Table des matières

Actes du colloque international Projections : des organes hors du corps (13-14 octobre 2006)

Table des matières

Hugues Marchal et Anne Simon – Présentation 1

Le séminaire Organismes : écriture et représentation du corps interne au XXs. 7

1. Limites du sujet

Michel Collot – L’espace-corps 9

Michel Pierssens – Ectoplasmes et invisibles fluidiques 17

Magali Le Mens – L’œuvre comme sécrétion corporelle 36

2. Morcellement

Lorraine Duménil – Un corps en puissance d’explosion : Artaud, Bellmer49

Juliette Feyel – Le corps hétérogène de Georges Bataille 62

Béatrice Jongy – Les écorchées : Chloé Delaume et Filipa Melo 71

3. Scènes anatomiques

Julien Milly – L’intérieur exposé : Trouble everyday de Claire Denis 81

Sylvie Roques – Des organes hors du corps chez Valère Novarina 92

Julie Perrin – Les corporéités dispersives du champ chorégraphique 101

4. Matières

Anne Simon – Du cadavre plastiné au vivant normalisé 109

Moniques Richard – Projection du corps et fictions technologiques 125

Monique Manoha – De l’organe à l’ornement 137

5. Faire surface

Stéphane Dumas – Les peaux flottantes : l’écorchement créateur de Marsyas 153

Itzhak Goldberg – Sous la peau 161

Régine Detambel – Le chemin sous la peau 166

Remerciements 172

Table des matières 173

Achevé et mis en ligne en septembre 2008. Les auteurs sont seuls responsables et propriétaires de leurs textes.

ISSN 1913-536X ÉPISTÉMOCRITIQUE




Jules Verne et la vulgarisation scientifique



Vingt mille notes sous les textes
— Daniel Compère

Le document chez Jules Verne : valeur didactique ou facteur de configuration romanesque ?
— Philippe Scheinhardt

Technologies et société du futur : procédés et enjeux de l’anticipation dans l’œuvre de Jules Verne
— Julien Feydy

Les Voyages extraordinaires ou la chasse aux météores
— Christian Robin

Cartonnages et illustrations : de Jules Verne à Robida
— Sandrine Doré et Ségolène Le Men




Un territoire en partage. Littérature et sciences au XIXe siècle

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ISBN PDF : 979-10-97361-05-1

 




Réseaux médico-littéraires dans l’Entre-deux-guerres

Réseaux médico-littéraires dans l’Entre-deux-guerres

Revues, institutions, lieux, figures

Sous la direction de Julien Knebusch et Alexandre Wenger

 

Téléchargez le volume complet au format PDF : Réseaux médico-littéraires

ISBN numérique PDF : 979-10-97-361-07-5

 

Résumé :

Le dialogue entre médecins d’une part, poètes et écrivains de l’autre, s’avère particulièrement intense au lendemain de la Première Guerre mondiale. Il est favorisé par des initiatives institutionnelles telles que la création de la Commission internationale de coopération intellectuelle de la Société des Nations en 1922, relayé par une véritable efflorescence de revues spécialisées, et concrétisé par l’apparition de différentes associations d’écrivains-médecins.

Les articles réunis dans ce volume abordent ce dialogue à travers l’étude de personnalités significatives et de trajectoires singulières, avec un accent mis sur la France et l’Allemagne. Ils nous donnent accès à des réseaux médico-littéraires actifs et nous permettent de cerner les motivations parfois contradictoires des acteurs de ces rencontres interdisciplinaires entre les spécialistes du Verbe et ceux du soin.

Ces réseaux relient les académies savantes, les cercles internationaux et les avant-gardes littéraires, l’establishment et la bohème, l’entrepreneur pharmaceutique, le médecin militaire et le poète. Ils font apparaître un continent oublié, pourtant fréquenté par des poètes tels Valéry et Éluard, et arpenté par des médecins-littérateurs, à l’instar d’Henri Mondor ou de Georges Duhamel. 




ACTES DU COLLOQUE « LES ESPRITS ANIMAUX »

ACTES DU COLLOQUE « LES ESPRITS ANIMAUX »

XVIème–XXIème SIÈCLE : LITTERATURE, HISTOIRE, PHILOSOPHIE

Ouvrage publié à la suite du colloque « LES ESPRITS ANIMAUX »

Organisé par Sylvie Kleiman-Lafon et Micheline Louis-Courvoisier 4-6 février 2016, Fondation Hardt, Genève

 

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ISBN numérique PDF : 979-10-97361-09-9

 

     




Penser la ligne brisée

Études réunies par

Anne Chassagnol, Camille Joseph et Andrée-Anne Kekeh-Dika

 

ISBN numérique PDF : 979-10-97361-10-5

Table des matières et résumés

Introduction
Anne Chassagnol, Camille Joseph et Andrée-Anne Kekeh-Dika

Généalogie d’une figure : la singularité de la ligne brisée

1. Trois études de cas autour du motif de la ligne brisée dans les sciences mathématiques
Jenny Boucard et Christophe Eckes

Dans cet article, nous nous intéressons à trois corpus de textes mathématiques faisant intervenir des figures ou des représentations diagrammatiques autour de la ligne brisée. Nous déterminons par ce biais les fonctions qui peuvent être assignées à de telles représentations, tantôt dans l’économie des raisonnements, tantôt pour distinguer ou préciser certains concepts mathématiques fondamentaux – nous pensons en particulier à la continuité et à la dérivabilité –, tantôt pour résoudre des problèmes. Dans un premier temps, nous aborderons les exemples
très classiques des propositions I. 14 et I. 27 des Éléments d’Euclide. Dans un deuxième temps, nous montrerons à travers quelques exemples classiques, à savoir la courbe de Peano et la courbe de Koch, comment certaines lignes brisées, devenues génériques, permettent d’aboutir à des résultats contre-intuitifs. Dans un dernier temps, nous nous attarderons sur la polygraphie du cavalier, un problème de situation qui peut être résolu en s’appuyant sur le motif de la ligne brisée. Ce problème admet des ramifications dans les mathématiques récréatives, l’art ornemental, ainsi que la littérature. 

