poésie du XIXe siècle et la philosophie de l’histoire

16 h 30 – Muriel Louâpre (Euterpe / Université de Paris V)
Approximativement. Le régime poétique de la véridiction

17 h 00 – René Hénane (médecin, auteur du Glossaire des termes rares dans l’œuvre d’Aimé Césaire)
Mots de la science et poétique du corps dans l’œuvre d’Aimé Césaire

17 h 45 – Fin des débats




Lumières et Nature

Les Lumières et l’idée de nature
Séminaire d’histoire et philosophie des sciences

«Ce séminaire se tient dans le cadre du projet « Les Lumières et l’idée de Nature » organisé par la Maison des Sciences de l’Homme de Dijon – Université de Bourgogne. La notion de nature a pris au siècle des Lumières des significations nouvelles en particulier du fait de la révolution scientifique du XVIIème siècle et de l’étonnant développement des savoirs dans tous les domaines, non seulement en astronomie et en physique mais aussi en botanique, en zoologie, en minéralogie… La conquête de la planète par les puissances européennes a ouvert à l’exubérance de la nature ; les découvertes de nombreuses espèces nouvelles, voire étranges, commandent une classification scientifique de la nature de manière à en maîtriser les débordements. Les savants doivent décrire et classer pour dresser un tableau rationnel du monde. Ils se donnent pour objectif de dégager, sous le foisonnement des choses, les lois qui en assurent l’ordre intelligible. La nature c’est donc d’abord l’objet d’une intelligibilité à conquérir en mettant en oeuvre aussi bien les cadres mathématiques que la méthode expérimentale que le siècle précédent avait inaugurés avec Descartes, Galilée puis Newton.»

Programme détaillé sur le site Calenda (Calendrier des Sciences Sociales)




«L’iconographie de Louis Pasteur : variations de la figure du savant dans des dispositifs de popularisation»

Prochaine séance du séminaire « Biologie et Société » lundi 14 janvier de
13 à 15 h, à l’EHESS 96 bd Raspail salle Lombard (Source: Claudine Cohen).

Conférence de Daniel Jacobi (Université d’Avignon)

Résumé :
Parmi les différentes manières de visualiser les résultats des investigations scientifiques et comme pour humaniser la recherche devenue impossible à figurabiliser, les documents de popularisation scientifique mobilisent fréquemment des représentations de chercheurs rendus célèbres par leurs découvertes. La publication d illustrations de portraits de savants n’est pas un phénomène récent généré par les exigences des moyens de communication modernes. En atteste la figure remarquable de Louis Pasteur depuis la fin du XlXe. Peu de chercheurs français ont été aussi souvent montrés en image que ne l’a été Louis Pasteur, l’un des savants les plus célèbres de toute la science française. Paradoxalement, alors que tout semble déjà avoir été dit sur la tumultueuse présence de Pasteur dans les sciences biologiques ou la médecine, aucune recherche de nature sémiotique ne s’est intéressée à l iconographie pasteurienne. Quelles sont les singularités iconographiques d un corpus restreint mais hétérogène de représentations du plus célèbre savant français ? Nous établirons, d un point de vue socio-sémiotique, la nature de leur contribution à la popularisation de la découverte du vaccin de la rage.




Médecine et positivisme

Séminaire de l’équipe TRAVERSES 19-21 (2007-2008)
Coordonné par L.Dumasy

Dans le cadre de son programme de recherches :
Sciences, techniques, pouvoirs, fictions :
discours et représentations, XIXe-XXesiècles,

l’équipe Traverses 19-21 (Grenoble 3) organise un séminaire de recherche,
ouvert à toute personne intéressée, sur :


Positivisme, scientisme, darwinisme dans la littérature et les sciences sociales depuis la seconde moitié du xixesiècle: triomphe et contestations

La conférence de

Madame Annie Petit
Professeur émérite, université Paul Valéry Montpellier3
«Médecine et positivisme :
une troublante fascination»

aura lieu mercredi 23 janvier 2008 de 17h30 à 19h00
à la Maison des Langues et des Cultures,
salle des Conseils, au 2eétage, salle 218
(1141, avenue centrale – Saint Martin d’Hères)

Annie Petit, agrégée de philosophie, est Professeur de philosophie à l’Université Paul-Valéry de Montpellier. Sa thèse de Doctorat d’État a été consacrée aux Heurs et malheurs du positivisme comtien, Philosophie des sciences et politique scientifique chez Auguste Comte et ses premiers disciples 1825-1890. Ses recherches et publications portent sur l’histoire de la philosophie, la philosophie et l’histoire des sciences, et sur l’histoire des idées au xixesiècle ; surtout sur les mouvements positivistes et les importants débats qu’ils ont entraînés.

Contact : Traverses 19-21
Mél: traverses@u-grenoble3.fr
Tel: 04 76 82 68 80

Retrouvez ces informations sur le site du cluster 14 : http://erstu.ens-lsh.fr/




Novembre 2008: «SAVOIRS ET SAVANTS DANS LA LITTERATURE ET LES ARTS»

Comité directeur : Pascale Alexandre, Paris- Est Marne- la- Vallée ; Elisabeth Le Corre, Paris- est Marne- la- Vallée ; Jean- Yves Guérin, Paris III- Sorbonne

L’équipe LISAA de l’université Paris- Est Marne- la- Vallée et l’équipe Ecritures de la Modernité de Paris III- Sorbonne organiseront les 20, 21, 22 novembre 2008 un colloque portant sur les « Savoirs et savants dans la littérature et les arts du XVI° au XX° siècle ».
Envisagée dans une perspective diachronique, cette question permettra
– De s’interroger sur la nature des savoirs représentés à travers toute une galerie de figures proches sans être pour autant identiques (l’écrivain, l’artiste, le philosophe, l’érudit, le professeur, l’intellectuel…). A travers ces figures souvent typifiées, il s’agira de baliser un champ multiforme, d’en faire apparaître les reconfigurations et les évolutions.
– De s’interroger sur le choix d’un tel objet et sur les formes, littéraires et artistiques, choisies pour le mettre en scène.
– D’analyser les modalités et les enjeux de ces représentations, voire auto- représentations, qui vont de la célébration et de l’hommage à la dérision et à la caricature.
– De s’interroger sur le statut et le rôle de ces figures en mettant en corrélation la représentation qui en est donnée avec le contexte historique, social et, plus largement, idéologique, dans lequel elle s’inscrit : à la république des professeurs correspond le personnage de l’instituteur ou du professeur chez des auteurs aussi différents que Barrès, Vallès, Pagnol ou Louis Guilloux.
Ces questions seront abordées dans une perspective pluridisciplinaire. Si la littérature et les arts constituent l’objet principal du colloque, il est évident que l’histoire, l’histoire des idées ou la philosophie apporteront les éléments indispensables pour situer la problématique dans son contexte précis. Les propositions de communications (une page maximum) seront à envoyer, accompagnées d’une courte bio- bibliographie, aux organisateurs avant le 30 janvier 2008 :
Pascale Alexandre, Paris- Est Marne- la- Vallée (pascale.alexandre@univ-mlv.fr)
Elisabeth Le Corre, Paris- est Marne- la- Vallée (e.lc@tiscali.fr)
Jean- Yves Guérin, Paris III (jeanyves.guerin@univ-mlv.fr)




