15Epistémocritique, Volume 15. Savoirs et littérature dans l’espace germanophone.
On assiste aujourd’hui à une véritable explosion des recherches sur les savoirs et la littérature en Europe. Il devenait urgent de rendre compte de la vitalité de ces recherches en faisant un tour d’horizon des travaux qui essaiment aujourd’hui à travers toute l’Europe. Cette quinzième livraison d’Epistemocritique initie ce tour d’horizon par un état des lieux de la recherche dans les pays de langue allemande (Allemagne, Autriche, Suisse), où une variété d’approches et de positions différentes se sont développées, donnant lieu à des controverses parfois très vives. Réalisé par Hildegard Haberl, ce numéro d’Epistemocritique propose un éventail de quelques-unes de ces approches et orientations ainsi que des tensions et débats qu’elles ont suscités, témoignant de la vitalité d’un champ aujourd’hui en plein essor dans le monde germanophone.

14Epistémocritique, Volume 14. GREFFES.
Greffes, hybridations, percolations… les métaphores ne manquent pas pour décrire la circulation des modèles, des idées et des représentations entre sciences et littérature. Parmi ces métaphores, celle de la greffe jouit d’une mémoire culturelle et d’une épaisseur historique toutes particulières : aux XVIIIe et XIXe siècles, elle a été mobilisée de façon massive par les scientifiques et les écrivains pour figurer différentes modalités du dialogue entre discours littéraires et savants. Les études réunies dans ce volume illustrent quelques-unes de ces modalités, interrogeant à partir d’exemples précis les rapports réciproques de la science et de la littérature, leur concurrence possible dans le champ du savoir, mais aussi la manière dont se constituent l’une par rapport à l’autre la « connaissance de l’écrivain » et la « connaissance du savant.

13Epistémocritique, Volume 13. Littérature et savoirs du vivant.
Depuis le 19ème siècle, moment où naissent les sciences du vivant, la circulation des modèles et des théories liés à ce domaine crée un espace de production épistémique qui permet aux représentations culturelles du vivant de se diffuser et de percoler dans la pensée historique, politique et sociale grâce à une série d’analogies, de déplacements métaphoriques, de généralisations et d’extrapolations. Les études réunies dans ce numéro visent à cerner la diversité de ces appropriations et des usages qui ont été faits des sciences du vivant dans le champ plus vaste des savoirs sur l’homme, mais aussi dans la production littéraire et, plus généralement, dans l’imaginaire, afin de mettre en évidences leurs enjeux idéologiques ainsi que les effets de culture qu’elles ont produit.

12Epistémocritique, Volume 12. Littérature et économie.
Le monde économique et le monde de la littérature et des arts ont souvent, depuis le Romantisme, été considérés comme antithétiques. Cependant les relations économiques sont présentes dans de nombreux textes et dessinent même une tradition littéraire. Après un bref parcours historique, du marchand dans la littérature du XVIIe siècle au Robinson de Defoe, des tribulations des personnages de Balzac dans le contexte du libéralisme naissant aux textes de Masséra, la littérature mettant en scène l’économie, surtout en période de crise, ne se contente pas de la représenter mais elle interroge les principes et l’éthique qui la fondent et entretient avec elle un dialogue constant .

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7 – Interférences préhistoriennes dans le cycle des Rougon-Macquart d’Émile Zola

Bien que les sources ne soient pas assez explicites pour affirmer fermement l’influence de la préhistoire sur le cycle des Rougon-Macquart, la démarche épistémocritique peut aider à la mettre au jour sous sa forme singulière, qui est celle de la fragmentation et de la dispersion. Les interférences préhistoriennes se lisent dans les interstices du texte zolien et, sans nuire à la cohérence première de l’Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire, elles complètent cette dernière par un discours anthropologique fondé sur les savoirs de la préhistoire. Loin de conforter la foi dans le progrès propre au XIXème siècle, l’anthropologie zolienne revue au prisme de la préhistoire exprime la permanence de l’homme primitif au cœur de la modernité.