2. La ligne brisée dans les ouvrages d’ornement : diagramme, trace, fil, geste, énergie
Estelle Thibault

Cet article cherche à mieux comprendre le statut et les significations accordées à la ligne brisée dans un ensemble de recueils et traités d’ornement publiés dans la seconde moitié du XIXème siècle. Ces ouvrages rédigés par des artistes, architectes, techniciens, théoriciens ou pédagogues sont souvent très illustrés et décrivent les motifs en conjuguant des analyses géométriques, des commentaires sur leur valeur culturelle ou encore des observations sur leurs caractéristiques matérielles et techniques. Lignes brisées, zigzags, méandres, dents ou grecques sont tantôt
opposés à la ligne droite, tantôt à la ligne ondulée, et font l’objet d’interprétations assez diversifiées. Dans un premier temps, nous tenterons de comprendre ce que la ligne brisée représente dans les méthodes de composition ornementale : de simples diagrammes ou des éléments matériels concrets, traces, fils ou tiges, associés à différents gestes techniques. Dans un second temps, nous nous intéresserons aux valeurs culturelles qui sont associées à certains de ces motifs en fonction des traditions auxquelles ils appartiennent, des zigzags dits primitifs aux grecques classiques qui sont les plus élevées dans la hiérarchie esthétique. Dans un troisième temps, prolongeant l’enquête vers le début du XXème siècle –c’est-à-dire vers une période nettement moins favorable à l’ornement –, nous observerons les tonalités affectives dont ces lignes ont pu être investies, dès lors qu’elles sont envisagées comme des incarnations
de la vie : expression d’émotions, de forces, d’énergie et de mouvements.

In situ, ex situ / Hors la page

 

3. Lignes brisées, recollées et démontées en linguistique informatique
Pierre Zweigenbaum

La parole est linéaire : elle s’écoule dans le temps. Cette linéarité est en réalité brisée à de nombreux niveaux, par contingence (contraintes d’écriture) ou intrinsèquement (unités linguistiques). Elle est de plus une forme de transmission par un locuteur qui génère un énoncé, d’une pensée et d’un matériau linguistique qui sont a priori non-linéaires, que l’interlocuteur doit reconstituer lorsqu’il analyse l’énoncé à partir de cette forme linéaire intermédiaire.
La linguistique informatique, ou traitement automatique des langues, vise à modéliser informatiquement les phénomènes linguistiques et à automatiser le traitement d’énoncés langagiers par des ordinateurs : correction orthographique, traduction automatique, extraction d’information en sont des exemples. Elle doit, de ce fait, concevoir des algorithmes pour résoudre automatiquement de multiples problèmes de passage de lignes brisées à des lignes continues et inversement de segmentation de lignes continues en lignes brisées (ligne continue vs brisée) ou de reconstitution des structures non-linéaires sous-jacentes à la langue (ligne continue vs non-ligne).
Nous verrons, d’une part, comment l’informatique met en place de multiples niveaux de représentation d’un texte dont certains donnent la vision d’une ligne continue alors que d’autres en font une ligne brisée. Nous présenterons, d’autre part, la façon dont le traitement automatique des langues découpe la ligne d’un texte en segments selon les unités linguistiques qui le composent, et au-delà de ces segments cherche à recouvrer l’arbre ou le graphe des relations entre ces unités linguistiques.

4. Anatomy of a Broken Line: Why Zigzags Matter in Picturebooks
Anne Chassagnol

If numerous studies have been devoted to the use of geometry in picture-books, the role of lines in this medium has been overlooked in contemporary research. This article will particularly focus on zigzags and disconnected lines in children’s books. Far from being a graphic accident, they represent a key stage in early literacy. Using Maria Montessori and her concept of psycho geometry, I will show that broken lines help pre-schoolers identify the shapes of the alphabet, preparing them to form letters on the page. This article will also explore the narrative value of broken lines and the manner in which they function as visual metaphors that are indicative of a disruption in the plot. Drawing on Scott McCloud’s analysis in Understanding Comics. The Invisible Art, I will contend that the sudden interruption of a line signals a narrative change. Finally, this article will examine the interactive dimension of broken lines.

5. L’hétérogénéité graphique en bande dessinée
Côme Martin

Asterios Polyp de David Mazzucchelli, publié en 2009, se présente comme un roman graphique très conventionnel. Pourtant, de par son usage original de la couleur, par la représentation graphique de ses protagonistes et de la typographie, il se révèle après analyse un cas exemplaire d’application d’une hétérogénéité graphique au service d’un récit protéiforme et d’une caractérisation complexe du personnage éponyme. En détournant des codes qui semblent contraindre son média et en laissant au lecteur nombre d’espaces interprétatifs au lieu d’expliciter ses intentions, Mazzucchelli produit une œuvre maîtrisée en tous ses aspects et représentative de la bande dessinée d’auteur contemporaine.

Débordements, échappées : espaces entoilés

 

6. Toutes à la ligne : de Arundhati Roy à Chiharu Shiota, la grammaire du fil
Elsa Sacksick

Le roman de Arundhati Roy, The God of Small Things, est traversé de lignes brisées et se construit sur cette dynamique en convoquant la métaphore du fil. Qu’il s’agisse de la ligne narrative, syntagmatique ou des mots eux-mêmes, toutes les lignes sont systématiquement coupées, cisaillées mais aussi dans un double mouvement nouées ensemble autrement et ravaudées. Je me servirai en contrepoint du travail de Chiharu Shiota, artiste japonaise contemporaine, pour voir comment cette thématique de la ligne et du fil brisés emprunte les mêmes chemins sur le plan des arts plastiques. Si les deux femmes présentent systématiquement dans leurs oeuvres des lignes accidentées, elles les font en parallèle bouger, bifurquer, buissonner. Elles explorent ce qui est derrière les lignes : le rêve et le « reste » (au sens de Jean-Jacques Lecercle).

7. Lines of Identity: The Preference for the Broken Line in the Handloom Weaving of the Nagas of Northeast India
Marion Wettstein

This article discusses four hypotheses as answers to the following question: why do the design of the textiles of the Nagas in Northeast India exhibit a strong preference for the broken line?  Starting from the seemingly most self-evident hypothesis and proceeding to more speculative ones, this essay shows that the preference for the broken line is (hypothesis 1) an outcome of technical pre-settings, (hypothesis 2) a habit that leads to a distinctive taste, (hypothesis 3) a result of symbolic identity politics, and (hypothesis 4) a technique within ‘the art of not being governed.’

