La Fille du singe ou Maurice Sand aux prises avec le roman évolutionniste par Claire Le Guillou

Conférence du séminaire de recherche : «Positivisme, scientisme, darwinisme dans la littérature et les sciences sociales depuis la seconde moitié du XIXe siècle : triomphe et contestations», organisé par l’équipe Traverses 19-21 et coordonné par Lise Dumasy

La Fille du singe ou Maurice Sand aux prises avec le roman évolutionniste
par Claire Le Guillou, Post-doctorante, enseignante à Angers

mercredi 4 juin 2008 de 17h30 à 19h00
Maison des Langues et des Cultures de l’Université Stendhal Grenoble 3, (campus universitaire, tram A ou B, arrêt « Bibliothèques universitaires »)

Maurice Sand, grâce ou malgré son nom illustre, fit une carrière littéraire des plus honorables. En 1886, il publiait chez Paul Ollendorf un roman original et cocasse intitulé La Fille du singe. Ce roman est un bon exemple des préoccupations scientistes et darwinistes qui fleurissent dans la littérature de la fin du XIXe siècle.
Maurice Sand nous conte l’histoire d’Adrien Cazenave, scientifique épris d’anthropogénie. Installé à Manille, il s’y maria et devint père quelque temps après l’agression de sa femme par un grand singe du nom de Jocko. De retour à Paris, il n’hésita pas à laisser croire que le vrai géniteur de sa fille était ce singe afin d’étayer ses théories.
Dans ce roman, Maurice Sand défend les théories évolutionnistes et conspue les théories créationnistes. Cependant, La Fille du singe a comme sous-titre « Roman humoristique ». Maurice Sand décrit alors, non sans ironie, certaines manies d’Adrien Cazenave, telles que sa collection de crânes, ses moulages de corps, ses identifications de race, etc. et par là même condamne un certain délire scientiste ambiant.
Indépendamment des problèmes scientifiques posés par ce roman, cette thématique permet à Maurice Sand dans un premier temps de sacrifier à un certain exotisme, puis de faire une forte critique sociale et d’aborder les problèmes des mixités sociales. Être fille du singe offre à Juana la possibilité d’aller à la rencontre des règles oppressantes d’une société bourgeoise et d’évoluer à sa guise. Son statut de « monstre » va même lui permettre d’épouser un homme du peuple, qui répond au nom de Jacquet, sorte de doublet positif de Jocko.
Il s’agira donc de nous interroger sur les ressorts narratifs et dramatiques donnés par une telle thématique. En bref, quels rapports Maurice Sand instaure-t-il entre théories évolutionnistes et exotisme, entre théories évolutionnistes et critiques sociales ? Quels sont les problèmes, au regard de la société, posés par la figure du monstre qu’incarne la jeune Juana ?

Claire Le Guillou est l’auteur d’une thèse sur la Correspondance générale de Maurice Rollinat, 1861-1903, soutenue en 2004, et de plusieurs articles et conférences consacrés principalement à Maurice Rollinat et à George Sand. Elle a en projet des travaux sur Rollinat, Joséphin Péladan, la réception de George Sand, et a déjà consacré une communication au roman Callirhoé de Maurice Sand.

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