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4-Vivid Entanglements: Materializing Climate Crisis in Mainstream Poetry

How does contemporary mainstream Anglophone poetry represent climate crisis? Taking this simple question as starting point to critical exploration, this article contends that mainstream poets, often dismissed as conventionally realist (and, as a result, very seldom taken as objects of ecocritical study) as opposed to the experimental avant-garde, use innovative poetics in order to figure a crisis defeating both imagination and representation, as well as metapoetically interrogate their own modes of representing nature. Through the study of a recent anthology dedicated to the climate crisis, Kate Simpson’s Out of Time, Poetry from the Climate Emergency (2021), we will see how mainstream poets experiment with form and language, focusing attention on the visuality, iconicity, materiality and plasticity of the poem, rather than the “hyperobject” (Morton) they purportedly represent. Troubling mimetic representation in order to open up the poem into a more problematic site of meaning, these poems grope with issues of scale, space and voice, pushing the reader to actively engage with the recalcitrant text and, potentially, experience their entanglement in the world through poetic artifice.

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3 – L’Histoire des sens et les prisonniers : la science pénitentiaire et la littérature des prisonniers

Vue sous l’aspect de l’histoire des sens, la prison, qui a été le sujet de nombreuses recherches historiques et littéraires, continue de nous interroger : comment sentait-on les prisonniers ? Pour répondre à cette question, il faut d’abord suivre, dans les écrits des enquêteurs venant de l’extérieur, les traces de leur expérience sensorielle intramuros, afin de constituer et d’étayer, à travers une intertextualité parfois interdisciplinaire, un savoir sur les prisonniers. Il ne s’agit cependant pas de se contenter de cette histoire des « sens sur les prisonniers ». Il est en effet impératif de penser l’histoire des « sens des prisonniers » eux-mêmes, et ce d’autant plus que les romans et les mémoires dont ils sont les auteurs sont empreints de leur expérience visuelle, auditive et olfactive. De fait, la mise en valeur des éléments sensoriels au sein de la description de leurs codétenus est, pour les auteurs, une façon de résister à ce nouveau monde composé de criminels et marqué par l’insensibilité dans lequel ils ont été jetés. Enfin, la confrontation, sous l’angle des sens, des écrits des enquêteurs avec ceux des prisonniers, fait apparaître un changement de paradigme en cours : l’ouïe et la vue cèdent à l’odorat, voire à un nouveau sens : la sensibilité tactile étendue ou la sensibilité cutanée. Cette dernière, pourtant, ne se retrouve pas chez les écrivains prisonniers dont les sens s’émoussent progressivement et qui sont, par conséquent, délaissés par un monde extérieur qui évolue désormais sans eux.

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1 – L’expérience de pensée comme méthode de variation – De Mach à Musil

Partant de la formulation théorique de l’expérience de pensée par Ernst Mach, cet article analyse l’usage littéraire qu’en fait Robert Musil dans L’Homme sans qualités. Définie comme un détour par la fiction qui permet d’atteindre une vérité concernant le monde réel, l’expérience de pensée y trouve une première expression dans les notions de possible et d’utopie qui, chez Musil, circonscrivent l’activité même de l’écrivain. En effet, la tâche qu’il lui impartit est d’imaginer des alternatives au réel, comme autant de variations sur ce phénomène complexe qu’on appelle la vie. Au-delà, cette étude montre que l’expérience def pensée trouve dans l’essai la forme littéraire la plus adéquate pour « possibiliser » le réel. Étroitement lié à l’absence de qualités, l’essai implique le choix d’une autre position épistémologique qui consiste à inventer des contextes narratifs pour le possible afin d’expérimenter et de mettre en variation différents aspects de l’expérience humaine.

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4-Construction des identités féminines dans le
Cycle de Terremer
d’Urusla K. Le Guin et évolution de la pensée critique féministe

par Hélène Barthelmebs Dès le XVe siècle, avec entre autres le tristement célèbre Malleus Maleficarum ou Marteau des Sorcières (1482), c’est…

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Cycle de Terremer
d’Urusla K. Le Guin et évolution de la pensée critique féministe

8 – Les origines célestes de l’homme :
la mystique préhistorique d’Édouard Schuré8 –