Positivisme, scientisme, darwinisme dans la littérature et les sciences sociales

Séminaire de l’équipe TRAVERSES 19-21 (2007-2008), coordonné par L. Dumasy

Dans le cadre de son programme de recherches : Sciences, techniques, pouvoirs, fictions : discours et représentations, xixe-xxe siècles, l’équipe Traverses 19-21 (Grenoble 3) organise un séminaire de recherche, ouvert à toute personne intéressée, sur :

Positivisme, scientisme, darwinisme dans la littérature et les sciences sociales depuis la seconde moitié du xixesiècle : triomphe et contestations

Les séminaires ont lieu le mercredi de 17h30 à 19h00,
à la Maison des Langues et des Cultures,
salle des Conseils, au 2e étage, salle 218
(1141, avenue centrale – Saint Martin d’Hères)

La première séance aura lieu :
Mercredi 12 décembre 2007 : Nicolas GALLOIS, ATER en sciences économiques, Paris 2 : « Darwinisme et économistes français du xixe siècle: un amour déraisonné ? »

Contact : genevieve.chignard@u-grenoble3.fr

Retrouvez toutes ces informations sur le site du cluster 14 : http://erstu.ens-lsh.fr et à l’adresse suivante : http://erstu.ens-lsh.fr/rubrique.php3?id_rubrique=60




Alain Prochiantz au Collège de France

«Pour Peyret, ce que fait Alain Prochiantz est « de la science continuée par d’autres moyens. Il ne veut pas être pris pour un scientifique « honnête homme » ou un esthète. Il a compris qu’il pouvait faire de la science autrement ». Le scientifique voit dans cette collaboration une manière de rendre compte du caractère poétique de la science. « Il y a une part d’intuition, de rêverie dans la science, même si, à un moment, cela devient de la pure logique. Il y a quelque chose de l’ordre de la littérature. Jean-François me donne cet espace où je peux rêver », avoue Alain Prochiantz. Il le pousse aussi à la lecture intégrale. « Je n’aurais jamais lu tout Darwin sans Jean-François, seulement quelques oeuvres », reconnaît-il. Les livres, toujours les livres. »
Paul Benkimoun, Alain Prochiantz, le rêveur de science. Extrait du Portrait publié dans le journal Le Monde du 4 octobre 2007




Journée «Sources numériques» en histoire des sciences

Usages des sources numériques en
histoire des sciences et des techniques


Cité des sciences et de l’industrie
Mardi 18 septembre 2007

L’utilisation des sources numériques pour la recherche en histoire des sciences et des techniques, et au-delà en sciences humaines et sociales, augmente de jour en jour. La mise en ligne de corpus de documents numériques (manuscrits, cartes, photographies, herbiers, etc.), de bases de données textuelles ou iconographiques, d’instruments de recherche archivistiques entraîne des modifications profondes dans la pratique de la recherche.
Les méthodes et outils développés dans ce cadre permettent en effet à différents publics de partager en ligne des ressources textuelles et visuelles dont il faut assurer la pérennité à l’intérieur d’environnements évolutifs.
Le travail entrepris en commun par des chercheurs, des bibliothécaires, des archivistes et des informaticiens permet de poser de nouvelles questions et d’ouvrir de nouvelles perspectives.
Lors de cette journée d’études seront présentés différents projets portés par le pôle Histoire des sciences et des techniques en ligne du Centre Alexandre-Koyré/CRHST, ou par des chercheurs d’horizons variés.

Organisation : Pôle Histoire des Sciences et des Techniques en Ligne ( www.hstl.crhst.cnrs.fr)
Centre Alexandre-Koyré / Centre de recherche en histoire des sciences et des techniques (EHESS-CNRS-Cité des
sciences et de l’industrie-Muséum national d’histoire naturelle)
Christine Blondel (chercheur CNRS), Stéphane Pouyllau (ingénieur CNRS), Thérèse Charmasson (conservateur en
chef du patrimoine)
Contacts : christine.blondel@vjf.cnrs.fr ; pouyllau@ivry.cnrs.fr




Cartographie de La Comédie Humaine

Les mathématiques et la recherche balzacienne. Un groupe d’étudiants de l’Institut de Mathématiques Appliquées a construit sur ce sujet (les lieux chez Balzac) un mémoire-projet sous la direction de Narendra Jussien, Ecole des Mines de Nantes. Mis en ligne, ce travail permet maintenant de visualiser ces informations sur des cartes. Le point d’entrée principal :
http://hbalzac.free.fr/lieux.php




la littérature entre histoire, biologie et médecine, 1850-1900 (Flaubert, Zola, Fontane)

Soutenance de thèse

Vendredi 6 juillet 2007, à 14h30

Niklas Bender :  » La lutte des paradigmes : la littérature entre histoire, biologie et médecine, 1850-1900 (Flaubert, Zola, Fontane)  »

Thèse en co-tutelle, Freie Universität Berlin, Université Paris 8
Jury composé de Joachim Küpper (co-directeur), Jacques Neefs (co-directeur), Henri Mitterand, Margarete Zimmermann.

Université Paris 8
2 rue de la Liberté
Saint-Denis
Salle D010

[ITEM (CNRS-ENS)
Equipe Flaubert->http://www.item.ens.fr]




D. Hofstadter, «L’Analogie au coeur de la pensée»

Le Professeur Douglas Hofstadter, Professeur de Sciences Cognitives et
Directeur du  » Center for Research on Concepts and Cognition « , Indiana University, Bloomington, a donné une conférence dans le cadre
des séminaires de l’équipe CRAC « Compréhension, Raisonnement et
Acquisition des Connaissances » du laboratoire Paragraphe (EA 349) le
28 Juin à l’Université Paris 8. Publication en ligne à venir.




Nouvelle brève

* Exposition en ligne

Savoir et engagement – l’affaire Dreyfus

L’École normale supérieure au cœur de l’affaire Dreyfus: « Le foyer brûlant de la conscience nationale », site de l’exposition qui s’est tenue du 16 novembre au 22 décembre 2006 à l‘École normale supérieure. Vous y trouverez notamment son argumentaire et un parcours en images de l’exposition.

* Ouvrage à paraître

Edison the Inventor, Edison the Showman

«This article was adapted from The Wizard of Menlo Park: How Thomas Alva Edison Invented the Modern World, by Randall Stross, a contributor to The New York Times. The book, to be published on Tuesday [march 14, 2007]by Crown Publishers, examines the reality and the myths surrounding the Edison legacy.»




