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Introduction

Dans son numéro de février 1931, la revue française Art et médecine reproduit en pleine page une photographie prise à l’occasion de l’un des « dîners d’Art et médecine »1. On y reconnaît les poètes Paul Valéry et Luc Durtain entourés de médecins, au rang desquels figure le Dr François Debat, directeur des prospères laboratoires dermatologiques qui portent son nom, propriétaire de la revue et financeur des dîners en question. Art et médecine est elle-même une revue luxueuse, richement illustrée, proposant des commentaires d’œuvres littéraires et des reportages artistiques aussi bien que des éloges médicaux. Outre celle des médecins, elle s’adjoint la participation régulière d’écrivains reconnus tels que Jean Cocteau, Pierre Mac Orlan, François Mauriac, Jules Romain, Maurice Maeterlinck, Paul Morand, ou encore de personnalités comme Georges Duhamel et Henri Mondor, qui ont un pied dans le monde médical et l’autre dans celui des lettres. Une telle photographie constitue une archive intéressante car elle montre le caractère artificiel de la séparation entre les lettres et les sciences. Elle soulève des questions qui sont autant de portes d’entrée novatrices et inédites dans l’histoire des liens entre médecine et littérature : quel idéal commun motive la rencontre des personnalités qui figurent sur cette photographie ? Pourquoi se laissent-elles représenter côte à côte ? Quelle place une revue telle qu’Art et médecine occupe-t- elle dans les paysages médical et littéraire du début des années 1930 ?

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Panorama des revues médico-littéraires à l’Entre-deux- guerres

Entre les années 1920 et 1930 surgissent de nombreuses revues à vocation littéraire, voire poétique, éditées par les médecins pour les médecins, qui se retrouvent ainsi mis en réseau. Cet article propose de passer en revue les principales publications médico-littéraires de l’Entre-deux-Guerres, et de s’interroger sur le rapport que ces évadés de la médecine entretiennent avec leur pratique scripturaire. Comment les médecins intègrent-ils l’écriture, ce « violon d’Ingres », dans leur ethos scientifique? Quelle esthétique défendent-ils dans des productions voulant témoigner du mariage entre l’art et la médecine, alors même que les avant-gardes littéraires et la technicité accrue de la science semblent signer leur divorce ? mots-clés : revues médico-littéraires, Entre-deux-guerres, figure du poète-médecin, liens entre poésie et médecine, réseaux.

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L’Élaboration d’une figure du poète-médecin dans La Chronique médicale (1919-1940)

Fondée en 1894 par Augustin Cabanès, médecin, journaliste et historien de la médecine, La Chronique médicale s’affirme comme une revue historique et littéraire autant que médicale. La période de l’Entre-deux-guerres voit la revue survivre à la mort de son fondateur (en 1928) et poursuivre de manière très dynamique jusqu’en 1938 un projet encyclopédique touchant tous les aspects du monde médical et bénéficiant de l’implication d’un lectorat élargi à toute la France. La création poétique, qu’elle soit passée ou contemporaine, occupe une place important dans cette période, avec l’appui notamment de la très active Société des Médecins littérateurs. La construction collective d’une anthologie des médecins- poètes par un corps médical militant et soucieux de sa propre image éclaire sa conception de la poésie. mots-clés: réseaux, revues médico-littéraires, médecine, poésie, Augustin Cabanès, histoire de la médecine, Entre-deux-guerres, anthologie.

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Le dialogue entre médecine et littérature dans la Neue Rundschau, 1918-1939. (Benn, Döblin, Koelsch, Schleich)

La Neue Rundschau est une revue culturelle de premier ordre dans l’Allemagne de l’Entre-deux-guerres où des médecins et des écrivains-médecins ont publié des essais qui mettent en œuvre un dialogue entre littérature et médecine, reflétant ainsi non seulement le caractère discursif de la médecine, mais aussi les interrogations d’une société en crise. Dans les essais médico-littéraires de la période étudiée, l’examen récurrent du « Moi », comme sujet rationnel et libre, corps et être social, sert de prisme à un questionnement sur la pérennité des valeurs attachées à un humanisme profondément meurtri à l’issue de la Première Guerre Mondiale. À travers une synthèse de ces écrits, nous tâcherons de mettre en lumière les continuités et les ruptures dans ces dialogues, en nous montrant attentifs aux imbrications troubles entre démarches esthétiques et épistémologiques. mots-clefs : revue, médecine, essai, discours, « Moi », humanisme, Entre-deux- guerres.

