Plasticités Sciences Arts : « Mémoires singulières, mémoires plurielles – A l’heure du dataïsme et de l’intelligence artificielle »

Présentation : CDE MSMP

 

http://www.plasticites-sciences-arts.org




Journées d’étude internationales : Techniques et mondes

Journées d’étude internationales : Techniques et mondes

 
International Workshop : Worlds and technologies
Université Paris 8, 28-29 Novembre 2016
Pierre Cassou-Noguès, Arnaud Regnauld
 
Appel à contributions (English below)
Bref, les technologies contemporaines produisent-elles une apocalypse, réelle ou imaginaire ?
 
 Worlds and technologies
In The Origin of Geometry, Husserl considered landsurveying as a technique that fostered the overlaying of the world of life by a world of science whose objects are characterized by an infinite determinability. A certain number of contemporary authors such as J.-L. Nancy, B. Stiegler or T. Morton reportedly see digital technologies as a novel transformation of the world, relative to its very shape as well as the status of its own objects whose meaningful dimension is reduced by digital technologies, so to speak diminishing their potential infinity.
Do contemporary technologies represent the end of the world, or that of a certain world? To what extent do the new modes of communication, a certain form of ubiquity maybe made possible by contemporary technologies, alter the fabric of time and space within which the various regions of our world are enmeshed? To what extent do globalization, the uniformization of desires in ads and commercials transform the status of the objects of our world? Can the image of a nature, of an underlying plane or an isolated regions, impervious to technology and as an image, constituted an ingredient of the notion of world, survive contemporary technologies? And if not, how significant is that? And what about the islands, those images of an elsewhere conveyed by the railways that used to take us to the seashore as much as the enticing ads and commercials for garishly colored chewing gum or exotically scented shower gels? Are those islands bound to disappear because of the rise of sea levels and that, caught within contemporary globalization (taking all sorts of shapes), there no longer is an out there there.
In sum, do contemporary technologies produce an apocalypse,  real or imaginary?




Please send proposals before Nov. 1
st to Pierre Cassou-Noguès and Arnaud Regnauld :



Les sciences cognitives et leurs philosophies

cartésianisme, phénoménologie, pragmatisme
Journée d’études organisée par le Laboratoire Logiques de l’agir, avec le soutien de l’École doctorale LETS

Jeudi 29 mars
Université de Franche-Comté, UFR LSHS, Grand Salon, 
entrée par le 18 rue Chifflet (1er étage), 25000 Besançon

 

 

Présentation :

 

Depuis la « révolution cognitive » de la seconde moitié du XXe siècle, les sciences cognitivesn’ont cessé de mobiliser la philosophie et son histoire. Alors que les représentants du cognitivisme classique, tels Chomsky ou Fodor, se référaient à Descartes, c’est sur la tradition phénoménologique (Husserl, Heidegger, Merleau-Ponty) que s’appuient, depuis les années 1990, les défenseurs des nouvelles approches externalistes, dynamiques et/ou énactives de la cognition ; enfin, un certain nombre de chercheurs insistent aujourd’hui sur la nécessité de prendre en compte les théories pragmatistes de Peirce, James, Dewey et Mead, pour penser les dimensions sociales, institutionnelles, techniques et actionnelles de la cognition, dans le cadre d’un possible « tournant pragmatiste » en sciences cognitives. 

C’est à ce dialogue entre sciences cognitives et philosophie que cette journée d’études est consacrée.

S’inscrivant dans l’axe « Épistémologie des pratiques » du Laboratoire Logiques de l’agir, cette journée sera également l’occasion d’aborder la question des pratiques sous l’angle des discussions dont elles font l’objet en sciences cognitives, où les critiques du cognitivisme et les usages de la phénoménologie et du pragmatisme conduisent à une réflexion renouvelée sur les relations entre esprit, corps et environnement (physique, culturel et social), individu et société, théorie et pratique, ou encore cognition, perception et action.

 

 

Programme :

 

–       10h00-10h30 

Sandrine Roux (Université de Franche-Comté, Logiques de l’agir) :

Introduction  

 

–       10h30-11h30

Nicolas Zaslawski (Université de Lausanne, Institut de Psychologie / Université Jean Moulin Lyon 3) :

Phénoménologie, énaction et expérience : 

Francisco Varela et la question de la naturalisation de la phénoménologie

 

–       11h30-12h30 

Natalie Depraz (Université de Rouen-Normandie, ERIAC) :

De la neurophénoménologie à la cardiophénoménologie : 

enjeux expérientiels, descriptifs, méthodologiques et ontologiques

 

12h30-14h00 : Pause déjeuner

 

–       14h-15h 

Pascale Gillot (Université François Rabelais de Tours, ICD) :

Les neurosciences cognitives de la conscience : un externalisme anti-cartésien ?

 

–       15h-16h

Benoit Gaultier (Aix-Marseille Université / Collège de France, GRÉ) :

L’atemporalité des pensées implique-t-elle qu’elles ne sont pas identiques à des processus cérébraux ? 

Sur un argument de Peter Geach et sa portée en sciences cognitives

 

16h-16h15 : Pause

 

–       16h15-17h15 

Pierre Steiner (Université de Technologie de Compiègne – Sorbonne Universités, COSTECH-CRED) :

En deçà de la représentation. L’intentionnalisme cognitif à l’épreuve du pragmatisme

 

 

 Contacts : 

Laurent Perreau (laurent.perreau@univ-fcomte.fr)

Sandrine Roux (sandrine.roux@univ-fcomte.fr)

 




Gestion des connaissances dans la société et les organisations : Enjeux communs et connaissances multiples

L’Association pour la gestion des connaissances dans la société et les organisations organise le Xe Colloque International de l’AGeCSO sur le thème « Gestion des connaissances dans la société et les organisations : Enjeux communs et connaissances multiples » du 26 au 28 juin 2017.
 
En vue de la tenue de ce colloque, l’Association lance un appel à communication pour la session thématique ART ET CONNAISSANCES.
 
Le champ de la gestion des connaissances est bien vivant et est au coeur des mutations techniques, sociales et économiques contemporaines. En effet, si la gestion des connaissances est devenue un domaine de recherche à part entière, elle s’inscrit néanmoins dans une modernité qui soulève aujourd’hui de nombreux enjeux. L’objectif de cette 10e édition est de rassembler des intervenants ayant des perspectives variées et d’ouvrir un dialogue entre disciplines et expériences concrètes. Le format spécial de cette 10e édition présentera 10 sessions thématiques dont Art et Connaissance à laquelle vous êtes invités à participer.
 
Veuillez soumettre votre contribution au plus tard le 10 mars 2017 en la faisant parvenir à Charlotte Blanche par courriel à charlotte.blanche@hec.ca. 
 
Pour toute information complémentaire, consultez la page http://www.agecso.com/wp/conferences/agecso2017/ ou contactez charlotte.blanche@hec.ca ou wendellyn.reid@hec.ca.
 



Rencontres franco-coréennes Littérature et Sciences

Les prochaines rencontres franco-coréennes Littérature et sciences auront lieu le 15 et 16 décembre à l’université Paris-Est Marne-la-Vallée (RER A – station Noisy-Champs – à 30 minutes des Halles).

Programme : Littératures, Savoirs et Arts




parution du n°45 de PLASTIR

L’accent est mis dans ce numéro sur deux grands créateurs, Fantin-Latour et Cervantes, qui nous sont révélés avec brio par Michèle Barbe et Claude Berniolles (respectivement), tandis que suivent deux approches transdisciplinaires, l’une liée au don en tant qu’espace plastique à explorer (Bernard Troude) et l’autre au champ esthétique et au processus de création (Matisse Makwanda).

 

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Techniques et monde : le monde-réseau et ses liens

Pierre-Cassou-Noguès, François-David Sebbah et Arnaud Regnauld organisent un séminaire le 4 mai dans le cadre de leur projet Labex sur le concept de monde à l’ère du numérique.
En voici le programme :
http://lecube.com/fr/techniques-et-monde-le-monde-reseau-et-ses-liens_2910




Parution du n°49 de la revue PLASTIR

Ce premier numéro de l’année 2018 interroge une fois encore le processus de création, qu’il touche à l’art (en l’occurence à l’or) avec le regard éclairé de Frédérique Lecerf, à la plasticité du réel, vue sous l’angle ontologique par Nicolas-Xavier Ferrand, au concept de « soi » revisité par Danielle Boutet, et enfin à la conscience neutre, présentée par Bruno Traversi, qui nous permet d’aborder la psychologie des profondeurs. 
Lien : http://www.plasticites-sciences-arts.org




Call for Applications : 2017-2018 CCA Postdoctoral Associates

The Center for Cultural Analysis at Rutgers University will be devoting his 2017-2018 annual research seminar to the Medical Humanities. They are looking for two postdoctoral scholars to join them for what promises to be an exciting year. The positions come with a $45,00 stipend, health insurance, a private office, and access to all Rutgers resources.

