En 2017, l’équipe des Cahiers internationaux de symbolisme se propose de publier un volume consacré aux liens entre « Littératures et sciences ».
Fin 2016, se déroulait à l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, une journée d’études intitulée : « Littérature et sciences : tangentes, parallèles, sécantes et intégrales ». Nos collègues Martine Renouprez (Université de Cadiz) et Bi Kacou Parfait Diandué (Université Félix Houphouët-Boigny, Cocody), en collaboration avec les équipes des Cahiers du GRATHEL (Groupe de recherche en analyses et théories littéraires) et de Nodus sciendi, ont organisé cet événement avec l’intention initiale de montrer la corrélation entre géométrie et littérature, et plus largement, sciences et littératures.
Au sein du littéraire, la métrique dans la poésie et la poétique de la métrique sont des déclinaisons rythmiques de la littérature, dont la projection dans la musique ouvre un nouveau paysage à l’imaginaire. La poésie et la physique sont imbibées de corrélations et de symboles, même si elles jouent sur des registres appelant des codifications radicalement étrangères l’une à l’autre. Mais peut-être les poètes ont-ils commencé à tordre le temps, à le traiter en mille-feuille recombinable à l’envi avant même que la relativité ne se permette de détruire l’absolutisme du temps linéaire et homogène de nos pendules…
Dans quelle mesure ce mélange des genres, artistique et scientifique, est-il un fertilisant de l’esprit, un incitant à la création ? Quels sont les exemples en montrant le bien-fondé ?
D’un côté, certains artistes, fascinés par l’avancée des sciences s’en sont inspirés dans leur démarche, soit que celle-ci les ait accompagnés dans le processus de création (p. ex., Christopher Nolan), soit pour justifier a posteriori une œuvre en opérant des rapprochements avec les idées scientifiques qui baignent leur époque.
D’un autre côté, des scientifiques ont été fascinés par la démarche artistique ; certains l’ont étudiée en épistémologue pour mesurer les interférences entre science et imaginaire (p.ex., Gaston Bachelard), d’autres en sociologue de la création artistique, de la production et de la perception de l’art (p.ex., Pierre Bourdieu) ; d’autres encore pour évaluer les coïncidences possibles entre les deux démarches, l’une perçue traditionnellement comme objective et l’autre comme subjective (p.ex., René Thom) ; d’autres enfin ont choisi de s’investir entièrement dans l’aventure de la création artistique et littéraire, produisant des œuvres où l’on peut trouver des traces de l’esprit scientifique à la base de leur formation (p.ex., Paul Nougé).
Existe-t-il un territoire où une grande unification mixerait règles de l’art et règles de la science, dans une inspiration que pourrait revendiquer un certain post-modernisme de bon (ou de mauvais) aloi ? La« beauté du geste » qui organise leur union ou qui les considère comme réunis est irréfutable, et ce geste sort sans conteste des sentiers battus par le monde académique. Au prix, le cas échéant, d’un risque que tous n’appréhenderont pas à l’identique, celui d’une répudiation plus ou moins revendiquée de rationalité : chape de plomb bridant la création versus pierre de touche de l’élaboration scientifique, on imagine aisément les affrontements sous-jacents.
D’un côté, certains artistes, fascinés par l’avancée des sciences s’en sont inspirés dans leur démarche, soit que celle-ci les ait accompagnés dans le processus de création (p. ex., Christopher Nolan), soit pour justifier a posteriori une œuvre en opérant des rapprochements avec les idées scientifiques qui baignent leur époque.
D’un autre côté, des scientifiques ont été fascinés par la démarche artistique ; certains l’ont étudiée en épistémologue pour mesurer les interférences entre science et imaginaire (p.ex., Gaston Bachelard), d’autres en sociologue de la création artistique, de la production et de la perception de l’art (p.ex., Pierre Bourdieu) ; d’autres encore pour évaluer les coïncidences possibles entre les deux démarches, l’une perçue traditionnellement comme objective et l’autre comme subjective (p.ex., René Thom) ; d’autres enfin ont choisi de s’investir entièrement dans l’aventure de la création artistique et littéraire, produisant des œuvres où l’on peut trouver des traces de l’esprit scientifique à la base de leur formation (p.ex., Paul Nougé).
Suggestions :
– La littérature du vide et le vide dans la littérature
– La géométrie de l’espace dans la littérature
– L’influence de la formation scientifique du créateur dans l’œuvre littéraire ou artistique
– Le regard des écrivains et des artistes contemporains sur les avancées scientifiques et leur intégration dans leur démarche
– Ces artistes qui sont aussi scientifiques / ces scientifiques qui sont aussi artistes
– Littérature et géographie / mathématique / physique / chimie / neuroscience, etc.
– Littérature et connaissance / interprétation en sciences sociales
– Les relations – amitié, correspondance, interaction – entre artistes et scientifiques
– Quand les artistes étaient des scientifiques (Da Vinci, Pascal, Diderot…)
Nous sommes déjà en train de récolter les articles issus des communications des chercheurs présents à Abidjan mais l’appel reste ouvert à toute contribution originale sur ce thème fécond.
La rédaction des Cahiers internationaux de symbolisme souhaite recevoir rapidement (avant le 1er mars 2017) une petite note d’intention avec un titre provisoire et un bref résumé de l’article qui, lui, devrait être envoyé au plus tard le 30 juin 2017 à catherine.gravet@umons.ac.be et/ou pierre.gillis@umons.ac.be et/ou serge deruette@umons.ac.be.
Ces délais sont importants pour l’organisation de la lecture de vos textes par le comité.
Merci ! Nous vous souhaitons de travailler dans la joie !
Pierre Gillis, Catherine Gravet, Serge Deruette pour le Ciéphum (Université de Mons) Bi Kacou Parfait Diandué et Martine Renouprez, initiateur.trice du projet
Pierre-Louis Patoine est maître de conférence en littérature américaine à la Sorbonne Nouvelle, où il codirige le groupe Science/Littérature (litorg.hypotheses.org). Co-rédacteur-en-chef de la revue Épistemocritique, il a publié Corps/texte. Pour une théorie de la lecture empathique (ENS Éditions 2015), et codirigé des ouvrages sur David Foster Wallace (Sussex AP 2017) et Ursula K. Le Guin (Palgrave 2021). Ses travaux explorent les enjeux esthétiques et écologiques des états de conscience modifiés (immersion, empathie) et des échelles du vivant (viralité, planétarité, accélération) dans la littérature (Burroughs, Ballard, Le Guin, KS Robinson) et le jeu vidéo.