Repenser l’interdisciplinarité entre esthétique et neurosciences cognitives

Responsables du dossier : Donna Jung et Bruno Trentini

Résumé
Après les nombreuses critiques épistémologiques formulées à l’égard des investigations de neurosciences cognitives dans le domaine de l’esthétique, cet appel propose aux philosophes et aux théoriciens de l’art de proposer des pistes de réflexions, voire d’expérimentations, pour repenser une telle interdisciplinarité en accord avec les préoccupations de l’esthétique philosophique.

Contexte épistémique
Depuis le tournant cognitiviste des années 1970, l’essor interdisciplinaire des neurosciences espère parvenir à expliquer les comportements à partir de fondements neuronaux et ainsi s’approprier les autres champs de recherche sous l’appellation « neuro-discipline ». Les domaines de l’art et de l’esthétique n’ont pas échappé à cette vague et il semble bien que les neurosciences de la cognition n’aient pas attendu les esthéticiens pour faire de l’esthétique un objet d’étude : la neuroesthétique, pour emprunter l’étiquette la plus en vogue, étudie alors le sentiment de beau. Ceci ne poserait en soi aucun problème si les esthéticiens et les épistémologues n’y voyaient aucune imprudence méthodologique. Malheureusement, force est de constater que quelques critiques maintiennent à l’écart les deux disciplines. Les plus fréquentes – et peut-être les plus discutables – consistent à voir dans la neuroesthétique un risque de réalisme objectif décrétant ce qui est vraiment beau. D’autres critiques pointent un risque de réductionnisme scientifique trop radical ignorant le fait culturel et sociologique – au fond, qu’apprend-on sur l’expérience esthétique lorsque l’on sait qu’elle active telle zone cérébrale ? Le design des expériences de la neuroesthétique manifeste également une certaine ignorance des résultats esthétiques. Ainsi, le beau se dilue parfois dans l’agréable et le plaisant alors même que l’enjeu est de caractériser sa spécificité et que les œuvres d’art présentées peuvent plaire autrement que par une expérience de la beauté. Aussi, la contrainte expérimentale impose des conditions d’appréhension au « spectateur » tellement particulière que l’expérience esthétique est forcément déplacée – ne serait-ce que par l’apport des sciences de la cognition elles-mêmes, confortant l’hypothèse selon laquelle la mobilité corporelle est importante dans la constitution des émotions. Placer un sujet dans un IRMf, par exemple, et lui demander de noter les œuvres qui lui sont présentées selon son appréciation de leur beauté ou de leur laideur laisse encore inexploré l’apport d’une cognition incarnée et des expériences artistiques : le lieu du musée, la salle de spectacle et de cinéma ou encore le paysage urbain participent à la construction de l’expérience esthétique.
Ces expérimentations scientifiques du fait esthétique et artistique ne sont pas nouvelles. Leur rencontre malencontreuse ne l’est pas non plus. Déjà au xviiie siècle, où l’esthétique et la psychologie ont acquis leur autonomie disciplinaire, un clivage a été réclamé par Kant. Il fallait selon lui se défaire des considérations physiologistes lorsqu’il était question des sentiments de beau et de sublime. Le fort héritage kantien explique d’une part les chemins si différents qu’ont empruntés l’esthétique philosophique et la psychologie expérimentale. D’autre part, les disciplines ont évolué chacune suivant les préoccupations de leur époque : pendant que l’esthétique philosophique avait vocation à comprendre les crises de la modernité, la psychologie se laissait aller aux avancées techniques et aux hypothèses visant la description de l’esprit humain par le modèle de l’ordinateur et de ses computations. À ce moment, peu pariaient sur un rapprochement entre l’esthétique philosophique et la psychologie scientifique.

Pistes de recherche
Le pari d’un avenir commun entre neurosciences cognitives et esthétique est aujourd’hui autant envisageable qu’urgent et l’enjeu de cet appel à contribution est de définir les orientations d’une telle discipline. Il serait en effet temps pour l’esthétique et l’épistémologie d’œuvrer dans le sens de telles investigations en proposant aux neurosciences cognitives un programme de recherche véritablement interdisciplinaire. Le mouvement critique ayant déjà été engagé par de nombreux chercheurs, il n’est plus question de pointer les lacunes de la neuroesthétique, mais de construire la réconciliation entre esthétique philosophique et esthétique expérimentale. Peut-être la question du beau est-elle trop complexe pour être traitée avec toutes les précautions adéquates. Elle risque aussi de creuser encore le décalage avec le milieu de l’art, qui, depuis au moins la modernité, s’est dégagé de l’hégémonie du beau. Peut-être faut-il investir d’autres catégories esthétiques comme celle du sublime qui, par sa proximité au sentiment de vertige, offre des pistes d’apports interdisciplinaires plus intéressants. Le sublime peut ainsi bénéficier des résultats obtenus dans d’autres domaines des neurosciences cognitives s’intéressant aux émotions négatives, aux perturbations du système vestibulaire, mais aussi à leur relation à la survie. Peut-être encore faut-il dépasser les catégories esthétiques afin de penser autrement l’expérience. On peut envisager des pistes de microesthétique – comme se fait la microhistoire – et s’intéresser aux relations cognitives entre le sensible et l’intelligible en se focalisant sur l’art conceptuel. On peut dans ce cadre travailler aussi sur l’attention sélective spécifique portée aux œuvres minimalistes ou envisager une étude sur les bases cognitives de l’émulation collective autour des œuvres participatives. Au contraire, des travaux plus généraux peuvent entreprendre une description intégrative de l’expérience esthétique en partant par exemple de l’idée que l’expérience esthétique passe par une sensation de soi induite par la perception d’une situation extérieure. Il serait alors envisageable de penser aux investigations scientifiques ciblant les processus cognitifs permettant de telles sensations de soi – comme l’intéroception et la proprioception – et leur éventuelle pertinence au regard de certaines œuvres d’art. Les pistes sont déjà nombreuses et la plupart d’entre elles restent à créer.

Modalités
Nous attendons, dans le cadre de cet appel, des propositions d’article œuvrant dans le sens d’une neuroesthétique cognitive. Ainsi, à la fois épistémologiques et épistémiques, les articles doivent être compréhensibles tant par des neuroscientifiques que par des théoriciens de l’art. L’enjeu est en effet d’écrire aussi et surtout pour les chercheurs qui se sont désintéressés peut-être prématurément de ces questions. Un corpus se saisissant de l’art contemporain serait particulièrement bienvenu pour susciter leur intérêt. Les dimensions prospectives de l’appel n’écartent pas pour autant les réflexions d’histoire de la philosophie : la prospection n’a pas à faire table rase du passé. Enfin, des propositions de designs expérimentaux ciblant une dimension circonscrite de l’expérience esthétique peuvent également être les bienvenus. S’il est vrai que les philosophes n’ont pas la formation adéquate pour mener de telles expériences, certaines hypothèses et certaines mises en situation expérimentales peuvent ouvrir la voie à des projets de recherche exigeants et ciblés, des projets de recherche conscients du risque de la généralisation et souhaitant ainsi éviter ce qui mettrait en péril tout dialogue interdisciplinaire.
Les propositions, d’une page environ, seront sélectionnées par les responsables du dossier. Les articles seront quant à eux évalués aussi par le comité de lecture de la revue Implications philosophiques. L’appel est ouvert à toutes les personnes du monde de la recherche, y compris celles qui sont encore en doctorat.

Calendrier
21 mai : réception des argumentaires approximativement d’une page
28 mai : acceptation des propositions
20 août : livraison des articles compris entre 20 000 et 35 000 signes
2 octobre : envoi aux aAAC esthetique et neurosciences cognitivesuteurs des articles évalués
30 octobre : livraison des articles repris par les auteurs

Contacts :
Donna Jung : donna.jung@outlook.fr
Bruno Trentini : b.trentini@laposte.net

 

 




03/17 Machiner la poésie/Plotting Poetry

Colloque International

MACHINER LA POESIE

(Sur les lectures appareillées)

(Université de Bâle les 5-6-7 octobre 2017)

Conférences plénières confirmées :

Franco Moretti (Literarylab, Stanford University)

Valérie Beaudouin (Telecom ParisTech – UMR I3)

Organisateurs :

Anne-Sophie Bories (Université de Bâle)

Hugues Marchal (Université de Bâle)

Gérald Purnelle (Université de Liège)

Appel à communications :

En 1917, commentant l’essor des nouveaux media, Apollinaire exhortait à « machiner la poésie comme on a machiné le monde ». Cent ans plus tard, la riche métaphore de ce slogan revêt une acuité croissante au regard du surgissement des nouvelles technologies dans les études littéraires. Quel rôle les machines ont-elles pris dans la lecture des textes ? Que nous apprennent-elles sur la mécanique poétique ? Quelles machinations et quelles machineries développons-nous et avec quels résultats ?

Nous produisons des appareillages informatiques ou statistiques de toute sorte pour décrire et analyser mètre, style et poéticité. Nous leur confions une partie de nos recherches pour gagner en vitesse et/ou en puissance, échapper aux limites physiques de ce que notre esprit peut traiter, envisager différemment les questions habituelles et en faire émerger de nouvelles que les lectures traditionnelles ne permettaient pas. Les analyses statistiques, l’exploration de corpus numérisés, les recensements divers, éclairent la littérature et fournissent à l’interprétation des preuves matérielles dont elle a longtemps dû se passer, mais posent à leur tour des défis herméneutiques. 

Appliquer des procédés mécaniques à la lecture des textes, c’est poser la question du poétique. Réside-t-il dans la somme mesurable de procédés ingénieusement agencés, ou bien échappe-t-il aux tentatives de normalisation ? Les machines à lire, en permettant une vision à distance, mesurent des phénomènes que la lecture naturelle ne permet pas de détecter, et interrogent le rôle des traits invisibles ainsi décelés dans notre perception de lecteurs. Quel contrôle le créateur exerce-t-il sur eux ? Ce que Jacobson appelle la fonction poétique a pour élément central des traits linguistiques objectivables, mais son efficacité est-elle pour autant réductible à celle d’une machine dont on peut démonter rouages et ressorts ?

Enfin, la machine représente une certaine déshumanisation des processus dans lesquels elle nous remplace, et symétriquement, nous en adoptons volontiers une perception anthropomorphique. Son emploi interroge l’utilité et la légitimité de procéder à des lectures « non-humaines » pour interroger un matériau par nature « humain ». Le spécialiste de littérature, dont l’objet n’est pas un phénomène naturel, est-il soumis à l’obligation de preuve, ou peut-il se contenter d’intuitions ? Comment articuler « lectures » appareillées et autres plus traditionnelles de la poésie.

Nous souhaitons réunir pour ce colloque des chercheurs désireux d’exposer les outils informatiques ou statistiques qu’ils développent pour poser des questions de poétique, de métrique et de stylistique. Les appareils n’ayant pas apporté les résultats espérés, pourvu que leur échec nourrisse une réflexion intéressante, sont aussi les bienvenus.

Des sujets d’exploration possibles incluent mais ne sont nullement limités à :

·      analyse métrique ;

·      stylométrie ;

·      fait poétique et outils informatiques ;

·      « distant reading » et lecture littéraire ;

·      interprétation assistée par les nouvelles technologies ;

·      représentations visuelles de la poésie ;

·      histoire des machines à lire la poésie et éléments de perspective;

·      possibilités de symbiose entre lecteur humain et appareil non-humain.