À partir de l’exemple significatif que constitue le cas d’Édouard Schuré, occultiste prolifique de la fin du dix-neuvième siècle, nous pouvons observer de quelles manières, et à l’occasion de quelles conditions, le discours ésotérique qui recueille alors de nombreux suffrages peut investir le problème des origines humaines en s’appropriant les savoirs de son temps. Cet examen nous amène à vérifier l’étanchéité ou la porosité des frontières supposées séparer le discours savant du discours croyant, mais surtout à apprécier le caractère puissamment fictionnalisant de tout récit des origines, aussi informé soit-il par les données scientifiques. Une telle exploration, bien que menée dans d’autres siècles, soulève des questions qui inquiètent notre présent : en effet, ce que cherche à réaffirmer ce discours ésotérique et pseudo-scientifique, lié à une doctrine anthroposophique toujours bien portante, c’est la centralité de l’homme dans un cosmos que la préhistoire et l’évolutionnisme sont soupçonnés d’avoir vidé de ses dieux.

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la mystique préhistorique d’Édouard Schuré8 –

3-Géopoétique de la catastrophe. The Book of the Dead de Muriel Rukeyser

The Book of the Dead est paru en 1938 dans le recueil U.S.1. La poétesse états-uniennes Muriel Rukeyser a composé cet ensemble de poèmes à la suite d’un séjour à Gauley Bridge, en Virginie-Occidentale (Etats-Unis), où 764 ouvriers venaient de mourir de la silicose en travaillant sur un chantier hydro-électrique. Pour saisir ce que le chantier mortifère a laissé en héritage, elle élabore une poésie moderniste qui emprunte tant aux esthétiques documentaire qu’aux expérimentations objectivistes. Cette article propose d’en faire une lecture géopoétique : The Book of the Dead manifeste une poétique qui, troublée par les perturbations géographiques et géologiques qui sous-tendent la catastrophe sociale, redéfinit cette dernière.

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4 – La ville sonore : Quelles sources pour l’histoire du bruit urbain ?

Dans son article « La ville sonore : Quelles sources pour l’histoire du bruit urbain ? », Aimée Boutin revient sur la méthodologie développée dans son livre City of Noise : Sound and Nineteenth-Century Paris. Elle recense une gamme de sources possibles pour écouter les sons du passé et « enregistrer » les bruits d'une rue parisienne d’avant la révolution industrielle, avant que l’enregistrement sonore n’existe. Étudier l’histoire du bruit nécessite une approche pluridisciplinaire articulant musicologie, histoire de l'art, études littéraires, histoire, architecture et urbanisme. Cependant il serait impossible de tout écouter ; il est donc nécessaire de réfléchir à la sélection des bruits quotidiens qui retenaient l'attention des auditeurs du passé et qui sont parvenus à nos oreilles. Enfin, cette étude examine si la tâche de l'historien·ne du paysage sonore se caractérise par la reconstruction ou plutôt par l'interprétation du passé sonore, en esquissant quelques exemples de chaque approche.

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4 – La vengeance du comte Skarbek ou la bande dessinée comme expérience de pensée

En se fondant sur une bande dessinée complexe, cet article vise à appliquer le concept d’expérience de pensée à la recherche texte-image en général et à l’analyse de la bande dessinée en particulier. L’exemple de La Vengeance du comte Skarbek d’Yves Sente et de Grzegorz Rosiński (2004-2005) se distingue par de multiples ruptures dans le processus de la narration, notamment par un enchaînement de plusieurs narrateurs qui continuent un même récit tout en relativisant une partie de ce qui a été dit et montré avant. Dans ce jeu de références multiples, intertextuelles et méta-textuelles, la notion d’expérience de pensée permet de prendre en compte l’impact de cette narration instable entre texte et image sur le lecteur : l’éveil de sa curiosité tout comme le plaisir de reconnaître certains clins d’œil et références, mais aussi son identification déçue avec des personnages narratifs qui s’avèrent non fiables.

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13 – Les gestes des préhistoriques comme ressource de l’art contemporain

Il s’agit de revisiter, dans une première partie, la notion de geste au travers des œuvres des préhistoriques. Les facultés d’attention, de perception, de création mettent en évidence la complexité qu’engage le geste dessiné. S’attachant aux œuvres de Giuseppe Penone, de Patrick Neu et Miguel Barceló, l’article montre dans une seconde partie l’appropriation de ces gestes dans certaines œuvres de ces artistes.