SLSA

SLSA : European Society For Literature, Science and the Arts




Neuro Humanities Studies

Neuro Humanities Studies




Litorg

Litorg : Literary Organisms




Domestication et fabrication du vivant

Domestication et fabrication du vivant




CRIT

CRIT : Centre de Recherches Interdisciplinaires et Transculturelles




Biosemiotics

Biosemiotics : International Society For Biosemiotic Studies




Animots

Animots : Carnets de Zoopoétique




Artsy

Artsy : Wassily Kandinsky




Hors dossier
« Aussi j’ai peur qu’on me prenne pour un détraqué » Entre l’archive médicale et texte littéraire, les textes de Lionel et L’enfant Bleu d’Henry Bauchau

Les écrits de fous éclairent de manière exemplaire le fonctionnement de ce qu’on peut appeler les institutions culturelles. Dans la mesure où ils proviennent très souvent d’une première institution, l’hôpital, qui les catégorise d’emblée de manière très stricte, tout le problème est de voir comment les textes peuvent sortir de ce premier cadre en transitant, le plus souvent, par d’autres institutions (les musées, les éditeurs, les universités… ) pour trouver d’autres lecteurs. Après avoir mis au point quelques éléments généraux de réflexion, cette étude se propose d’étudier le cas des écrits de Lionel[1], dont l’histoire a inspiré le roman d’Henry Bauchau L’enfant bleu[2] qui le représente sous le nom d’Orion. Nombre des textes attribué au héros du livre ont été directement inspiré par ceux de Lionel, conservés par l’écrivain du temps où il était son thérapeute. Leur insertion dans le roman va de paire avec une réécriture en profondeur qui inscrit dans le champ littéraire une certaine représentation du discours de la folie.
 
1. Pourquoi travailler sur les écrits de fous ?
Depuis le XIXe siècle et la naissance de la médecine mentale, les écrits de fous font l’objet de patientes retranscriptions de la part des psychiatres, dont le but diagnostique s’enrichit rapidement d’un intérêt esthétique[3]. Les revues et les traités de psychiatrie, les thèses de médecine, foisonnent dès 1870 de textes de patients, parfois donnés en fac-simile. La première moitié du XXe siècle a vu ensuite leur insertion progressive dans des revues littéraires d’avant-garde, principalement surréalistes[4], leur conférant, de manière ambiguë, le statut d’œuvres littéraire à part entière, et invitant à porter un regard nouveau sur la folie perçue dans une dimensions humaniste et créatrice. Les grandes expositions organisées par l’hôpital Sainte-Anne en 1946 et 1950 à Paris, invitant un public néophyte à prendre connaissance de l’art des fous, et l’expansion concomitante de l’art-thérapie, ont accentué cette perception des choses : à partir de la seconde moitié du XXe siècle, il semble désormais acquis que les malades internés peuvent produire des œuvres artistiques.
 
Pourtant ces œuvres peinent à trouver leur place dans le champ artistique traditionnel, comme en témoigne le succès de la notion d’art-brut, et les écrits de fous, collectés et parfois publiés, bénéficient d’un statut à part, cantonnés dans les marges de la littérature. En cela ils posent, de manière têtue, la question de la valeur : leur existence rend toute définition essentialiste de la littérature problématique dans la mesure où il remettent en question la pertinence de la notion de la littérarité, notamment en montrant combien elle est soumise à des variations historiques. En effet c’est de manière particulièrement ambiguë que ces textes, considérés à l’origine par les aliénistes comme du matériel pathologique, ont acquis peu à peu le statut d’œuvres littéraire au XXe siècle.
 
Se pencher sur ces écrits, c’est donc dès le départ s’affranchir d’une définition essentialiste de l’art au profit d’une définition institutionnelle, c’est-à-dire relationnelle. Relativisme inspiré de Genette, selon qui il apparaît que les critères de la relation artistique « ne sont pas de l’ordre de la substance, mais de l’usage, de la circonstance et de la fonction. Non du quoi, mais du quand, du comment, du pour quoi faire »[5] – pour preuve, l’exemple fameux les ready made de Duchamp, des trouvailles de Breton au marché aux puces, ou les collages surréalistes. C’est ainsi encore que dans son poème « Suicide »[6], Aragon confère le statut de poème aux lettres de l’alphabet, par simple titrage, disposition sur cinq vers, et insertion dans un recueil de poésie.
 
C’est l’intention de ces auteurs qui confèrent à ces objets le statut d’œuvre. Selon George Dickie, « une œuvre d’art au sens classificatoire est 1 un artefact 2 auquel une ou plusieurs personnes agissant au nom d’une certaine institution sociale (le monde de l’art) ont conféré le statut de candidat à l’appréciation »[7]. Cette définition, qui semble se fonder sur une conception purement institutionnelle de l’art, inclut cependant la notion d’intention. Car George Dickie précise aussitôt que ceux qui confèrent le statut d’œuvre peuvent aussi bien être l’artiste lui-même, et seul, pourvu qu’il soit lui-même partie intégrante du monde de l’art[8]. Mais les « fous littéraires », les auteurs de textes bruts ou d’écrits produits dans des hôpitaux psychiatriques sont exclus de cette sociabilité et leur éventuel désir de faire œuvre peine à recouper l’appréciation du monde de l’art. Ainsi les écrits dits « bruts » (censés être produit en dehors de tout circuit et de toute intention culturelle) ne sont publiés que pour autant qu’ils constituent une catégorie à part[9]. Les « fous littéraires » présentent, de leur côté, le cas d’auteurs qui désirent au contraire s’inscrire dans un contexte culturel ou scientifique, mais qui ne parviennent pas à l’intégrer, et qui ne trouvent de reconnaissance que par le statut paradoxal et exogène de « fous littéraires », ne pouvant ainsi être lus qu’à rebours de leur intentionnalité première. Les textes de fous enfin, même publiés, ne sont que très rarement pleinement considérés comme littéraires. Ni dedans, ni dehors, ces écrits dessinent et mettent en lumière à leur manière les frontières mouvantes de la littérature, et leur historicité.
 
Il convient tout d’abord de souligner les problèmes théoriques et pratiques qui se posent au chercheur, à commencer par l’usage du terme « fou », préféré à celui de « malade mental », de « psychotique », etc. Il s’agit ici d’éviter tout emprunt au vocabulaire médical, toujours sous-tendu par une préoccupation diagnostique. A contrario, « fou » désigne celui qu’on a, à un moment donné, interné ou hospitalisé, sans préjuger de la réalité ou de l’origine de sa maladie.
 