Nous attendons des propositions de communication portant sur des textes poétiques versifiés ou non, ou même des textes extérieurs au genre poétique pourvu que des machines soient mises au point pour en explorer la poétique. Les communications de 25 minutes pourront porter sur des corpus de toute époque et de toute langue, mais devront être données en français ou en anglais.

Les propositions (300 mots) sont à envoyer au plus tard le 1er mars 2017 à :

Anne-Sophie Bories (a.bories@unibas.ch), Gérald Purnelle (Gerald.Purnelle@ulg.ac.be), Hugues Marchal (hugues.marchal@unibas.ch).

Comité Scientifique :

Camille Bloomfield (Université Paris 13)

Benoît de Cornulier (Université de Nantes)

Elena González-Blanco García (UNED, Madrid)

Véronique Magri (Université de Nice-Sofia Antipolis)

Véronique Montémont (Université de Lorraine – ATILF)

Manuela Rossini (Université de Bâle)

Christof Schöch (Université de Würzburg)

Numa Vittoz (Université de Zurich)

https://machinerlapoesie.wordpress.com

International Conference

PLOTTING POETRY

(On Mechanically-enhanced Reading)

(University of Basel, 5-6-7 October, 2017)

Confirmed plenary speakers:

Franco Moretti (Stanford Literary Lab)

Valérie Beaudouin (Telecom-Paris-Tech)

Organisers:

Anne-Sophie Bories (Basel University)

Hugues Marchal (Basel University)

Gérald Purnelle (Liège University)

Call for papers:

In 1917, commenting on the rise of new media, Apollinaire urged for “plotting/mechanising (“machiner”) poetry as has been done for the world”. A century later, the slogan’s rich metaphor is made all the sharper with the new technologies’ emergence in literary studies. What role have machines taken up in text reading? What do they teach us about the mechanics of poetry? What mechanical and strategic devices are we developing, with what results?

We are producing all sorts of computing and statistical apparatuses to describe and analyse metre, style and poeticity. We entrust them with part of our research to gain in speed and/or power, escape the physical boundaries of what our mind can embrace, rethink the usual questions and address new ones previously out of reach of traditional readings. Statistical analyses, digital corpuses, miscellaneous inventories shed light upon literature and provide our interpretations with the physical evidence they had to do without so far, but they in turn raise hermeneutic challenges.

To apply mechanical processes to the reading of texts is to raise the question of poeticity. Is it to be found in the measurable sum of artfully assembled processes, or does it escape normalisation efforts? Reading machines, by allowing a distant vision, measure phenomena that a natural reading would not detect, thus questioning the role of such invisible features in readers’ perception. Jacobson’s poetic function has objective linguistic features at its centre, but shall its efficiency be reduced to that of a machine, with levers and pulleys we can take apart?

Finally, the machine carries some notion of dehumanisation of the processes where it replaces us, and symmetrically, we readily adopt an anthropomorphic perception of it. Its use questions the usefulness and legitimacy of adopting “non-human” readings to access a fundamentally “human” material. Must the literary scholar, whose object is not a natural phenomenon, meet the burden of proof, or can one rely on intuitions? How shall mechanically enhanced “readings” and more traditional ones be linked together?

We are keen to gather scholars wishing to show computing or statistical tools they develop to raise questions in poetics, metrics, and stylistics. Devices that did not yield the expected results, provided their shortcomings provide an interesting insight, are welcome too.

 

Possible themes could include, but are not limited to:

·      metrical analysis;

·      stylometry;

·      poeticity and computer tools;

·      “distant reading” and literary reading;

·      computer-assisted interpretation;

·      visual representations of poetry;

·      History of reading machines and perspectives;

·      possibility of symbiosis between human reader and non-human apparatus.

We welcome abstracts for papers about poetic texts, versified or not, or even texts outside the poetry genre provided that machines are being used to explore their poeticity. Papers of 25 minutes may bear on corpora from any time and in any language, but shall be delivered in English or French.

Abstract (300 words) are to be sent no later than 1st March 2017 to: Anne-Sophie Bories (a.bories@unibas.ch), Gérald Purnelle (Gerald.Purnelle@ulg.ac.be), Hugues Marchal (hugues.marchal@unibas.ch).

Scientific Committee:

Camille Bloomfield (Université Paris 13)

Benoît de Cornulier (Université de Nantes)

Elena González-Blanco García (UNED, Madrid)

Véronique Magri (Université de Nice-Sofia Antipolis)

Véronique Montémont (Université de Lorraine – ATILF)

Manuela Rossini (Universität Basel)

Christof Schöch (Universität Würzburg)

Numa Vittoz (Universität Zürich)

https://machinerlapoesie.wordpress.com




Le merveilleux scientifique en spectacle (1850-1940) : Revue Itinéraires

Coordonné par Laurent Bazin (CHCSC, Université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines) et Claire Barel-Moisan (CNRS, ENS-Lyon, ANR Anticipation).

Proposé dans le cadre du programme ANR sur « Le roman d’anticipation scientifique au tournant du xixe siècle », ce numéro d’Itinéraires se donnera pour objet d’approfondir les modalités, la nature et les enjeux de cette spectacularisation du merveilleux scientifique.

Modalités de soumission

Les contributions sont ouvertes pour des articles relevant de l’histoire littéraire, de l’étude du texte théâtral, des arts du spectacle et du cinéma, et de l’histoire culturelle, afin d’étudier le merveilleux scientifique en spectacle, en France, entre 1850 et 1940.
Les articles veilleront à respecter la limite de 40 000 signes et à suivre les consignes éditoriales de la revue : https://itineraires.revues.org/2255.
Ils pourront être accompagnés d’illustrations (libres de droits) et contenir des liens hypertextes.
Les articles feront l’objet d’une expertise en double aveugle : https://itineraires.revues.org/2252.

Calendrier

Les propositions d’articles (d’environ une page), accompagnées d’une brève bio-bibliographie seront adressées à Laurent Bazin (laurent.bazin@uvsq.fr) et Claire Barel-Moisan (claire.barel-moisan@ens-lyon.fr) avant le 14 juillet 2017.
Les textes retenus seront à rendre avant le 31 décembre 2017.
La publication du numéro est prévue au 2e semestre 2018.




30/10/16 Libido Sciendi, Revue d’histoire du 19e siècle

« Libido Sciendi : (1840-1900) », appel à articles pour la Revue d’histoire du 19e siècle.
Les propositions, d’une page maximum et un court CV, sont à envoyer avant le 30 octobre 2016. Une journée d’études-atelier réunira les auteurs du dossier au printemps 2017. Les articles seront soumis à une double expertise et devront être remis avant le 30 septembre 2017, pour une parution du numéro fin 2018.

A consulter sur :

 Revue d’histoire du 19ème siècle

 




3rd International Conference on Science and Literature -1st Call for Papers

COMMISSION ON SCIENCE AND LITERATURE

DHST/IUHPST

Université Pierre et Marie Curie – Paris 6 (UPMC)

Hellenic Open University

 

 

3rd INTERNATIONAL CONFERENCE

on

SCIENCE & LITERATURE 

 

2-4 July 2018

Paris, France

 

First call for papers

 

Following the successful two International Conferences on Science and Literature which took place in Athens and Poellau this Conference is the third to be organized under the aegis of the Commission on Science and Literature DHST/IUHPST. The third International Conference will be co-organized by the Université Pierre et Marie Curie – Paris 6 (UPMC) with the technical support of the Hellenic Open University. As it was the case with the first two Conferences, the third one does not have a specific theme, as its intent continues to be the creation of an open forum for all scholars interested in Science and Literature, thus bringing into the dialogue multiple perspectives. Nevertheless, the Conference will be organized along thematic sessions, according to the papers which will be accepted by the Scientific Committee.

Proposals for individual papers or panels of three or four papers should be submitted  from 1st December until the 29th of February 2018. They must include the title of the paper (or the theme of the panel), name and affiliation of the author(s), an abstract of no more than 350 words and a short CV of  up to five lines.

Proposals and inquiries about practical matters may be sent to gvlahakis@yahoo.com and konstantinos.tampakis@gmail.com

An international scientific committee will review the submissions and notice of acceptance will be sent within the first two weeks of March 2018.

Prof. Pauline Lescar will be the chair of the Local Organizing Committee and member of the Scientific Committee. 

 

Registration:  1st  February 2018 to May 30th 2018

Registration fees (include coffee, tea, refreshments and Conference material): 100 Euros

Fees for students and early career scholars: 50 Euros

 

Participants are asked to make their own arrangements concerning their accommodation in Paris, but the Conference organizers will be happy to give any necessary assistance.

 

Further information will be included in the second CfP which will be circulated on 5th January 2016.




Journées d’étude internationales : Techniques et mondes

Journées d’étude internationales : Techniques et mondes

 
International Workshop : Worlds and technologies
Université Paris 8, 28-29 Novembre 2016
Pierre Cassou-Noguès, Arnaud Regnauld
 
Appel à contributions (English below)
Bref, les technologies contemporaines produisent-elles une apocalypse, réelle ou imaginaire ?
 
 Worlds and technologies
In The Origin of Geometry, Husserl considered landsurveying as a technique that fostered the overlaying of the world of life by a world of science whose objects are characterized by an infinite determinability. A certain number of contemporary authors such as J.-L. Nancy, B. Stiegler or T. Morton reportedly see digital technologies as a novel transformation of the world, relative to its very shape as well as the status of its own objects whose meaningful dimension is reduced by digital technologies, so to speak diminishing their potential infinity.
Do contemporary technologies represent the end of the world, or that of a certain world? To what extent do the new modes of communication, a certain form of ubiquity maybe made possible by contemporary technologies, alter the fabric of time and space within which the various regions of our world are enmeshed? To what extent do globalization, the uniformization of desires in ads and commercials transform the status of the objects of our world? Can the image of a nature, of an underlying plane or an isolated regions, impervious to technology and as an image, constituted an ingredient of the notion of world, survive contemporary technologies? And if not, how significant is that? And what about the islands, those images of an elsewhere conveyed by the railways that used to take us to the seashore as much as the enticing ads and commercials for garishly colored chewing gum or exotically scented shower gels? Are those islands bound to disappear because of the rise of sea levels and that, caught within contemporary globalization (taking all sorts of shapes), there no longer is an out there there.
In sum, do contemporary technologies produce an apocalypse,  real or imaginary?




Please send proposals before Nov. 1
st to Pierre Cassou-Noguès and Arnaud Regnauld :



Les transhumanismes et leurs récits en question(s)

APPEL À COMMUNICATIONS

COMMUNICATIONS INDIVIDUELLES, PANELS, ATELIERS PARTICIPATIFS

 

Colloque international (français/anglais)

 

Les transhumanismes et leurs récits en question(s)

20, 21 et 22 juin 2018

Université Catholique de Lille

 

www.ethconference2018.com/fr/  

 

CRÉEZ VOTRE COMPTE PERSONNEL

SOUMETTEZ VOTRE (VOS) PROPOSITION(S)

À PARTIR DE VOTRE COMPTE PERSONNEL

 

Date limite de soumission des propositions:

10 mars 2018

Les décisions du comité scientifique seront communiquées aux auteurs le 5 avril 2018.

 

 

Le prix ETHConf2018 (d’une valeur de 500 euros) sera remis au chercheur doctorant ayant présenté le meilleur papier.

 

Une sélection des meilleures communications en anglais sera publiée sous la forme d’un ouvrage collectif chez Peter Lang (https://www.peterlang.com/). Les meilleures communications en français seront soumises pour publication aux éditions Liber (http://www.editionsliber.com/). Le suivi éditorial sera assuré par la Chaire "Ethique et Transhumanisme" (http://www.ethconference2018.com/eng/questions) de l'Université Catholique de Lille.