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5-“Infamy in the Air”: Toxic Climate, Racial Atmospherics, and the Politics of Contagion in the Literature of the Nineteenth-Century United States

This essay asks what crisis does to critique, but also how critique can help theorize, and orient ourselves in, crisis, by thinking about breathing and race in the literature of the nineteenth-century United States “in the wake” of the pandemic of COVID-19. Drawing on Christina Sharpe’s In the Wake, as well as on studies of the atmospherics of power in the field of cultural anthropology, health humanities, environmental humanities and literary studies, I seek to elaborate a critical vocabulary for thinking about the specific crisis produced by a contagious disease travelling in the very air we share and breathe and, by extension, for thinking about the power dynamics of the airy yet material atmosphere that surrounds us. Moving from “suspension” to “distribution,” from “breathlessness” and “asphyxiation” to “aspiration” and “conspiration,” I reflect on the politics of contagion, on the risk and the promise of contamination.

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Présentation

La littérature s’est-elle jamais distinguée de l’univers des savoirs au point de s’en isoler totalement ? Ne trouve-t-on pas au contraire,…

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9 – Écrire l’histoire de l’olfaction au XIXème siècle : L’exemplarité de Zola

Cet article aborde sous l’angle de l’exemple la reconnaissance exceptionnelle dont bénéficient les écrits Zola auprès des historien·ne·s étudiant l’olfaction au XIXème siècle. Cela permet d’éclairer la tension entre le caractère exceptionnel du traitement des odeurs chez Zola qui le distingue des autres auteurs, notamment naturalistes, et le caractère significatif, exemplaire, de ces évocations olfactives qui fait de Zola un témoin privilégié des senteurs de son époque. Cette double fonction de l’exemple qui relève autant de la norme que de l’exception, fait écho à une autre tension qui habite particulièrement la perception olfactive : les odeurs évoquent à la fois des souvenirs individuels, parfois même intimes, et des catégories très codifiées ou des conventions partagées par des sociétés entières. Pour mieux comprendre l’exemplarité de Zola en matière d’olfaction et expliquer les prérogatives que lui accordent les historiens actuels qui appuient souvent leurs démonstrations à la fois sur la singularité et la généricité de ses descriptions olfactives, il s’agira de mettre en perspective la fortune critique que connait l’écrivain auprès des historiens actuels avec l’histoire longue de la réception critique du sens de l’odorat chez Zola et des senteurs évoquées par ses romans.

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5 – Si une expérience de pensée m’était contée : Le petit chaperon rouge de Charles Perrault et autres histoires du temps moderne

Il est fréquent de comparer les expériences de pensée à des contes de fées pour en dévaluer le crédit épistémologique. Il s’agit ici de renverser cette analogie et de se demander si certains contes ne pourraient pas être conçus sur le modèle de ce genre d’expériences. "Les contes du temps passé" constituent à ce propos un cas paradigmatique, car en dépit de leur allure enfantine, ces histoires reproduisent de manière allégorique les idées que Charles Perrault avait défendues dans des écrits comme son "Parallèle des Anciens et des Modernes". Héraut de la modernité, Perrault n’a cessé de défendre une nouvelle poétique exacte et rationnelle et de prôner les méthodes scientifiques modernes de Galilée et de Descartes dont il s’est largement inspiré pour écrire des histoires comme "La belle au bois dormant" ou "Le chat botté". Mais c’est dans "Le petit chaperon rouge" que l’écrivain coule surtout ces nouvelles idées et méthodes, qu’il en fait l’application au moyen d’un style qui l’apparente à une expérience de pensée. Sous ce jour, cette fameuse histoire du temps passé apparaît comme un laboratoire imaginaire où s’exercer à la lecture moderne.

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6-Des grands récits aux petites histoires : ne plus être face au monde mais dans le monde dans trois performances contemporaines

Eliane Beaufils Cette contribution part des intuitions théoriques développées par Ursula K. Le Guin dans son bref essai de 1986 « La…

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10 – L’écriture de la préhistoire dans Les deux Beunes de Pierre Michon :
Entre entropie et néguentropie