La ligne brisée : pratiques, gestes, paroles, installations

8. Parcours et paroles d’artiste : lignes brisées, lignes de reliance
Élodie Barthélemy

Élodie Barthélemy dans cet entretien retrace son parcours de plasticienne. Elle aborde dans ses œuvres la mémoire familiale, traite les questions sociales et politiques : la régularisation des sans-papiers, la guerre de Bosnie, historiques : l’héritage esclavagiste de la France, l’histoire d’Haïti et ses répercussions économiques et sociales actuelles. Son goût pour la ligne brisée se développe lors de collectes auprès du public d’empreintes génétiques intuitives en tissus rayés pour son Laboratoire d’art génétique. Elle apprécie les caractéristiques de la ligne brisée au sein de la trame structurelle du tissu : souplesse grâce aux vides et résistance aux tensions. La ligne brisée fait lien générant foisonnement et vie. L’artiste explique ensuite la démarche choisie pour son exposition Un lieu en liens en Martinique (2017) : confronter un dispositif de création à un environnement et l’éprouver pour qu’il puisse créer de la rencontre. Les lignes brisées deviennent alors, non des lignes de rupture, mais des points de contacts entre les participants à sa création. Elle décrit sa place d’actrice et d’artiste dans ce dispositif. La raison du choix des matériaux de prédilection : le fil, les sièges. L’importance de rendre hommage aux participants. La nécessité de relier les tableaux à l’espace d’exposition. Elle reconnait dans la ligne brisée pour l’avoir expérimentée dans son installation Capteurs un vecteur d’énergie. Elle explique en quoi sa sculpture Jalouzi repose sur la dynamique des lignes brisées générant déséquilibre et mouvement. Elle révèle au final l’axe directeur de cette exposition : l’hospitalité.

Les auteurs

 




Entre l’oeil et le monde. Dispositifs d’une nouvelle épistémologie visuelle dans les sciences de la nature (1740-1840)

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ISBN PDF : 979-10-97361-04-4

 




Table des matières

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 Montréal, 15-17 septembre 2010

Table des matières

5


Vues d’ensemble : un débat insoluble ?
19


21
43


Un genre partout établi ?
67


69
93
133
171
189


Un déclin inéluctable ?
211


225
233
259
295


Quels combats pour quelle fin de règne ?
309


311
325
339
379


Ruptures ou résurgences ?
397


399
413
423
441
455
467
487






Introduction

Téléchargez l'article au format PDF :réseaux_1.Introduction_Knebusch,Wenger




Sommaire

Télélarchargez le livre en format pdf:

Pages 1-70:

Pages 71-129:

Sommaire
Introduction
Laurence Talairach-Vielmas, Rafael Mandressi
Didier Foucault
Nathalie Rivere de Carles
Frédérique Fouassier
Laurence Dahan-Gaida
Gisèle Séginger
Gaïd GIRARD
Laurence Talairach-Vielmas
Hélène Machinal
Pierre C. Lile



Table des matières

ACTES DU COLLOQUE « LES ESPRITS ANIMAUX »

4-6 FÉVRIER 2016

FONDATION HARDT, GENÈVE

 

TABLE DES MATIÈRES 

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Introduction, Micheline Louis-Courvoisier et Sylvie Kleiman-Lafon

 

01. Christine Orobitg (Aix Marseille Université) : Les esprits animaux dans les traités médicaux de l’Espagne du XVIe et XVIIe siècle

02. Sabine Gruffat (Classes préparatoires, Paris) :La théorie des esprits animaux ou l’alchimie poétique de La Fontaine

03. Mathilde Vanackere (Université Versailles-Saint-Quentin) : Circulation des esprits animaux et écriture de l’affect dans quelques lettres de Mme de Sévigné

04. Martine Pécharman (CNRS-INSHS) : Henry More ou les esprits animaux au service de la pneumatologie.

05. Ionut Untea (Southeast University, Chine) : Hobbes, les esprits animaux et la science politique du corps en tant que mécanisme vivant.

06. Charles Wolfe (Université de Gand) : Material-cerebral plasticity, fluid ontology: the case of animal spirits.

07. Francesco Panese (Université de Lausanne) : Esprits animaux et plasticité cérébrale. Une lecture anachronique de Nicolas de Malebranche

08. Anne-Lise Rey (Université de Lille I) : Retour sur le pouvoir de l'imagination des femmes enceintes

09. Guillaume Garnier (Université de Poitiers, CRIHAM) : Le dérangement des esprits animaux dans les troubles du sommeil (insomnie et somnambulisme)

10. Guilhem Armand (Université de la Réunion) Des esprits animaux aux esprits élémentaires : physiologie et poétique chez Tiphaigne de La Roche.

11. Clara Carnicero de Castro (Université fédérale du Paraná, Brésil) : Des esprits animaux atomiques ? La notion de fluide corpusculaire aux XVIIe et XVIIIe siècles.

12. Marco Menin (Université de Turin) : Sade et les esprits animaux : matérialisme électrique et stoïcisme passionné

13. Guillemette Bolens (Université de Genève) : Les esprits animaux et la châtaigne de Phutatorius : kinésie et agentivité dans Tristram Shandyde Laurence Sterne.