Narrative, Cognition & Science Lab

Call for Papers
Symposium:
Narrative, Cognition & Science Lab
Friedrich-Alexander Universität Erlangen-Nürnberg
21-23 October 2016
Organized by ELINAS: Research Center for Literature and Natural Science http://elinas.fau.de/

Invited Keynote Speakers:
Marie-Laure Ryan : Independent Scholar in Residence, University of Colorado
H. Porter Abbott : Research Professor Emeritus of English, University of California, Santa Barbara
Bruce Clarke : Paul Whitfield Horn Professor of Literature and Science, Texas Tech University
Mark Turner : Institute Professor and Professor of Cognitive Science, Case Western Reserve University
Hans Ulrich Fuchs : Professor of Physics, Zurich University of Applied Sciences at Winterthur
Founding Director, Center for Narrative in Science

Description:
What would a narratology of science look like? A narratology of science-in-literature?
How might principles of cognition bring narrative and science together?
Narrative is a fundamental, probably natural, mode of thought and meaning-making. Science is now a central, more culturally-organized mode of knowing the world, of imagining, exploring, modeling, and acting on it. Narrative and science are not self-evidently related—indeed they may seem opposed. Yet many connecting threads can be discovered.
Scientists are adept and versatile narrators, telling many kinds of stories in many different genres and media. They recount unfoldings of events, at sometimes uncanny scales—from a particle collision at near light-speed, to the evolution of life, to the history of the universe—in order to interpret them. They narrate as individuals or in teams of thousands. Their events may be natural or manufactured, observed or inferred, objective or subjective or both. Scientists also tell human stories of developing hypotheses, arguments, theories and experiments, and they speak to many publics. Scientific stories may operate at the most concrete or the most abstract levels imaginable. Even mathematical proofs and physics equations have narrative qualities, some suggest.
Narrativity appears at various stages of scientific processes: informal speculation, thought experiments, experimental design and execution, measurement, argumentation, writing and revision, theorizing, paradigm-shifting, popularizing, caricaturing (boosting and bashing), retrospective histories and philosophies of fields, and more.
Scientists may adapt elements of literary narration (intentionally or not); in grand narratives or close case studies, understandings of nature become emplotted, shaped.
Complementarily, non-scientists often tell stories of science. In proto-scientific eras, knowledge-formation is arguably allied with myth, religion and magic: physics is entangled with metaphysics, chemistry with alchemy. And myth persists in modern discourses of science: myths of selfless or self-serving geniuses, of the promises and perils of technology. Journalists report and (attempt to) interpret scientific findings. Politicians and legal professionals grapple with scientific advice to decide social policies. Teachers tell science’s stories to students—starting with simple versions, as ladders to be kicked away once the rung of the next-best version is grasped. Other versions circulate on social media (for better or worse), mutating as they move. Literary narrators draw ideas and forms from scientific writing, as topics, themes, images and structures. Narrative art reimagines physical forces, forms of causality and time, natural orders, whole cosmologies—inflecting partial scientific understanding with intuitions of pattern and meaning.
Much excellent scholarship analyzes exchanges between science and narrative. In addition, cognitive scientists have explored narrative’s centrality to mental processes and products, and literary scholars drawing on cognitive science have produced far-reaching reinterpretations of basic concepts of narrative. Yet there remains a need for deeper understanding of the processes by which science can move into narrative, and (especially) vice-versa—deeper in the sense of more detailed, more precise, more systematic, more extensively informed by theory and practice, both narrative and scientific. The “narrative turn” has transformed the human and social sciences, but we have yet to take the full measure of narrative in the context of the physical sciences. The “cognitive turn” suggests that cognition may be a key to the deeper understanding we seek.
In this light, we propose a dialogue involving a direct and close focus on the intersections of narrative, cognition and science. This focus defines a very wide field of exploration, given the complexities of these terms, and we hope to inspire a rich discussion of new dimensions of these intersections.

We encourage consideration of questions on a range of topics bridging our foci:

– How do scientific thought, practice and communication use narrative qualities?
How does narrative cognition enable and reflect scientific cognition?
How do scientists see their work as involving story?
What forms of cognition overlap but contrast with narrative forms, and how?
e.g. abstraction, ambiguity-reduction, visualization, mathematics, description, argument.

-What are the implications of the first questions for epistemology, ontology, communication?
Does anyone still think science is “just another narrative”? What alternatives to the relativist/absolutist polarity have developed in the wake of the “science wars”? What does the future hold?

-Are there identifiable structures or qualities specific to scientific narratives?
What kinds of narrators, characters, plots, causalities, chronologies, discourse structures, rhetorics, emotions, themes and ideologies do we find?

What parts of narrative theory resonate with science communities?
-What are the functions of scientific narratives?
How is narrative used to describe, predict, explain, enlighten, persuade, entertain?

-How are scientific thought and communication adapted into extra-scientific narrative?
How can they affect narrative form and processing?

-How might a consideration of scientific narrative change narrative theory, and cognitive theory? From recognizing previously neglected forms of narrative and thought to revising major concepts.

-All forms of narrative, cognitive, and scientific processes, artifacts and theories are welcome.

Abstracts:
Please send 400-word abstracts by 31 August 2016 to Mike Sinding (michael.sinding@fau.de). Please include a brief bio/bibliography, e-mail address and postal address. Papers should be 25 minutes long.

Key Dates:
Abstracts due: 31 August 2016
Decisions + Program: 15 September 2016
Registration: 30 September 2016
Symposium: 21-23 October 2016

ELINAS Contacts:
Dr. Mike Sinding
Research Fellow, ELINAS

Friedrich-Alexander-Universität
Erlangen-Nürnberg Michael.Sinding@fau.de

Dr. Aura Heydenreich
German and Comparative Literature
Research Fellow, ELINAS
Friedrich-Alexander-Universität
Erlangen-Nürnberg Aura.Heydenreich@fau.de

Prof. Dr. Klaus Mecke
Institute of Theoretical Physics
Friedrich-Alexander-Universität
Erlangen-Nürnberg Klaus.Mecke@fau.de




20 avril 2018 : Appel à communication « Habiter les territoires immersifs à l’ère de l’Anthropocène »

Habiter les territoires immersifs : perspectives écologiques, neuroscientifiques et esthétiques sur la littérature, les arts et le jeu vidéo à l’ère de l’Anthropocène

 

Institut du monde anglophone

Université Sorbonne Nouvelle

5, rue de l'École de médecine 75006 Paris

 

22-23 juin 2018

 

Alors que les habitats naturels se dégradent, les arts nous proposent des expériences immersives, qui ouvrent vers des modes nouveaux de l’habiter. Le jeu vidéo, la littérature, le cinéma, le théâtre, l’art contemporain créent des territoires qui nous invitent à l’exploration et au vagabondage, à la flânerie et à la contemplation ; des activités improductives qui peuvent perturber les cycles du néolibéralisme et contrevenir aux styles cognitifs qu'il promeut.

Ces activités reposent sur la capacité du joueur/lecteur/spectateur à entrer en immersion, un état de conscience modifié qui nous permet d’habiter ces mondes secondaires, d’y dépenser une part significative de notre énergie. Que peuvent nous apprendre écologie, neuroscience et esthétique sur cet état de conscience, sur ce mode attentionnel dont les enjeux éthiques et esthétiques – agencés au sein d’œuvres spécifiques – s’étendent à la manière dont habitons notre environnement planétaire ?

C’est à partir de l’intervention d’un fondateur de la neuroesthétique, Semir Zeki (University College of London), que nous réfléchirons à ces questions. Cette conférence fait suite aux travaux menés depuis 2013 au sein du cycle de rencontres « Neurohumanités » organisées à la Sorbonne Nouvelle par le groupe [Science/Littérature] soutenu par l’EA 4398 PRISMES : https://litorg.hypotheses.org. 

Les propositions de communications de 250 mots accompagnées d'un paragraphe biographique sont à envoyer avant le 20 avril 2018 à pierre-louis.patoine@sorbonne-nouvelle.fr. Les réponses seront données le 25 avril.

 

Comité scientifique

Alexa Weik von Mossner (Université de Klagenfurt)

Carl Therrien (Université de Montréal)

Jonathan Hope (Université du Québec à Montréal)

Alexis Blanchet (Sorbonne Nouvelle)

Aude Leblond (Sorbonne Nouvelle)




Femmes de sciences: quelles conquêtes? Quelle reconnaissance?

Les éditions précédentes de ce colloque ont successivement mis en lumière les femmes du XVIIIe siècle, celles de la Belle Epoque, les savantes du XVIIe, les femmes de l’entre-deux guerres, lors de deux rencontres, et en 2016, les femmes du XIXe siècle.

Cette septième session envisage une perspective thématique et diachronique autour des femmes de sciences. De ces savantes dans l’ombre d’un mari chercheur à Rosalind Franklin dont les collaborateurs utilisèrent les travaux à son insu, ce qui leur valut le Nobel en 1962, quel fut/quel est le statut des femmes dans le vaste domaine de la recherche scientifique? Certaines sont dans la lumière comme Emilie du Châtelet ou Marie Curie. Et toutes les autres chercheuses? Au-delà de l’approche biographique, il s’agira de présenter dans nos rencontres leurs recherches trop méconnues, leurs découvertes voire leur originalité.

Dans un champ réputé fermé et très masculin, pourrons-nous déceler au fil du temps une évolution vers l’émancipation des chercheuses afin de la confronter à leur statut actuel? Les femmes sont-elles solubles dans la science?

Date et lieu : jeudi 14 et vendredi 15 septembre 2017 à la Médiathèque d’Orléans.

Les communications sont à adresser pour le 27 mars 2017 à:

dominique.brechemier@neuf.fr

lavalturpin@yahoo.fr




Pour en finir avec l’anthropomorphisme ? (appel à contribution)

Appel à contribution pour la revue XXI/XX – Reconnaissances littéraires, nº 3.

Les propositions de contribution, d’une longueur de 300 mots environ, doivent être envoyées à Florian Alix et Thomas Augais, accompagnées d’une brève notice biobibliographique, au plus tard le 15 mars 2021, aux adresses suivantes : florian.alix.13@gmail.com ; thomas.augais@sorbonne-universite.fr

Les réponses seront transmises début mai 2021. Et les articles, d’une longueur de 35 000 signes (espaces comprises) devront être envoyés au plus tard le 1er octobre 2021. 

*

Le comité éditorial de la revue XXI/XX – Reconnaissances littéraires, publiée aux éditions Classiques Garnier, est composé d’enseignants-chercheurs de la Faculté des Lettres de Sorbonne Université, spécialistes de littératures françaises du xxe siècle et comparatistes.

Elle a ainsi défini l’esprit qui l’anime : « Le titre, XXI/XX, veut signifier la volonté de prendre pleinement appui sur le présent, pour embrasser le paysage littéraire du siècle précédent. La littérature du xxe siècle émet vers nous des signes de reconnaissance. Il nous revient de nous en saisir pour nous aider à démêler ce en quoi nous reconnaissons notre donne. Telle est sans doute l’une des ambitions de la revue, décrire l’état présent du souci littéraire, en prenant appui sur la littérature du xxe siècle, qui s’installe insensiblement dans le recul, le quant à soi d’une période révolue, mais dont nous nous sentons encore puissamment solidaires. C’est cette distance interne que nous voudrions explorer, cette étrangeté sournoise qui vient colorer ce qui s’éloigne. »

 

Pour en finir avec l’anthropomorphisme ?

