Poésie et troubles du langage
Depuis le début des années vingt, les troubles du langage ont offert un matériau particulièrement séduisant aux poètes d’avant-garde soucieux renouveler la langue, qu’aucune expérience n’effraie. Troubles de la syntaxe, du vocabulaire, néologismes et glossolalies ont ainsi fait le bonheur de Vitrac ou de Queneau [1] qui se sont plus à faire l’éloge des écrits d’aliénés. Un pas a été franchi en 1930 avec la publication, dans L’Immaculée Conception de Breton et d’Éluard [2] , de simulations de discours de malades mentaux qui empruntaient leurs caractères stylistiques aux langages pathologiques en respectant la nosographie psychiatrique. Les textes ressemblaient à ceux produits par écriture automatique, mais ils étaient écrits dans un langage globalement désagrégé reproduisant les procédés identifiés par les psychiatres dès le XIXe siècle.
Vingt ans plus tard, dans Un mot pour un autre, Tardieu reprend à son tour certaines caractéristiques des troubles du langage pour en tirer un procédé à part entière qui lui permet de tenter plusieurs expérimentations linguistiques et poétiques. De ce recueil, qui contient les œuvres complètes d’un certain Professeur Frœppel, farfelu personnage féru de recherches sur le langage, on ne retient le plus souvent que la pièce éponyme dans laquelle tous les protagonistes sont conjointement frappés d’une mystérieuse maladie qui leur fait prendre « les mots les uns pour les autres, comme s’ils eussent puisé les paroles au hasard dans un sac » [3] . Or il ne s’agit pas, dans les cahiers du professeur Froeppel, d’une fantaisie théâtrale, mais bel et bien de l’expression d’un symptôme très réel dont il est atteint, et dont on trouve la description dans de nombreux manuels de psychiatrie dès le XIXe siècle. En faisant l’archéologie de ce trouble, on se propose ici de mettre au jour une série d’intertextes oubliés, qui amènent à considérer le texte de Tardieu comme un palimpseste témoignant de l’importance de ses sources scientifiques.
Un mot pour un autre
Dans la pièce de Tardieu, « le plus curieux est que les malades ne s’apercevaient pas de leur infirmité, qu’ils restaient d’ailleurs sains d’esprit, tout en tenant des propos en apparence incohérents ». Remplaçant systématiquement le mot correct par un autre qui n’a rien à voir, ils se font néanmoins parfaitement comprendre les uns des autres et du spectateur, tant les phrases prononcées sont prévisibles et stéréotypées. Les verbes « être » et « avoir » sont conservés, ainsi que les pronoms, certains adverbes et les conjonctions. En fait, seuls les substantifs, adjectifs et verbes sont remplacés. La situation générale, les gestes et les intonations (ou les didascalies) suffisent donc à l’intelligence de l’intrigue, et même de chaque réplique. Il s’agit, en l’occurrence, d’une comédie de boulevard du genre le plus éculé qui soit : une femme, qui attend chez elle son amant, voit venir à l’heure dite une amie passant à l’improviste ; visite d’autant plus gênante que cette amie est aussi la femme de l’amant en retard. Quand ce dernier arrive, il doit trouver un prétexte pour justifier sa venue aux yeux de son épouse ; le cocasse de la situation est encore renforcé par l’incongruité totale des substitutions de mots. Les situations sont si stéréotypées que ces substitutions n’entravent en rien la compréhension. Il s’agissait pour Tardieu, par cet exercice ludique, d’avancer quelques remarques sur le fonctionnement du langage et de souligner :
que nous parlons souvent pour ne rien dire, que si, par chance, nous avons quelque chose à dire, nous pouvons le dire de mille façons différentes, que les prétendus fous ne sont appelés tels que parce que l’on ne comprend pas leur langage, que dans le commerce des humains, bien souvent les mouvements du corps, les intonations de voix et l’expression du visage en disent plus long que les paroles, et aussi que les mots n’ont, par eux-mêmes, d’autre sens que ceux qu’il nous plait de leur attribuer [4].