Par l’entremise des notions d’entropie et de néguentropie, le présent article propose d’aborder la question de la préhistoire dans les deux récits La Grande Beune et La Petite Beune de Pierre Michon. L’univers fictionnel michonien, qui au premier coup d’œil semble immobilisé dans un épais brouillard archaïque, offre aussi différentes stratégies littéraires permettant de déployer une énergie susceptible de contrecarrer ce devenir uniforme et « informe » du monde. Dans un premier temps, nous chercherons à comprendre comment les paysages extérieurs et les environnements souterrains des grottes du paléolithique se contaminent mutuellement, ralentissant ainsi les diverses forces entropiques présentes dans le récit. Nous chercherons à ouvrir les strates du temps, permettant ainsi à un passé enfoui et oublié de refaire surface en se manifestant dans le monde visible. Dans un deuxième temps, en abordant la question de la calligraphie et de la chasse, nous souhaitons montrer comment l’écriture peut « se saisir » de la préhistoire sans la figer dans le temps. L’écriture et l’art pariétal apparaitront comme des gestes néguentropiques mettant en scène une production collective permettant de résister aux catastrophes de l’histoire.

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Entre entropie et néguentropie

6-A Martial Meteorology: Carceral Ecology in Jesmyn Ward’s Sing, Unburied, Sing

During a discussion of her novel, Sing, Unburied, Sing, on National Public Radio (NPR), Jesmyn Ward recalls her experience of Hurricane Katrina: “I sat on the porch, barefoot and shaking. The sky turned orange and the wind sounded like fighter jets. So that’s what my mother meant: I understood then how that hurricane, that Camille, had unmade the world, tree by water by house by person.” The “weight of history in the South of slavery and Jim Crow makes it hard to bear up,” she continues. The future is full of worry, “about climate change and more devastating storms like Katrina and Harvey.” In Ward’s depiction of the wind as fighter jets, she imbues the violent elements of the hurricane with a martial quality that demonstrates how weather and, in particular, storms, hold the capacity to unmake the world. Her words reveal the fungible nature of oikos, or home, and a methodological process of undoing—waters that uproot trees that uproot houses that displace persons. And the details of the aftermath left unsaid—the racism laid bare by the storm, those attempts at unmaking, human by human. Yet it is the history of the US South, of slavery and Jim Crow, that Ward uses as the preface to her concern about a future full of storms wrought by climate change. In doing so, she foregrounds the racial dimensions of the Anthropocene by placing the carceral in conversation with the environment. Sing, Unburied, Sing also explores this much over-looked connection. By examining Sing, Unburied, Sing’s spectral twinning of racial and ecological violence, this essay traces what I call carceral ecology. Crafted from Ward’s imagining of a martial meteorology, carceral ecology transforms climatic phenomena like heat, rain, and storms into tools of western power. The novel thus unearths a southern history in which environmental design and manipulation have been used to maintain a carceral state of control. Looking to Sing, Unburied, Sing, allows us to sift through the different evolutions of carceral ecology—from its toxic presence in the communities of the US South, to its early stages on the plantation, and ending, finally, with the worldly arena of the Anthropocene.

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6 – Le spectacle de la vision. Le discours autour de l’œil et de la vue dans la presse scientifique et populaire au XIXème siècle

Se situant dans la perspective d’une réflexion critique sur l’écriture de l’histoire de la vision, cet article étudie la manière dont l’œil et ses fonctions ont été appréhendés par la médecine au XIXème siècle. Il se base sur une analyse des publications à caractère médical et scientifique savantes et de vulgarisation du début des années 1850 aux premières décennies du XXème siècle, correspondant à la période où l’ophtalmologie s’affirme comme une spécialité médicale et à l’époque de l’essor de la presse scientifique de masse. La première partie montre comment l’exploration de l’œil entreprise par les médecins à travers l’ophtalmoscope et d’autres instruments optiques conduit à une reconfiguration profonde des connaissances sur l’anatomie et la physiologie de la vision. La deuxième partie décrit comment les études physiologiques portent à reconnaitre le caractère subjectif des perceptions visuelles et la fragilité du sens. La dernière décrit comment, à travers un rigoureux processus de classification et de rationalisation des connaissances nouvellement acquises, les ophtalmologues arrivent à re-objectiver les perceptions visuelles. Cet article met ainsi en question la théorie explicitée par Jonathan Crary qui soutient que la découverte du caractère subjectif de la vision au XIXème siècle entraîne une irréversible perte de confiance en ce sens comme moyen d’accès à la réalité du monde extérieur. Ce texte montre également que les recherches médicales autour de la vue trouvent une large diffusion dans la presse scientifique populaire, contribuant de cette façon à consacrer la médecine comme la science la plus autoritaire au sujet de la vision.