 

            La notion d’environnement sur laquelle se fonde la conscience écologique contemporaine apparaît problématique : elle suppose un centre, l’homme, et une nature périphérique rejetée en orbite dans ses alentours comme elle l’est dans les lointains suburbains des mégalopoles modernes. Le terme écocritique, d’importation américaine – il fait son apparition en 1978 dans un article de William Rueckert intitulé « Literature and Ecology : An Experiment in Ecocriticism » – n’est pas exempt d’un tel anthropocentrisme latent. C’est la parution en 1995 du livre de Lawrence Buell, The Environmental Imagination: Thoreau, Nature Writing, and the Formation of American Culture, qui donne son élan à l’écocritique conçue de manière interdisciplinaire comme la rencontre entre les études littéraires et environnementales. Cette rencontre est au cœur des travaux de l’ASLE (Association for the Study of Literature and Environment), créée en 1992 aux États-Unis et dont le journal, l’ISLE (Interdisciplinary Studies in Literature and Environment) rapproche les sciences naturelles des disciplines culturelles (Peraldo 2016, p. 165). Pourtant les travaux nés de l’écocritique s’avèrent marqués par l’approche romantique de la nature (Morton 2010), un idéalisme teinté de nostalgie pour les grands espaces sauvages (Wilderness) que dénonce Alain Suberchicot dans son essai Littérature et environnement. Pour une écocritique comparée (2012). Certains critiques contournent cet écueil en délaissant l’écocritique pour la géocritique, qui se démarque du concept ambigu de « nature » pour se focaliser sur la question de l’espace (Westphal 2007). L’’ecocriticism conçu par Buell se définit en outre « selon des critères éthique et thématiques au détriment des critères esthétiques » (Buekens 2019).

            Pour Gabriel Vignola, « l’écocritique s’est constituée sur la faille épistémologique classique qui veut que nature et culture s’opposent » (Vignola 2017), à partir notamment d’un corpus de textes issus des nature writings qui s’élabore à partir de cette dichotomie[1]. Or, l’écologie « nous invite […] à transformer le regard que nous posons sur la théorie littéraire », Vignola plaide donc quant à lui pour l’approche écosémiotique qui permet de « problématiser la question du langage, de la représentation et de la littérature différemment, dans une perspective inspirée des modèles de l’écologie telle qu’elle se développe en sciences naturelles » (ibid.). Ainsi la sémioticienne spécialiste de littérature anglaise Wendy Wheeler invite-t-elle à remettre en question la conception binaire du signe saussurien et l’approche structuraliste d’une littérature considérée comme un « univers autosuffisant » (ibid.) pour privilégier la sémiotique peircienne qui inscrit la langue dans le « continuum évolutif » (ibid.) d’un univers tout entier « perfusé de signes[2] ». N’est-ce pas là rejoindre l’intuition de nombreux écrivains, en particulier des poètes ? Lorand Gaspar par exemple, qui dans son essai de 1978, Approche de la parole, s’interroge sur la continuité entre la molécule d’A.D.N. et le langage humain (Gaspar, p. 41).Ou encore Édouard Glissant, qui fonde ses conceptions poétiques sur la continuité du vivant dans ces dernières œuvres. En s’appuyant sur la biologie de la signification de Jakob von Uexküll, l’écosémiotique postule que « la langue et, dans un second temps, la littérature constituent un horizon de signification symbolique qui se déploie à l’intérieur de l’Umwelt[3] humain et qui contribue à modeler l’expérience subjective du monde » (Vignola 2017).

            Le partage entre nature et culture n’a donc pas valeur d’universalité comme l’ont montré les travaux de Philippe Descola qui préfère substituer à cette opposition binaire l’étude d’une « écologie des relations » (Descola 2019). Ce partage est pourtant à l’origine de la notion de « sciences humaines » et l’émergence des « humanités environnementales » a à se débattre avec ce « clivage » (Choné, Hajek et Hamman 2016) sur lequel repose la notion d’humanités. Ainsi pour Laurence Dahan Gaida, l’opposition entre sciences et humanités doit tomber en même temps que celle entre nature et culture, l’épistémocritique qu’elle promeut doit donc s’attaquer aux « partages entre les ‘deux cultures’ » qui ne sont que la « traduction contingente des représentations propres à un moment de la culture occidentale » (Dahan-Gaida 2016). C’est, indépendamment des partages disciplinaires, le lien de co-appartenance entre l’homme et son oikos qui est à reconsidérer pour y déceler peut-être, comme le suggère Michel Collot, l’émergence d’une « pensée-paysage » (Collot 2011).

            Ces différentes perspectives visent notamment à relativiser le concept de nature, en l’ancrant dans des territoires et dans des sociétés spécifiques. De ce point de vue, la nature et la définition de l’environnement changent selon les espaces et des études récentes croisant géo- et écocritique interrogent la construction imaginaire des territoires dans l’intrication d’un imaginaire de la nature et des activités humaines qui se déploient dans un espace (Tally Jr. et Battista, 2016). Cette question s’est aussi posée dans l’articulation de l’écocritique et des études postcoloniales, qui sont contemporaines dans leur développement (Marzec, 2007 ; Roos et Hunt, 2010 ; Huggan et Tiffin, 2015). À travers la mise en relation entre des espaces différents du globe, la manière complexe dont ils sont perçus par les différentes collectivités humaines mises en jeu par cette dynamique historique induit un travail de mise en perspective, dont on pourrait trouver les échos aussi bien chez Véronique Tadjo que chez Paule Constant pour le continent africain. Un type de questionnement similaire parcourt l’écoféminisme qui lie rapport à l’espace, situation sociale et rapport au corps dans la manière de se représenter la question de la nature (Campbell, 2008). Reste alors à savoir si ces tentatives de nuance permettent véritablement une sortie de la conception anthropocentrique de l’espace et du monde.

            Dans la perspective des travaux récents de l’écopoétique (Schoentjes 2015), ce troisième numéro de la revue XXIXX Reconnaissances littéraires se propose de guetter, depuis le tournant du XXe siècle jusqu’à la littérature de l’extrême contemporain, les moments d’affleurement de cette remise en cause de l’anthropocentrisme et de la séparation entre nature et culture au profit d’une tentative d’approche de ce que le poète André du Bouchet désigne comme la « relation compacte appelée monde[4] ». Comment le texte littéraire peut-il devenir le lieu d’une mise en rapport de l’humain et du non-humain ? Les études se concentreront, d’un genre littéraire à l’autre, sur des textes où de telles prises de conscience se font jour et vont de pair avec l’invention de formes nouvelles. Ce numéro de XXI/XX sera donc ouvert à des travaux sur les formes contemporaines lorsqu’elles témoignent d’un « parti-pris des animaux » (Bailly 2013) ou des « animots », selon le mot-valise proposé par Anne Simon, de la croyance « aux fauves » de l’anthropologue Natassja Martin[5] aux « Adieux du primate aux primatologues[6] » de Pierre Senges, des « lectures au zoo » organisées par Suzanne Doppelt[7] qui se demande « ce que l’autruche voit dans le sable » aux performances de François Durif qui a « tout à apprendre de la mouche[8] », de la « connaissance des becs » prônée par la poétesse sonore Axelle Glaie[9] au Journal d’un veau de Jean-Louis Giovannoni[10] ou aux Neuf Consciences du malfini de Patrick Chamoiseau[11]. Ce qui se formule chez les écrivains contemporains en lien avec la conscience des enjeux environnementaux pourrait d’ailleurs trouver à s’enraciner dans les figures animales chez Colette ou René Vivien, dans les réécritures des contes de Marcel Aymé à Birago Diop, ou plus singulièrement dans Le Lion de Kessel ou Gros-Câlin d’Ajar/Gary. Autant de voix prêtées à « l’animal que donc je suis » (Derrida, 2006), voix qui peuvent muer en l’arbre ou en la plante « que donc je suis », si le « parti pris des animaux » devient celui des végétaux, des minéraux ou plus globalement du vivant qui bouleverse en profondeur notre conception du signe, ouvrant la voie à des écritures zoocentristes, dendrocentristes ou tout simplement en prise sur des milieux dont le centre est partout et la circonférence nulle part… Des propositions émanant du champ ouvert par le développement des animal studies seront donc plus que bienvenues.

            Il serait fécond qu’à l’échelle de l’ensemble de ce numéro ces proposition soient mises en rapport avec l’héritage pongien et/ou avec un certain nombre de voix, poétiques (Segalen, Maeterlinck[12], Michaux, Artaud, du Bouchet, Césaire, etc.) ou romanesques (Ramuz, Giono, Gracq, Claude Simon, Le Clézio, Pascal Quignard, etc.) capables (cette capacité serait bien sûr à interroger) d’un tel décentrement de la pensée et du langage. Les études portant sur les majores pourront y côtoyer une attention aux minores en particulier dans la littérature expérimentale du début du XXe siècle à aujourd’hui.

            Comment donner voix au vivant dans son altérité et son intimité ? On pourra par exemple s’interroger sur le rôle de la fréquentation des artistes ou des scientifiques dans l’émergence de cette révolution copernicienne qui fait de l’homme un épiphénomène dans l’ordre du vivant, résultat d’une fusion symbiotique de bactéries, rappelle la biologiste Lynn Margulis pour laquelle celui-ci se place d’une certaine manière « au-dessous » des bactéries : « L’humanité, minuscule partie d’une immense biosphère d’essence fondamentalement bactérienne, avec les autres formes de vie, doit se totaliser en une forme de cerveau symbiotique qui est au-delà de ce qu’il peut comprendre et se représenter vraiment. » (Margulis et Sagan 2002, p. 163)

            Il sera également possible de questionner la représentation, par exemple celle des écocides, qu’elle soit fictive ou non fictive, comme prise de conscience de l’épuisement d’un certain humanisme alors que l’anthropos doit être repensé pour inclure « toute cette collectivité des existants liée à lui » et pourtant « reléguée […] dans une fonction d’entourage » (Descola 2005, p. 19) dans une anthropologie qui, souligne Descola, s’est constituée en réduisant « la multitude des existants à deux ordres de réalités hétérogènes » (ibid., p. 12).

 

Bibliographie

BAILLY, Jean-Christophe, Le Parti pris des animaux, Paris, Christian Bourgois, 2013.

BOURGEOIS-GIRONDE, Sacha, Être la rivière, Paris, P.U.F., 2020.

BUELL, L. The Environmental Imagination: Thoreau, Nature Writing, and the Formation of American Culture, Cambridge, The Belknap Press of Harvard University Press, 1995.

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BUEKENS, Sara, « L’écopoétique : une nouvelle approche de la littérature française », Elfe XX-XXI [En ligne], 8 | 2019, mis en ligne le 10 septembre 2019, consulté le 13 octobre 2020. URL : http://journals.openedition.org/elfe/1299 ; DOI : https://doi.org/10.4000/elfe.1299

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DERRIDA, Jacques, L’Animal que donc je suis, Paris, Galilée, 2006.

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PERALDO, Emmanuelle, « Écocritique » dans Aurélie Choné, Isabelle Hajek et Philippe Hamman, Guide des humanités environnementales, Presses universitaires du Septentrion, 2016, Environnement et société, 978-2-7574-1150-6. 10.4000/books.septentrion.19315. hal-01876082, p. 165-172.

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SCHOENTJES, Pierre, Ce qui a lieu. Essai d’écopoétique, Editions Wildproject, 2015.

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SUBERCHICOT, Alain, Littérature et environnement. Pour une écocritique comparée, Paris, Champion, 2012.

TALLY JR., Robert T. et BATTISTA, Christine M. (dir.), Ecocriticism and Geocriticism. Overlapping Territories in Environmental and Spatial Literary Studies, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2016.

