La revue Épistémocritique

Études et recherches sur les relations entre la littérature et les savoirs​

La littérature s’est-elle jamais distinguée de l’univers des savoirs au point de s’en isoler totalement ? Ne trouve-t-on pas au contraire, dans les œuvres comme dans les réflexions explicites des écrivains, la trace d’une imbrication toujours présente et active ? En voulant faire des entreprises littéraire et scientifique des champs à l’identité close, notre culture ne s’est-elle pas rendue partiellement aveugle à la réalité d’un fondement cognitif commun ? La revue Épistémocritique explore ce point aveugle.

  • Représenter la catastrophe au XXIème siècle, pratiques et enjeux contemporains : sommaire et introduction

    Depuis le tournant du siècle dernier, thèses déclinistes et collapsologie saturent le discours politique et médiatique, remettant toujours la catastrophe au premier plan. Les essais à son sujet abondent (Jean-Pierre Dupuy, Henri-Pierre Jeudy, Catherine et Raphaël Larrère, Jean-Luc Nancy…) et les multiples manifestations scientifiques ou artistiques qui lui sont consacrées en sont la preuve. Le renouveau des études sur la catastrophe tend sensiblement à la dénaturaliser afin de mettre en lumière la responsabilité de l’activité humaine et sa puissance destructrice. Longtemps envisagée, dans une perspective judéo-chrétienne, comme l’avènement inévitable d’un châtiment divin projetant la civilisation vers sa fin, la catastrophe ne peut aujourd’hui plus être dissociée d’une responsabilité humaine. L’essor des théories de l’effondrement impose donc de penser la catastrophe avec une urgence renouvelée. L’heure n’est plus à la conjecture ou à la prévision car le discours catastrophiste, que son relais soit scientifique, médiatique, politique ou artistique, ne cesse d’alerter sur la multiplication des catastrophes, nous invitant par là même à redessiner les contours d’une notion qui, jusque récemment, se caractérisait par sa dimension unique, inédite, et imprévisible. Par sa multiplication, elle se normalise, se banalise, si bien que c’est sa définition même qui s’en voit modifiée. Puisque la rhétorique de la catastrophe est omniprésente, tout événement dramatique est-il désormais voué à lui être assimilé, lui retirant ainsi l’exceptionnalité qui l’a longtemps caractérisée ? 

  • 1 – Discours et représentations de la Préhistoire : sommaire et introduction

    Les angoisses pour la survie de la Terre et des êtres vivants qui la peuplent favorisent-ils un regain d’intérêt pour la préhistoire ? Ouvrages savants, croisements interdisciplinaires pour mieux interroger le « temps profond », littérature de fiction ou de non-fiction, arts plastiques font signe en ce sens. L’article propose une typologie d’œuvres contemporaines en témoignant.

  • Expérience de pensées : tables des matières et introduction

    Expériences de pensée – dossier dirigé par Christine BARON et Charlotte KRAUSS Table des matières Introduction – Christine Baron 1 – L’expérience de pensée comme méthode de variation. De Mach à Musil – Laurence Dahan-Gaida 2 – La transparence et l’obstacle épistémologique : Visages de la fiction expérimentale chez Gourmont, Chesterton et Schwob – Rémi Plaud 3 – L’image pense-t-elle quand elle parle ?  – Mathias Lavin 4 – La vengeance du comte Skarbek ou la bande dessinée comme expérience de pensée – Charlotte Krauss 5 – Si une expérience de pensée m’était contée : Le petit chaperon rouge de Charles Perrault et autres histoires du temps moderne – Francisco González 6 – « Weder Kindheit noch Zukunft ». Rilke et l’expérience de pensée – Matilde Manara Introduction L’expérience de pensée se caractérise par une longue histoire, peut-être même antérieure à ce que Mach désigne et popularise à la fin […]

  • Crises : Climat et critique, table des matières et introduction

           Crises : climat et critique, une introduction – Sarah Bouttier, Theo Mantion, Sarah Montin et Pierre-Louis Patoine La critique saisie par les crises climatique et écologiques : l’écocritique comme remède, comme modèle, comme arme – Julie Sermon Faire une littérature environnementale. Le pragmatisme à l’essai – Jonathan Hope Géopoétique de la catastrophe. The Book of the Dead de Muriel Rukeyser – Elvina LePoul Vivid Entanglements: Materializing Climate Crisis in Mainstream Poetry – Sarah Montin “Infamy in the Air”: Toxic Climate, Racial Atmospherics, and the Politics of Contagion in the Literature of the Nineteenth-Century United States – Thomas Constantinesco A Martial Meteorology: Carceral Ecology in Jesmyn Ward’s Sing, Unburied, Sing – Savannah DiGregorio Du “Storm Cloud” à Vertigo Sea. L’art britannique au prisme de l’“angloseen” – Charlotte Gould et Sophie Mesplède Jonathan Franzen: His Bird Solution – Béatrice Pire William Golding, Gaia, and the Crisis Ecology of Lord […]