14. Hugues Marchal (Université de Bâle) : Un passé présent ? Des esprits animaux chez deux poètes contemporains.

 

À PROPOS DES AUTEURS




Table des matières

Table des matières
 
Anne-Gaëlle Weber
5
   
Des belles lettres à la littérature
 
Claudine Nédelec
 
15
Nicolas Correard
 
28
Anne-Gaëlle Weber
 
47
Simona Gîrleanu
 
68
Sophie-Anne Leterrier
 
82
Stéphane Zékian
94
   
Définitions croisées
 
 
Hugues Marchal
 
112
Frédéric Brechenmacher
 
135
Ingrid Lacheny
 
162
Bertrand Marquer
178
   
Reconfigurations
 
 
Nicolas Wanlin
 
188
Jérôme David
 
203
Anne-Rachel Hermetet
 
210
Amelia Gamoneda Lanza
221
 
 
 
 
 
 
 



SOMMAIRE

Eighteenth-Century Archives of the Body

Conference Proceedings of the International Workshop Archives of the Body. Medieval to Early Modern, Cambridge University, 8-9 Sept. 2011

edited by Elena TADDIA


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SOMMAIRE

1. Introduction. The body as an archive
by Elena Taddia
2. The Eye of the Surgeon: Bodily Images from the Collection of the Royal Academy of Surgery of Paris, 1731–93
Jérôme Van Wijland


3. Devotion and Healing. The sick, miraculously cured, examined Body of Sister Maria Vittoria Centurione in Eighteenth-Century Genoa

Paolo Fontana

4. The ‘Polite’ Face: The Social Meanings Attached to Facial Appearance in Early Eighteenth-Century Didactic Journals
Kathryn Woods

5. Sexing the body. The case of Giacoma Foroni
Catriona Seth

6. An Archive of Sins: Experimenting with the Body and Building a Knowledge of the ‘Low’ in José Ignacio Eyzaguirre’s General Confession (1799-1804)
Martín Bowen Silva



Proses de l’inventeur. Ecrire et penser l’invention au XIXè siècle

 

Ce volume est issu d’une journée d’études de l’axe Prose des Savoirs du CERILAC-Paris 7, axe piloté par Paule Petitier et ayant eu lieu dans la bibliothèque du centre Jacques-Seebacher.

couvinvent-2

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ISBN PDF : 979-10-97361-02-0




Inscriptions littéraires de la Science

 

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ISBN PDF : 979-10-97361-03-7

 




Table des matières

 
Théâtre et Médecine
Table des matières
 
Florence Filippi
6
   
Julie de Faramond et Florence Filippi
9
   
Chapitre 1 : Malade et imaginaire
22
   
Patrick Dandrey
23
   
Pierre Baron
33
   
Patrick Berthier
53
   
Chapitre 2 : Vices et vertus thérapeutiques du théâtre
73
   
Cristina Marinho
74
   
Jean-Marie Pradier
86
   
Violaine Heyraud
104
 
   
Chapitre 3 : Pratiques thérapeutiques, pratiques théâtrales
117
   
Patricia Attigui
118
   
Solange Ayache
130
   
Pauline Picot
153
   
Jean-Charles Léon
173
   
Chapitre 4 : Le spectacle comme révélateur de symptômes
187
   
Julie de Faramond
188
   
Hugues Marchal
198
   
Artistes et praticiens
212
   
213
   
Maël Le Mée
 
226
246
   
251
   
255
   
262
 
 



Introduction

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Introduction

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Crédits et Table des matières

Introduction

Amelia Gamoneda et Víctor E. Bermúdez

LE LANGAGE ENRACINÉ DANS LE VIVANT

Sign and silence: Matters of language

Carlos López de Silanes de Miguel

De l’optique au mental. La poétique cognitive de Bernard Noël

Amelia Gamoneda

Prospecciones cognitivas de la percepción en la poesía de Lorand Gaspar

Víctor E. Bermúdez

Forme-mouvement, forme-temps : Théories de la morphogenèse chez Paul Valéry, Theodor Schwenk et Botho Strauss

Laurence Dahan-Gaida

Histoires du vivant ; savoirs du corps : Siri Hudsvedt, The shaking woman, Paul Auster, Chronique d’hiver et Pennac, Journal d’un corps 

Christine Baron

Motu cordis: la figura del corazón tardío 

Pedro Serra

 

SCIENCE ET LITTÉRATURE : LECTURES MUTUELLES ?

Structure et fonctions des théories scientifiques : Autour d’une théorie (scientifique) de la littérature

Manuel González de Ávila

Second person poetics for the age of mechanical reproduction

Fernando Broncano

Borges y la idea del multiverso

Juan Arana

Les comptes de Charles Perrault ou parallèle des fables anciennes et des mathématiques modernes

Francisco González

L’oeil de l’ethnographe

Fernanda Arêas Peixoto

Literature and Science. Convergence and divergence

Gustavo Ariel Schwartz

LES AUTEURS

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Panorama des revues médico-littéraires à l’Entre-deux- guerres

Téléchargez l'article au format PDF : réseaux_2.Diaz




Préface Éléments pour une histoire de la séparation des sciences et de la littérature