 

MEDICAL HUMANITIES

The Medical Humanities is an emerging field that explores the relationship between culture and society, on the one hand, and medical science and clinical practice, on the other. A growing body of scholarship in this area approaches the experience of embodiment, health, illness, and medical treatment as a question rather than a given.

For the 2017-18 CCA seminar, we plan to gather those who share our interest in exploring what becomes possible when the realms currently governed by “the medical” and “the humanities” are allowed to intersect and overlap: faculty and graduate fellows, medical professionals, artists, writers, and distinguished guests.

Topics of interest will include but are not limited to the history of disease, illness, health, and care; the visual culture of medicine; disability studies; medical narratives of all kinds, including scientific narratives; race, ethnicity, gender, and class in the study of health and illness; global health; and the classification and treatment of mental health.

The seminar will meet approximately once every two weeks for three hours on Wednesday afternoons over the course of the 2017-18 academic year. We will read and discuss scholarship related to the medical humanities, and members will circulate and present works-in-progress. In addition, distinguished guests will visit the seminar to discuss current projects and share insights and expertise.

APPLICATION DETAILS

In 2017-18, the Center for Cultural Analysis at Rutgers University will sponsor two external postdoctoral associates. Postdoctoral Associates will receive a $45,000 salary, health benefits, and a private office in the new Rutgers Academic Building on the College Avenue campus. During the course of the academic year, Postdoctoral Associates teach one undergraduate course in a relevant department within the School of Arts and Sciences, which is arranged through the CCA. Since the CCA Postdoctoral Associate position is considered a residential appointment, candidates must agree to establish residency within a forty mile radius of the New Brunswick campus during the 2017-18 academic year.

To apply, please visit https://apply.interfolio.com/36344 and submit:

1) Cover letter

2) CV

3) Three confidential letters of recommendation

4) A 250-400 word abstract of your research project

5) A research statement (no more than 4 single-spaced pages total)

6) A detailed proposal for an advanced undergraduate course that you would like to teach (1-2 pages)

Applicants who have not yet completed the PhD must fulfill all degree requirements by August 1, 2017.

All materials must be uploaded to the Interfolio system by Jan. 9, 2017. Apply online at https://apply.interfolio.com/36344.

Please direct any inquiries about this search to admin@cca.rutgers.edu.




Colloque « Science-fiction, prothétisation, cyborgisation »

L'association Stella Incognita

en partenariat avec

le cycle des séminaires transdisciplinaires 
« Corps et prothèses : vécus, usages, contextes » 

vous convie au :   
 

Colloque « Science-fiction, prothétisation, cyborgisation »


Mercredi 4 & jeudi 5 avril 2018 à Lyon

 

Salle des Thèses – Campus de La Buire-Laennec / Facultés de Médecine

 

 

(Colloque couplé avec le séminaire "Du proche au lointain : les nouveaux horizons prothétiques contemporains"

qui se déroule le vendredi 6 avril 2018 au Musée des Confluences de Lyon de 9h à 17h – Ouvert et gratuit à tout-e-s)
 

Résumé de l'argumentaire : 

L'enjeu de ce colloque est d'aborder la prothétisation dans toutes ses potentialités. Il s'agit donc de plonger dans la science-fiction par une approche pluridisciplinaire (études littéraires, sciences humaines, sciences et techniques, etc.) au travers de corpus de tout type (littérature, bande dessinée, série télévisée, cinéma, jeu vidéo, art, etc.), d’aires culturelles variées et de différentes périodes historiques.

Programme  détaillé :

Le programme complet est en pièce jointe à ce mail et également disponible sur 
notre site internet à l’adresse : http://www.corps-protheses.org
 
Informations complémentaires :
– L’entrée est libre et gratuite (sans inscription au préalable) 

– Ce séminaire est ouvert à tous les étudiants et chercheurs universitaires, ingénieurs, praticiens, usagers, personnes militantes et/ou associations portant un intérêt à ces questionnements vis-à-vis des expériences singulières corps/technologie.
– Pour tout renseignement complémentaire, merci d’envoyer un mail à l’adresse : contact@corps-protheses.org
 
Site internet "Stella incognita"
 

Prochaine journée « Corps et prothèses » :
 
Séminaire n°7 : « Prothèses implantées et invasives » – Vendredi 8 juin 2018 à Paris, 9h-17h.
 
 
 

 
 
Comité d’organisation :
Pour Stella Incognita :

Goffette Jérôme (MCF-HDR Philosophie – Université Lyon 1 ; Laboratoire EVS – UMR 5600) (membre du groupe « Corps et prothèses »)

André Danièle (MCF Civilisation et cultures populaires états-uniennes – Université de La Rochelle – CRHIA – EA 1163)
Samuel Minne
 
Pour « Corps et prothèses »
Cathiard Marie-Agnès (MCF-HDR en sciences du langage ; Laboratoire Litt&Arts – UMR 5316 – Université Grenoble Alpes)
Gourinat Valentine (Doctorante en éthique et en sciences de la vie ; Laboratoire Dynamiques Européennes – UMR 7367 –  Université de Strasbourg / CNRS ; Faculté de Biologie et de Médecine – Université de Lausanne)
Groud Paul-Fabien (Doctorant en anthropologie ; Laboratoire d’Anthropologie Des Enjeux Contemporains – FRE 2002 – Université Lumière Lyon 2, ENS de Lyon – CNRS / S2HEP – EA 4148 –  Université Claude Bernard Lyon 1)
Guïoux Axel (MCF en anthropologie ; Laboratoire Environnement, Ville, Société – UMR 5600 – Université de Lyon /CNRS)
Jarrassé Nathanaël (Chargé de recherche (CR1) en robotique CNRS, Institut des Systèmes Intelligents et de Robotique, CNRS UMR 7222, INSERM U1150 – Université Pierre et Marie Curie – Paris)
Lasserre Évelyne (MCF en anthropologie – Université Claude Bernard Lyon 1 ; Laboratoire Environnement, Ville, Société – UMR 5600 – Université de Lyon /CNRS).
Maestrutti Marina (MCF en sociologie ; CETCOPRA – EA 2483 – Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Pajon Patrick (MCF en Sciences de l’information et de la communication ; Laboratoire Litt&Arts – UMR 5316 – Université Grenoble Alpes)
Roby-Brami Agnès (Docteur en médecine, directrice de recherche DR2 en neurosciences ; CNRS, Institut des Systèmes Intelligents et de Robotique, CNRS UMR7222, INSERM U1150 – Université Pierre et Marie Curie – Paris)  
 
Mots-clés :
Science-fiction – Prothèse – Cyborg – Imaginaire  – Littérature – Cinéma – Théâtre



Repenser l’interdisciplinarité entre esthétique et neurosciences cognitives

Responsables du dossier : Donna Jung et Bruno Trentini

Résumé
Après les nombreuses critiques épistémologiques formulées à l’égard des investigations de neurosciences cognitives dans le domaine de l’esthétique, cet appel propose aux philosophes et aux théoriciens de l’art de proposer des pistes de réflexions, voire d’expérimentations, pour repenser une telle interdisciplinarité en accord avec les préoccupations de l’esthétique philosophique.