L’expression « écrit de fou » est elle aussi problématique. Doit-on y inclure les textes produits a posteriori, après la sortie de l’hôpital, c’est-à-dire après « guérison » ? C’est le cas de la plupart des témoignages,  écrits en général après la période d’internement, à un moment où la personne n’est plus considérée comme folle. Ou encore ceux que le patient a écrit avant, et qui ont été rétroactivement intégrés à certaines archives, comme c’est parfois le cas dans les archives asilaires, projetant ainsi un diagnostic implicite sur les antécédents du scripteur ? Pour être rigoureux, on ne devrait  retenir que les textes écrits pendant l’épisode de folie, pendant internement – du moins tout écart à cette règle de principe devrait être justifié.
 
Quels corpus, dès lors, se prêtent-il à l’étude ? Les textes d’archives asilaires, tout d’abord, écrits pendant un internement et conservés dans le dossier du patient. C’est ainsi que l’hôpital Saint Jean de Dieu, au Québec, a ouvert ses archives aux chercheurs pour la période 1850-1950[10]. On peut mentionner encore les textes écrits en ateliers, qu’ils s’intitulent ou non d’art-thérapie, dans le cadre de séances collectives ou individuelles, dont une copie est laissée, avec l’autorisation du patient, dans les archives de l’hôpital. Le CCE, à Sainte-Anne, conserve ainsi dans ses archives un important corpus d’écrits aux caractéristiques spécifiques (thème imposé, durée d’écriture fixe). Viennent enfin les textes publiés, qui appartiennent à deux catégories distinctes : la première comprend les textes d’artistes ou d’écrivains ayant traversé des épisodes de folie plus ou moins longs comme Gérard de Nerval, Antonin Artaud, André Baillon, Unica Zürn, Eleonora Carington, Emma Santos, Nijinski et bien d’autres ; la seconde inclut tous les anonymes, publiés à compte d’auteur ou par des éditeurs traditionnels. Il s’agit le plus souvent, mais pas toujours, de témoignages[11]. Quelques textes se sont ainsi frayé un chemin jusqu’au public non spécialiste, portés par les commentaires de philosophes ou d’écrivains célèbres. C’est le cas, par exemple, des Mémoires d’un névropathe du Président Schreber (commenté entre autres par Freud, Lacan et Deleuze), de  l’Autobiographie d’un schizophrène de Perceval le Fou, réédité et préfacé par Gregory Bateson, du Schizo et les langues de Louis Wolfson, préfacé par Deleuze en 1970[12], de l’anthologie rassemblée par Raymond Queneau et publiée en 2002 sous le titre Aux confins des ténèbres, Les fous littéraires, ou encore des Ecrits bruts  édités en 1985 par Michel Thévoz.
 
Chaque détail du contexte d’écriture et de publication est significatif : quel écart entre la date d’écriture et de publication ? Par quel biais le texte parvient-il à l’éditeur ? Paraît-il sous nom d’auteur ou de manière anonyme ? Intégralement ou sous forme d’extraits ? Dans quelle collection, et accompagné de quels éventuels paratextes ? Bénéficia-t-il d’une réception critique ? Tels sont les éléments qui permettent de mieux dessiner l’évolution de la frontière mouvante qui sépare le document pathologique du texte littéraire. Car enfin, s’agit-il de document clinique, d’autobiographie, d’essai, d’œuvre littéraire ? Dans le cas de ces publications, les genres sont pris en défaut, et l’on doit s’interroger sur ce qui, ici, met à mal les catégories littéraires traditionnelles. Quels critères permettent, on non, de traiter ces écrits comme des œuvres littéraires ? Comment remettent-ils parfois en question la notion même de littérarité ?
 
Les écrits de fous sont des objets intéressants parce que très déterminés par celui qui s’en empare et qui lui donne forme en le faisant entrer dans le cadre de sa réflexion et de sa discipline : ainsi le psychiatre, le psychologue, le psychanalyste le prennent comme un symptôme soumis à l’interprétation, l’historien comme une archive soumise à l’analyse historique, le linguiste travaille en général sur les langages dits pathologiques, le littéraire se pose des question sur la littérarité, et quand il s’agit de textes d’auteurs reconnus (Artaud, Unica Zürn, Leonora Carrington…), on les soumet à l’analyse littéraire.
 
A ces questions théoriques s’ajoutent de sérieuses difficultés pratiques. Ces textes produits dans l’hôpital appartiennent en théorie au patient. En pratique, soit qu’il ne les réclame pas, soit qu’ils soient d’office collectés par le personnel de l’hôpital (par exemple pour les joindre au dossier médical), ils se retrouvent classés dans les archives, et deviennent propriété de l’hôpital. Protégés par le secret médical, ils sont donc en principe non consultables, sauf sous certaines conditions. Les archives hospitalières sont des archives publiques dépendant des archives départementales, dont la communication sans justification est réservée au patient, et avec justification aux ayants droits. Il est possible cependant de consulter librement des dossiers médicaux tombés dans le domaine public. Ces documents sont soumis à un délai de 25 ans à compter de la date du décès ou de 120 ans à compter de la date de naissance. (Code du patrimoine article L 213-1 à 7). Les autres sont non consultables. Enfin, aucun accès n’est autorisé, sauf anonymisation du dossier, pour des recherches d’ordre sociologiques ou historiques, et il faut s’adresser directement aux archives nationales pour toute demande de dérogation.
 
En termes de droit d’auteur, comment les  considérer ? Plusieurs cas sont possibles : soit on les retrouve dans les archives d’un hôpital et ils ont été écrits par un patient né 150 ans auparavant, et mort depuis 70 ans : dans ce cas uniquement, les textes sont librement consultables et libres de droit. Soit on les retrouve dans les archives d’un hôpital, le patient est né 150 au moins auparavant mais est mort depuis moins de 70 ans. Il s’agit alors de trouver les ayants droit. Tout cela suppose que les dates de naissance et de mort figurent dans le  dossier, ce qui est loin d’être toujours le cas. Et les recherches auprès de l’état civil sont complexes et possibles seulement, là aussi, sous certaines conditions. Quand on ne retrouve pas ces texte dans les archives médicales, mais dans un texte déjà publié (thèse de médecine, traité de psychiatrie, article, etc…), le médecin a toujours anonymisé le patient pour obéir à la règle du secret médical. Impossible donc de l’identifier. Entre le droit de l’archive et le droit d’auteur, il y a donc contradiction manifeste, et en pratique, une zone de non-droit largement exploitée par les éditeurs,  collectionneurs et institutions muséales.
 
Qu’est-ce enfin qu’un auteur « fou », quand la folie est pensée, depuis deux siècles, dans les termes juridiques de l’irresponsabilité pénale[13] ? La loi a beau accorder désormais aux malades la propriété de leurs œuvres, ces derniers sont cependant symboliquement souvent destitués de leur statut d’artiste alors même que leurs œuvres ont depuis longtemps été éditées et diffusées.
 