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VIGNOLA, Gabriel, « Écocritique, écosémiotique et représentation du monde en littérature », Cygne noir, no 5, 2017. En ligne : <http://revuecygnenoir.org/numero/article/vignola-ecocritique-ecosemiotique> (consulté le 7/10/2020).

WESTPHAL, B. La Géocritique. Réel, fiction, espace, Paris, Minuit, 2007.

WHEELER, Wendy, « Figures in a Landscape: Biosemiotics and the Ecological evolution of Cultural Activity », L’Esprit Créateur, vol. 46, no 2, 2006, p. 100‑110.

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WHITE, Kenneth, Panorama géopoétiqueThéorie d’une textonique de la Terre, entretiens avec Régis Poulet, Carnets de la grande ERRance, 2014.

 

 

[1] « L’un des rares chercheurs à s’être engagé dans une telle démarche interdisciplinaire, alliant l’écologie scientifique à la critique littéraire, est [Dana] Phillips. Citant Bruno Latour et Richard Rorty, Phillips soutient qu’il importe de montrer les rapports de continuité entre nature et culture » (Vignola 2017)

[2] Charles Sanders Peirce, The Collected Papers of Charles Sanders Peirce, vol. 5 : C. Hartshorne & P. Weiss (dir.), Cambridge (MA, É.‑U.), Harvard University Press, 1931-1935, p. 448.

[3] « Jakob von Uexküll a élaboré le concept d’Umwelt, concept clé de la biosémiotique qui réfère au fait que chaque espèce, que chaque individu au sein de chaque espèce, perçoit son environnement en fonction de ce qui lui est significatif aux fins de sa survie et d’après les sens que lui confère son anatomie. » (Vignola 2017)

[4] André du Bouchet, Peinture, Montpellier, Fata Morgana, 1983, p. 21.

[5] Natassja Martin, Croire aux fauves, Paris, Verticales, 2019.

[6] https://remue.net/Pierre-Senges-Adieux-du-primate-aux-primatologues

[7] Lectures de Sabine Macher, Cole Swensen, Frédéric Boyer, Suzanne Doppelt, Anne Portugal et Daniel Loayza, organisée par Suzanne Doppelt dans le cadre de sa résidence à la Ménagerie du Museum national d’Histoire naturelle (Paris V). En ligne : https://remue.net/Lectures-au-zoo (consulté le 13 octobre 2020).

[8] François Durif, Signes de vie. En ligne : https://remue.net/francois-durif-signe-de-vie (consulté le 13 octobre 2020).

[9] Axelle Glaie, Ménure superbe. En ligne : https://remue.net/menure-superbe-2-par-axelle-glaie (consulté le 13 octobre 2020).

[10] Jean-Louis Giovannoni, Journal d’un veau, roman intérieur, Paris, Deyrolle, 1996.

[11] Patrick Chamoiseau, Les Neufs Consciences du malfini, Paris, Gallimard, 2009.

[12] Maurice Maeterlinck, La Vie des abeilles. La vie des fourmis. La vie des termites, Paris, Plon, 1968.




Les sciences de cognition en langue et littérature

Le Laboratoire de Recherche en Rhétorique et Linguistique organise un colloque international sous le thème : « Les sciences de cognition en langue et littérature » les 15-16 novembre 2017 (Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Université Chouaïb Doukkali, El Jadida, Maroc   ).

Argumentaire :                                  

Le développement des connaissances humaines a beaucoup réduit  la distance entre les différents disciplines et  champs du savoir. De ce fait, nous assistons à l’émergence  d’un nouveau point de vue théorique qui a pour nom : les Sciences de cognition.

C’est une approche qui insiste sur les représentations mentales, les opérations cognitives et leurs relations avec la conscience, l’intelligence, la mémoire, la sélection, le plan mental et les passions.

Ces sciences insistent sur les représentations de l’information, son traitement et sa conversion, c’est-à-dire qu’elles s’intéressent aux entrées (inputs) et aux sorties (outputs) cognitives chez l’être vivant et les machines.

Les sciences de cognition favorisent une transdisciplinarité et cherchent à tendre des ponts entre plusieurs disciplines scientifiques aussi diverses que la psychologie, l’informatique, la linguistique, la neurologie, la philosophie, l’intelligence artificielle, la logique, l’anthropologie, etc.

Toutes ces disciplines qui se partagent le phénomène de la cognition ont, bien entendu, des points de convergence et de divergence,  mais en général, elles essayent, toutes, d’annuler la distance entre les conceptions mentales et les réalisations behavioristes et linguistiques que l’être vivant produit réellement tant que ces dernières ne sont que la traduction de ces conceptions qui déterminent le mode d’intellection  qui, à son tour, détermine les comportements de l’individu, son rapport au monde et ses productions scientifiques et intellectuelles.

Les sciences de cognition ont pu, grâce à cette interdisciplinarité, devenir l’instrument de médiation et d’interaction entre l’individu et son milieu et ont permis ainsi à l’homme d’appréhender le monde et tout ce qui se passe autour de lui aux niveaux cultuel, social, politique, etc.

Et comme la langue est l’outil avec lequel l’individu exprime et dit son milieu,  et la littérature une réalisation linguistique qui élargit encore plus cette conception qu’a l’individu de son milieu,  de son monde et de ses ambitions , alors toutes les deux , la langue et la littérature, représentent une matière assez riche pour une approche scientifique qui aide à revoir d’abord, la fonction de la langue et ensuite, la notion de la littérature dans leurs rapports avec la réalité d’une part et avec le destinataire d’autre part.

Les rapports entre la langue et la littérature d’un côté et entre les sciences de la cognition de l’autre, peuvent permettre l’ouverture d’espaces de dialogue élargis et capables de redonner un nouveau souffle à une méthodologie ouverte sur l’approche linguistique et peuvent aussi rendre l’approche littéraire plus disposée à adopter des problématiques fondamentales qui étaient, jusqu’à présent, absentes des approches structuralistes et formalistes.

Certes, il est vrai que ces approches structuralistes ont rendu un grand service à la littérature, mais il est temps de passer à autre chose et d’essayer d’autres méthodes qui pourraient, à leur tour, offrir aux études littéraires et linguistiques l’occasion de sortir de leur crise.

Axes proposés

         De ce point de vue et pour examiner ces différents processus, nous proposons un colloque qui sera ouvert à toutes les langues et articulé sur les axes suivants :

  • Linguistique et science de cognition : divergence et convergence
  • Langue et construction des représentations
  • Pour une rhétorique cognitive
  • Sciences de cognition et critique

 

Modalités de participation

Les propositions de communication sont à envoyer avant le 15 avril 2017 à l’adresse suivante :

Touria Uakkas : touriauakkas@gmail.com

Said Jebbar : sajebbar@gmail.com

Le résumé devra contenir le titre de la communication, le nom et le prénom du chercheur, l’organisme de rattachement et les mots-clés.




1er mars 2017 – Cahiers internationaux du symbolisme

En 2017, l’équipe des Cahiers internationaux de symbolisme se propose de publier un volume consacré aux liens entre « Littératures et sciences ».

Fin 2016, se déroulait à l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, une journée d’études intitulée : « Littérature et sciences : tangentes, parallèles, sécantes et intégrales ». Nos collègues Martine Renouprez (Université de Cadiz) et Bi Kacou Parfait Diandué (Université Félix Houphouët-Boigny, Cocody), en collaboration avec les équipes des Cahiers du GRATHEL (Groupe de recherche en analyses et théories littéraires) et de Nodus sciendi, ont organisé cet événement avec l’intention initiale de montrer la corrélation entre géométrie et littérature, et plus largement, sciences et littératures.

Au sein du littéraire, la métrique dans la poésie et la poétique de la métrique sont des déclinaisons rythmiques de la littérature, dont la projection dans la musique ouvre un nouveau paysage à l’imaginaire. La poésie et la physique sont imbibées de corrélations et de symboles, même si elles jouent sur des registres appelant des codifications radicalement étrangères l’une à l’autre. Mais peut-être les poètes ont-ils commencé à tordre le temps, à le traiter en mille-feuille recombinable à l’envi avant même que la relativité ne se permette de détruire l’absolutisme du temps linéaire et homogène de nos pendules…

Dans quelle mesure ce mélange des genres, artistique et scientifique, est-il un fertilisant de l’esprit, un incitant à la création ? Quels sont les exemples en montrant le bien-fondé ?

D’un côté, certains artistes, fascinés par l’avancée des sciences s’en sont inspirés dans leur démarche, soit que celle-ci les ait accompagnés dans le processus de création (p. ex., Christopher Nolan), soit pour justifier a posteriori une œuvre en opérant des rapprochements avec les idées scientifiques qui baignent leur époque.

D’un autre côté, des scientifiques ont été fascinés par la démarche artistique ; certains l’ont étudiée en épistémologue pour mesurer les interférences entre science et imaginaire (p.ex., Gaston Bachelard), d’autres en sociologue de la création artistique, de la production et de la perception de l’art (p.ex., Pierre Bourdieu) ; d’autres encore pour évaluer les coïncidences possibles entre les deux démarches, l’une perçue traditionnellement comme objective et l’autre comme subjective (p.ex., René Thom) ; d’autres enfin ont choisi de s’investir entièrement dans l’aventure de la création artistique et littéraire, produisant des œuvres où l’on peut trouver des traces de l’esprit scientifique à la base de leur formation (p.ex., Paul Nougé).

Existe-t-il un territoire où une grande unification mixerait règles de l’art et règles de la science, dans une inspiration que pourrait revendiquer un certain post-modernisme de bon (ou de mauvais) aloi ? La« beauté du geste » qui organise leur union ou qui les considère comme réunis est irréfutable, et ce geste sort sans conteste des sentiers battus par le monde académique. Au prix, le cas échéant, d’un risque que tous n’appréhenderont pas à l’identique, celui d’une répudiation plus ou moins revendiquée de rationalité : chape de plomb bridant la création versus pierre de touche de l’élaboration scientifique, on imagine aisément les affrontements sous-jacents.

D’un côté, certains artistes, fascinés par l’avancée des sciences s’en sont inspirés dans leur démarche, soit que celle-ci les ait accompagnés dans le processus de création (p. ex., Christopher Nolan), soit pour justifier a posteriori une œuvre en opérant des rapprochements avec les idées scientifiques qui baignent leur époque.

D’un autre côté, des scientifiques ont été fascinés par la démarche artistique ; certains l’ont étudiée en épistémologue pour mesurer les interférences entre science et imaginaire (p.ex., Gaston Bachelard), d’autres en sociologue de la création artistique, de la production et de la perception de l’art (p.ex., Pierre Bourdieu) ; d’autres encore pour évaluer les coïncidences possibles entre les deux démarches, l’une perçue traditionnellement comme objective et l’autre comme subjective (p.ex., René Thom) ; d’autres enfin ont choisi de s’investir entièrement dans l’aventure de la création artistique et littéraire, produisant des œuvres où l’on peut trouver des traces de l’esprit scientifique à la base de leur formation (p.ex., Paul Nougé).

Suggestions :

– La littérature du vide et le vide dans la littérature

– La géométrie de l’espace dans la littérature

– L’influence de la formation scientifique du créateur dans l’œuvre littéraire ou artistique

– Le regard des écrivains et des artistes contemporains sur les avancées scientifiques et leur intégration dans leur démarche

– Ces artistes qui sont aussi scientifiques / ces scientifiques qui sont aussi artistes

– Littérature et géographie / mathématique / physique / chimie / neuroscience, etc.