Introduction. Mécaniques du vivant

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Littérature et médecine. Voici deux champs disciplinaires dont le croisement ne devrait guère surprendre aujourd’hui. Depuis une trentaine d’années, l’étude des textes médicaux comme littérature et de la littérature comme dispositif de connaissance participant à la diffusion, voire à la constitution des savoirs médicaux, a donné lieu à de nombreux travaux, marquants pour certains d’entre eux[1]. Une revue trimestrielle, publiée par les éditions de l’Université Johns Hopkins, est spécifiquement consacrée à les accueillir : Literature and Medicine, dont la première livraison date de 1982. L’année précédente, l’historien George Sebastian Rousseau avait publié un « état des lieux » de la question dans Isis, l’une des plus anciennes revues internationales d’histoire des sciences[2]. En 1981, il y avait donc déjà matière à bilan. Il suffit, d’ailleurs, d’évoquer le nom de Jean Starobinski pour constater à quel point la puissance d’une œuvre a pu rendre fertile le terrain de rencontre du regard littéraire et de l’approche historienne à l’heure de cerner la pensée et le discours médicaux.
Le recueil d’articles qui suit s’inscrit dans cette perspective, en revenant sur les liens entre le savoir des médecins et la construction des représentations du corps humain, en particulier à travers l’anatomie, le rôle majeur qu’elle joua dans la constitution du corps en tant qu’objet théorique, son empreinte ailleurs que dans les seuls écrits savants, les débats qu’elle suscita dès l’avènement de la pratique des dissections de cadavres humains. Le terme « anatomie » vient mettre en image, depuis la première modernité, des opérations de connaissance ; le modèle anatomique fait l’objet d’appropriations diverses dans les domaines les plus variés auxquels l’histoire culturelle peut s’intéresser. Il fournit la métaphore privilégiée pour dire la saisie du monde, il donne lieu à de véritables « genres » éditoriaux, telles les « anatomies » – littéraires, philosophiques, politiques – que l’on publie outre-Manche entre la fin du XVIe siècle et le début du XVIIe avec une intensité sans précédent[3]. The Anatomy of Melancholy de Robert Burton (1577-1640) n’est, à cet égard, que la plus connue des expressions de ce phénomène[4].
En instaurant une image du corps humain ouvert, morcelé, dévoilé, le savoir anatomique irrigue, à l’époque moderne, les façons de voir et de comprendre le réel : la connaissance procède par fragmentation, les pratiques savantes et de l’imaginaire intègrent le geste de découpage – on anatomise le monde comme l’on découpe un corps pour mieux le comprendre, pour en percer les arcanes et les mettre au jour. Le discours anatomique circule dans l’ensemble du champ culturel, devient l’outil par excellence pour toute entreprise vouée à projeter sur la surface de l’intelligibilité les « vérités » dissimulées sous les dehors immédiatement visibles des choses. D’où le basculement de l’anatomie, dès la seconde moitié du XVIe siècle, vers un sens figuré qui ne cessera de s’amplifier tout au long des deux siècles suivants, voire au-delà. Du corps incisé par la lame du dissecteur s’échappe ainsi une substance anthropologique, culturelle, symbolique, qui ira imprégner, entre autres, la littérature et les arts à partir de la Renaissance ; les corps qui s’y dessinent, inévitablement serait-on tenté de dire, sont ceux sur lesquels les stratégies épistémologiques liées à la dissection ont stabilisé un regard spécifique : des corps segmentés, architecturés, secs, mécaniques.
C’est pour reprendre, prolonger et évaluer le dialogue entre ces champs du savoir et de la culture que les articles qui suivent ont été réunis. Issus de deux journées d’étude qui ont examiné les liens entre les développements historiques de la pensée médicale et la vision du corps humain entre le XVIIe et le XIXe siècles[5], les contributions proposent un voyage au pays du corps, un corps parfois malmené par la science anatomique, dépecé, excorié, ou encore un corps marqué par les stigmates de la maladie. Si la physiologie humorale perdure jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, comme le souligne Didier Foucault, qui étudie l’évolution des conceptions du système cérébronerveux de la physiologie ancienne aux Lumières pour expliquer les activités sensorimotrices, les articles montrent comment le corps humain s’inscrit de plus en plus dans une vision mécaniciste au fil des siècles. Sang, phlegme, bile jaune ou noire entrent en compétition avec de nouvelles images qui transforment le corps-chaudière en divers circuits et pompes, dont la théorie des animaux-machines de Descartes n’est qu’un avatar. La figure du corps mécanique redéfinit l’homme comme un assemblage de pièces amovibles. En outre, l’opacité relative des profondeurs du corps humain cède peu à peu sous le scalpel, une épaisseur est traversée et rendue visible jusqu’à l’ossature, faisant apparaître un nouvel objet, un nouveau corps réaménagé dans ses modes d’existence sociale et ses significations. Il fait irruption non seulement dans les traités d’anatomie mais aussi dans d’autres mises en récit : la scène littéraire participe activement à son inscription dans la trame plus vaste des représentations socialement partagées ; elle nourrit aussi, en retour la pensée médicale elle-même.
La manifestation scientifique qui a donné lieu à ce recueil d’articles a réuni médecins, philosophes, historiens de la médecine, chercheurs en littérature anglaise, allemande et française afin d’engager une réflexion épistémologique sur la diffusion et l’impact de disciplines et champs liés aux savoirs médicaux sur les représentations littéraires entre le XVIIe et le XIXe siècles. En suivant le passage des idées et des enjeux médicaux dans les constructions littéraires du corps humain, les articles illustrent le rôle du récit littéraire, la littérature apparaissant comme un témoin privilégié des cartographies mouvantes du corps, un indice des nouveaux modèles épistémologiques que le texte met constamment en scène à travers ses stratégies narratives et personnages. Ainsi, en retraçant les trajectoires des matériaux savants dans les œuvres littéraires, les articles soulignent les transformations d’un corps indivisible à un corps fragmenté, disséqué, simiesque ou même transparent.
Comme le met en exergue Nathalie Rivère de Carle, l’esthétique anatomique fait partie de l’imaginaire dès la Renaissance. La scène culturelle se voit marquée par une nouvelle vision de l’intériorité du corps humain. La culture de la Renaissance, « culture de la dissection », offre, en effet, une véritable « poétique de la dissection »[6]. Dans le théâtre de la Renaissance, le combat entre théologie, anatomie et théâtre place le corps, objet de curiosité, d’exploration, de connaissance et d’enseignement, au centre des débats. En partant du mythe de Marsyas, le premier écorché de l’histoire de la littérature, Rivère de Carles montre comment le théâtre anglais de la Renaissance exploite la mécanique de l’enveloppe externe du vivant dans son exploration d’une subjectivité entre norme et marginalité. Son article confronte anatomistes (Vésale, Valverde), peintres (Michel-Ange, David), poètes (Dante) et dramaturges (Shakespeare, Middleton, Preston), afin de mettre en lumière diverses représentations de l’expérience excoriative. Pour Frédérique Fouassier, en revanche, ce sont les nombreuses allusions et références à la syphilis dans les pièces de la Renaissance qui donnent au théâtre une valeur documentaire pour l’historien de la médecine, renseignant sur la connaissance de la maladie, mais utilisant également la syphilis de manière métaphorique, notamment pour dénoncer la corruption morale de leurs contemporains. C’est pourquoi, selon Fouassier, les pièces de Shakespeare et les comédies citadines fournissent une critique sociale bien plus complexe et problématique que la stigmatisation des pauvres et des vagabonds que l’on trouve dans certains traités médicaux, comme, par exemple, dans A Short and Profitable Treatise Touching the Cure of the Disease Called Morbus Gallicus by Unctions (1579) du barbier-chirurgien William Clowes. La vie urbaine, sa débauche et ses faux-semblants sont dénoncés, et la syphilis sert de révélateur de la corruption des classes pourtant identifiées comme respectables.
Laurence Dahan-Gaida nous emmène ensuite au cœur du XIXe siècle et se penche sur Georg Büchner (1813-1837). A la fois médecin et poète, Büchner est passionné par l’anatomie et la physiologie, notamment par celles du cerveau. Sa tragédie, Woyzeck (1837), porte un regard acéré sur la médecine de son temps. En croisant l’étude de ses écrits scientifiques et de son œuvre théâtrale, Dahan-Gaïda montre à quel point son écriture se révèle inséparable de ses conceptions médicales, scellant ainsi l’unité de la vie et de la connaissance. En accordant « la primauté au nerf », Büchner semble trouver ses principes dans la physiologie, comme d’autres avant lui dans la religion ou l’éthique, utilisant l’autopsie à la fois comme mode de représentation et comme image désenchantée de la condition humaine.
Gisèle Séginger s’interroge ensuite sur les rapports de Gérard de Nerval et Gustave Flaubertaux savoirs médicaux de l’époque sur le rêve et la folie. Son article illustre combien ces derniers nourrissent des œuvres littéraires comme Aurélia (1855), dans le cas de Nerval, ou La Tentation (1874-1903)et Salammbô (1862-1874), dans celui de Flaubert, qui les utilisent pour donner une vraisemblance à leurs représentations, sans pour autant adhérer à l’idéologie positiviste. Si les hallucinations et les savoirs médicaux sur le rêve et la folie alimentent les fictions de Nerval et Flaubert, Gaïd Girard nous propose, pour sa part, une étude sur le mesmérisme, qui connut un succès fulgurant en Europe au XIXe siècle et particulièrement en Grande-Bretagne et en Irlande, dans les années 1830 à 1860. Phénomène à la fois médical et culturel, le mesmérisme met en question le lien entre corps et psychisme humain. En examinant des articles publiés dans le Dublin University Magazine entre 1840 et 1850, Girard s’attache à montrer combien le rapport mesmérique implique un rapport de force inégal non seulement du point de vue psychique mais aussi du point de vue des positions sociales et culturelles dans lesquels les corps se trouvent emprisonnés.
Tout au long du XIXe siècle, les clins d’œil à l’anatomie dans les œuvres littéraires marchent souvent de pair avec les recherches de savants fous en physiologie. L’article suivant, de Laurence Talairach-Vielmas, examine le cas du roman à sensation, littérature populaire de l’Angleterre victorienne qui naît dans les années 1860, et qui se nourrit des peurs liées au médical. Dans Armadale (1866), de Wilkie Collins, pathologies et thérapeutiques foisonnent, l’intrigue mêlant professionnels de la médecine et charlatans, et les spécimens exposés dans les bocaux dans les cabinets médicaux sont autant d’allusions à la recherche en physiologie, qui expérimente à outrance sur le corps (humain ou animal) et le dissèque à souhait. Mais le roman s’amuse aussi à déjouer le médical, utilisant tout particulièrement des clins d’œil à l’anatomo-pathologie et à la dissection pour mettre en lumière les limites du regard médical et sa définition de l’humain.
Enfin, les deux derniers articles nous mènent au tournant du XIXe siècle, à une époque où se développent des questionnements épistémologiques autour du corps, comme l’explique Hélène Machinal, tandis que les sciences remettent en question une iconographie validée par des siècles de croyance religieuse, ou que la découverte des rayons X par le physicien allemand Wilhem Conrad Röntgen en 1895 réactive le mythe de l’invisibilité, comme le montre Pierre Lile dans son étude du roman de Jules Verne, Le Secret de Wilhem Storitz, qui s’inspire de la découverte de Röntgen. Ce dernier article, qui revient sur l’histoire de l’image du corps transparent, n’est pas sans évoquer des prolongements possibles dans un questionnement plus contemporain sur l’imagerie médicale.


