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Introduction

L’essor de l’encyclopédisme numérique, dont le succès de Wikipedia est le signe le plus frappant, n’est pas sans bousculer un paradigme classique qu’on croyait établi depuis Diderot et d’Alembert, ni sans interroger le statut du savoir dans la société. Le vieillissement rapide des encyclopédies générales de référence, comme l’Encyclopedia universalis française éditée dans les années 1980, le montre de manière patente. Ce phénomène rend d’autant plus actuel le besoin de comprendre les origines de l’encyclopédisme tel que nous le connaissons : tout ce qui ne va plus de soi, depuis quelques décennies, n’allait justement pas de soi jusqu’à l’avènement de la modernité.

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Enjeux philosophiques et historiques de l’encyclopédisme antique : une conception positive de la connaissance

Afin de donner une place à l’Antiquité classique au sein d’un vaste programme embrassant une chronologie étendue, nous nous proposons non pas de nous arrêter sur un corpus particulier ou une question précise et technique mais de poser plutôt des jalons contextuels en passant en revue quelques questionnements qui occupent notre réflexion et notre travail sur les textes de savoir et la constitution des corpus scientifiques. Nous inscrirons volontiers ces prolégomènes comme une tentative de revalorisation, si tant est qu’il en soit besoin, de la pensée et de l’écriture encyclopédiques. Entendons par là la nécessité souvent ressentie d’accorder une valeur heuristique et théorique, au sens fort, aux textes relevant de la compilation et de la synthèse des connaissances.

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Encyclopédisme et moralisation (le cas du Rosarius)

La question de l’encyclopédie et de l’encyclopédisme est de celles que les épistémologues laissent en général de côté, comme s’il ne s’agissait que d’un élément anecdotique de l’histoire des sciences ; en cela ils ont sans doute raison, mais pour d’autres points, on peut supposer que l’objet qu’ils délaissent peut donner à penser à des littéraires ou à des anthropologues, et que l’encyclopédie, si elle n’a pas un rôle essentiel en termes d’épistémologie, pourrait bien en avoir un autre, sur d’autres plans.

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La Margarita Philosophica de Gregor Reisch (1503) : quel type d’encyclopédie ?

La Margarita philosophica de Gregor Reisch (1503) parcourt l’ensemble des matières enseignées alors à l’université — en quoi il est le seul livre de son espèce au 16e siècle. Ce dialogue pédagogique entre un maître et un élève rompt avec le modèle des exercices scolastiques pour proposer un exposé linéaire et allégé que l’étudiant était censé lire en continu et en totalité. La place de l’illustration y est très importante. Elle est conçue, notamment dans les livres mathématiques, comme une aide indispensable à la compréhension et à la mémorisation du texte. Mais elle comporte aussi des images allégoriques qui aident à préciser à quelle conception de l’encyclopédie se rattachait l’auteur. On y retrouve la notion médiévale de l’unité du savoir, coiffée par la théologie, comme l’idée humaniste du « rond des sciences » à visée éducative. Mais l’ouvrage, avec les appendices dont il s’est chargé au cours du temps, témoigne aussi du passage à une conception plus pragmatique de la transmission du savoir, dégagée du cadre universitaire et se prêtant à tous les usages que voudraient faire du livre ses lecteurs autodidactes. Mots clés : Reisch (Gregor), image scientifique, vulgarisation, pédagogie, encyclopédie

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Accumulation, déclamation, destruction : le contre-encyclopédisme d’Henri-Corneille Agrippa

Le contre-encyclopédisme pourrait être conçu comme une variante négative de l’encyclopédisme, consistant à collecter et ordonner les savoirs en vue de démontrer leur fragilité épistémologique et leur nocivité morale. C’est explicitement le projet de la grande Declamatio de incertitudine et vanitate scientiarum et artium publiée par l’humaniste allemand Agrippa de Nettesheim en 1530. En dépit de ses allures facétieuses et paradoxales, évoquant l’Éloge de la folie d’Érasme, il s’agit d’une somme réellement savante, nourrie par la polymathie extraordinaire de son auteur, qui en fait un reflet satirique de toute la culture humaniste. La complexité de sa conception, la variété de ses sources, sa tonalité souvent polémique constituent autant d’indices d’une portée critique considérable, à la fois dans le champ des savoirs et en matière de religion. L’érudition et l’esprit critique sont les deux faces d’une même pièce. Mots-clefs : Heinrich Cornelius Agrippa von Nettesheim – encyclopédisme – érudition – satire – scepticisme

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L’encyclopédie comme programme éducatif chez Pierre Ramus : Conjonction ou réduction ?