Comprendre comment les écrits de fous intègrent le monde culturel et littéraire permet de mettre en évidence les mutations historiques et sociales d’un imaginaire de la folie, d’une part, et le déplacement de frontière entre littérature et non littérature, d’autre part. Ce faisant, on découvre que ces textes révèlent, de manière particulièrement aiguë, les fonctionnements institutionnels qui décernent de la valeur. Les écrits de fous ne sont pas les seuls à être soumis à ces mécanismes, tous les textes le sont. Mais ils le montrent mieux que d’autres, de manière beaucoup plus visible, beaucoup plus concentrée ; ils agissent comme des révélateurs.
Les problèmes ici posés ne trouveront pas de réponse dans le cadre étroit du cas que nous nous apprêtons à creuser, mais il est néanmoins nécessaire d’en garder les éléments présents à l’esprit : ils forment l’arrière plan sur lequel se détache, par contraste, le dossier que nous allons désormais exposer. On se limitera ici à l’examen des transformations subies par un des textes de Lionel ayant irrigué l’écriture du roman L’enfant bleu d’Henry Bauchau.
 
2. Le cas Lionel/Bauchau
L’enfant bleu est inspiré par la relation très particulière qui a uni entre 1976 et 1988 Henry Bauchau, alors psychanalyste, et Lionel, son patient dans un hôpital de jour pour enfants[14]. Dans le roman la narratrice, Véronique, psychothérapeute, se consacre tout particulièrement au cas d’Orion, un jeune adolescent très perturbé, qu’elle amène progressivement à s’épanouir dans la voie artistique. Le livre est rythmé par les « dictées d’angoisse » dans lesquelles Orion dicte ses peurs et son quotidien à Véronique. La voix d’Orion vient ainsi régulièrement se substituer à celle de Véronique.
 
Ces dictées d’angoisse sont directement inspirées de celles notées par Henry Bauchau lors de son travail avec Lionel, qui ont donc été reprises et réécrites pour les besoins du roman[15]. Dans le cas très particulier, sans équivalent à ce jour, des manuscrits des dictées d’angoisse de Lionel qui servent ensuite d’hypotextes à Henry Bauchau L’Enfant bleu, on voit comment un ensemble de textes transite du pathologique au littéraire au prix de plusieurs modifications. Ce n’est pas la première fois que des textes de fous sont utilisés dans une œuvre littéraire ; Les Enfants du limon de Queneau, publié 1938, est un éclatant précédent. Le contexte d’écriture rend cependant leur utilisation très différente. Queneau recycle, d’une certaine façon, un matériau brut qu’il aurait aimé, à l’origine, publier dans le cadre d’une anthologie et il cite les textes sans les réécrire. Bauchau, lui, s’en sert comme d’un matériau qu’il remanie en profondeur pour les besoins de son œuvre propre.
 
Les « dictées d’angoisse » consultées proviennent d’un don fait par Henry Bauchau au fonds éponyme, attaché à l’Université catholique de Louvain-la-Neuve. Le dossier comporte plus de 550 pages, feuilles volantes et cahiers, pour la plupart manuscrites, dont 473 ont été dictées par Lionel à Henry Bauchau entre 1977 et 1988. Les textes ont été écrits lors des séances de travail ou de thérapie qui eurent lieu à l’hôpital de jour. Lionel ne souhaitait pas rapporter ses textes chez lui. Il les confia donc à Henry Bauchau, qui choisit de les garder. Il en fit ensuite dont au centre qui porte son nom, à l’Université de Louvain-la-Neuve. La singularité de cette archive résulte en partie de ce parcours atypique, qui fait transiter de dossier de l’archive hospitalière à l’archive littéraire, en passant par l’archive privée, transformant ce faisant la nature de son objet : ainsi les textes de Lionel appartiennent-ils désormais à l’histoire de la littérature, sous forme d’hypotexte du roman L’enfant bleu. C’est Henry Bauchau qui fait ici office d’instance légitimante.
 
Une autre particularité de ce dossier réside dans sa matérialité : il s’agit de textes dictés par Lionel, mais notées de la main de Bauchau. Dictés donc par le malade, et notés par le thérapeute, qui est aussi un écrivain. On peut déjà se dire que dans le flot de paroles de Lionel, Bauchau, si scrupuleux soit-il, a déjà dû opérer quelques coupures, a nécessairement effectué quelques sélections. D’autre part il n’est pas impossible que Lionel ait, consciemment ou inconsciemment, modelé son discours en fonction de son auditeur. Dès l’origine, ce matériau est donc, dans une certaine mesure, un matériau mixte.
 
Lors de la parution du livre, il n’est apparu nulle part que l’histoire d’Orion avait été inspirée par celle de Lionel. Henry Bauchau pensait alors protéger ce dernier des méfaits occasionnés par l’étiquette de malade mental, d’handicapé ou de psychotique. Lionel a cessé d’écrire dès que s’acheva son travail avec Henry Bauchau à l’hôpital de jour, mais il poursuivit, jusqu’à ce jour, son œuvre plastique. Au seuil de la mort et conscient de l’image positive dont bénéficiait désormais le héros de son roman, l’écrivain décida de lever l’anonymat, poussé par le désir d’aider la carrière de son protégé et de faciliter l’accès de son œuvre au grand public. Les « dictées d’angoisse » prirent dès lors une importance nouvelle : elles ne constituaient plus uniquement les hypotextes d’un roman, mais offraient également une documentation extrêmement complète sur le parcours d’un artiste dont l’œuvre avait pris naissance dans l’hôpital.
 
Bon nombre des tableaux de Lionel sont décrits dans L’enfant bleu où ils sont attribués à Orion. Ce jeu entre fiction et réalité est également à l’œuvre dans les écrits mentionnés dans le roman. Dès lors qu’Orion est inspiré par Lionel, qu’en est-il des textes cités dans le roman ? Quel écart entre l’original et la reprise romanesque ? Nous nous intéresserons ici à quelques modifications qu’Henry Bauchau a effectuées sur les textes de Lionel pour les faire figurer dans L’Enfant bleu, en prenant pour exemple celui qui s’intitule « Notre projet ».
 
Le texte « Notre projet »[16], daté du 17 mai 1978, a suffisamment intéressé Bauchau pour qu’il décide, d’une part, de le taper à la machine – ce qu’il ne fait pas pour tous – , et d’autre part, de l’utiliser dans son cours sur les rapports entre art et psychanalyse donné de 1982 à 1984 à l’Université de Paris VII. Il n’est donc pas étonnant qu’il fasse partie du corpus des hypotextes de L’enfant bleu.
 