Contexte épistémique
Depuis le tournant cognitiviste des années 1970, l’essor interdisciplinaire des neurosciences espère parvenir à expliquer les comportements à partir de fondements neuronaux et ainsi s’approprier les autres champs de recherche sous l’appellation « neuro-discipline ». Les domaines de l’art et de l’esthétique n’ont pas échappé à cette vague et il semble bien que les neurosciences de la cognition n’aient pas attendu les esthéticiens pour faire de l’esthétique un objet d’étude : la neuroesthétique, pour emprunter l’étiquette la plus en vogue, étudie alors le sentiment de beau. Ceci ne poserait en soi aucun problème si les esthéticiens et les épistémologues n’y voyaient aucune imprudence méthodologique. Malheureusement, force est de constater que quelques critiques maintiennent à l’écart les deux disciplines. Les plus fréquentes – et peut-être les plus discutables – consistent à voir dans la neuroesthétique un risque de réalisme objectif décrétant ce qui est vraiment beau. D’autres critiques pointent un risque de réductionnisme scientifique trop radical ignorant le fait culturel et sociologique – au fond, qu’apprend-on sur l’expérience esthétique lorsque l’on sait qu’elle active telle zone cérébrale ? Le design des expériences de la neuroesthétique manifeste également une certaine ignorance des résultats esthétiques. Ainsi, le beau se dilue parfois dans l’agréable et le plaisant alors même que l’enjeu est de caractériser sa spécificité et que les œuvres d’art présentées peuvent plaire autrement que par une expérience de la beauté. Aussi, la contrainte expérimentale impose des conditions d’appréhension au « spectateur » tellement particulière que l’expérience esthétique est forcément déplacée – ne serait-ce que par l’apport des sciences de la cognition elles-mêmes, confortant l’hypothèse selon laquelle la mobilité corporelle est importante dans la constitution des émotions. Placer un sujet dans un IRMf, par exemple, et lui demander de noter les œuvres qui lui sont présentées selon son appréciation de leur beauté ou de leur laideur laisse encore inexploré l’apport d’une cognition incarnée et des expériences artistiques : le lieu du musée, la salle de spectacle et de cinéma ou encore le paysage urbain participent à la construction de l’expérience esthétique.
Ces expérimentations scientifiques du fait esthétique et artistique ne sont pas nouvelles. Leur rencontre malencontreuse ne l’est pas non plus. Déjà au xviiie siècle, où l’esthétique et la psychologie ont acquis leur autonomie disciplinaire, un clivage a été réclamé par Kant. Il fallait selon lui se défaire des considérations physiologistes lorsqu’il était question des sentiments de beau et de sublime. Le fort héritage kantien explique d’une part les chemins si différents qu’ont empruntés l’esthétique philosophique et la psychologie expérimentale. D’autre part, les disciplines ont évolué chacune suivant les préoccupations de leur époque : pendant que l’esthétique philosophique avait vocation à comprendre les crises de la modernité, la psychologie se laissait aller aux avancées techniques et aux hypothèses visant la description de l’esprit humain par le modèle de l’ordinateur et de ses computations. À ce moment, peu pariaient sur un rapprochement entre l’esthétique philosophique et la psychologie scientifique.

Pistes de recherche
Le pari d’un avenir commun entre neurosciences cognitives et esthétique est aujourd’hui autant envisageable qu’urgent et l’enjeu de cet appel à contribution est de définir les orientations d’une telle discipline. Il serait en effet temps pour l’esthétique et l’épistémologie d’œuvrer dans le sens de telles investigations en proposant aux neurosciences cognitives un programme de recherche véritablement interdisciplinaire. Le mouvement critique ayant déjà été engagé par de nombreux chercheurs, il n’est plus question de pointer les lacunes de la neuroesthétique, mais de construire la réconciliation entre esthétique philosophique et esthétique expérimentale. Peut-être la question du beau est-elle trop complexe pour être traitée avec toutes les précautions adéquates. Elle risque aussi de creuser encore le décalage avec le milieu de l’art, qui, depuis au moins la modernité, s’est dégagé de l’hégémonie du beau. Peut-être faut-il investir d’autres catégories esthétiques comme celle du sublime qui, par sa proximité au sentiment de vertige, offre des pistes d’apports interdisciplinaires plus intéressants. Le sublime peut ainsi bénéficier des résultats obtenus dans d’autres domaines des neurosciences cognitives s’intéressant aux émotions négatives, aux perturbations du système vestibulaire, mais aussi à leur relation à la survie. Peut-être encore faut-il dépasser les catégories esthétiques afin de penser autrement l’expérience. On peut envisager des pistes de microesthétique – comme se fait la microhistoire – et s’intéresser aux relations cognitives entre le sensible et l’intelligible en se focalisant sur l’art conceptuel. On peut dans ce cadre travailler aussi sur l’attention sélective spécifique portée aux œuvres minimalistes ou envisager une étude sur les bases cognitives de l’émulation collective autour des œuvres participatives. Au contraire, des travaux plus généraux peuvent entreprendre une description intégrative de l’expérience esthétique en partant par exemple de l’idée que l’expérience esthétique passe par une sensation de soi induite par la perception d’une situation extérieure. Il serait alors envisageable de penser aux investigations scientifiques ciblant les processus cognitifs permettant de telles sensations de soi – comme l’intéroception et la proprioception – et leur éventuelle pertinence au regard de certaines œuvres d’art. Les pistes sont déjà nombreuses et la plupart d’entre elles restent à créer.

Modalités
Nous attendons, dans le cadre de cet appel, des propositions d’article œuvrant dans le sens d’une neuroesthétique cognitive. Ainsi, à la fois épistémologiques et épistémiques, les articles doivent être compréhensibles tant par des neuroscientifiques que par des théoriciens de l’art. L’enjeu est en effet d’écrire aussi et surtout pour les chercheurs qui se sont désintéressés peut-être prématurément de ces questions. Un corpus se saisissant de l’art contemporain serait particulièrement bienvenu pour susciter leur intérêt. Les dimensions prospectives de l’appel n’écartent pas pour autant les réflexions d’histoire de la philosophie : la prospection n’a pas à faire table rase du passé. Enfin, des propositions de designs expérimentaux ciblant une dimension circonscrite de l’expérience esthétique peuvent également être les bienvenus. S’il est vrai que les philosophes n’ont pas la formation adéquate pour mener de telles expériences, certaines hypothèses et certaines mises en situation expérimentales peuvent ouvrir la voie à des projets de recherche exigeants et ciblés, des projets de recherche conscients du risque de la généralisation et souhaitant ainsi éviter ce qui mettrait en péril tout dialogue interdisciplinaire.
Les propositions, d’une page environ, seront sélectionnées par les responsables du dossier. Les articles seront quant à eux évalués aussi par le comité de lecture de la revue Implications philosophiques. L’appel est ouvert à toutes les personnes du monde de la recherche, y compris celles qui sont encore en doctorat.

Calendrier
21 mai : réception des argumentaires approximativement d’une page
28 mai : acceptation des propositions
20 août : livraison des articles compris entre 20 000 et 35 000 signes
2 octobre : envoi aux aAAC esthetique et neurosciences cognitivesuteurs des articles évalués
30 octobre : livraison des articles repris par les auteurs

Contacts :
Donna Jung : donna.jung@outlook.fr
Bruno Trentini : b.trentini@laposte.net

 

 




PLASTIR n°44

 Ce numéro, outre un second article sur le Don Quixote de Cervantes par Claude Berniolles, met
l’accent sur la recherche transdisciplinaire dans le contexte de la postmodernité (Mariana Thieriot) et de la fécondité des relations art et science véritablement bijectives. C’est le cas des deux artistes présentés : Anaïs Lelièvre parle de l’informe et du multi-forme au travers de ses sculptures vivantes : les CLOC, et Jean-Luc Aimé, qui aborde le temps Onkalo comme un objet transdisciplinaire à part entière.

Lien




Santé et bien-être à l’épreuve de le littérature

Santé et bien-être à l’épreuve de la littérature

Sous la direction de Maria de Jesus Cabral et José Domingues de Almeida

 

Le terme santé se situe à la croisée de différents domaines : biologique, social, thérapeutique, ins- titutionnel et artistique, démultipliant les discours qui s’y réfèrent. Ancrée dans l’histoire et la culture, fondée sur le langage, la littérature ne saurait s’isoler de l’humain dont elle est l’ex- pression dynamique. Scientifique ou existentielle, la littérature permet d’embrasser le biologique et le symbolique, le singulier et le collectif, l’intime et le social, sans séparation entre sensibilité et raison.

Cet ouvrage est le fruit des réflexions menées par des chercheurs d’horizons divers et complé- mentaires – littéraires, historiens, philosophes, médecins – sur les rapports entre littérature et santé. Sur un sujet pratiquement inexploré, il contribue à ce dialogue entre littérature et médecine qui occupe une place particulière dans les Humanités médicales.

 

 

• Maria de Jesus Cabral est professeur de langue et littérature françaises ; elle enseigne à l’université de Lisbonne où elle intègre le groupe de recherches « Narrative & Medicine » et codirige le cursus du même nom.

• José Domingues de Almeida est professeur de langue et littérature françaises à l’université de Porto et intègre l’Instituto de Literatura Comparada Margarida Losa.

 

Contributeurs (par ordre alphabétique) : José Domingues de Almeida, Cristina Álvares, Nejma Batikhy, Maria de Jesus Cabral, Hélène Cassereau-Stoyanov, Patrizia d’Andrea, Gérard Danou, Margarida Esperança Pina, Isabel Fernandes, Adelaide Gregorio Fins, Isabelle Hautbout, Armelle Jacquet-Andrieu, Julien Knebusch, Véronique Le Ru, Emmanuel Lozerand, Manuel Silvério Marques, Marco Menin, Fabrice Nowak, Annie Rizk, Martine Sagaert, Zuzanna Sanches, Marion Simonin, Aline-Laure Strebler, Paolo Tortonese, Bérengère Voisin

Ouvrage publié avec le concours de l’Associação Portuguesa de Estudos Franceses, de l’Universidade de Lisboa, Centre for English Studies et Faculdade de Letras, de la Fondation pour la Science et la Technologie (Portugal) et de Narrative & Medecine.