[1] On citera, à titre d’exemple et par ordre chronologique, Anne C. Vila, Enlightenment and Pathology. Sensibility in the Literature and Medicine of Eighteenth-Century France, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 1998 ; Alfrieda et Jackie Pigeaud (dir.), Les Textes médicaux latins comme littérature, Nantes, Presses Université de Nantes, 2000 ; Juan Rigoli, Lire le délire. Aliénisme, rhétorique et littérature en France au XIXe siècle, Paris, Fayard, 2001 ; Wolfgang Bongers et Tanja Olbrich (dir.), Literatura, cultura, enfermedad, Paidós, 2006 ; Andrea Carlino, et Alexandre Wenger (dir.), Littérature et médecine. Approches et perspectives (XVIe-XIXe siècles), Genève, Droz, 2007.

[2] George S. Rousseau, « Literature and Medicine: The State of the Field », Isis, 72, 1981, p. 406-424.

[3] Voir Devon L. Hodges, Renaissance Fictions of Anatomy, Amherst (Massachussets), University of Massachussets Press, 1985.

[4] Robert Burton, The Anatomy of Melancholy, what it is. With all the kindes, causes, symptomes, prognostickes, and severall cures of it. In three maine partitions… Philosophically, medicinally, historically, opened and cut up. By Democritus Junior, Oxford, Henry Cripps, 1621.

[5] « Mécaniques du Vivant : Savoir médical et représentations du corps humain XVIIe–XIXe siècle », Journées d’étude EXPLORA (CAS – EA 801/Muséum d’Histoire Naturelle de Toulouse), organisées dans le cadre du projet inter-MSH « Savoirs littéraires, savoirs scientifiques », 5-6 décembre 2011, Muséum d’Histoire Naturelle de Toulouse/Musée d’Histoire de la Médecine de Toulouse.

[6] L’expression appartient à Jonathan Sawday, The Body Emblazoned: Dissection and the Human Body in Renaissance Culture, London and New York, Routledge [1995] 1996, p. 44. Traduction des auteurs.