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  • Représenter la catastrophe au XXIème siècle, pratiques et enjeux contemporains : sommaire et introduction
    Depuis le tournant du siècle dernier, thèses déclinistes et collapsologie saturent le discours politique et médiatique, remettant toujours la catastrophe au premier plan. Les essais à son sujet abondent (Jean-Pierre Dupuy, Henri-Pierre Jeudy, Catherine et Raphaël Larrère, Jean-Luc Nancy…) et les multiples manifestations scientifiques ou artistiques qui lui sont consacrées en sont la preuve. Le renouveau des études sur la catastrophe tend sensiblement à la dénaturaliser afin de mettre en lumière la responsabilité de l’activité humaine et sa puissance destructrice. Longtemps envisagée, dans une perspective judéo-chrétienne, comme l’avènement inévitable d’un châtiment divin projetant la civilisation vers sa fin, la catastrophe ne peut aujourd’hui plus être dissociée d’une responsabilité humaine. L’essor des théories de l’effondrement impose donc de penser la catastrophe avec une urgence renouvelée. L’heure n’est plus à la conjecture ou à la prévision car le discours catastrophiste, que son relais soit scientifique, médiatique, politique ou artistique, ne cesse d’alerter sur la multiplication des catastrophes, nous invitant par là même à redessiner les contours d’une notion qui, jusque récemment, se caractérisait par sa dimension unique, inédite, et imprévisible. Par sa multiplication, elle se normalise, se banalise, si bien que c’est sa définition même qui s’en voit modifiée. Puisque la rhétorique de la catastrophe est omniprésente, tout événement dramatique est-il désormais voué à lui être assimilé, lui retirant ainsi l’exceptionnalité qui l’a longtemps caractérisée ?  [lire plus…]
  • Un autre monde possible : Gilles Deleuze face aux perspectivismes contemporains
    Ce livre est un livre important parce qu’il ose aborder une question difficile et à ce titre bien souvent délaissée : Deleuze était-il perspectiviste ? Et si oui, existe-t-il une pensée perspectiviste sous-jacente à la vision deleuzienne du rapport à autrui exposée dans certains de ses ouvrages ? On le sait, Deleuze fut de ceux qui ont permis à la notion de perspectivisme d’exister plus concrètement sur un plan théorique, en reliant, en différenciant, en discutant, les perspectivismes de Nietzsche, Leibniz, Whitehead et même celui d’Henry James. Toutefois, ce ne sont pas ces analyses lumineuses et bien connues de Deleuze sur le perspectivisme des autres qui intéressent le plus Camille Chamois. C’est bien plutôt le fond obscur d’un perspectivisme proprement deleuzien qu’il s’attache à faire remonter à la surface. Et pour ce faire, l’auteur articule toute son analyse autour d’un point finalement assez peu discuté dans les recherches sur la philosophie deleuzienne : « la structure Autrui ». Derrière cette formulation, Deleuze entend décrire comment autrui est avant tout le surgissement en soi de « l’expression d’un autre monde possible [1]». C’est à partir de ce concept essentiel, selon C. Chamois, à la compréhension d’un perspectivisme deleuzien que ce dernier entend discuter, à travers une analyse particulièrement précise (notamment sur le plan de l’histoire des idées), sa réappropriation contemporaine dans les sciences sociales, et plus particulièrement dans le champ anthropologique dont Eduardo Viveiros de Castro est en quelque sorte la figure tutélaire. Mais c’est également l’occasion pour lui de se pencher, à partir de cette prise de perspective sur le point de vue de l’Autre mise à jour par Deleuze, sur ce qu’on peut appeler la socialisation de la perception et par là sur ce que Deleuze appelait « une image de la pensée », c’est-à-dire « ce qui guide et oriente concrètement la pensée elle-même en lui donnant une forme et des habitudes » (p. 31). [lire plus…]
  • De gestes et de diagrammes en philosophie, linguistique et mathématiques
    L’ouvrage part de deux concepts distincts, le geste et le diagramme, pour faire l’hypothèse de leur association et de leurs croisements dans des champs disciplinaires qui vont des mathématiques à la linguistique en passant par la philosophie et la sémiotique. Les contributions cherchent à examiner la relation entre les deux, mais surtout leurs définitions respectives, et leur redéfinition du fait de cette friction pour établir un lien entre ce qu’est le diagramme et le rôle qu’il joue. [lire plus…]
  • Cartographie et littérature
    La nécessité de nous orienter dans l’espace pour y projeter nos déplacements a donné aux cartes une importance cruciale pour notre existence. Cette impulsion cartographique est ici interrogée par le biais d’aller et retours entre géographie, cartographie et littérature. L’ouvrage interroge l’impulsion cartographique qui nous conduit à dessiner des cartes pour nous orienter dans l’espace et y projeter nos déplacements virtuels. Toute carte est une sorte de diagramme qui modélise l’espace grâce à une présentation spatiale et iconique de ses relations. Or le texte littéraire est aussi un dispositif de modélisation qui exploite les ressources du langage pour faire émerger un temps, un espace, un monde. Plutôt que d’opposer la cartographie des géographes à celle des écrivains, on les aborde ici comme des dispositifs cognitifs qui médient entre l’intelligible et le sensible pour générer à la fois un espace et un savoir sur cet espace [lire plus…]

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