Conférence donnée dans le cadre du séminaire de recherche : « Positivisme, scientisme, darwinisme dans la littérature et les sciences sociales depuis la seconde moitié du XIXe siècle : triomphe et contestations », organisé par l’équipe Traverses 19-21 et coordonné par Lise Dumasy.
Mercredi 18 juin 2008, de 17h30 à 19h00, à Grenoble, Maison des Langues et des Cultures,
salle des Conseils, au 2e étage, salle 218
(campus universitaire, tram B ou C, arrêt « Bibliothèques universitaires »)
Résumé : Depuis quelques années, la mise en scène de la Préhistoire suscite un intérêt renouvelé. Les fictions, et particulièrement les images et les romans préhistoriques du XIXe siècle, sont analysés et critiqués par des spécialistes de disciplines diverses. Le « darwinisme » simpliste du roman préhistorique est souvent moqué. Très peu de critiques ont remarqué qu’en réalité, ce roman n’est pas darwinien.
En dépit des intentions affichées par les auteurs, on doit constater dans les romans la présence obligée de scènes, de personnages, de motifs qui révèlent des postulats incompatibles avec le darwinisme. Les causes de ce fait sont d’une part les nécessités romanesques intrinsèques (le roman est incompatible avec l’illustration de la théorie darwinienne), d’autre part la concurrence, au sein des romans, de théories biologiques quelles qu’elles soient avec des valeurs spirituelles ou des enjeux politiques modernes, très éloignés du darwinisme.
Cela nous conduit à nous interroger sur les valeurs et enjeux d’aujourd’hui, dans des fictions préhistoriques contemporaines aussi peu darwiniennes que celles de jadis ; sur le regard rétrospectif que notre époque porte sur le XIXe siècle ; sur ce que le roman préhistorique dit vraiment : quelle(s) idéologie(s) illustre-t-il en réalité, sous le nom de « darwinisme » ?
Marc Guillaumie vit et enseigne en Limousin. Il participe aux travaux de l’équipe d’accueil Espaces Humains et Interactions Culturelles de la faculté des Lettres de Limoges. Il travaille depuis de nombreuses années sur le thème des récits et de l’imaginaire suscités par la Préhistoire, auxquels il a consacré sa thèse (2000), publiée en 2006 par les Presses Universitaires de Limoges (PULIM) sous le titre Le Roman préhistorique : essai de définition d’un genre, essai d’histoire d’un mythe.