L’intitulé : « Questions sur l’encyclopédisme », invite à envisager l’encyclopédisme sous un angle problématique et réflexif, dans toute l’ampleur de la notion: de la complémentarité et de la communication des disciplines entre elles, à l’élaboration d’un système total du savoir. Mon questionnement portera sur Pierre de La Ramée (dit Ramus), actif à Paris dans la seconde moitié du XVIe siècle. Dans son Histoire de la bibliographie (Storia della bibliografia), dont les deux premiers volumes sont consacrés aux « Encyclopédies de la Renaissance » (Enciclopedie rinascimentali), Alfredo Serrai, écrit : « Pour nous, Ramus est un encyclopédiste de fait, pour s’être occupé et pour avoir écrit des manuels ou des dissertations sur presque toutes les sciences, de l’histoire à la théologie, des mathématiques à la logique, de la rhétorique à la linguistique [nous dirions : la grammaire]1 ». Si sa qualité de rédacteur de traités sur les arts fait de Ramus un encyclopédiste, on se demandera s’il peut être qualifié d’encyclopédiste à ce seul titre, et à quel type d’encyclopédisme on a affaire chez lui.

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Le savoir encyclopédique du XVIe et du XVIIe siècle espagnol face aux nouvelles réalités américaines : le thème du tempérament de l’Indien

La conquête de l’Amérique s’accompagne de la découverte de nouvelles réalités, de peuples, d’animaux et de végétaux nouveaux dont la description, l’analyse et l’interprétation s’ajoutent à la somme de savoir traditionnel contenu dans les encyclopédies, miscellanées et autres recueils de mirabilia. Si les encyclopédies se définissent comme des textes guidés par la volonté d’inventorier le réel, en se fondant sur un savoir hérité, la question qui se pose est de savoir comment réagissent les textes encyclopédiques lorsque le réel change, sortant des limites du connu.

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Savoirs et ingenio chez Huarte de San Juan l’encyclopédisme de l’Examen de ingenios para las ciencias

L’Examen de ingenios de Huarte de San Juan (1575) est un outil ou « arte » tiré d’une science (la médecine ou philosophie naturelle) qui consiste en l’établissement d’une taxinomie des ingenios et qui exclut, en vertu des présupposés anthropologiques qui sous-tendent le système, l’acquisition de l’ensemble des sciences par un seul homme. Huarte rompt ansi avec l’idéal humaniste de l’homme savant, capable d’embrasser toutes les sciences et s’éloigne également d’une conception médiévale de l’encyclopédisme. Mais dans la mesure où son système met l’accent sur la perfectibilité et l’accroissement toujours possible des sciences, ainsi que sur la nécessité de faire de leur totale connaissance et développement une affaire collective et toujours en progrès, l’Examen constitue sans doute un moment de transition entre l’encyclopédisme médiéval qu’il vient clore et l’encyclopédisme moderne qu’il a sans doute inspiré. mots-clé: Huarte de San Juan, ingenio, savoirs, anthropologie philosophique

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La mise en scène du savoir : dissection, théâtralité et encyclopédisme chez Tommaso Garzoni et Robert Burton

L’étude comparée du Teatro de’varii e diversi cervelli mondani de Tommaso Garzoni (1583) et de l’Anatomy of Melancholy de Robert Burton (1621), entend démontrer les ambivalences du projet encyclopédique au tournant des XVIe et XVIIe siècles. L’usage des métaphores théâtrale et médicale transforme ces sommes caractérologiques en ouvrages satiriques. Dans les deux ouvrages encyclopédiques, la mélancolie de l’auteur, metteur en scène et anatomiste des pathologies d’un siècle, est le symptôme d’un questionnement des savoirs et du monde contemporain. Elle convertit l’édifice savant en outil critique. Mots-clés : Théâtre, anatomie, satire, mélancolie, critique.