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L’Ère sanatoriale vue par Thomas Mann ou la médecine comme Weltanschauung

Cet article contribue à l’analyse des réseaux médico-littéraires en Allemagne dans la première moitié du XXe siècle, en interrogeant la mise en récit du sanatorium dans La Montagne magique (1924). Cette étude est issue de l’analyse des rapports entre l’écrivain et des médecins et s’appuie principalement sur la correspondance de Thomas Mann (1909-1927) et sur les informations consignées dans son journal (1920-1921). L’écrivain dresse un portrait impitoyable du milieu sanatorial, lui valant des critiques acerbes. Il profite de l’occasion pour revendiquer les droits à la parole d’un littérateur dans une revue médicale. Sa conviction profonde que les visées de la médecine et celles de l’écrivain ne diffèrent guère l’incite à dialoguer avec les docteurs Liefmann, Hanhart et Schnitzler, parmi d’autres. Mann s’intéresse aux pratiques des docteurs Bircher-Benner et Groddeck, qui transforment sa conception de la maladie, où la réflexion et le langage contribuent au processus de guérison. mots-clés : sanatorium, tuberculose, Thomas Mann, Ernst Hanhart, Emil Liefmann, Arthur Schnitzler, Georg Groddeck, Maximilian Bircher-Benner.

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Humanisme du document et réseaux médico-littéraires, la marque d’Henri Mondor

Le 20 janvier 1939, Henri Mondor inaugure la chaire de pathologie médicale de la Faculté de médecine de Paris par un discours intitulé « les hommes de qualité » qui associe poètes et médecins. Après la guerre, il devient une figure majeure des échanges médico-littéraires (ce que montre à l’envi sa très importante correspondance avec les plus grands écrivains et savants de son temps). Il met à profit l’incontestable autorité que lui confèrent sa charge de directeur de collection chez Masson et Gallimard, son activisme dans la presse depuis les années trente, ses nombreuses publications, sa présence à de nombreuses académies, et comme président du jury du Prix des médecins - écrivains, pour promouvoir sans relâche cette figure de l’homme avec qualités qu’est à ses yeux l’humaniste alliant compétences scientifiques et poétiques, tout en plaçant le document au cœur de sa recherche. C’est autour du document à questionner qu’il crée ses réseaux et favorise le dialogue des disciplines. On parlera alors d’humanisme du document. mots-clés : Mondor, presse, médecine, littérature, réseaux, discours.

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René-Albert Gutmann (1885-1981), un médecin dans le siècle

René-Albert Gutmann, spécialiste gastro-entérologue de renommée mondiale, dont l’activité médicale s’est déployée de 1910 à 1978, se révèle aussi un grand lettré, amoureux de la littérature classique et moderne, passionné par les échanges entre les cultures et les disciplines, à la fois historien et critique littéraire, traducteur et écrivain, poète, romancier et essayiste. Bien que très actif dans les milieux médicaux et littéraires de son temps, il se distingue des sociétés de médecins- littérateurs de la première moitié du siècle par son cosmopolitisme, son indépendance d’esprit et ses recherches personnelles. mots-clés : René-Albert Gutmann, médecine, recherche, littérature, poésie, essai, histoire, humour, échanges médico-littéraires, cosmopolitisme, Paul Morand, Ana de Noailles.

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Poésie, amour et liberté. À propos d’une lettre de Henri Mondor à Paul Éluard

À partir d’une brève lettre adressée par Henri Mondor à Paul Éluard, en pleine guerre, à des moments charnière de leurs vies et carrières respectives, l’auteur cherche à mettre en évidence les connexions existant entre des hommes que tout oppose en apparence, au premier chef leurs opinions politiques, mais que rapprochent l’amour de la poésie, la bibliophilie, le goût de la séduction et, par-dessus tout, le désir de liberté qui les anime. Son objectif est de contribuer ainsi à compléter la cartographie des réseaux médico-littéraires pendant la Seconde Guerre mondiale. mots clés : Henri Mondor, Paul Éluard, littérature et médecine, poésie et Seconde Guerre mondiale, bibliophilie.

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