 

Les Éditions Lambert-Lucas
Spécialisées en sciences du langage, les Éditions Lambert-Lucas ont été créées en 2004 dans le but de rééditer des classiques de la lin- guistique devenus introuvables et d’éditer thèses, synthèses, recueils thématiques et actes de colloques. Elles publient une vingtaine de titres par an et sont distribuées par Daudin.
CONTACT PRESSE – LIBRAIRIE : GENEVIÈVE LUCAS • 06 88 29 04 14 • genevievelucas@free.fr



Sciences et Littérature de la Sorbonne Nouvelle

La prochaine après-midi d’étude du groupe Sciences et Littérature de la Sorbonne Nouvelle, « PLANETARY LOGICS IN CONTEMPORARY PERFORMANCE », se tiendra le 4 mai 2017, de 14h à 18h30, à l’Institut du monde anglophone (salle 16,
au 5 rue de l’École de médecine, 75006 Paris). Les communications seront données en anglais.

Le programme détaillé est consultable sur le blog :
http://litorg.hypotheses.org/




La mésologie, un autre paradigme pour l’anthropocène ?

 

Nous sommes entrés dans une ère où les effets de l’action humaine sur la planète deviennent géologiquement significatifs. Quelle que soit la date à laquelle il est possible de faire remonter cette nouvelle ère, les bouleversements sont d’une ampleur inédite et potentiellement irréversibles à l’échelle humaine. Face à ces bouleversements, la mésologie telle que repensée à travers les recherches du géographe orientaliste Augustin Berque invite à un nouveau paradigme, dépassant le dualisme mécaniste qui a fondé la modernité. Comment les sciences actuelles – celles dites exactes autant que les sciences humaines et sociales – peuvent-elles s’en nourrir pour repenser les interactions entre la planète et les êtres humains et proposer des perspectives à notre société actuelle et à venir ? Telle est la question à laquelle cet ouvrage cherche à apporter des réponses. Organisé autour de trois thématiques (« Notions et théories de la mésologie », « Champs du déploiement de la mésologie », « Mutations des milieux humains et non humains »), il reprend les interventions et les synthèses des débats du colloque La mésologie, un autre paradigme pour l’anthropocène ? qui s’est déroulé au château de Cerisy-la-Salle du 30 août au 6 septembre 2017 autour des travaux d’Augustin Berque.

DIR.: MARIE AUGENDRE, JEAN-PIERRE LLORED, YANN NUSSAUME
SORTIEEN LIBRAIRIE 11 AVRIL 2018
Hermann éditeur
416 pages – 15×23 cm – 32 €
DATE DE PUBLICATION : 11 AVRIL 2018
COLLECTION  COLLOQUE DE CERISY
ISBN : 978 2 7056 9567 5

http://www.editions-hermann.fr/5278-la-mesologie-un-autre-paradigme-pour-lanthropocene-.html




Narrative, Cognition & Science Lab

Call for Papers
Symposium:
Narrative, Cognition & Science Lab
Friedrich-Alexander Universität Erlangen-Nürnberg
21-23 October 2016
Organized by ELINAS: Research Center for Literature and Natural Science http://elinas.fau.de/

Invited Keynote Speakers:
Marie-Laure Ryan : Independent Scholar in Residence, University of Colorado
H. Porter Abbott : Research Professor Emeritus of English, University of California, Santa Barbara
Bruce Clarke : Paul Whitfield Horn Professor of Literature and Science, Texas Tech University
Mark Turner : Institute Professor and Professor of Cognitive Science, Case Western Reserve University
Hans Ulrich Fuchs : Professor of Physics, Zurich University of Applied Sciences at Winterthur
Founding Director, Center for Narrative in Science

Description:
What would a narratology of science look like? A narratology of science-in-literature?
How might principles of cognition bring narrative and science together?
Narrative is a fundamental, probably natural, mode of thought and meaning-making. Science is now a central, more culturally-organized mode of knowing the world, of imagining, exploring, modeling, and acting on it. Narrative and science are not self-evidently related—indeed they may seem opposed. Yet many connecting threads can be discovered.
Scientists are adept and versatile narrators, telling many kinds of stories in many different genres and media. They recount unfoldings of events, at sometimes uncanny scales—from a particle collision at near light-speed, to the evolution of life, to the history of the universe—in order to interpret them. They narrate as individuals or in teams of thousands. Their events may be natural or manufactured, observed or inferred, objective or subjective or both. Scientists also tell human stories of developing hypotheses, arguments, theories and experiments, and they speak to many publics. Scientific stories may operate at the most concrete or the most abstract levels imaginable. Even mathematical proofs and physics equations have narrative qualities, some suggest.
Narrativity appears at various stages of scientific processes: informal speculation, thought experiments, experimental design and execution, measurement, argumentation, writing and revision, theorizing, paradigm-shifting, popularizing, caricaturing (boosting and bashing), retrospective histories and philosophies of fields, and more.
Scientists may adapt elements of literary narration (intentionally or not); in grand narratives or close case studies, understandings of nature become emplotted, shaped.
Complementarily, non-scientists often tell stories of science. In proto-scientific eras, knowledge-formation is arguably allied with myth, religion and magic: physics is entangled with metaphysics, chemistry with alchemy. And myth persists in modern discourses of science: myths of selfless or self-serving geniuses, of the promises and perils of technology. Journalists report and (attempt to) interpret scientific findings. Politicians and legal professionals grapple with scientific advice to decide social policies. Teachers tell science’s stories to students—starting with simple versions, as ladders to be kicked away once the rung of the next-best version is grasped. Other versions circulate on social media (for better or worse), mutating as they move. Literary narrators draw ideas and forms from scientific writing, as topics, themes, images and structures. Narrative art reimagines physical forces, forms of causality and time, natural orders, whole cosmologies—inflecting partial scientific understanding with intuitions of pattern and meaning.
Much excellent scholarship analyzes exchanges between science and narrative. In addition, cognitive scientists have explored narrative’s centrality to mental processes and products, and literary scholars drawing on cognitive science have produced far-reaching reinterpretations of basic concepts of narrative. Yet there remains a need for deeper understanding of the processes by which science can move into narrative, and (especially) vice-versa—deeper in the sense of more detailed, more precise, more systematic, more extensively informed by theory and practice, both narrative and scientific. The “narrative turn” has transformed the human and social sciences, but we have yet to take the full measure of narrative in the context of the physical sciences. The “cognitive turn” suggests that cognition may be a key to the deeper understanding we seek.
In this light, we propose a dialogue involving a direct and close focus on the intersections of narrative, cognition and science. This focus defines a very wide field of exploration, given the complexities of these terms, and we hope to inspire a rich discussion of new dimensions of these intersections.

We encourage consideration of questions on a range of topics bridging our foci:

– How do scientific thought, practice and communication use narrative qualities?
How does narrative cognition enable and reflect scientific cognition?
How do scientists see their work as involving story?
What forms of cognition overlap but contrast with narrative forms, and how?
e.g. abstraction, ambiguity-reduction, visualization, mathematics, description, argument.

-What are the implications of the first questions for epistemology, ontology, communication?
Does anyone still think science is “just another narrative”? What alternatives to the relativist/absolutist polarity have developed in the wake of the “science wars”? What does the future hold?

-Are there identifiable structures or qualities specific to scientific narratives?
What kinds of narrators, characters, plots, causalities, chronologies, discourse structures, rhetorics, emotions, themes and ideologies do we find?

What parts of narrative theory resonate with science communities?
-What are the functions of scientific narratives?
How is narrative used to describe, predict, explain, enlighten, persuade, entertain?

-How are scientific thought and communication adapted into extra-scientific narrative?
How can they affect narrative form and processing?

-How might a consideration of scientific narrative change narrative theory, and cognitive theory? From recognizing previously neglected forms of narrative and thought to revising major concepts.

-All forms of narrative, cognitive, and scientific processes, artifacts and theories are welcome.

Abstracts:
Please send 400-word abstracts by 31 August 2016 to Mike Sinding (michael.sinding@fau.de). Please include a brief bio/bibliography, e-mail address and postal address. Papers should be 25 minutes long.

Key Dates:
Abstracts due: 31 August 2016
Decisions + Program: 15 September 2016
Registration: 30 September 2016
Symposium: 21-23 October 2016

ELINAS Contacts:
Dr. Mike Sinding
Research Fellow, ELINAS

Friedrich-Alexander-Universität
Erlangen-Nürnberg Michael.Sinding@fau.de

Dr. Aura Heydenreich
German and Comparative Literature
Research Fellow, ELINAS
Friedrich-Alexander-Universität
Erlangen-Nürnberg Aura.Heydenreich@fau.de

Prof. Dr. Klaus Mecke
Institute of Theoretical Physics
Friedrich-Alexander-Universität
Erlangen-Nürnberg Klaus.Mecke@fau.de




Vitalismes linguistiques, colloque international

 

Les 16 et 17 novembre 2023 à l’Université de Tours

Le programme (PDF) >>>

 




Le merveilleux scientifique en spectacle (1850-1940) : Revue Itinéraires

Coordonné par Laurent Bazin (CHCSC, Université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines) et Claire Barel-Moisan (CNRS, ENS-Lyon, ANR Anticipation).