La proposition sur les fous est d’une grande naïveté ; elle nous met pourtant sur la piste d’une possible influence des travaux sur les troubles du langage dans la genèse de la pièce. Car la mystérieuse épidémie qui touche les personnages est une maladie bien connue en psychiatrie, où elle porte le plus souvent le nom de paraphasie. Je propose ici, non sans arrière-pensée, la définition qu’en donne Kussmaul dans son ouvrage de référence, traduit en France en 1884 : « la paraphasie est l’état dans lequel la parole n’est pas perdue mais où à la place du mot propre un autre est prononcé » ; il précise encore : « on voit des mots se remplacer mutuellement, qui sont entièrement bien construits et n’ont souvent pas la moindre relation de son. Souvent le langage coule sans arrêt en mots sans aucun sens, qui donnent à la pensée de celui qui parle, une expression erronée et incompréhensible. » [5]. Hormis l’incompréhensibilité, c’est une description rigoureuse des mécanismes à l’œuvre dans la pièce de Tardieu – ou plutôt, de Frœppel.
Première source : le Traité de psychologie de Georges Dumas
Tardieu, à deux reprises au moins, a montré de la curiosité pour la psychiatrie. Une première fois en 1920, quand, élève au lycée Condorcet, il est très marqué par son professeur de philosophie André Cresson, qui s’intéresse aux maladies mentales et aux troubles du langage et de la personnalité. En 1932, il approfondit le sujet en suivant le cours de psychopathologie de Georges Dumas à Sainte-Anne, où il côtoie sans le savoir un autre jeune élève, Claude Lévi-Strauss, qui a laissé un témoignage sur cet enseignement [6]. Georges Dumas écrivait à l’époque un Traité de psychologie qui connut deux éditions, une première en deux volumes, et une seconde, en huit tomes, dont l’édition s’étend de 1930 à 1942 [7] . Si l’on conjecture que Dumas utilisait dans ses cours la matière de ses ouvrages en travaux, on peut penser qu’en 1932 Tardieu l’entendit disserter sur ce dont traite le troisième tome du Nouveau Traité de psychologie, à savoir : « Les Associations sensitivo-motrices : L’équilibre et l’orientation. L’expression des émotions. Les mimiques. Le langage ». Or, on retrouve tous ces thèmes dans les carnets du professeur Frœppel. Le chapitre sur le langage du traité de Dumas donne même, parmi les différentes manifestations de l’aphasie, celle-ci, où l’on retrouve l’expression éponyme de la pièce de Tardieu :
Emploi d’un mot pour un autre. […] Dans les cas les moins marqués, le sujet s’en aperçoit, s’arrête, fait effort pour arriver à une expression plus correcte. Dans les cas les plus marqués, il parle, avec tranquillité (semble-t-il) et inconscience, le nouveau langage ainsi forgé. Certains malades ont un vocabulaire à eux spécial, employant constamment tel mot pour tel autre. […] Quand on a l’habitude de parler avec eux, leur langage, d’abord mystérieux, finit par devenir compréhensible. [8]
On peut donc, sans trop de risque, postuler l’influence de ce traité dans la genèse du livre de Tardieu.
