Didier de Chousy, Ignis, 1883

  • Auteur/autrice de la publication :Sydney Lévy
  • Post category:Archives
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Ignis (Didier De Chousy, 1883 pour la première édition, rééd. Terre de Brume, coll. Terra Incognita n° 1, 2008; 298 p., 20 €).
Une «notule dominicale de culture domestique» empruntée à Philippe Didion:
«Vingt ans après Jules Verne, Didier De Chousy emmène son lecteur en voyage au centre de la Terre. Pour ce faire, il a imaginé une Compagnie Générale d’Eclairage et de Chauffage par le Feu central de la Terre chargée de creuser un puits immense afin d’aller chercher, au coeur du globe terrestre, la chaleur capable de fournir une nouvelle énergie inépuisable. Industria City, la ville qui sera construite autour du cratère, devra apparaître comme une véritable Arcadie. On trouve aux commandes de cette société les mêmes savants intrépides que chez Jules Verne et les aventures souterraines auxquelles ils se trouvent mêlés rappellent quelques épisodes du Voyage au centre de la Terre : accidents, découvertes, contretemps, etc. On a retenu Jules Verne, on a oublié De Chousy. Celui-ci, sans doute, ne se souciait guère de sa postérité puisqu’il avait choisi de faire paraître son livre de façon anonyme – ce qui ne l’empêcha pas d’être remarqué par Villiers de l’Isle-Adam et par Alfred Jarry. On ferait d’ailleurs fausse route en le considérant uniquement comme un Verne bis. Car il va beaucoup plus loin que son glorieux aîné : l’aventure ne lui suffit pas, la glorification de la science n’est pas son but. Au contraire, ses savants apparaissent rapidement comme des êtres dangereux pour leurs semblables et pour leur environnement, n’hésitant pas une seconde à envisager la destruction de la planète pour vérifier une hypothèse scientifique. Ils deviennent, au fil des pages, de véritables savants fous dont les dialogues hallucinés ne dépareraient pas certains épisodes des Shadoks. De Chousy se trouve un peu emprunté pour terminer son roman, résiste à la tentation d’une destruction totale et s’en sort avec la résurrection peu convaincante d’un Caïn soucieux de mettre fin à l’errance qu’il mène depuis le crime qu’il a commis. N’importe, la richesse de ce qui précède, la justesse des idées (critique de l’esclavagisme, du scientisme, de l’automatisation) et le brio avec lequel tout cela est mené suffisent amplement à justifier cette réédition inattendue.»
Philippe Didion
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