Proposé dans le cadre du programme ANR sur « Le roman d’anticipation scientifique au tournant du xixe siècle », ce numéro d’Itinéraires se donnera pour objet d’approfondir les modalités, la nature et les enjeux de cette spectacularisation du merveilleux scientifique.

Modalités de soumission

Les contributions sont ouvertes pour des articles relevant de l’histoire littéraire, de l’étude du texte théâtral, des arts du spectacle et du cinéma, et de l’histoire culturelle, afin d’étudier le merveilleux scientifique en spectacle, en France, entre 1850 et 1940.
Les articles veilleront à respecter la limite de 40 000 signes et à suivre les consignes éditoriales de la revue : https://itineraires.revues.org/2255.
Ils pourront être accompagnés d’illustrations (libres de droits) et contenir des liens hypertextes.
Les articles feront l’objet d’une expertise en double aveugle : https://itineraires.revues.org/2252.

Calendrier

Les propositions d’articles (d’environ une page), accompagnées d’une brève bio-bibliographie seront adressées à Laurent Bazin (laurent.bazin@uvsq.fr) et Claire Barel-Moisan (claire.barel-moisan@ens-lyon.fr) avant le 14 juillet 2017.
Les textes retenus seront à rendre avant le 31 décembre 2017.
La publication du numéro est prévue au 2e semestre 2018.




1er mars 2017 – Cahiers internationaux du symbolisme

En 2017, l’équipe des Cahiers internationaux de symbolisme se propose de publier un volume consacré aux liens entre « Littératures et sciences ».

Fin 2016, se déroulait à l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, une journée d’études intitulée : « Littérature et sciences : tangentes, parallèles, sécantes et intégrales ». Nos collègues Martine Renouprez (Université de Cadiz) et Bi Kacou Parfait Diandué (Université Félix Houphouët-Boigny, Cocody), en collaboration avec les équipes des Cahiers du GRATHEL (Groupe de recherche en analyses et théories littéraires) et de Nodus sciendi, ont organisé cet événement avec l’intention initiale de montrer la corrélation entre géométrie et littérature, et plus largement, sciences et littératures.

Au sein du littéraire, la métrique dans la poésie et la poétique de la métrique sont des déclinaisons rythmiques de la littérature, dont la projection dans la musique ouvre un nouveau paysage à l’imaginaire. La poésie et la physique sont imbibées de corrélations et de symboles, même si elles jouent sur des registres appelant des codifications radicalement étrangères l’une à l’autre. Mais peut-être les poètes ont-ils commencé à tordre le temps, à le traiter en mille-feuille recombinable à l’envi avant même que la relativité ne se permette de détruire l’absolutisme du temps linéaire et homogène de nos pendules…

Dans quelle mesure ce mélange des genres, artistique et scientifique, est-il un fertilisant de l’esprit, un incitant à la création ? Quels sont les exemples en montrant le bien-fondé ?

D’un côté, certains artistes, fascinés par l’avancée des sciences s’en sont inspirés dans leur démarche, soit que celle-ci les ait accompagnés dans le processus de création (p. ex., Christopher Nolan), soit pour justifier a posteriori une œuvre en opérant des rapprochements avec les idées scientifiques qui baignent leur époque.

D’un autre côté, des scientifiques ont été fascinés par la démarche artistique ; certains l’ont étudiée en épistémologue pour mesurer les interférences entre science et imaginaire (p.ex., Gaston Bachelard), d’autres en sociologue de la création artistique, de la production et de la perception de l’art (p.ex., Pierre Bourdieu) ; d’autres encore pour évaluer les coïncidences possibles entre les deux démarches, l’une perçue traditionnellement comme objective et l’autre comme subjective (p.ex., René Thom) ; d’autres enfin ont choisi de s’investir entièrement dans l’aventure de la création artistique et littéraire, produisant des œuvres où l’on peut trouver des traces de l’esprit scientifique à la base de leur formation (p.ex., Paul Nougé).

Existe-t-il un territoire où une grande unification mixerait règles de l’art et règles de la science, dans une inspiration que pourrait revendiquer un certain post-modernisme de bon (ou de mauvais) aloi ? La« beauté du geste » qui organise leur union ou qui les considère comme réunis est irréfutable, et ce geste sort sans conteste des sentiers battus par le monde académique. Au prix, le cas échéant, d’un risque que tous n’appréhenderont pas à l’identique, celui d’une répudiation plus ou moins revendiquée de rationalité : chape de plomb bridant la création versus pierre de touche de l’élaboration scientifique, on imagine aisément les affrontements sous-jacents.

D’un côté, certains artistes, fascinés par l’avancée des sciences s’en sont inspirés dans leur démarche, soit que celle-ci les ait accompagnés dans le processus de création (p. ex., Christopher Nolan), soit pour justifier a posteriori une œuvre en opérant des rapprochements avec les idées scientifiques qui baignent leur époque.

D’un autre côté, des scientifiques ont été fascinés par la démarche artistique ; certains l’ont étudiée en épistémologue pour mesurer les interférences entre science et imaginaire (p.ex., Gaston Bachelard), d’autres en sociologue de la création artistique, de la production et de la perception de l’art (p.ex., Pierre Bourdieu) ; d’autres encore pour évaluer les coïncidences possibles entre les deux démarches, l’une perçue traditionnellement comme objective et l’autre comme subjective (p.ex., René Thom) ; d’autres enfin ont choisi de s’investir entièrement dans l’aventure de la création artistique et littéraire, produisant des œuvres où l’on peut trouver des traces de l’esprit scientifique à la base de leur formation (p.ex., Paul Nougé).

Suggestions :

– La littérature du vide et le vide dans la littérature

– La géométrie de l’espace dans la littérature

– L’influence de la formation scientifique du créateur dans l’œuvre littéraire ou artistique

– Le regard des écrivains et des artistes contemporains sur les avancées scientifiques et leur intégration dans leur démarche

– Ces artistes qui sont aussi scientifiques / ces scientifiques qui sont aussi artistes

– Littérature et géographie / mathématique / physique / chimie / neuroscience, etc.

– Littérature et connaissance / interprétation en sciences sociales

– Les relations – amitié, correspondance, interaction – entre artistes et scientifiques

– Quand les artistes étaient des scientifiques (Da Vinci, Pascal, Diderot…)

Nous sommes déjà en train de récolter les articles issus des communications des chercheurs présents à Abidjan mais l’appel reste ouvert à toute contribution originale sur ce thème fécond.

La rédaction des Cahiers internationaux de symbolisme souhaite recevoir rapidement (avant le 1er mars 2017) une petite note d’intention avec un titre provisoire et un bref résumé de l’article qui, lui, devrait être envoyé au plus tard le 30 juin 2017 à catherine.gravet@umons.ac.be et/ou pierre.gillis@umons.ac.be et/ou serge deruette@umons.ac.be.

Ces délais sont importants pour l’organisation de la lecture de vos textes par le comité.

Merci ! Nous vous souhaitons de travailler dans la joie !

Pierre Gillis, Catherine Gravet, Serge Deruette pour le Ciéphum (Université de Mons) Bi Kacou Parfait Diandué et Martine Renouprez, initiateur.trice du projet




MACHINES À VOIR. Pour une histoire du regard instrumenté (XVIIe-XIXe siècles)

Anthologie établie par Delphine Gleizes & Denis Reynaud.

Qu’est-ce qu’un microscope à atomes crochus ? À quoi sert un téléchromophotophonotétroscope ? Comment l’historioscope permet-il de remonter le temps ? Quelle est la di érence entre un panorama et un diorama ? Qui le premier parla de télévision ? Pourquoi le fantascope a-t-il prospéré pendant la Révolution ? On trouvera les réponses à ces ques- tions et bien d’autres encore dans cette anthologie, savamment annotée et copieusement illustrée. Plus de 200 textes présentent presque autant de machines optiques réelles ou imaginaires.
C’est une histoire du regard pendant les deux siècles qui ont précédé l’invention du cinéma que propose ce livre. Ou plus exactement une histoire de la façon dont divers instruments ont changé notre façon de voir le monde et de nous voir nous-mêmes. Ces « machines à voir » ont rarement connu un succès commercial durable, mais ce sont aussi et surtout de merveilleuses « machines à écrire » qui ont stimulé l’imagination d’auteurs, écrivains et philosophes divers, à découvrir ou à redécouvrir ici.