Un Mot pour un autre se compose de deux parties, elles-mêmes subdivisées en plusieurs chapitres. La première, « Le Professeur Frœppel », présente ses « Dernières notes du journal intime » dans lesquelles il élabore ses travaux sur la langue, et plus globalement l’expression des émotions et la communication :
J’irai, moi, plus loin : passionnante rencontre de la linguistique, de la mimologie, de la psychanalyse, de la sociologie, de l’ethnographie et du magnétisme. Une chaise que l’on occupe craque soudain parce qu’on réprime une pensée hostile à l’égard d’un invité. Un mouchoir tombe (cas célèbre) parce qu’une femme, inconsciemment, veut le faire ramasser par l’élu de son cœur. Tenir compte de tous ces « actes manqués », en les annexant carrément à l’empire du langage vivant. [9]
On croirait lire une version burlesque du tome trois du Nouveau traité de psychologie (« Les Associations sensitivo-motrices : L’équilibre et l’orientation. L’expression des émotions. Les mimiques. Le langage »), ou bien le programme d’un fou littéraire de Queneau : Frœppel projette même l’établissement d’un dictionnaire, un « Lexique de l’infra-langage », couronnement de sa carrière, où l’on trouve ces défintions : « Pied (agitation du) : Impatience, agacement, irritation. (voir aussi : Pfouh !) Peuh ! : Mépris. », etc. [10]. Et quand il constate l’importance des onomatopées et des signes dans la communication, l’interrogation de Frœppel semble la généralisation de telle observation rencontrée, encore, dans l’ouvrage de Kussmaul :
Que conclure ? Serait-ce que l’homme subit en permanence la tentation d’abolir en lui le langage ? de revenir en arrière, du langage au grognement, du signe à l’infra-signe […] ? » (Les carnets du professeur Froeppel) [11] « Nous voyons en effet chez un grand nombre de nos malades la parole remonter pour ainsi dire à son point de départ primitif ; nous voyons des sujets plus ou moins mutilés dans leurs facultés mentales s’exprimer par de simples interjections, par des mots sans liaisons grammaticales, par des phrases écourtées et souvent incompréhensibles, quelquefois même par des cris et des gestes à la façon des animaux. (Les troubles du langage) [12]
Le journal montre la lente détérioration du langage chez Frœppel, qui sombre en même temps que sa raison. Il est à la recherche de la « voyelle inconnue », « la voyelle des voyelles qui les contiendra toutes, qui dénouera tous les proglèmes, la voyelle qui est à la fois le commencement et la fin », et s’exclame :
« Quand je l’aurai trouvée, la création s’enbloutira elle-même et il ne restera plus rien – rien que la NOYELLE INCONNUE ! » [13]
L’apparition de coquilles renforce le délire, où elles trouvent aussitôt leur place. Frœppel y voit l’expression de l’inconscient, exactement au même titre que le lapsus, et il décide dès lors de ne plus les corriger (ce qui donne lieu à de merveilleuses trouvailles : « À force de vouloir être méticuleux, l’esprit risque de mourir d’onanition »). Enfin, ses réflexions sur le langage conduisent le professeur à nier toute possibilité de communication réelle : « tout langage convenu entre les hommes est une duperie » puisque, par définition, « toute pensée est irréductible en termes communs » [14]. Il conclut que la seule vérité se trouve dans le langage individuel et en déduit immédiatement à la nécessité d’une « langue moi », (pour laquelle il propose de multiples dictionnaires « moi-moi »), « la seule qui soit universelle, la seule qui ne serve pas à déguiser la pensée, la seule qui soit pure effusion, dialogue immémorial entre le sujet et l’objet » : la glossolalie. À ce stade, le journal est envahi de coquilles, de mots déformés, de néologismes, et s’achève en onomatopées :
« 19 novembre : Mibig docteur. Pratév el poto beg’necou caotirdi eg Alpes og Pyrénées. Fodos peppig, ô muspig Ida ! 20 covembre : NIANN ! 21 corembre : NIANN, NIANN, NIANN ! » [15]