Introduction

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introduction




Avant-propos

 
Si l’univers de la médecine fait souvent intrusion dans l’espace scénique, et s’il peut apparaître comme un thème privilégié du répertoire classique et contemporain, on oublie trop souvent que l’univers théâtral constitue une référence majeure du milieu médical. Le théâtre y surgit partout, depuis le lieu même où se transmettent les secrets de la médecine, jusque dans la théâtralité des pratiques, et la mise en scène du dialogue entre le patient et son thérapeute. Il suffit, pour s’en convaincre, d’entrer dans le bâtiment principal de l’ancien Collège Royal de Chirurgie, rue de l’école de Médecine à Paris. Après avoir croisé les bustes de Lavoisier, Corvisart et Bouillaud, et la longue série de figures de médecins qui ornent le hall d’entrée, le visiteur est invité à gravir les marches de l’escalier d’honneur pour découvrir une toile monumentale d’André Brouillet, « L’Ambulance de la Comédie-Française » (1891). Ce tableau saisit sur le vif un épisode du siège de 1870, témoignant de l’occupation du théâtre pendant le Siège de Paris, où le foyer fut transformé en lieu d’accueil et de soin des blessés. Par un jeu de mise en abyme, la galerie des bustes de la faculté de médecine est aujourd’hui dominée par ce tableau représentant la tout aussi célèbre galerie des bustes de la Comédie-Française.
 
C’est bien une scène dramatique qui se joue sur cette toile[1], comme en témoigne la posture du soldat blessé au premier plan, tordu par la douleur, tandis qu’un médecin (le professeur Alfred Richet) tente de panser ses blessures. Une infirmière bénévole, portant le brassard à croix rouge de circonstance, s’empresse également au chevet de la victime, et le soutient le temps de l’intervention sous le regard d’une religieuse. Peut-être s’agit-il d’une sociétaire du Théâtre-Français, engagée pour l’occasion comme nombre de ses camarades. Au second plan de la composition, dans la partie gauche du tableau, on aperçoit la galerie des bustes de la Comédie-Française, dont la perspective est percée dans la continuité du foyer. La même scène semble s’y reproduire : d’autres malades sont disposés sur des lits, entourés de médecins et d’infirmières, sous l’œil tutélaire et protecteur des dramaturges de marbre. Toujours au second plan, dans la partie droite du tableau, domine une ombre blanche qui se reflète dans l’immense miroir du foyer : il s’agit de la célèbre statue de Voltaire par Houdon, dont le sourire ironique semble imperturbablement figé devant ce théâtre des opérations.
 
Ce tableau nous rappelle que, le 10 septembre 1870, lorsque l’état de siège entraîne la publication d’une ordonnance de fermeture des théâtres, beaucoup d’entre eux se transforment en ambulance pour accueillir les blessés. A l’occasion de cette métamorphose de l’édifice théâtral en espace de soin, ce sont aussi les acteurs et les actrices qui changent de fonction. Comme le rapporte Edouard Thierry[2], administrateur de la Comédie-Française en 1870, certaines comédiennes de la troupe prennent immédiatement le parti de s’engager comme infirmières volontaires le temps du siège[3], endossant ce nouveau rôle que l’actualité leur distribue. Dans son Tableau de siège, Théophile Gautier s’amuse de ces circonstances exceptionnelles, favorisant la cohabitation inédite des religieuses et des actrices au sein du théâtre :
 
En passant par le couloir qui mène de la salle à la scène, nous rencontrâmes deux religieuses, deux sœurs hospitalières, dont l’une demandait à l’autre : « Où donc est la sœur Sainte-Madeleine ? » – « Au Théâtre du Palais-Royal, » répondit la sœur interrogée, du ton le plus naturel du monde[4].
 
L’occupation du théâtre par les blessés brise la mythologie d’un théâtre entièrement dédié au plaisir et à l’illusion, et la présence menaçante de la mort et du corps souffrant autorise soudain le dialogue entre deux univers habituellement cloisonnés, le théâtre et la médecine, si bien qu’une religieuse peut aller jusqu’à évoquer le Théâtre du Palais Royal comme un lieu qu’elle a désormais l’habitude de fréquenter. La présence du dispositif médical au sein du bâtiment théâtral annule en quelque sorte la légèreté et la frivolité supposées de son public, tout comme le médecin, par sa présence au foyer, en annihile le caractère divertissant et mondain : le clinicien incarne ici un principe de surveillance face aux dérives possibles de l’art théâtral, si bien que sa seule autorité clinique a le pouvoir de transformer les actrices en infirmière. On ne peut manquer de penser ici au tableau de la médecine dressé par Michel Foucault dans son Histoire de la sexualité[5], qui montre le pouvoir de fascination exercé par le milieu médical et ses représentants, pouvoir qui se manifeste notamment par une rationalisation, une orientation et une surveillance prétendument prophylactique des pratiques et des mœurs. Ce que Foucault nomme le « biopouvoir » peut s’exercer jusque dans l’enceinte du théâtre, annihilant la performance des interprètes pour les transformer en purs praticiens, en thérapeutes. Si les médecins peuvent détourner les actrices de leur pratique initiale pour les transformer en infirmières, que penser alors de cette influence de la médecine sur le théâtre ? Quels sont les dispositifs qui ont pu être déployés par le théâtre pour vaincre ce « biopouvoir » et endiguer la tentative de rationalisation du spectacle vivant par le discours médical ?
 
Le théâtre, en effet, exerce aussi son emprise sur le milieu médical, influençant l’espace clinique dans son goût de la mise en scène et dans le choix d’emplois strictement hiérarchisés. Dans le tableau d’André Brouillet, on voit que la répartition des blessés dans l’enceinte de l’espace théâtral dépend d’une scénographie socialement structurée. Seuls les officiers peuvent disposer d’un lit dans la galerie des bustes de la Comédie-Française, alors que le foyer accueille le tout venant. Le fait d’être hospitalisé sous les statues de marbre des illustres dramaturges est un privilège réservé aux gradés. Si la présence des médecins donne sa dignité au théâtre et le transforme en espace clinique, les auteurs de marbre semblent constitués en icônes laïques, en figures sacrées dont la proximité est réservée aux blessés les plus distingués par l’ordre militaire. Il semble que les fantômes de théâtre ordonnent une répartition de l’espace clinique et règlent une distribution des rôles, avec des places réservées aux élus et d’autres au plus anonymes. Le théâtre ordonne aussi l’espace des soins, et loin de s’en faire le simple reflet, devient le prescripteur d’une distribution des blessés et des malades, cantonnés à des emplois strictement défini et des scènes cloisonnées. Comment ces deux espaces strictement hiérarchisés, celui de la clinique et celui du théâtre, ont-ils évolué depuis lors, jusqu’aux formes contemporaines où les technologies envahissent le plateau pour l’autopsier comme un corps malade ? Ce sont les modalités de ce dialogue renouvelé entre pratiques scéniques et pratiques hospitalières que nous proposons d’examiner ici.
 