Le voici, tel que retranscrit par Bauchau sur le document original :
 
Notre projet
Dictée du mercredi 17 mai 1978
 
Nous restons ensemble pour étudier et aussi un peu pour faire le docteur, le docteur psychologue. Ça sert à me rendre plus calme. Souvent je suis calme mais souvent je suis nerveux, quand le démon m’attaque. Je pense que tu travailles pour moi pour que je devienne plus intelligent et plus heureux. J’ai envie d’être plus heureux et toi ?
A Paris on n’est jamais tout seul ou bien on est tout seul du côté pessimiste sans les personnes qu’on voudrait ou alors avec les personnes qu’on voudrait mais avec d’autres gens en plus.
L’année prochaine, je voudrais travailler encore avec toi parce que je te connais et qu’avec toi je n’ai pas de grosses crises. Si je parle d’une jeune fille comme Pascale tu trouves que c’est bien. Tu t’intéresses beaucoup à mes dessins et ça m’encourage à en faire. J’ai le sentiment de faire des progrès, mes parents, je crois bien, pensent cela aussi.
Un professeur comme toi, ça sert à enlever un peu le démon de la tête. Alors peut-être aussi à penser aux belles filles. Pascale était au [nom de l’hôpital] parce qu’elle était un peu nerveuse. Est-ce qu’on a encore des dessins d’elle à l’école ? C’était une fille très intelligente.
Quand je serai grand je veux continuer à vivre avec papa et maman. J’aime peindre, les autres métiers, je ne sais pas quoi, je ne les connais pas. Je ne sais pas ce que tu voudrais que je fasse plus tard, non ! J’aime bien dessiner, je n’ai pas envie que cela s’en aille dans le courant de la vie, ni que cela se transforme en moderne, parce que ça fait du gribouillage. Le gribouillage c’est comme si c’était fait par un homme détraqué. J’ai un tout petit peu peur des hommes détraqués. Aussi j’ai peur qu’on me prenne pour un détraqué. Pour enlever le détraquement il faut faire des choses agréables : planter des arbres, aller dans les bois, planter des arbres dans les rues, faire plus de squares pour les enfants, faire des manèges pour les enfants, aller plus souvent à la piscine. Le bien se multiplie et rend nos caractères plus agréables et la folie s’en va. Nous deux on essaie de faire des choses agréables et de lutter contre la folie. Ça serait plus agréable encore dans le métro s’il y avait maman à côté, ou Superjenny ou Pascale.
Tu es professeur, en vérité, mais parfois tu es un peu comme un docteur, un monsieur qui soigne, qui arrange le détraquement. Moi, je ne suis pas détraqué. Je suis Lionel. Je suis un garçon normal parce que je travaille bien et je ne suis pas un garçon normal parce que le démon m’attaque. Mais le démon n’est pas en moi, il est dans Paris.
 

Voici maintenant l’extrait correspondant dans L’enfant bleu[17] :

 
Notre projet
 
Nous continuons ensemble à étudier comme à l’école et aussi à faire, tous les deux ensemble, le docteur un peu psychothéraprof. Ça sert à me rendre plus calme quand on devient nerveux, si le démon de Paris attaque de loin avec ses rayons ou de tout près avec son odeur, qui force à danser la Saint-Guy. Tu travailles pour qu’on soit plus intelligent et moins malheureux. Moi, on veut être heureux, et toi ? Cette année on veut travailler avec toi parce qu’on te connaît et qu’on a moins peur dans les grosses crises. Si on parle d’une jeune fille, comme Paule, tu trouves que c’est bien pour moi. Tu t’intéresses, même presque beaucoup aux jeunes filles qu’on connaît et à mes dessins. Une prof comme toi, Madame, ça sert à enlever le démon de la tête et à penser aux belles filles. Paule est à l’hôpital de jour parce qu’elle est aussi un peu nerveuse, elle est gentille sauf quand elle est parfois du côté de ceux qui font des mauvais coups.
Quand on sera grand… On aime peindre et siffler des airs d’opéra. Ce n’est pas un métier ça… Les autres métiers, ceux pour gagner des sous, on ne sait pas, on ne sait pas comment faire ? Et si on sent le démon de Paris, qu’on casse les outils et les machines ? Gagner des sous comme on doit faire, ça fait peur. On ne sait pas ce qu’on pourrait faire quand on sera un vraiment grand. Toi, tu le sais ? On aime dessiner seulement ce qu’on a dans la tête. Faire du réel pas réel. On ne veut pas que ça devienne du moderne comme souvent toi tu aimes. Maman dit que c’est du gribouillage. Comme si c’était fait par un détracté. Pour enlever le détractement, il faut faire des choses agréables : aller dans les bois, planter des arbres, faire des squares et des manèges pour les enfants, aller à la piscine, avoir des copains, des cousins de son âge, oser parler aux belles filles. Nous deux on est bien tous les deux dans ton bureau, tu as toujours du chocolat. On a envie de faire des choses agréables : aller en dessin à l’île Paradis n°2. Parce que sur l’île Paradis qu’on ne doit pas dire, on dirait que ça  s’est terminé dans le catastrophié. Nous deux on lutte contre la folie débile, ça serait plus facile si Paule, la belle fille, prenait le même métro ou Supergénie de la télé, l’autobus.
Tu es prof mais parfois tu es aussi un peu docteur, une dame qui soigne le détractement, pas avec des remèdes pour des pas-normaux, qui font peur. Nous deux, on est des normaux parce qu’on travaille ensemble. Moi, on est un peu un pas-normal parce que le démon de Paris, il saute sur mon dos, il me bousille la gueule, il me détractouille mais moins quand nous on est à deux. Voilà, fin du projet.
 
A la lecture, plusieurs remarques s’imposent. Tout d’abord, si les deux textes ont à peu près le même contenu sémantique, ils ne produisent pas tout à fait le même effet. Et à l’analyse, il apparaît bien que Bauchau a largement réécrit le texte de Lionel. Des passages ont été supprimés, des éléments nouveaux ont été ajoutés, et de nombreux passages sont paraphrasés. Globalement, le texte de L’enfant bleu semble plus enfantin, déstructuré et bizarre que le premier. Paradoxalement peut-être, il semble aussi dégager plus de poésie. Il conviendra donc de comprendre le sens et l’effet des modifications apportées.
 
Tout d’abord, Bauchau effectue de nombreuses suppressions. Ainsi le passage : « A Paris on n’est jamais tout seul ou bien on est tout seul du côté pessimiste sans les personnes qu’on voudrait ou alors avec les personnes qu’on voudrait mais avec d’autres gens en plus. » Son élimination peut s’expliquer par le souci d’éviter la digression. Cependant, on peut aussi penser qu’elle est motivée par l’utilisation tout à fait correcte que fait ici Lionel du « on », pronom indéfini qui désigne dans ce contexte une communauté anonyme dans laquelle il s’inclut. Or, le « on » est constamment employé par Orion dans le roman ; cette incapacité à dire « je » est même constitutive de son identité et caractéristique de sa parole ; nous y reviendrons. Les passages « J’ai le sentiment de faire des progrès, mes parents, je crois bien, pensent cela aussi » et « Est-ce qu’on a encore des dessins d’elle à l’école ? C’était une fille très intelligente », ont probablement été ôtés en raison de leur caractère prosaïques, quotidiens. Leur suppression renforce l’importance des autres thèmes du texte, qui au contraire connaissent une amplification.
 