ProgrammeAnticipation(1)




11-13 mai l’Oulipo et les savoirs

PROGRAMME DU COLLOQUE L’OULIPO ET LES SAVOIRS




« Des miroirs et des alouettes » de Lionel DUPUY

Vient de paraître le premier roman d’un géographe :

Des miroirs et des alouettes de Lionel DUPUY aux éditions La Ligne d’Erre. Il s’agit du premier volume d’une trilogie où l’auteur transpose de manière romanesque un certain nombre de ses interrogations et recherches universitaires sur la représentation de l’espace et des lieux dans la littérature :
lalignederre.blogspot.com
Ce roman propose une écriture qui dépasse les cadres classiques de la narration. Composé de récits enchâssés et de franchissements métaleptiques qui déroutent volontairement le lecteur dès les premiers chapitres, le roman opère une mise en abîme qui vise à interroger l’acte d’écriture, les doutes qui peuvent accompagner celui qui compose une oeuvre romanesque où les références sont multiples, de sorte que la question de savoir qui écrit vraiment parcourt tout le récit. Il s’agit donc d’un voyage imaginaire où l’auteur transpose sous forme romanesque une partie de ses travaux universitaires sur l’imaginaire géographique tel qu’il se déploie dans certaines fictions littéraires. »




Merveilles Electriques : Invention littéraire, vulgarisation et circulation médiatique

Le Colloque international Merveilles Electriques ; Invention littéraire, vulgarisation et circulation médiatique se tiendra les 16- 17 et 18 novembre 2016.

Programme 

merveilles electriques




L’arbre, le buisson et la toile : colloque interdisciplinaire

Les 29 et 30 novembre 2023 à l’Université de Picardie Jules Verne, CERCLL, Institut Fair Faces
Rue Christian Cabrol, Amiens

Le programme >>

 




3rd International Conference on Science and Literature -1st Call for Papers

COMMISSION ON SCIENCE AND LITERATURE

DHST/IUHPST

Université Pierre et Marie Curie – Paris 6 (UPMC)

Hellenic Open University

 

 

3rd INTERNATIONAL CONFERENCE

on

SCIENCE & LITERATURE 

 

2-4 July 2018

Paris, France

 

First call for papers

 

Following the successful two International Conferences on Science and Literature which took place in Athens and Poellau this Conference is the third to be organized under the aegis of the Commission on Science and Literature DHST/IUHPST. The third International Conference will be co-organized by the Université Pierre et Marie Curie – Paris 6 (UPMC) with the technical support of the Hellenic Open University. As it was the case with the first two Conferences, the third one does not have a specific theme, as its intent continues to be the creation of an open forum for all scholars interested in Science and Literature, thus bringing into the dialogue multiple perspectives. Nevertheless, the Conference will be organized along thematic sessions, according to the papers which will be accepted by the Scientific Committee.

Proposals for individual papers or panels of three or four papers should be submitted  from 1st December until the 29th of February 2018. They must include the title of the paper (or the theme of the panel), name and affiliation of the author(s), an abstract of no more than 350 words and a short CV of  up to five lines.

Proposals and inquiries about practical matters may be sent to gvlahakis@yahoo.com and konstantinos.tampakis@gmail.com

An international scientific committee will review the submissions and notice of acceptance will be sent within the first two weeks of March 2018.

Prof. Pauline Lescar will be the chair of the Local Organizing Committee and member of the Scientific Committee. 

 

Registration:  1st  February 2018 to May 30th 2018

Registration fees (include coffee, tea, refreshments and Conference material): 100 Euros

Fees for students and early career scholars: 50 Euros

 

Participants are asked to make their own arrangements concerning their accommodation in Paris, but the Conference organizers will be happy to give any necessary assistance.

 

Further information will be included in the second CfP which will be circulated on 5th January 2016.




Pour en finir avec l’anthropomorphisme ? (appel à contribution)

Appel à contribution pour la revue XXI/XX – Reconnaissances littéraires, nº 3.

Les propositions de contribution, d’une longueur de 300 mots environ, doivent être envoyées à Florian Alix et Thomas Augais, accompagnées d’une brève notice biobibliographique, au plus tard le 15 mars 2021, aux adresses suivantes : florian.alix.13@gmail.com ; thomas.augais@sorbonne-universite.fr

Les réponses seront transmises début mai 2021. Et les articles, d’une longueur de 35 000 signes (espaces comprises) devront être envoyés au plus tard le 1er octobre 2021. 

*

Le comité éditorial de la revue XXI/XX – Reconnaissances littéraires, publiée aux éditions Classiques Garnier, est composé d’enseignants-chercheurs de la Faculté des Lettres de Sorbonne Université, spécialistes de littératures françaises du xxe siècle et comparatistes.

Elle a ainsi défini l’esprit qui l’anime : « Le titre, XXI/XX, veut signifier la volonté de prendre pleinement appui sur le présent, pour embrasser le paysage littéraire du siècle précédent. La littérature du xxe siècle émet vers nous des signes de reconnaissance. Il nous revient de nous en saisir pour nous aider à démêler ce en quoi nous reconnaissons notre donne. Telle est sans doute l’une des ambitions de la revue, décrire l’état présent du souci littéraire, en prenant appui sur la littérature du xxe siècle, qui s’installe insensiblement dans le recul, le quant à soi d’une période révolue, mais dont nous nous sentons encore puissamment solidaires. C’est cette distance interne que nous voudrions explorer, cette étrangeté sournoise qui vient colorer ce qui s’éloigne. »

 

Pour en finir avec l’anthropomorphisme ?

 

            La notion d’environnement sur laquelle se fonde la conscience écologique contemporaine apparaît problématique : elle suppose un centre, l’homme, et une nature périphérique rejetée en orbite dans ses alentours comme elle l’est dans les lointains suburbains des mégalopoles modernes. Le terme écocritique, d’importation américaine – il fait son apparition en 1978 dans un article de William Rueckert intitulé « Literature and Ecology : An Experiment in Ecocriticism » – n’est pas exempt d’un tel anthropocentrisme latent. C’est la parution en 1995 du livre de Lawrence Buell, The Environmental Imagination: Thoreau, Nature Writing, and the Formation of American Culture, qui donne son élan à l’écocritique conçue de manière interdisciplinaire comme la rencontre entre les études littéraires et environnementales. Cette rencontre est au cœur des travaux de l’ASLE (Association for the Study of Literature and Environment), créée en 1992 aux États-Unis et dont le journal, l’ISLE (Interdisciplinary Studies in Literature and Environment) rapproche les sciences naturelles des disciplines culturelles (Peraldo 2016, p. 165). Pourtant les travaux nés de l’écocritique s’avèrent marqués par l’approche romantique de la nature (Morton 2010), un idéalisme teinté de nostalgie pour les grands espaces sauvages (Wilderness) que dénonce Alain Suberchicot dans son essai Littérature et environnement. Pour une écocritique comparée (2012). Certains critiques contournent cet écueil en délaissant l’écocritique pour la géocritique, qui se démarque du concept ambigu de « nature » pour se focaliser sur la question de l’espace (Westphal 2007). L’’ecocriticism conçu par Buell se définit en outre « selon des critères éthique et thématiques au détriment des critères esthétiques » (Buekens 2019).

            Pour Gabriel Vignola, « l’écocritique s’est constituée sur la faille épistémologique classique qui veut que nature et culture s’opposent » (Vignola 2017), à partir notamment d’un corpus de textes issus des nature writings qui s’élabore à partir de cette dichotomie[1]. Or, l’écologie « nous invite […] à transformer le regard que nous posons sur la théorie littéraire », Vignola plaide donc quant à lui pour l’approche écosémiotique qui permet de « problématiser la question du langage, de la représentation et de la littérature différemment, dans une perspective inspirée des modèles de l’écologie telle qu’elle se développe en sciences naturelles » (ibid.). Ainsi la sémioticienne spécialiste de littérature anglaise Wendy Wheeler invite-t-elle à remettre en question la conception binaire du signe saussurien et l’approche structuraliste d’une littérature considérée comme un « univers autosuffisant » (ibid.) pour privilégier la sémiotique peircienne qui inscrit la langue dans le « continuum évolutif » (ibid.) d’un univers tout entier « perfusé de signes[2] ». N’est-ce pas là rejoindre l’intuition de nombreux écrivains, en particulier des poètes ? Lorand Gaspar par exemple, qui dans son essai de 1978, Approche de la parole, s’interroge sur la continuité entre la molécule d’A.D.N. et le langage humain (Gaspar, p. 41).Ou encore Édouard Glissant, qui fonde ses conceptions poétiques sur la continuité du vivant dans ces dernières œuvres. En s’appuyant sur la biologie de la signification de Jakob von Uexküll, l’écosémiotique postule que « la langue et, dans un second temps, la littérature constituent un horizon de signification symbolique qui se déploie à l’intérieur de l’Umwelt[3] humain et qui contribue à modeler l’expérience subjective du monde » (Vignola 2017).