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[1] « Une leçon clinique à la Salpêtrière », autre tableau d’André Brouillet (Musée d’Histoire de la Médecine, 1887), instaure aussi un dialogue, par l’intermédiaire du support pictural, entre la scène et le « bloc opératoire ». La célèbre patiente Blanche Wittman manifeste les symptômes de l’hystérie.
[2] Edouard Thierry, La Comédie-Française pendant les deux sièges (1870-1871), Journal de l’Administrateur général, Paris, Tresse et Stock, Libraires-Editeurs, Palais-Royal, 1887.
[3] Les sociétaires semblent même refuser le concours de bénévoles extérieures pour assister les médecins : « Une jeune femme est venue se proposer comme infirmière, mais les dames du Théâtre se sentent capables de suffire à leur tâche sans le concours d’aucune personne étrangère », in Edouard Thierry, La Comédie-Française pendant les deux sièges (1870-1871), Journal de l’Administrateur général, Paris, Tresse et Stock, 1887, p. 66.
[4] Théophile Gautier, Tableaux de siège, Paris 1870-1871, Paris, Charpentier, 1871.
[5] Michel Foucault, Histoire de la sexualité, t. I, La volonté de savoir, Gallimard, coll. TEL, 1976.
 
 



Introduction. Archives of the Body. ‘The body as an archive’

Le sternum brûle la plèvre
La plèvre, contractée, étouffe les poumons.
L’air pleut en escarbilles sur l’estomac.
Un acide coule le long des vertèbres et dévore les racines du ventre. Tout devient blanc. Les os entassent
leur rocaille. Le regard se casse, d’un ébouillis à l’autre,
puis rampe.
En haut, dans la sinistre solitude du crâne, l’œil pend.

Bernard Noël, Extraits du corps, 1958



In recent decades, following the leading work of Roy Porter, and his key assumptions that human bodies are the main signifiers of all political, medical and religious meanings, many scholars have paid growing attention to the body in terms of medical culture, power, politics, art, religion, literature, anatomy and history, right up to the most recent studies on ethical and gender issues. In addition, recent spectacular artists' installations and performances on the body (by among others Gunther Von Hagens, Christian Boltanski and Peter Greenway) keep the questioning around the body deeply rooted in our society.
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Sommaire, liste des abréviations

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Introduction

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Le discours sur les esprits animaux dans les traités médicaux de l’Espagne du XVIème et XVIIème siècle : entre savoir et imaginaire, ou vers une poétique du discours médical

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Fractures et jointures entre bonnes et belles lettres au XVIIe siècle

Le XVIIe siècle a vu croître la dissociation, à la fois théorique et pratique, dans l’expérience individuelle comme dans les institutions culturelles, entre ce qui relève du savoir savant et ce qui relève de l’esthétique, les Sciences (au sens large, y compris la science critique des textes, la philologie) et les Arts : d’un côté des sciences qui, mettant en doute la « littérature » au sens de la chose écrite, s’appuient de plus en plus sur le raisonnement critique, l’observation et l’expérience, la lecture des sources premières, à la recherche du vrai et des idées claires et distinctes ; de l’autre une littérature (au sens moderne cette fois) de plus en plus nettement définie comme fiction ornée, devant passer par le plaisir pour instruire, et vouée au vraisemblable. Si l’on adopte le vocabulaire de Charles Sorel, dans sa Bibliothèque française (1664-1667) , on assiste alors à la séparation entre les bonnes lettres, lieu de la « doctrine » (c’est-à-dire des savoirs), et les belles lettres, lieu de l’agrément.
L’histoire des institutions le confirme. La création en 1635 de l’Académie française, à qui l’on donne pour charge de produire un dictionnaire, une grammaire et une poétique, manifeste la volonté politique de soutenir avant tout « ceux qui écrivent bien en notre langue » par rapport aux préoccupations encyclopédiques, tout autant scientifiques que littéraires, voire davantage, des cercles d’érudits, notamment celui des frères Dupuy dont l’Académie est issue. Cela peut-être parce que les sciences du début du siècle sont le lieu d’âpres débats, entre les observateurs et les partisans des avancées épistémologiques modernes et le parti religieux, appuyé sur et par les aristotéliciens purs et durs, débats dans lesquels le politique n’a guère à profiter. Au contraire, il apparaît urgent à Richelieu de renforcer l’imposition d’une langue française normée à l’ensemble du territoire et de soutenir la création littéraire, instrument de propagande et source de prestige international : comme le dit Alain Viala, le choix de l’État alla d’abord davantage vers la « promotion des arts verbaux » (les belles lettres, ce qu’il appelle les Sirènes) que vers la doctrine et érudition (les bonnes lettres, les Muses à l’antique) . Si, après la mort des frères Dupuy, le « Cabinet Dupuy », et bien d’autres savants, continuent (avec prudence dans certains domaines) leurs efforts pour la connaissance de la nature et l’exploration de la diversité de ses phénomènes, il faudra attendre 1666 pour que Colbert crée l’Académie des Sciences, qui est vouée à s’occuper « à cinq choses principales : aux mathématiques, à l’astronomie, à la botanique ou science des plantes, à l’anatomie et à la chymie » , sous l’égide d’un cartésianisme qui convainc de plus en plus de savants, manifestant ainsi clairement, en tout cas dans l’ordre des institutions d’État, comme des institutions culturelles (le Mercure galant, fondé en 1672, fait pendant au Journal des Savants, fondé en 1665) la dissociation des sciences et des lettres.

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La poésie scientifique : autopsie d’un genre

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