Ainsi prend fin le journal du professeur Frœppel, et le premier chapitre. Puis un second chapitre intitulé « Le Professeur Frœppel guéri et sauvé » raconte sa sortie de l’hôpital après six mois de séjour (les médecins renoncent à le soigner) ; en fait de guérison le professeur se révèle incapable de parler normalement. Dans un premier temps, il continue de parler sa langue-moi glossolalique, puis il prend, lui-même, « un mot pour un autre ». Mais dans la pièce, tous les personnages sont atteints du même syndrome, qui n’entravait en rien la communication, alors que la famille du professeur se montre dans un premier temps complètement décontenancée, et que lui-même ne comprend rien à ce qui se raconte – « comme le lui dit un jour cruellement son fils aîné : « Nous ne parlons pas la même langue » » [16] . Puis un compromis s’installe, chacun pactisant avec le langage de l’autre pour parler une étrange langue truffée de néologismes ; au bout de quelques mois, Frœppel retrouve l’usage du français courant. Mais le professeur, en même temps que le langage articulé, a perdu également celui des gestes les plus communs. C’est ainsi que, décontenancé par les poignées de mains et les regards significatifs, il entreprend la rédaction d’un « Dictionnaire de la signification universelle ». Le troisième chapitre raconte la « Mort héroïque du Professeur Frœppel ». On retrouve ce dernier, parti étudier les arbres et le langage des branches, étendu par terre et balbutiant à un jeune bouleau les rudiments de sa langue universelle. Il ne sort pas de son délire, et meurt. La deuxième partie d’Un Mot pour un autre se compose des œuvres posthumes du professeur. On y trouve la pièce éponyme et divers textes expérimentaux : un poème traduit en langage bébé, l’ébauche d’un dictionnaire des « Mot sauvages de la langue française », comportant onomatopées, argot et diminutifs [17] et quelques exercices.
Lordat ou l’autobiographie de l’aphasie
La convergence du programme de Frœppel avec celui de Dumas pourrait n’être qu’un hasard. Elle nous met pourtant sur la piste d’une autre coïncidence troublante : le Traité de psychologie cite le livre de Kussmaul sur les troubles du langage, d’où j’ai extrait la définition de la paraphasie. C’est dans cet ouvrage, fondateur et incontournable au début du XXe siècle pour qui s’intéresse aux troubles du langage, que l’on trouve la mention du cas, célèbre en son époque, d’un professeur qui lui-même atteint de cette affection en guérit et en donna le récit détaillé, témoignage unique tant pour sa précision qu’en raison de l’éminence du malade :
Enfin on renvoie au professeur de médecine Lordat de Montpellier, qui perdit subitement pendant plusieurs mois, à la suite d’une affection fébrile, le pouvoir de parler et fut dans cette circonstance si complètement dépouillé de la mémoire des mots qu’il ne comprit pas une fois ce qu’on lui disait ; cependant il prétend avoir bien reconnu sa situation, avoir convenablement associé ses idées et même avoir suivi le fil des idées dans ses lectures aussi bien qu’avant l’attaque. […] Lordat non seulement ne prononçait plus aucun mot, mais dit clairement que les mots résonnaient à son oreille mais n’étaient pas compris, et cependant il entendait et pensait en qualité de médecin et philosophe à sa situation. [18]
Le professeur Lordat, physiologue, consacra un important mémoire à l’étude de son propre cas, qui fit longtemps référence en la matière ; un institut spécialisé porte aujourd’hui son nom [19]. Et l’aventure du professeur Froeppel pourrait bien lui avoir été empruntée. Il a publié le récit de sa maladie dans une étude publiée en 1843, dans laquelle il s’exprime ainsi :
Je n’étais plus en état de recevoir les idées d’autrui, parce que toute l’amnésie qui m’empêchait de parler me rendait incapable de comprendre assez promptement les sons que j’entendais pour que j’en pusse saisir la signification.[…] Il s’écoula longtemps pour que je pusse me rendre compte de mon état. Quand j’étais seul, éveillé, je m’entretenais tacitement de mes occupations de la vie et de mes études chéries. Je n’éprouvais aucune gêne dans l’exercice de la pensée.[…] Je ne me croyais donc pas malade […] et je me disais chaque jour qu’il ne me restait aucun symptôme ; mais dès qu’on venait me voir, je ressentais mon mal à l’impossibilité où je me trouvais de dire : Bonjour, comment allez-vous ? [20]