C’est ainsi que le démon de Paris, qui est n’évoqué que brièvement à deux reprises dans le premier texte, voit son action décrite et précisée : il « attaque de loin avec ses rayons ou de tout près avec son odeur, qui force à danser la Saint-Guy », il pousse Orion à « casser les outils et les machines », il lui « saute sur [le] dos, il [lui] bousille la gueule ». Cette hallucination violente et hostile, ainsi développée, montre Orion sous un jour pathétique, pitoyable, au sens profond de digne de pitié. Subtilement, d’autre ajouts viennent renforcer cette image, comme la mention de Paule, « gentille sauf quand elle est parfois du côté de ceux qui font des mauvais coups », qui laisse entrevoir un Orion brimé par ses camarades, connaissant des difficultés à entretenir une amitié avec une fille, comme l’insinue le besoin d’aide qu’il exprime et qui n’est pas dans la dictée originelle : « Une prof comme toi, Madame, ça sert […] à penser aux belles filles. » C’est ce que signifie également ce souhait, ajouté à la liste des choses agréables : « oser parler aux belles filles ». Plus loin, Orion désirerait « aller en dessin à l’île Paradis n°2. Parce que sur l’île Paradis qu’on ne doit pas dire, on dirait que ça  s’est terminé dans le catastrophié ». Le monde imaginaire vient ici se substituer au monde réel, dans un mouvement inexistant dans la dictée de Lionel.
 
La vie ordinaire semble donc refusée à Orion, et son avenir lui apparait incertain : « Gagner des sous comme on doit faire, ça fait peur. » Très subtilement, Bauchau ajoute également une note discordante dans l’évocation de la famille. Dans la dictée d’angoisse de Lionel, la mère apparaît protectrice (« Ça serait plus agréable encore dans le métro s’il y avait maman à côté »). Ce passage est supprimé dans L’enfant bleu, alors qu’il est ajouté, à propos des dessins d’Orion, ou peut-être de l’art moderne qu’aime Véronique, que « Maman dit que c’est du gribouillage ». Apparaît ainsi, en filigrane, une fracture entre les aspirations artistiques d’Orion et l’incompréhension de sa mère, qui était absente du texte d’origine. En revanche, la fonction protectrice de Véronique est renforcée (« Nous deux on est bien tous les deux dans ton bureau, tu as toujours du chocolat »).
 
Orion est rendu plus vulnérable que Lionel, et relativement moins capable, en outre, d’interroger ses propres troubles mentaux. Lionel avouait ainsi : « J’ai un tout petit peu peur des hommes détraqués », cherchait un remède à ses problèmes (« Le bien se multiplie et rend nos caractères plus agréables et la folie s’en va »), et concluait sur une réflexion rassurante (pour lui) : « Mais le démon n’est pas en moi, il est dans Paris. » Il est remarquable que ces trois passages supprimés soient relatifs à sa réflexion sur ses difficultés psychiques, sur ce qu’il refuse d’appeler sa folie. Orion apparaît ainsi, bien plus que Lionel, aveugle à lui-même.
 
On dehors de ces ajouts et suppressions, les réécritures sont également très significatives. Ainsi, Lionel ne fait en général qu’un usage très modéré des néologismes. La dictée « Notre projet » n’en contient d’ailleurs aucun. Quant à la « Superjenny », qui devient « Supergénie » dans L’enfant bleu, il ne s’agit pas même d’un personnage issu de son imagination, mais bien, comme d’autres mentions dans les dictées l’attestent en contexte, du personnage éponyme de la série télévisée Super Jaimie, que Bauchau ne pouvait identifier faute de la connaître. En revanche le texte d’Orion rengorge de néologismes. Le premier est calqué sur le modèle des mots-valise : « psychothéraprof » (psychothérapeute et professeur), d’autres sont des variations sur le mot détraqué (le verbe « détractouiller », qui est lui-même un mot valise qui amalgame « détraquer » et « tripatouiller », ou le « détractement » qui vient remplacer le très correct « détraquement » employé par Lionel). De même, « le catastrophié », substantivation formée sur l’adjectif « catastrophé », est employé par Orion en place du plus conventionnel « catastrophe ».
 
Depuis le XIXe siècle, l’usage de néologismes dans le discours est considéré par les psychiatres comme un des indices fondamentaux permettant de poser le diagnostic de maladie mentale[18]. Multiplier ainsi les néologismes dans le texte d’Orion renforce inévitablement l’impression de folie qui s’en dégage. Cependant, cette multiplication a un autre effet, qui vient contrebalancer le premier, dans la mesure où les néologismes sont, sous l’influence des avant-gardes, devenu des marqueurs de poéticité. C’est ainsi, pour ne prendre qu’un exemple parmi d’autres, que Roger Vitrac dans « Le langage à part »[19] remarque « combien l’activité mentale en liberté rejoint avec bonheur ce qu’on est convenu d’appeler des « audaces » » et s’émerveille des mots recueillis dans l’ouvrage du psychiatre Jean Séglas, Des troubles du langage chez les aliénés[20]. La multiplication de ces inventions langagières dans le texte d’Orion lui donne ainsi une connotation poétique, et lui confère une force expressive naïve par laquelle le langage semble s’affranchir des contraintes sociales de la communication standardisée. Le discours d’Orion se caractérise à la fois par l’évidence de la folie dont il porte la trace, et par la liberté créatrice qu’il manifeste.
 
Venons-en, enfin, à la dernière grande différence entre les deux textes : la substitution généralisée du « on » au « je ». Lionel, dans ses dictées d’angoisse, parle couramment de lui à la première personne ; Orion, et c’est même une caractéristique fondamentale qui vient donner sens au récit, n’emploie que le « on », et ne saura enfin dire « je » qu’à la fin du livre, dont il marque ainsi l’aboutissement. Henry Bauchau, interrogé à ce sujet, me répondit que Lionel ne pouvait effectivement pas dire « je », qu’il n’employait que le « on », est se montra fort surpris lorsque je lui dis que les dictées d’angoisses notées de sa main montraient pourtant le contraire. Il avança alors l’idée qu’il aurait lui-même transformé le « on » de Lionel en « je » pendant les dictées, par un automatisme tendant à simplifier son discours. Cependant, les courriers datant de la même époque envoyés par Lionel à Henry Bauchau emploient, là encore, le « je » et non le « on ».  Plusieurs hypothèses ici se dessinent.
 