– Littérature et connaissance / interprétation en sciences sociales

– Les relations – amitié, correspondance, interaction – entre artistes et scientifiques

– Quand les artistes étaient des scientifiques (Da Vinci, Pascal, Diderot…)

Nous sommes déjà en train de récolter les articles issus des communications des chercheurs présents à Abidjan mais l’appel reste ouvert à toute contribution originale sur ce thème fécond.

La rédaction des Cahiers internationaux de symbolisme souhaite recevoir rapidement (avant le 1er mars 2017) une petite note d’intention avec un titre provisoire et un bref résumé de l’article qui, lui, devrait être envoyé au plus tard le 30 juin 2017 à catherine.gravet@umons.ac.be et/ou pierre.gillis@umons.ac.be et/ou serge deruette@umons.ac.be.

Ces délais sont importants pour l’organisation de la lecture de vos textes par le comité.

Merci ! Nous vous souhaitons de travailler dans la joie !

Pierre Gillis, Catherine Gravet, Serge Deruette pour le Ciéphum (Université de Mons) Bi Kacou Parfait Diandué et Martine Renouprez, initiateur.trice du projet




Formes d’écritures des savoirs

Cette journée d’étude sera l’occasion d’échanger et débattre autour de l’écriture des savoirs sous toutes ses formes. Nous recherchons une multiplicité des approches, qu’elles soient historiques, stylistiques ou encore linguistiques. Qu’est-ce que l’écriture des savoirs ? Comment s’articule savoir scientifique et savoir pratique ? Qu’est-ce que l’écrit scientifique au Moyen Âge, à l’âge classique et de nos jours ? L’écriture du savoir est soumise à des règles et des contraintes, pérennisées à travers les textes, mais aussi en constante mutation, suivant les mouvements d’évolution des sciences elles-mêmes. Ces écrits, relais d’une représentation du monde, dépendent aussi du contexte social, économique et/ou politique dans lequel ils se réalisent. Peut-on parler d’un style scientifique ? À l’inverse, quelle est la place de la science et des savoirs dans l’écriture littéraire ? Par des approches théoriques ou des études de cas, on cherchera à aborder les différentes formes de l’écrit scientifique, à travers le temps et la société, en répondant à ces questions :

Du Moyen Âge au XVIème siècle : Entre héritage et redécouverte, quelles sont les formes d’écritures des savoirs ? Parle-t-on d’un style propre à une discipline, à un auteur ou à un lectorat ? Que nous apprennent ces formes sur la conception de la science et la transmission des savoirs ? Y a-t-il émergence de nouvelles formes d’écritures des sciences ou une pérennité des formes ? Les auteurs s’émancipent-ils de leurs modèles ? Le XVIème siècle pérennise-t-il les pratiques médiévales ou bien propose-t-il de nouvelles modalités d’exposition du savoir, d’écriture et de mise en page, en rompant plus ou moins nettement avec les pratiques antérieures ?

Du XVIIème au XVIIIème siècles : Quel est le rôle et le fonctionnement de la philosophie en tant que discours et raisonnement, entre le monde scientifique rationnel et le monde de la fiction littéraire ? Comment donne-t-on corps à l’expérience ? En quoi les textes de sciences humaines diffèrent-ils des textes de sciences exactes : grammaires, remarqueurs, etc. ? Quelles sont les manifestations de l’écrit scientifique en dehors des milieux académiques ? Le bon usage est-il un critère de style scientifique ? Comment concilier la clarté de l’expression préconisée à l’opacité effective de certains textes ? Avec l’émergence des dictionnaires, quels sont les enjeux de la définition ?

Du XIXème siècle à aujourd’hui : la stylistique est-elle à même de circonscrire des traits distinctifs du texte scientifique et du texte littéraire, suite à la redéfinition des lignes de partage entre les champs disciplinaires ? Depuis plusieurs décennies, la poétique s’est principalement concentrée sur la littérarité : mais peut-on dépasser, et de quelle manière, l’idée encore tenace selon laquelle le « langage des savants » se situe au degré zéro du style (J. Cohen) ? À l’inverse, est-il possible de parler d’un degré de scientificité dans l’écriture ? Y a-t-il une littérarité dans les textes savants et comment se manifeste-t-elle ? Quelle est la pertinence de la notion de genre dans l’écriture scientifique ? Comment la littérature intègre-t-elle les savoirs positifs ? Quelles formes prennent les interactions entre savoirs et poétiques : rivalité ? incorporation ? détournement ?

Aujourd’hui : Comment transmet-on le savoir scientifique de nos jours, entre chercheurs ou au grand public ? Quels sont les règles et les principes de cette transmission ? Publications scientifiques et ouvrages de vulgarisation s’élaborent-ils de la même manière ? Écrit-on les sciences différemment selon la discipline (sciences exactes ou humaines) ou selon le format (article, monographie, grammaire ou encore œuvres littéraires de vulgarisation) ?

***

Chaque communication durera 20 minutes, suivie de 10 minutes de discussion. Les propositions d’intervention doivent faire mention de votre université d’affiliation et de vos coordonnées, et doivent s’accompagner d’un résumé de 1000 mots tout au plus, auquel peuvent s’ajouter une bibliographie et des annexes.

Langues de communication : français et anglais.

Elles sont à envoyer aux adresses suivantes avant le 28 Février 2017 :
Erika Hernandez : erikaninahernandez@gmail.com
Adeline Sanchez : adeline.sanchez.gigon@gmail.com

Atelier de stylistique Styl’lab
STIH (Sens, Texte, Informatique, Histoire) EA 4509

Journée d’études du Vendredi 12 mai 2017

Organisatrices : Erika Hernandez et Adeline Sanchez
Co-organisateurs : Oleg Averyanov et Flore Picard

 

https://atelierdestylistique.wordpress.com/agenda/journee-detudes/




01/03/16 Discours et espace intérieurs : approches neurocognitives et littéraires

Épistemocritique – appel à contributions
 
Discours et espace intérieurs :
approches neurocognitives et littéraires
 
Épistémocritique est à la recherche d’articles pour un numéro portant sur le discours et l’espace intérieurs en littérature et dans les neurosciences cognitives.
 
« Le langage est à la littérature ce que sont la pierre ou le bronze à la sculpture »[1], écrivent Wellek et Warren dans La Théorie littéraire (1948). En effet, la littérature sculpte la langue, elle donne forme à la voix intérieure du lecteur, lui fait épouser les contours de la phrase et adopter des intonations et des rythmes inédits. De ces discours intérieurs naissent des espaces intérieurs, des mondes à explorer et à habiter. Les deux termes sont à comprendre dans un sens large : le discours intérieur est formalisé en littérature notamment sous la forme du monologue intérieur mais les voix de la conscience infléchissent tant le roman que la poésie ou le théâtre sous bien d’autres aspects (on peut penser aux usages du discours direct ou du discours indirect libre, par exemple, ou encore à l’écriture automatique, mais aussi à certaines tentatives en vers libres). Différents techniques et artefacts permettent de refléter notre expérience de l’intériorité et projettent une certaine image de la conscience, notamment de la conscience spatiale. Aujourd’hui, les neurosciences et la psychologie cognitive nous fournissent des outils pour penser la relation qu’établissent discours et espace intérieurs dans les textes littéraires et lors de la lecture. Ce numéro sera l’occasion d’explorer ces questions à travers un dialogue transdisciplinaire entre littéraires, linguistes, neurologues et psychologues cognitifs.
 
Liste de sujets possibles :
 
– Représentation des espaces intérieurs dans le monologue intérieur
– Voix et spatialisation de la conscience
– Les relations entre voix littéraire, style et représentation de l’espace
– La navigation spatiale, aspects littéraires et cognitifs (par exemple, rôle des cellules de lieu et des cellules de grille lors de la lecture)
– Voix intérieure et fréquentation du texte
– Aspects socio-cognitifs de la voix / de l’espace intérieur
– Formes de vocalisation silencieuse lors la lecture
– …
 
Information aux auteurs
 
Les articles complets doivent être envoyés en pièce jointe, en format Word ou Rich Text, aux codirecteurs du numéro, Stéphanie Smadja et Pierre-Louis Patoine, à l’adresse suivante : sophie.lespinasse@univ-paris-diderot.fr.
 
La date limite pour l’envoi des article est le 1er mars 2016.
 
Épistémocritique ne publie que des articles originaux, qui sont évalués en double aveugle. Les articles eux-mêmes ne doivent donc pas révéler l’identité de l’auteur. Une page de présentation sera jointe indiquant le nom, le titre et l’institution d’attache de l’auteur. Les propositions doivent inclure un résumé d’environ 200 mots. Les articles doivent comporter entre 30.000 et 60.000 caractères, espaces et notes comprises.
 
La décision du comité d’évaluation sera rendue dans les deux mois suivant la date limite.
 
 
 
EpistemocritiqueCall for Papers
 
Inner Speech / Inner Space :
Neurocognitive and Literary Approaches
 
Epistemocritique, a French peer-reviewed journal with a focus on the interconnections of literature and science, invites submissions for a special bilingual issue on “Inner Space / Inner Speech: Neurocognitive and Literary Approaches.”
 
For new critics Wellek and Warren: “Language is the material of literature as stone or bronze is of sculpture[2].” Indeed, literature sculpts language: the text shapes its reader’s inner voice, giving it strange tones and rhythms. From such molding, new dimensions of inner space are born, new worlds are made and explored. The two terms should be broadly understood: within the field of literature, inner speech is often conceived as interior monologue, but the voices of consciousness inflect many other aspects of the novel, of poetry or of theater (we can think, for example, of the uses of free indirect discourse or of automatic writing, but also of free verse). Specific techniques and artifacts allow to reflect our experience of interiority, and project a certain image of consciousness, and more specifically of spatial consciousness. Today, the neurosciences, and cognitive and developmental psychology supply us with tools to think about the relationship between inner speech and inner space in literary texts and reading. This special issue will be an opportunity to explore these questions through transdisciplinary conversation bringing together literary scholars, linguists and cognitive psychologists.
 
Authors may wish to focus on:
 
The art and science of internal monologue
Relationships between literary voice, style and representations of space
– Mental and literary spatial navigation
– Role of grid cells and place cells during literary reading
– Inhabitation of text and inner voice
– Socio-cognitive aspects of inner space / inner speech
– Forms of silent vocalization during reading
– …
 
Information for Authors
 
Full articles should be submitted as an email attachment in Rich Text or Word format to Stephanie Smadja and Pierre-Louis Patoine at the following address: sophie.lespinasse@univ-paris-diderot.fr.
 
Submission deadline is March 1st, 2016.
 
Previously published articles and articles under consideration for publication elsewhere will not be considered for publication in Epistemocritique. All articles are subjected to blind peer-review: the submitted article itself should not indicate the identity of the author, and a separate cover sheet should be provided stating the author’s name and affiliation of the author. Submissions should also include an article abstract of about 200 words. Articles should be between 30 000 and 60 000 signs, including spaces and footnotes.
 
The editors will inform authors of the results of their submission within two months of deadline.
 

[1] Wellek, René et Austin Warren, 1971 [1948], La théorie littéraire, Paris, Seuil, p. 31.
[2] Wellek, Rene and Austin Warren, 1963 [1948], Theory of Literature, London, Peregrine Books, p. 22.
 