De même, Frœppel continue à réfléchir à ses études. Il ne se pense pas malade, mais est déconcerté quand il se trouve confronté au langage des autres :
« Bladala blekuiï ? » demanda-t-il avec son affabilité coutumière [à sa concierge]. Et il ajouta avec un sourire content et une légère inclinaison du buste : « Sokok, Sokok, Professeur Frœppel ! » À sa grande stupéfaction, la digne femme, au lieu de répondre en termes intelligibles, se mit à bredouiller quelques exclamations bizarres, en levant les bras au ciel. [21]
Il y a plus. Lordat précise bien qu’il n’a pas seulement perdu la parole, ce qui serait un cas d’aphasie simple, mais que des mots inappropriés lui viennent aux lèvres :
La maladie n’était pas simplement un oubli des mots et un oubli du sens des mots présents, mais encore une suggestion instinctive de sons connus mais mal employés. Il n’y avait pas seulement amnésie, mais encore ce que j’appellerais paramnésie, si vous me le permettiez, c’est-à-dire un usage vicieux des sons connus et rappelés. Ainsi, quand j’avais l’intention de demander un livre, je prononçais le nom d’un mouchoir. […] un autre mode de paramnésie consistait à intervertir les lettres des syllabes d’un mot composé que je venais de retrouver : par exemple, pour dire raisin, je demandais du sairin. [22]
Ces déformations de mots constellent les dernières pages du journal de Froeppel ; quant à l’inversion du type mouchoir/livre, c’est le procédé même qui fonde la pièce de théâtre Un mot pour un autre.
Ainsi les « Carnets du Professeur Frœppel » sont-ils inspirés d’un cas psychiatrique bien plus ancien. L’effacement du texte source nous ramène au cas des « Possessions » de L’Immaculée Conception. Breton et Éluard prétendirent les avoir écrits sans avoir effectué aucun emprunt à des textes cliniques et proclamèrent triomphalement la possibilité, pour l’esprit sain, de se couler provisoirement dans les rets du délire, abolissant dès lors la frontière séparant le normal du pathologique. Pourtant, ces poèmes soi-disant purs de toute influence médicale sont en réalité directement inspirés par quelques travaux psychiatriques précis, désormais formellement identifiés [23] . La comparaison entre les textes sources et ceux de Breton et Éluard remet évidemment en cause l’expérience tentée par les auteurs : si l’imitation de discours d’aliénés est une réussite, c’est en grande partie grâce à l’assimilation secrète d’études psychiatriques et d’authentiques textes de fous, qui gagnait évidemment à être dissimulée. Vingt ans ont passé depuis L’Immaculée Conception, et la comparaison des démarches respectives montre assez combien les temps ont changé : Tardieu ne se sent aucunement tenu de justifier son texte, le militantisme cède la place au jeu pur. On chercherait vainement chez lui la trace quelconque d’une visée polémique : les troubles du langage font désormais partie de ces « curiosités » d’ors et déjà admises dans la pratique de l’écriture poétique. Les expérimentations langagières de la folie sont entrées dans le corpus littéraire et ne donnent plus lieu à aucune controverse. Chez Breton et Eluard, la dissimulation des sources était partie prenante de l’entreprise mystificatrice et critique ; chez Tardieu, simple nécessité de la fiction, elle ne relève d’aucun enjeu, tant le débat n’a plus lieu d’être.
Anouck Cape
ISSN 1913-536X ÉPISTÉMOCRITIQUE (Hiver 2009)
[1] Roger Vitrac, « Le langage à part », Transition n°18,Paris, novembre 1929, Raymond Queneau, « Words from the unconscious, collected by Raymond Queneau », Transition n°21,Paris, mars 1932 ; voir Anouck Cape, Ecrivains et fous au temps des avant-gardes, thèse de doctorat, Littérature et civilisation françaises, Nanterre, 2007.