On peut supposer que Lionel, à l’oral, employait effectivement le « on » de préférence au « je », mais qu’en situation de dictée, dans un contexte mêlant indistinctement thérapie et enseignement, il ait été capable de canaliser ce qu’il percevait lui-même comme une anomalie contrevenant aux règles du discours, et soit donc repassé au « je ». Le « on » des textes d’Orion serait alors une tentative de restitution d’un discours oral, dans son authenticité quelque peu gommée par la situation de dictée.
 
Il est aussi possible que les souvenirs d’Henry Bauchau soient justes, et qu’il ait noté « je » quand Lionel (comme Orion) dictait « on ». Que signifie alors le choix de ce changement de pronom ? On peut y voir la projection de l’espoir d’Henry Bauchau, tendu vers le désir que Lionel dépasse ses blocages et parvienne à une perception moins problématique de lui-même. A la voix de Lionel se mêle alors l’écriture de Bauchau qui modifierait son discours, lui apportant, sur un point essentiel, ce dont il aurait manqué : une conscience claire de soi. Le « on » des textes de L’enfant bleu ne marqueraient alors qu’un retour au texte d’origine, non noté.
 
Les dictées d’angoisse de Lionel ont donc connu, lors de leur passage dans L’enfant bleu, des modifications importantes. Il ne s’agit nullement de collages de textes hétérogènes inclus dans une œuvre, et témoignant du discours d’un patient dans son authenticité – s’ils témoignent de quelque chose, c’est bien davantage de la complexité de la relation unissant Bauchau à Lionel. Réécrites de bout en bout les dictées d’angoisse de L’enfant bleu, avec leur syntaxe déstructurée, leurs néologismes et l’étrangeté que leur confère l’usage généralisé du « on », incarnent assez bien un idéal de « discours du fou », tel qu’il a été décrit par les psychiatres et encensé par les écrivains. La transformation du document original en œuvre littéraire s’est, dans ce cas, faite par le biais d’une refonte totale qui en renforce l’étrangeté plutôt qu’elle ne l’atténue, reconduisant ainsi l’idée d’une parenté entre discours poétique pathologie du langage.
 
 
 
 

[1] Il faut ici préciser que l’expression « texte de fou » n’implique aucun jugement diagnostique, et qu’elle serait par ailleurs fermement contestée par Lionel. Il déclare en effet à plusieurs reprises son désir de ne pas être considéré comme « fou », qu’il entend comme un synonyme de « débile ». Je préfère cependant employer le mot « fou » de préférence à tout autre, dans la mesure ou j’évite ainsi tout jugement d’ordre médical pour ne désigner que les personnes ayant fait l’objet de placement en institution spécialisée, et devant donc faire face à la stigmatisation sociale qu’il entraine – ce qui a été le cas de Lionel.
[2] Henry Bauchau, L’enfant bleu (2004), Actes Sud, coll. Babel, 2008.
[3] Voir Juan Rigoli, Lire le délire. Aliénisme, rhétorique et littérature en France au XIXème siècle, Fayard, 2001.
[4] Anouck Cape, Les frontières du délire, écrivains et fous au temps des avant-gardes, Honoré Champion, 2011.
[5] Gérard Genette (dir.), Esthétique et poétique, Seuil, 1992, p. 8.
[6] Aragon, Le Mouvement perpétuel (1926), Gallimard, 1980, p. 83.
[7] George Dickie, « Définir l’art », Esthétique et poétique, op. cit.,  p. 22.
[8] Pour Schaeffer au contraire, l’appartenance au milieu culturel n’a pas d’importance. Sa définition de l’œuvre d’art comporte quatre conditions, dont seule la première est nécessaire (mais non suffisante). Cette condition (ou « propriété absolue ») est qu’il doit s’agir d’un objet issu d’une causalité intentionnelle. Les trois autres conditions peuvent être plus ou moins présentes, voire absentes : l’appartenance générique (appartenir à un genre admis comme artistique, c’est à dire par exemple, présenter la structure d’un sonnet) ; l’intention esthétique (être produit dans l’intention de faire une œuvre d’art) ; l’attention esthétique (être considéré par un sujet comme une œuvre d’art). Ainsi, le fait d’être produit dans l’intention d’être une œuvre d’art fait d’un objet (issu d’une causalité Intentionnelle) ipso facto une œuvre d’art. Schaeffer, Les célibataires de l’art, p. 111 sq.
[9] Voir thèse de Fanny Rojat, Littérature et écrits bruts, les écrits bruts aux marges de la littérature, sous la direction de Catherine Mayaux, Université de Cergy-Pontoise, en cours.
[10] Voir André Cellard et Marie-Claude Thifault, Une toupie sur la tête, Visages de la folie à Saint-Jean-de-Dieu, Les éditions du boréal, Montréal, 2007 et Michèle Nevert, Textes de l’internement, Manuscrits asilaires de Saint-Jean de Dieu (vol. 1), XYZ éditeur, Montréal, 2009.
[11] Voir Françoise Tilkin, Quand la folie se racontait, plus de 50 titres sur la période 1940-1980.
[12] Voir le Dossier Wolson, ouvrage collectif rassemblant des textes de Pierre Alferi, Piera Aulagnier, Paul Auster, François Cusset, Max Dorra, Michel Foucault, Jean-Marie Le Clézio et de Jean-Bertrand Pontalis, Gallimard, Paris, 2009.
[13] En France : « Il n’y a ni crime ni délit, lorsque le prévenu était en état de démence au temps de l’action, ou lorsqu’il a été contraint par une force à laquelle il n’a pu résister. » (article 64 du Code pénal de 1810). Depuis 1994 : « N’est pas pénalement responsable la personne qui était atteinte, au moment des faits, d’un trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses actes. » (article 122-1)
[14] Pour une étude détaillée de l’œuvre de Lionel et de sa relation avec Henry Bauchau voir Lionel, L’enfant bleu d’Henry Bauchau, co-direction avec Christophe Boulanger, Actes Sud, Arles, 2012, et Rencontres, thérapie et création, co-direction avec Christophe Boulanger et Catherine Denève, Presses du Septentrion, Lille, 2014.

[15] Ceci avait déjà été remarqué par Fanny Rojat dans son article « Par delà l’Art Brut, L’Enfant bleu comme espace en liberté », Revue Henry Bauchau n°2, Henry Bauchau et les arts, 2009,  pp. 88-98.

[16] Fonds Henry Bauchau, A7906-A7907 (tapuscrit), E139-143 (manuscrit).
[17] Henry Bauchau, L’enfant bleu, op. cit., pp.100-101.
[18] Citons par exemple, parmi les premiers, les livres d’Adolf Kussmaul, Les Troubles de la parole (1874), Baillière et fils, 1884, de Jean Séglas, Des troubles du langage chez les aliénés, Rueff, 1892, ou la thèse de Charles Lefèvre, Étude clinique des néologismes en médecine mentale, 1891.
[19] Roger Vitrac, « Le langage à part », Transition n°18, 1929.
[20] Op. Cit.
 



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