 




Appel à communications « Oulipo et les savoirs ». Colloque 11-13 mai 2017

 L’Oulipo a investi et réinvesti les savoirs de manière remarquable, tirant une grande part de sa spécificité de ce réinvestissement. Il s’agit d’abord d’un groupe dont le but est l’élaboration d’outils destinés aux auteurs littéraires, les contraintes : très tôt, les mathématiques sont considérées comme une ressource pour cette élaboration, et donc pour l’élaboration d’oeuvres. Les réunions, de plus, ne sont pas seulement consacrées à l’invention de contraintes, mais au recensement des contraintes anciennes, qui seront très vite appelées des « plagiats par anticipation ». C’est ce qui explique le rôle essentiel d’un des premiers membres, Albert-Marie Schmidt, universitaire spécialiste des grands rhétoriqueurs, et de leurs inventions littéraires. Le partage entre savoirs et production littéraire est donc remis lui aussi en question. Plus généralement, la « curiosité », et l’expertise, scientifiques des deux
fondateurs du groupe, François Le Lionnais et Raymond Queneau, sont bien connues. Rappelons que Raymond Queneau, mathématicien plus qu’amateur, a dirigé l’Encyclopédie de la Pléiade. Est-ce un hasard si le site de l’Oulipo mentionne que la mathématicienne Michèle Audin, membre depuis 2009, « considère que la science fait partie de la culture » ?
Le colloque envisagera cet aspect historique. Il conduira à s’interroger sur la place faite parmi les membres à l’historien Marcel Bénabou, au linguiste Bernard Cerquiglini ou à Valérie Beaudouin (dont la thèse vérifiait informatiquement les théories de Jacques Roubaud sur le vers). Il montrera aussi comment l’Oulipo a contribué à la connaissance des littératures
pré-oulipiennes (avec, par exemple, les travaux sur l’histoire du lipogramme de Perec et ceux de Claude Berge sur la littérature combinatoire). Il conviendrait surtout d’étudier la manière dont les savoirs nourrissent les oeuvres des
oulipiens, depuis les contraintes mathématiques, jusqu’à la pseudo-érudition perecquienne (où le savoir est support de fiction). Il faudrait notamment déterminer l’importance de la combinatoire pour la définition de formes littéraires inédites. Certains auteurs mériteraient par ailleurs un traitement particulier. La manière dont l’oeuvre de Perec répercute les savoirs, de la
psycho-sociologie (dans la définition des personnages des Choses) à la neuro-physiologie, en passant par l’Histoire, l’anthropologie ou la sémiotique, est ainsi frappante. Croisant les préoccupations des sociologues de la revue Cause commune, en définissant l’ « infraordinaire », Perec s’interroge sur la perception et l’appréhension du quotidien comme des objets, à travers notamment la description. L’oeuvre de Perec, pour exemplaire qu’elle soit, n’est pourtant qu’un indice de
l’importance des savoirs pour les oeuvres oulipiennes dans leur ensemble. Raymond Queneau ne s’est-il pas lancé dans l’écriture de son premier roman, Le Chiendent, à partir d’une réflexion sur la langue, voulant par surcroît traduire en français parlé Le Discours de la méthode ? Les Enfants du limon reprend la matière d’une recherche sur les fous littéraires.
L’un des derniers romans, Les Fleurs bleues, est encore une interrogation sur l’Histoire. Il faudrait bien sûr faire une place toute particulière à l’oeuvre de Roubaud, nourrie par la passion de l’érudition, comme à celle de Calvino, dont le seul Cosmicomics mériterait une réflexion sur l’imaginaire scientifique, ou encore à celle de Michèle Audin. Le signe majeur des échanges entr savoirs dits scientifiques et littérature qu’opère l’Oulipo est la manière dont les oeuvres des Oulipiens interrogent ou nourrissent les scientifiques institutionnels. En particulier, le sociologue Howard S. Becker consacre de longs passages à Perec, mais aussi à Calvino, dans Les Ficelles du métier et dans Comment parler de la société, Perec dont la pratique se nourrissait d’échanges ave des sociologues, nous l’avons dit. Michael Sheringham illustre de manière aiguë l’importance de tels échanges à propos du quotidien.
Finalement, il s’agirait de donner l’idée d’un tissu de relations dont la quenine serait le
meilleur symbole : généralisant les permutations observables dans la sextine du troubadour
Arnaut Daniel, Queneau fait oeuvre de mathématicien, en des recherches encore poursuivies
aujourd’hui, à la suite de Jacques Roubaud. Et la quenine sert ensuite l’invention formelle
oulipienne, de manière répétitive, au point de devenir un signe de reconnaissance (ce dont
témoigne notamment la trilogie d’Hortense, du même Jacques Roubaud).

 Comité d’organisation :
Cécile De Bary (université Paris Diderot) et Alain Schaffner (université Paris III)

Comité scientifique :
Hélène Baty-Delalande (université Paris Diderot), Évelyne Grossman (université Paris Diderot), Marc Lapprand (université de Victoria), Joëlle Le Marec (Celsa Paris-Sorbonne), Dominique Moncond’huy (université de Poitiers), Jacqueline Nacache
(université Paris Diderot), Dominique Rabaté (université Paris Diderot), Jean-Jacques Thomas (université d’État de New York à Buffalo, chaire Melodia Jones).

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Les propositions d’intervention devront être envoyées avant le 15 février 2017 à Cécile De Bary (cecile.debary@univ-paris-diderot.fr). Elles comporteront un résumé de 5 000 signes au maximum, ainsi qu’une notice bio-bibliographique.




Gestion des connaissances dans la société et les organisations : Enjeux communs et connaissances multiples

L’Association pour la gestion des connaissances dans la société et les organisations organise le Xe Colloque International de l’AGeCSO sur le thème « Gestion des connaissances dans la société et les organisations : Enjeux communs et connaissances multiples » du 26 au 28 juin 2017.
 
En vue de la tenue de ce colloque, l’Association lance un appel à communication pour la session thématique ART ET CONNAISSANCES.
 
Le champ de la gestion des connaissances est bien vivant et est au coeur des mutations techniques, sociales et économiques contemporaines. En effet, si la gestion des connaissances est devenue un domaine de recherche à part entière, elle s’inscrit néanmoins dans une modernité qui soulève aujourd’hui de nombreux enjeux. L’objectif de cette 10e édition est de rassembler des intervenants ayant des perspectives variées et d’ouvrir un dialogue entre disciplines et expériences concrètes. Le format spécial de cette 10e édition présentera 10 sessions thématiques dont Art et Connaissance à laquelle vous êtes invités à participer.
 
Veuillez soumettre votre contribution au plus tard le 10 mars 2017 en la faisant parvenir à Charlotte Blanche par courriel à charlotte.blanche@hec.ca. 
 
Pour toute information complémentaire, consultez la page http://www.agecso.com/wp/conferences/agecso2017/ ou contactez charlotte.blanche@hec.ca ou wendellyn.reid@hec.ca.
 



15/09/16 Biosemiotics: Discussions at the margins

CALL FOR PAPERS

Biosemiotics: Discussions at the margins

The journal of the Canadian semiotics association, Recherches sémiotiques • Semiotic Inquiry, is planning a special issue on biosemiotics and is actively looking for contributors.

Though its roots are deep, extending back to the ancient Greeks, biosemiotics per se is a fairly recent enterprise. From a discrete word coined in the 60s, to a field cleared in the last decades of the 20th century, biosemiotics has become an established – and growing – interdisciplinary research agenda. An international society, with annual gatherings, and a specialized journal are devoted to the creation, dissemination and discussion of biosemiotic ideas. In his article “The Evolutionary History of Biosemiotics”, Don Favareau1 wonderfully organizes the different moments of biosemiotics into a coherent and compelling whole. This is not to say that the history of biosemiotics is over, or that Favareau claims his account of it to be definitive. Quite the opposite, Favareau closes what we will call the “official” history of biosemiotics, with the following openness:

[A]ll that is now left for me to do as a historian of the project is to welcome all our readers to this thriving young interdiscipline and, on behalf of my colleagues in biosemiotics everywhere, to invite you to actively contribute to its ongoing history.

Such a benevolent invitation cannot be declined, and the Recherches sémiotiques • Semiotic Inquiry journal wishes to play a part in the current developments of the biosemiotic venture.

For this special issue, we wish to explore the margins of biosemiotics. We are searching for contributions that integrate thinkers, references, or fields of research that are not (typically) associated, or that have not (yet) found their way, to biosemiotics. This is basically a dare: a dare to biosemioticians proper, to cast their lines in unfamiliar but auspicious waters; a dare, also to those who have only a limited access to biosemiotics and yet who are concerned by what it has to offer. In other words, we are looking for the minor histories of biosemiotics, the footnotes or appendices that could not have reasonably been added to its “official” history.

Since we are deliberately searching for unexpected propositions, it may seem counter-intuitive to suggest orientations. However, we will happily welcome propositions dealing with, for example:

  • –  agriculture and the agrifood business (practices both corporatist and marginal, including hunting and fishing);
  • –  arts (literature, visual arts);
  • –  biometrics (performance measuring in sports, or security and surveillance devices);
  • –  environmental policy (logging, mining);
  • –  health and illness (pharmaceutics, eating disorders, pain, death);
  • –  neglected figures, including non-Western ones, in the history of meaning in life;
  • –  recreational drug use, and substance abuse;
  • –  sexuality and gender;
  • –  territory (bioregionalism and indigenous land claims);
  • –  waste (compost, recycling, garbage, waste water).

  

About the journal

Recherches sémiotiques / Semiotic Inquiry takes the field of semiotics in the broadest sense, to include both the theoretical and empirical study of signs, sign systems and processes, signalling and communicative behaviour, and their foundations: philosophical, biological, social, etc. Its aim is to encourage and disseminate the advancement of knowledge in these areas toward a better understanding of the processes of signification and communication. The journal publishes exclusively original and substantial articles, in English or in French, on topics related to the above domains of research. The journal will include book reviews on publications dealing with semiotics. ISSN: 1923-9920 (digital) 0229-8651 (print).

Calendar

  • –  Proposals (no more than one page), including a title, a succinct presentation of the argument, a brief bibliography, and a biographical notice, should be received by September 15th 2016.
  • –  Authors will be notified by October 1st 2016.
  • –  Contributors will be expected to submit full manuscripts (6000-7000 words) for blind peer
    review by April 1st 2017.
  • –  Publication is expected in the first months of 2018.

Send queries and proposals directly to professor Jonathan Hope, semiology program, Université du Québec à Montréal, Canada: hope.jonathan@uqam.ca

Favareau, Don. 2006. “The Evolutionary History of Biosemiotics”. In M. Barbieri (ed.), Introduction to Biosemiotics: The New Biological Synthesis. Berlin: Springer, pp. 1-67.

APPEL DE TEXTES

La biosémiotique : discussions aux marges

La revue de l’Association canadienne de sémiotique, Recherches sémiotiques • Semiotic Inquiry, prévoit un numéro thématique sur la biosémiotique, et elle recherche activement des personnes collaboratrices.

Bien qu’elle ait de profondes racines, qui s’étendent jusqu’à la Grèce antique, la biosémiotique demeure une entreprise relativement récente. D’abord un terme discret forgé dans les années 60, puis un champ entier défriché dans les dernières décennies du 20e siècle, la biosémiotique est devenue un programme de recherche interdisciplinaire établi – et en plein essor. Une société internationale, avec des rassemblements annuels, et une revue spécialisée, sont consacrées à la création, la dissémination et la discussion des idées biosémiotiques. Dans son article «The Evolutionary History of Biosemiotics », Don Favareau1 organise les différents moments de la biosémiotique dans un tout cohérent et convaincant. Cela ne signifie pas que l’histoire de la biosémiotique soit achevée, ou que Favareau prétend que le récit qu’il tisse soit définitif. Au contraire, Favareau termine ce que nous appellerons l’histoire « officielle » de la biosémiotique, avec l’ouverture suivante :

Tout ce dont il me reste à faire maintenant comme un historien du projet, c’est d’accueillir tous les lecteurs à cette jeune et prospère interdiscipline, et de la part de mes collègues en biosémiotique partout, de vous inviter à contribuer activement à son histoire en cours.