[2] André Breton et Paul Éluard, L’Immaculée Conception, Editions surréalistes, Paris, 1930, André Breton, Œuvres Complètes, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, édition établie par Marguerite Bonnet, T.I, Paris, 1987.
[3] Jean Tardieu, Un mot pour un autre, Gallimard, 1951, Œuvres, Gallimard, Quarto, Paris, 2003, p. 390.
[4] Ibid., p. 390.
[5] Adolf Kussmaul, Les troubles de la parole, (1874), Baillière et fils, Paris, 1884, p. 33 et 240.
[6] « J’avais été l’élève de Georges Dumas à l’époque du Traité de psychologie. Une fois par semaine, je ne sais plus si c’était le jeudi ou le dimanche matin, il réunissait les étudiants de philosophie dans une salle de Sainte-Anne, dont le mur opposé aux fenêtres était entièrement couvert de joyeuses peintures d’aliénés. […] La seconde heure, et parfois la troisième, étaient consacrées à des présentations de malades ; on assistait alors à d’extraordinaires numéros entre le praticien madré et des sujets entraînés par des années d’asile à tous les exercices de ce type ; sachant fort bien ce qu’on attendait d’eux, produisant les troubles au signal, ou résistant juste assez au dompteur pour lui fournir l’occasion d’un morceau de bravoure. Sans être dupe, l’auditoire se laissait volontiers fasciner par ces démonstrations de virtuosité. Quand on avait mérité l’attention du maître, on était récompensé par la confiance qu’il vous faisait d’un malade pour un entretien particulier. », Claude Lévi-Strauss, Tristes tropiques, Plon, coll. Terre humaine, Paris, 1955, Presses Pocket, Paris, 1984, p. 12-13.
[7] Georges Dumas, Traité de psychologie, Alcan, Paris, 1923-1924, Nouveau Traité de psychologie, 8 tomes, Alcan, Paris, 1930-1942.
[8] Georges Dumas, Nouveau Traité de psychologie, T.III, Les associations sensitivo-motrices, l’équilibre et l’orientation, l’expression des émotions, les mimiques, le langage, Alcan, Paris, 1933, chapitre « Le langage », par André Ombredane, p. 412.
[9] Jean Tardieu, Un mot pour un autre, op. cit., p. 374.
[10] Ibid., p. 375.
[11] Ibid., p. 374.
[12] Ball, préface, p.VIII, Adolf Kussmaul, Les Troubles de la parole, op. cit.
[13] Jean Tardieu, Un Mot pour un autre, op. cit., p. 378.
[14] Ibid., p. 379.
[15] Ibid., p. 380.
[16] Ibid., p. 381.
[17] On y notera cette définition, à Dada, succédant à celles de cheval, de jouet pour enfant et d’idée fixe : « 4. Célèbre école poétique du début du XXe siècle, par allusion à Pégase, le cheval ailé, symbole de l’inspiration », ibid., p. 411.
[18] Adolf Kussmaul, Les Troubles du langage, op. cit., p. 24 et 225.
[19] Le laboratoire de neuropsycholinguistique Jacques-Lordat, Centre Interdisciplinaire des Sciences du Langage et de la Cognition, à Toulouse.
[20] Jacques Lordat, Analyse de la parole pour servir à la théorie de divers cas d’alalie et de paralalie que les nosologistes ont mal connu, leçons tirées du cours de physiologie de l’année scolaire 1842-1843, Castel, Montpellier, 1843, p. 22-23.
[21] Jean Tardieu, Un Mot pour un autre, op. cit., p. 381.
[22] Jacques Lordat, Analyse de la parole…, op. cit., p. 31.
[23] Voir Alain Chevrier, « Une source secrète de L’Immaculée Conception », Mélusine n° XIII, Le Surréalisme et son psy, dir. Anne-Marie Amiot, L’Age d’Homme, Lausanne, 1992.