            Le partage entre nature et culture n’a donc pas valeur d’universalité comme l’ont montré les travaux de Philippe Descola qui préfère substituer à cette opposition binaire l’étude d’une « écologie des relations » (Descola 2019). Ce partage est pourtant à l’origine de la notion de « sciences humaines » et l’émergence des « humanités environnementales » a à se débattre avec ce « clivage » (Choné, Hajek et Hamman 2016) sur lequel repose la notion d’humanités. Ainsi pour Laurence Dahan Gaida, l’opposition entre sciences et humanités doit tomber en même temps que celle entre nature et culture, l’épistémocritique qu’elle promeut doit donc s’attaquer aux « partages entre les ‘deux cultures’ » qui ne sont que la « traduction contingente des représentations propres à un moment de la culture occidentale » (Dahan-Gaida 2016). C’est, indépendamment des partages disciplinaires, le lien de co-appartenance entre l’homme et son oikos qui est à reconsidérer pour y déceler peut-être, comme le suggère Michel Collot, l’émergence d’une « pensée-paysage » (Collot 2011).

            Ces différentes perspectives visent notamment à relativiser le concept de nature, en l’ancrant dans des territoires et dans des sociétés spécifiques. De ce point de vue, la nature et la définition de l’environnement changent selon les espaces et des études récentes croisant géo- et écocritique interrogent la construction imaginaire des territoires dans l’intrication d’un imaginaire de la nature et des activités humaines qui se déploient dans un espace (Tally Jr. et Battista, 2016). Cette question s’est aussi posée dans l’articulation de l’écocritique et des études postcoloniales, qui sont contemporaines dans leur développement (Marzec, 2007 ; Roos et Hunt, 2010 ; Huggan et Tiffin, 2015). À travers la mise en relation entre des espaces différents du globe, la manière complexe dont ils sont perçus par les différentes collectivités humaines mises en jeu par cette dynamique historique induit un travail de mise en perspective, dont on pourrait trouver les échos aussi bien chez Véronique Tadjo que chez Paule Constant pour le continent africain. Un type de questionnement similaire parcourt l’écoféminisme qui lie rapport à l’espace, situation sociale et rapport au corps dans la manière de se représenter la question de la nature (Campbell, 2008). Reste alors à savoir si ces tentatives de nuance permettent véritablement une sortie de la conception anthropocentrique de l’espace et du monde.

            Dans la perspective des travaux récents de l’écopoétique (Schoentjes 2015), ce troisième numéro de la revue XXIXX Reconnaissances littéraires se propose de guetter, depuis le tournant du XXe siècle jusqu’à la littérature de l’extrême contemporain, les moments d’affleurement de cette remise en cause de l’anthropocentrisme et de la séparation entre nature et culture au profit d’une tentative d’approche de ce que le poète André du Bouchet désigne comme la « relation compacte appelée monde[4] ». Comment le texte littéraire peut-il devenir le lieu d’une mise en rapport de l’humain et du non-humain ? Les études se concentreront, d’un genre littéraire à l’autre, sur des textes où de telles prises de conscience se font jour et vont de pair avec l’invention de formes nouvelles. Ce numéro de XXI/XX sera donc ouvert à des travaux sur les formes contemporaines lorsqu’elles témoignent d’un « parti-pris des animaux » (Bailly 2013) ou des « animots », selon le mot-valise proposé par Anne Simon, de la croyance « aux fauves » de l’anthropologue Natassja Martin[5] aux « Adieux du primate aux primatologues[6] » de Pierre Senges, des « lectures au zoo » organisées par Suzanne Doppelt[7] qui se demande « ce que l’autruche voit dans le sable » aux performances de François Durif qui a « tout à apprendre de la mouche[8] », de la « connaissance des becs » prônée par la poétesse sonore Axelle Glaie[9] au Journal d’un veau de Jean-Louis Giovannoni[10] ou aux Neuf Consciences du malfini de Patrick Chamoiseau[11]. Ce qui se formule chez les écrivains contemporains en lien avec la conscience des enjeux environnementaux pourrait d’ailleurs trouver à s’enraciner dans les figures animales chez Colette ou René Vivien, dans les réécritures des contes de Marcel Aymé à Birago Diop, ou plus singulièrement dans Le Lion de Kessel ou Gros-Câlin d’Ajar/Gary. Autant de voix prêtées à « l’animal que donc je suis » (Derrida, 2006), voix qui peuvent muer en l’arbre ou en la plante « que donc je suis », si le « parti pris des animaux » devient celui des végétaux, des minéraux ou plus globalement du vivant qui bouleverse en profondeur notre conception du signe, ouvrant la voie à des écritures zoocentristes, dendrocentristes ou tout simplement en prise sur des milieux dont le centre est partout et la circonférence nulle part… Des propositions émanant du champ ouvert par le développement des animal studies seront donc plus que bienvenues.

            Il serait fécond qu’à l’échelle de l’ensemble de ce numéro ces proposition soient mises en rapport avec l’héritage pongien et/ou avec un certain nombre de voix, poétiques (Segalen, Maeterlinck[12], Michaux, Artaud, du Bouchet, Césaire, etc.) ou romanesques (Ramuz, Giono, Gracq, Claude Simon, Le Clézio, Pascal Quignard, etc.) capables (cette capacité serait bien sûr à interroger) d’un tel décentrement de la pensée et du langage. Les études portant sur les majores pourront y côtoyer une attention aux minores en particulier dans la littérature expérimentale du début du XXe siècle à aujourd’hui.

            Comment donner voix au vivant dans son altérité et son intimité ? On pourra par exemple s’interroger sur le rôle de la fréquentation des artistes ou des scientifiques dans l’émergence de cette révolution copernicienne qui fait de l’homme un épiphénomène dans l’ordre du vivant, résultat d’une fusion symbiotique de bactéries, rappelle la biologiste Lynn Margulis pour laquelle celui-ci se place d’une certaine manière « au-dessous » des bactéries : « L’humanité, minuscule partie d’une immense biosphère d’essence fondamentalement bactérienne, avec les autres formes de vie, doit se totaliser en une forme de cerveau symbiotique qui est au-delà de ce qu’il peut comprendre et se représenter vraiment. » (Margulis et Sagan 2002, p. 163)

            Il sera également possible de questionner la représentation, par exemple celle des écocides, qu’elle soit fictive ou non fictive, comme prise de conscience de l’épuisement d’un certain humanisme alors que l’anthropos doit être repensé pour inclure « toute cette collectivité des existants liée à lui » et pourtant « reléguée […] dans une fonction d’entourage » (Descola 2005, p. 19) dans une anthropologie qui, souligne Descola, s’est constituée en réduisant « la multitude des existants à deux ordres de réalités hétérogènes » (ibid., p. 12).

 

Bibliographie

BAILLY, Jean-Christophe, Le Parti pris des animaux, Paris, Christian Bourgois, 2013.

BOURGEOIS-GIRONDE, Sacha, Être la rivière, Paris, P.U.F., 2020.

BUELL, L. The Environmental Imagination: Thoreau, Nature Writing, and the Formation of American Culture, Cambridge, The Belknap Press of Harvard University Press, 1995.

—, Writing for an Endangered World. Literature, Culture, and Environment in the U.S. and Beyond, Cambridge (MA, É.‑U.), The Belknap Press of Harvard University Press, 2003 [2001].

—, The Future of Environmental Criticism. Environmental Crisis and Literary Imagination, Malden (MA, É.‑U.), Blackwell Publishing, 2005.

BUEKENS, Sara, « L’écopoétique : une nouvelle approche de la littérature française », Elfe XX-XXI [En ligne], 8 | 2019, mis en ligne le 10 septembre 2019, consulté le 13 octobre 2020. URL : http://journals.openedition.org/elfe/1299 ; DOI : https://doi.org/10.4000/elfe.1299

CAMPBELL, Andrea (dir.), New Directions in Ecofeminist Literary Criticism, Newcastle, Cambridge Scholars Publishing, 2008.

CHONÉ, Aurélie, HAJEK, Isabelle et HAMMAN, Philippe, Guide des humanités environnementales, Presses universitaires du Septentrion, 2016, Environnement et société, 978-2-7574-1150-6. 10.4000/books.septentrion.19315. hal-01876082.

COLLOT Michel, La Pensée-paysage, Arles, Actes Sud, 2011.