Une invitation aussi bienveillante ne peut être déclinée, et la revue Recherches sémiotiques • Semiotic Inquiry souhaite jouer un rôle dans les développements actuels du projet biosémiotique.

Pour ce numéro thématique, nous souhaitons explorer les marges de la biosémiotique. Nous recherchons des propositions qui intègrent des penseurs, penseuses, références, ou champs de recherche qui ne sont pas (typiquement) associés à la biosémiotique, ou qui n’ont pas (encore) trouvé leur chemin vers elle. Il s’agit, en somme, d’un défi : un défi lancé aux biosémioticiens et biosémioticiennes, de pêcher dans des eaux peu familières, mais prometteuses; un défi lancé également aux personnes qui n’ont qu’un accès limité à la biosémiotique et qui pourtant se sentent interpelées par ce que la biosémiotique peut offrir. Autrement dit, nous recherchons les histoires mineures de la biosémiotique, les notes de bas de page ou les appendices qui n’ont pas pu raisonnablement se retrouver dans son histoire « officielle ».

Parce que nous recherchons des propositions inattendues, il peut sembler contre-intuitif de suggérer des orientations. Or, à titre d’exemple, nous accueillerons avec plaisir des propositions portant sur :

  • –  l’agriculture et de l’agroalimentaire (pratiques corporatistes autant que marginales, incluant la chasse et la pêche);
  • –  les arts (littérature, arts visuels);
  • –  la biométrique (mesures de performance sportive, dispositifs de sécurité et de surveillance);
  • –  les déchets (compostage, recyclage, poubelles, eaux usées);
  • –  les figures méconnues, y compris celles non-occidentales, de l’histoire du sens et du vivant;
  • –  les politiques environnementales (exploitation forestière et minière);
  • –  la santé et la maladie (pharmaceutique, troubles d’alimentation, douleur, mort);
  • –  la sexualité et le genre;
  • –  le territoire (biorégionalisme, revendications territoriales autochtones);
  • –  l’utilisation récréative de drogues et les abus.

  

À propos de la revue

Recherches sémiotiques / Semiotic Inquiry entend promouvoir une conception très large de la sémiotique, comprenant l’étude théorique et empirique des signes, des systèmes de signes et des processus signifiants, des comportements de signalisation et de communication, ainsi que leurs fondements philosophiques, biologiques, sociaux, etc. Son but est de faire avancer et de diffuser la connaissance dans les divers secteurs de la recherche sémiotique, afin de promouvoir une meilleure compréhension des processus de signification et de communication. La revue publie exclusivement des articles originaux et substantiels en français ou en anglais, sur des sujets relevant des secteurs mentionnés ci-dessus. La revue publie aussi des comptes rendus de livres traitant de problèmes sémiotiques ou présentant un intérêt pour la sémiotique.

ISSN : 1923-9920 (numérique) 0229-8651 (imprimé)

Calendrier

  • –  Les propositions (pas plus qu’une page) incluant le titre, une présentation succincte de l’argument, une brève bibliographie, et une notice biographique, doivent être reçues d’ici le 15 septembre 2016.
  • –  Les réponses seront acheminées aux auteures, auteurs au plus tard le 1er octobre 2016.
  • –  Les manuscrits (6000-7000 mots) devront être reçus aux fins d’évaluation par les pairs au plus
    tard le 1er avril 2017.
  • –  La publication est prévue pour le début de 2018.  Acheminez questions et propositions directement au professeur Jonathan Hope, programme de doctorat en sémiologie, Université du Québec à Montréal, Canada : hope.jonathan@uqam.ca

Favareau, Don. 2006. « The Evolutionary History of Biosemiotics ». In M. Barbieri (éd.), Introduction to Biosemiotics : The New Biological Synthesis. Berlin : Springer, pp. 1-67.




14/10/16 La Leçon en fiction (xixe-xxie)

APPEL A COMMUNICATIONS
Journée d’études

La Leçon en fiction (xixe-xxie)

Selon Henri Meschonnic dans Modernité, modernité, une partie de la doxa critique a désigné comme modernité littéraire l’émergence d’une parole autotélique au xixe siècle. Dans cette acception particulière, elle se définit contre une littérature référentielle et didactique qui proposerait au lecteur un apprentissage, qu’il soit moral ou scientifique. Dès lors, la leçon, terme polysémique qui désigne à la fois le contenu d’informations transmis mais également la réalisation de celui-ci, c’est-à-dire sa profération par une figure d’autorité devant un auditoire, ou par l’élève désireux de prouver son savoir (la récitation), semble frappée de caducité. L’acte appartiendrait à une littérature surannée. C’est d’autant plus vrai que l’éloignement entre littérature et rhétorique se confirme tout au long du siècle, les auteurs que la postérité a désignés comme les tenants de cette modernité privilégiant une « artialisation » de la littérature selon Alain Vaillant. Au temps raisonné, analytique, de la leçon se substituerait le temps vécu, au temps itératif des processus de copie et de répétition le temps original de l’individualité. Faire leçon, ce serait donc s’inscrire dans le passé.
Toutefois, en un siècle de démocratisation et d’extension de l’instruction, la leçon reste un moment familier de la vie du citoyen que la littérature ne peut ignorer. Si l’avant-garde littéraire semble s’en être détachée, elle demeure un outil privilégié de l’apprentissage.  La leçon est un mode de dialogue spécifique entre le passé et le présent, une tension. Cette journée d’étude vise à explorer cette tension à travers la leçon (comme exercice rhétorique et comme motif littéraire) et à envisager une recomposition de l’exercice plutôt qu’une annihilation. Loin d’avoir totalement déserté la fiction, ses survivances sont multiples. Comment fait-on leçon après avoir constaté l’impossibilité d’une parole unique sur le monde? Peut-on faire leçon autrement qu’en ânonnant et en récitant ? Quel sens portent les mises en scène de la leçon dans la fiction ? La journée portera sur les xixe, xxe, et xxie siècles qui ont privilégié le recours à des voix singulières et remis en cause la possibilité d’un discours d’autorité avec la fin de l’Ancien Régime, et accueillera volontiers des propositions en cinéma ou encore en études artistiques.

1. La leçon comme scène
Les propositions pourront étudier les scènes proprement dites de leçons, où une figure d’autorité professe un savoir face à un auditoire. Elles pourront se concentrer sur les décalages que la modernité introduit dans la scénographie ou dans le discours argumentatif, qu’il prenne la forme d’un sermon, d’une parabole ou d’un exemplum. N’y a-t-il, à l’heure de la modernité, que des leçons parodiques, à l’instar de celle d’Ionesco? À l’image des leçons ratées données par Bouvard et Pécuchet à Victor et Victorine, l’échec de la transmission est-il inévitable? Que dire de la « leçon interrompue » d’Hermann Hesse, et des fictions de l’extrême contemporain qui nous présentent des personnages de professeurs exsangues et pétris d’angoisse, telles que A Serious Man des Frères Cohen ou les œuvres de Philippe Roth ? On pourra aussi se concentrer sur l’imaginaire produit par les hussards noirs de la République dans le dernier tiers du xixe siècle.
2. La leçon comme dispositif didactique
L’art rhétorique de la leçon est remis en cause dès la fin du xviiie siècle car jugé inefficace. Dans Émile ou De l’éducation (1762), Jean-Jacques Rousseau affirme qu’il ne faut «donne[r] à [l’]élève aucune espèce de leçon verbale : il n’en doit recevoir que l’expérience » et « en toutes choses [les] leçons doivent être plus en actions qu’en discours ». Ainsi, le message, tout comme l’impératif de le transmettre dans un temps borné, persistent. Mais c’est bien la forme qui disparaît (ou, du moins, cette forme ne correspond plus à celle de l’organisation intellectuelle ou au temps recomposé de l’explication). Elle épouse désormais une temporalité de l’expérience. La leçon doit se fondre dans le monde, et se soumettre, dans le texte, à une dialectique de dissimulation et de monstration pour être audible par le lecteur. L’art rhétorique de la leçon va donc entrer en collusion avec d’autres formes, telles que le roman et plus précisément le roman réaliste qui peut représenter une forme d’apprentissage par l’expérience : à l’expérience du personnage se superpose l’expérience de la lecture, génératrice de savoir. C’est un genre qui, comme l’affirme Susan Rubin Suleiman, est «une des manifestations les plus achevées que nous connaissions de la dialectique entre poésie et communication, entre spectacle et message » .
Toutefois, la leçon ne s’intègre pas forcément à la fiction sous la forme très ambiguë de l’immixtion. Telle la leçon d’astronomie présente dans le Jocelyn de Lamartine, elle peut advenir par juxtaposition avec le récit, questionnant ainsi l’aspect rhapsodique des textes en question. Enfin, comme l’ont montré  Laurent Jullier et Jean-Marc Leveratto, la leçon peut, comme dans le cinéma hollywoodien du xxe siècle, devenir « leçon de vie » : elle nous dit quelque chose de l’existence, qui n’est pas de l’ordre d’un contenu immuable, mais qui constituerait une amorce pour une réflexion plus personnelle. On penserait avec plutôt que de penser comme. En somme, du xixe au xxie siècle, la leçon se métamorphoserait-elle en expérience ? Quelles sont les formes qui réinventent la transmission du savoir ?

3. La leçon et le rapport auteur-lecteur-public
La leçon se cantonne-t-elle à une littérature destinée à la jeunesse ? Est-ce infantiliser les lecteurs et aller à l’encontre de la modernité démocratique, qui repose sur la responsabilité des individus, que de faire leçon en dehors d’elle ? À l’heure où le dialogisme et la polysémie sont considérés comme des critères essentiels de l’œuvre moderne, que faire ou penser de la monosémie qui préside à la leçon ? Le cas de la littérature à thèse peut être évoqué, notamment en réfléchissant à ses rapports problématiques avec la légitimité, et à la méfiance des critiques vis-à-vis du « vouloir dire» selon l’expression de Susan Rubin Suleiman. Le terme de leçon inclut également des acceptions plus violentes, qui vont de la réprimande, de la punition, aux coups. La journée d’étude s’intéressa aux Châtiments de la littérature et aux genres satiriques dans la modernité, qui poursuivent une tradition ancestrale visant à corriger les mœurs.
4. La leçon et l’ethos auctorial
Comme Pierre Bourdieu l’a écrit, la leçon – inaugurale ici – « réalise symboliquement l’acte de délégation au terme duquel le nouveau maître est autorisé à parler avec autorité et qui institue sa parole en discours légitime, prononcé par qui de droit ». S’il est un lieu commun de considérer que les xixe et xxe siècles sont marqués par une crise de l’autorité, on pourra évoquer les figures auctoriales qui assument cet ethos professoral, que ce soit pour guider leurs lecteurs, ou pour mener un groupe d’écrivains dans une même entreprise d’écriture.

Modalités
Les propositions de communications (300 mots) comportant une bio-bibliographie seront à adresser à magalie.myoupo@gmail.com et marion_brun@ymail.com au plus tard le 14 octobre 2016.
Les auteur.e.s seront informé.e.s de l’acceptation de leur proposition à partir du 14 novembre 2016.
La journée d’études aura lieu à Paris VII le 3 mars 2017.