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Jean Magnon, un anti-Lucrèce ? Poésie et encyclopédisme dans La Science universelle (1663)

Cette étude s’intéresse à un projet de poème encyclopédique hors norme qui devait, sous le titre de Science universelle, comprendre pas moins de 200 000 vers en dix volumes, et dont le premier livre seulement a été publié. Au-delà de la perplexité que peut susciter une telle entreprise, il s’agit de voir comment un poète-philosophe du XVIIe siècle s’enivre de son projet, s’attachant à décrire l’univers, à saisir la totalité du réel, tout en se fixant pour objet de réfuter Lucrèce. Mots clés : Apologétique ; Encyclopédie en vers ; Folie littéraire ; Lucrèce ; Poésie scientifique ; Totalité

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Encyclopédisme et polémique : le Dictionnaire historique et critique de Pierre Bayle

Sans être une encyclopédie ou un dictionnaire universel, au sens où les lexicographes modernes l’entendent, le Dictionnaire historique et critique de Bayle s’inscrit dans cette vogue des dictionnaires qui marque le tournant du siècle. Pourquoi choisir de rassembler les savoirs sous forme de dictionnaire et pour quel public ? Comment s’articulent l’effort compilatoire, propre à l’écriture doxographique, et l’érudition critique ? Nous nous intéresserons ici à ce que ce geste de rassemblement révèle des pratiques érudites au tournant du siècle. Mots clés: Bayle, Dictionnaire, erreur, pyrrhonisme, méthode

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Les mots et les termes dans la Cyclopaedia de Chambers

Chambers est un lexicographe encyclopédiste. Comme il le déclare lui-même, un lexicographe, même encyclopédiste, n’invente pas : il livre à ses contemporains la mémoire d’une culture, une mémoire néanmoins propre à susciter chez le lecteur un travail d’invention1. Selon la définition de Bacon, le lexicographe recueille, il rassemble, il expose, il propose. Si beaucoup des contenus brassés par Chambers, dans le corps des articles, lui viennent de ses prédécesseurs et si, de son propre aveu, il emprunte à de nombreuses sources, il reste que, configurant ces contenus, il lui arrive d’ouvrir des perspectives originales ; et il offre, en particulier, une conception qu’il veut nouvelle du travail encyclopédique, et qui l’est dans la mesure où il pense à ses propres frais et ne manque pas de raisonner avec précision et cohérence. Il suffit à cet égard de lire de près la préface de 1728 pour se convaincre de l’importance de ce que lui doivent Diderot et d’Alembert.

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L’encyclopédisme des Questions sur l’Encyclopédie de Voltaire ?

Œuvre de vieillesse, située dans le sillage de l’Encyclopédie, les Questions sur l’Encyclopédie de Voltaire, cette « petite encyclopédie » de 440 articles se présente comme l’ouvrage d’ « amateurs », qui se déclarent « douteurs et non docteurs ». Voltaire cultive la fiction d’une œuvre collective, mais une dizaine d’articles tout au plus bénéficie de l’apport de collaborateurs. Fort d’une culture nourrie des recherches qui ont alimenté son abondante polygraphie, possesseur une grande bibliothèque, Voltaire se livre à un encyclopédisme militant, au service des Lumières. Même pour des orientations intellectuelles semblables dans le traitement des sujets, le lecteur d’articles de l’Encyclopédie et des Questions sur l’Encyclopédie se trouve confronté d’une part à l’esprit de sérieux, au souci d’informer, d’autre part à un parti-pris d’agrément, à des essais percutants. Même liberté de Voltaire dans le choix des entrées, dans sa relation tantôt affichée, tantôt réelle, mais dissimulée, tantôt absente avec l’Encyclopédie. Les questions posées à l’Encyclopédie s’effacent au profit d’une encyclopédie de sa pensée. Mots-clefs : Encyclopédie ; bibliothèque ; encyclopédisme militant ; œuvre pseudo-collective ; encyclopédisme en liberté.

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