« En combinant en un seul mot les deux adjectifs cosmique et comique, j’ai essayé de rassembler différentes choses auxquelles je tiens. Dans l’élément cosmique, pour moi, il n’y a pas tant le rappel de l’actualité “spatiale” que la tentative de me remettre en rapport avec quelque chose de bien plus ancien. Chez l’homme primitif et chez les classiques, le sens cosmique était l’attitude la plus naturelle ; nous, au contraire, pour affronter les choses trop grandes et sublimes, nous avons besoin d’un écran, d’un filtre, et c’est là la fonction du comique. Pour parvenir à penser à des thèmes si importants, on doit faire semblant de plaisanter ; et même : atteindre une telle légèreté d’esprit que l’on réussisse à en plaisanter vraiment est l’unique façon de se rapprocher d’une pensée à échelle “cosmique”. »
Italo Calvino, Cosmicomics, Folio, 2013 ; note de l’auteur, p. 9
Le cosmos, tel que l’astronomie et l’astrophysique contemporaines nous le révèlent, se montre toujours plus riche en objets inattendus et en phénomènes prodigieux. Aussi ne cesse-t-il de nous attirer à lui — de Cyrano à Tintin —, de nous séduire — de Fontenelle à Hubert Reeves —, de nous émerveiller — de Lucrèce à Miró —, de nous angoisser — de Pascal à Anselm Kieffer —, voire d’enrichir certains — comme l’espèrent Jeff Bezos et Elon Musk.
Mais le cosmos peut-il nous faire rire, ou au moins sourire, que ce soit avec une franche ironie devant l’hubris humain prétendant faire la conquête de l’espace, ou avec une plaisante fantaisie jouant sur notre imaginaire cosmique ou encore avec une poétique tendresse pour notre incertaine place dans l’Univers (cosmi-comme-X) ? Si Italo Calvino s’y est essayé dans les nouvelles de Cosmicomics, nombre d’artistes nous offrent ce joyeux regard et ce gai savoir si nécessaires. On ajoutera ainsi à la sévère cosmologie une heureuse cosmojolie, nous aidant peut-être à élaborer une nécessaire cosméthique.
Un humour essenciel…