DAHAN-GAIDA, Laurence, « Épistémocritique de la nature », dans Aurélie Choné, Isabelle Hajek et Philippe Hamman, Guide des humanités environnementales, Presses universitaires du Septentrion, 2016, Environnement et société, 978-2-7574-1150-6. 10.4000/books.septentrion.19315. hal-01876082, p. 173-182.

DERRIDA, Jacques, L’Animal que donc je suis, Paris, Galilée, 2006.

DESCOLA, Philippe, Par-delà nature et culture, « Folio », Gallimard, 2005.

DESCOLA, Philippe, Une écologie des relations, Paris, CNRS, De vive voix, coll. « Les grandes voix de la recherche », 2019.

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VIGNOLA, Gabriel, « Écocritique, écosémiotique et représentation du monde en littérature », Cygne noir, no 5, 2017. En ligne : <http://revuecygnenoir.org/numero/article/vignola-ecocritique-ecosemiotique> (consulté le 7/10/2020).

WESTPHAL, B. La Géocritique. Réel, fiction, espace, Paris, Minuit, 2007.

WHEELER, Wendy, « Figures in a Landscape: Biosemiotics and the Ecological evolution of Cultural Activity », L’Esprit Créateur, vol. 46, no 2, 2006, p. 100‑110.

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WHITE, Kenneth, Panorama géopoétiqueThéorie d’une textonique de la Terre, entretiens avec Régis Poulet, Carnets de la grande ERRance, 2014.

 

 

[1] « L’un des rares chercheurs à s’être engagé dans une telle démarche interdisciplinaire, alliant l’écologie scientifique à la critique littéraire, est [Dana] Phillips. Citant Bruno Latour et Richard Rorty, Phillips soutient qu’il importe de montrer les rapports de continuité entre nature et culture » (Vignola 2017)

[2] Charles Sanders Peirce, The Collected Papers of Charles Sanders Peirce, vol. 5 : C. Hartshorne & P. Weiss (dir.), Cambridge (MA, É.‑U.), Harvard University Press, 1931-1935, p. 448.

[3] « Jakob von Uexküll a élaboré le concept d’Umwelt, concept clé de la biosémiotique qui réfère au fait que chaque espèce, que chaque individu au sein de chaque espèce, perçoit son environnement en fonction de ce qui lui est significatif aux fins de sa survie et d’après les sens que lui confère son anatomie. » (Vignola 2017)

[4] André du Bouchet, Peinture, Montpellier, Fata Morgana, 1983, p. 21.

[5] Natassja Martin, Croire aux fauves, Paris, Verticales, 2019.

[6] https://remue.net/Pierre-Senges-Adieux-du-primate-aux-primatologues

[7] Lectures de Sabine Macher, Cole Swensen, Frédéric Boyer, Suzanne Doppelt, Anne Portugal et Daniel Loayza, organisée par Suzanne Doppelt dans le cadre de sa résidence à la Ménagerie du Museum national d’Histoire naturelle (Paris V). En ligne : https://remue.net/Lectures-au-zoo (consulté le 13 octobre 2020).

[8] François Durif, Signes de vie. En ligne : https://remue.net/francois-durif-signe-de-vie (consulté le 13 octobre 2020).

[9] Axelle Glaie, Ménure superbe. En ligne : https://remue.net/menure-superbe-2-par-axelle-glaie (consulté le 13 octobre 2020).

[10] Jean-Louis Giovannoni, Journal d’un veau, roman intérieur, Paris, Deyrolle, 1996.

[11] Patrick Chamoiseau, Les Neufs Consciences du malfini, Paris, Gallimard, 2009.

[12] Maurice Maeterlinck, La Vie des abeilles. La vie des fourmis. La vie des termites, Paris, Plon, 1968.




Soirée de lancement d’une nouvelle collection jeunesse – 20 mai 2017

Cette nouvelle collection de petits romans portant sur les collections et savoirs naturalistes qui vous invite à découvrir différents muséums de France en suivant les pas de Zoé, Alice et Clarence.

La sortie en librairie des 6 premiers titres est prévue pour
le 18 mai 2017.

La soirée de lancement de la collection aura lieu au Muséum de Toulouse le 20 mai 2017 pendant la « Nuit des musées » de 19h à 1h du matin.
Par Laurence Talairach & Titwane

L’accroche :
La nuit tombe ? Alors partez sur les traces de Zoé, Alice et Clarence
pour visiter clandestinement les musées de sciences… Non seulement vous allez découvrir les trésors et les secrets de ces lieux magiques, mais vous allez aussi vous plonger dans la compréhension du monde du vivant et croiser les hommes qui veillent sur ces richesses !
Cette collection de petits romans illustrés portant sur les musées de sciences et les lieux de savoirs naturalistes est destinée à de jeunes lecteurs (8/11 ans). Elle vise à leur donner le goût de la lecture à partir d’aventures qui leur présentent le monde des musées vu par les coulisses, et mettant
en scène l’importance des missions et des collections de ces établissements.




Colloque Jardin et mélancolie

Le jardin apaise les âmes et les sensibilités irritées, la promenade dans un parc ou jardin repose et le jardin révèle une activité humaine « universelle » – le soin. Le jardin devient même très tôt – du temps des Lumières – un élément de politique hygiéniste qui crée et rend accessible des espaces verts en ville pour le repos et l’éducation du peuple. La médecine et la psychiatrie aussi s’en servent pour des buts thérapeutiques. Le jardin imaginé, pour les poètes et autres artistes, le jardin comme motif dans leurs créations donc, a ce même lien intime avec la mélancolie, cette même fonction thérapeutique ; lui aussi apaise, lui aussi libère – le créateur comme son public, par sa double nature d’espace clos qui contient l’infini. Cette journée nous donnera l’occasion de nous interroger plus précisément sur ce lien qu’entretient le jardin avec la mélancolie, afin de mieux comprendre l’intérêt constant, même peut-être croissant des artistes, médecins, pédagogues et hommes politiques pour cet espace si réel et par essence onirique, de comprendre aussi en quoi cette référence au jardin se métamorphose avec les époques.

Programme : Colloque « Jardin et Mélancolie »




Res Futurae, 16, 2020 : « Fictions de mondes possibles : les formes brèves de la science-fiction »

Sous la direction de Jean Nimis et Yves Iehl.

Les formes brèves (récit ou épisode de série TV) qui mettent en jeu la science-fiction présentent l’intérêt de déployer des univers possibles sous une forme kaléidoscopique. Ainsi, notre « habitation dans le monde » se trouve interrogée par la multiplication de ces points de vue du futur et des « perspectives anticipatrices » qui en proposent un aperçu.

Le dossier « Fictions de mondes possibles : les formes brèves et la science-fiction » publie sept articles issus des travaux d’un séminaire qui s’est tenu avec constance, cinq années durant, à l’université Toulouse Jean-Jaurès dans le cadre de l’équipe IRPALL. Son propos consistait à scruter, dans ces corpus multiculturels,

comment le récit bref de science-fiction ou d’anticipation peut, à certaines périodes bien précises, refléter les visions, les problèmes et les conflits d’un monde en crise, notamment à partir des épisodes saillants de tension et de crispation qui ont marqué le xxe siècle et le début du xxie siècle. (IRPALL, séminaire « Fictions de mondes possibles », université Toulouse Jean-Jaurès, cadrage 2015-2016)

Numéro en ligne: cliquez ici




Langue, récit, littérature dans l’éducation médicale, Danou Gérard

Deuxième édition revue et augmentée (2016)

Consacré à la formation personnelle du médecin, cet ouvrage parcourt des thèmes que tout clinicien affronte quotidiennement : expression de la douleur, représentations du corps, compréhension de la langue médicale, distance entre le médecin et son malade. La place de la langue, du récit et de la littérature dans le colloque singulier de la consultation est d’autant plus importante qu’elle a été habituellement négligée. 

La formation médicale exige en effet du médecin le contrôle de ses émotions et la mise entre parenthèses de son histoire personnelle. Cet oubli de soi qui paraît nécessaire pour agir froidement peut être iatrogène, perturbant l’écoute du patient. Cependant aucun médecin n’est assuré quand il tombe gravement malade de réussir, selon le mot de Georges Canguilhem, « à substituer ses connaissances à son angoisse ».

Les textes ici présentés et commentés – venant de Baudelaire, Flaubert, Céline, Michaux et d’autres – rappellent au médecin comment sentir et l’incitent à réfléchir à sa pratique. 

Il est conseillé de « désapprendre » la médecine telle qu’elle est enseignée généralement, non pour en négliger la dimension technique, bien au contraire, mais pour l’acquérir autrement. L’ouverture pluridisciplinaire des « humanités médicales » et le développement récent de la « médecine narrative » pourront sans doute œuvrer dans ce sens.

 

www.lambert-lucas.com/langue-recit-litterature-dans-l