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2 – Préhistoire : de quoi s’agit-il ?

Appliquée aux humains, la notion de « préhistoire » est encore souvent entachée de connotations péjoratives. De plus, quand on l’ausculte, elle se révèle très floue, désignant une immense période dont les débuts sont difficiles à fixer, ce qui est tout bonnement impossible pour la fin sauf à défendre une vision dangereusement ethnocentrée de l’histoire des humains. De fait, l’archéologie révèle depuis peu combien le cours de cette histoire a varié, et cela depuis les temps très anciens. Il nous faut trouver aujourd’hui les moyens pour écrire cette diversité, sa connaissance précise nous prémunissant contre deux mythes plus ou moins vivaces, celui d’un progrès continu et celui, symétrique, de la déchéance depuis le Néolithique. Pour mieux saisir la multiplicité des imbrications entre humains et autres vivants au cours des temps, il reste aussi à proposer des récits moins anthropocentrés, l’histoire très ancienne constituant un terrain de choix pour s’y exercer.

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11 – “Big Hole Man” : la préhistoire à l’âge atomique

En 1987, méditant sur sa visite de l’abri du Cro-Magnon en Dordogne après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, l’écrivain Clayton Eshleman conçoit avec sidération deux infinis ouverts en l’homme, notre “bigholeness” se creusant à la pensée de l’ancienneté humaine matérialisée par les crânes de nos ancêtres préhistoriques, aussi bien qu’à la prise de conscience d’une nouvelle menace née de mains d’hommes. Aucun lien de cause à effet n’existe entre la peinture préhistorique et l’usage, militaire ou civil, de l’énergie nucléaire. Pourtant, la confrontation des deux phénomènes apparaît comme un trope contemporain que ressassent les créateurs. Cet article interroge ce télescopage récurrent dans la création contemporaine qui n’a cependant rien d’évident de prime abord. Comment la conscience actuelle met-elle en résonance la très ancienne aptitude créatrice de l’homme et l’angoisse d’une auto-destruction de l’espèce par l’usage incontrôlé de l’énergie atomique ? À travers plusieurs exemples culturels de chocs signifiants entre éblouissement pariétal et hantise nucléaire, nous mettons en lumière l’émergence d’une poétique du carambolage temporel qui, en explorant conjointement la chance de l’inestimable et la peur de l’irréversible, exacerbe la conscience de notre fragilité humaine.

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7-Du “Storm Cloud” à Vertigo Sea L’art britannique au prisme de l’“angloseen”

L’intérêt de la contribution des humanités à la politisation de la crise climatique réside dans la façon dont elles ont rendu sensible un continuum entre nature et culture. Elles se sont pour cela appuyées sur certaines disciplines en particulier, dont la littérature et l’histoire, premiers instruments et objets d’une relecture environnementale de la culture. L’histoire de l’art, quant à elle, vient plus récemment de se saisir de cette même urgence : la nécessité d’adopter une approche écocritique. Dans ce contexte, l’art britannique offre un point de vue privilégié sur les origines industrielles du trouble. Les artistes britanniques furent en effet les premiers et les premières à représenter les effets d’un climat changeant, mais aussi à faire l’expérience professionnelle de points de vue modifiés par la pollution, par l’érosion du paysage, et plus généralement par le bouleversement du lien de l’humain à son environnement. Habitants et habitantes d’un Royaume qui s’est déployé sur des échelles variables allant de la nation à l’empire, ils et elles ont inauguré les mises en relation du planétaire et de l’infiniment petit. En avançant la proposition d’un concept intitulé « angloseen » permettant de synthétiser la notion géologique d’anglocène et les nouveaux modes d’attentions qu’elle nécessite, cet article s’applique à identifier les possibilités d’une démarche écocritique dans l’étude de l’art britannique, tout en confirmant la possibilité d’avoir une approche nationale de la question environnementale.

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7 – La colorisation de films d’archives, l’exemple de la société de production Composite Films

La société de production Composite Films s’est imposée ces dernières années dans le paysage des documentaires historiques, pour son expertise dans la colorisation de films d’archives. Cet entretien se propose d’expliquer les méthodes de travail utilisées, ainsi que de les inscrire dans la perspective de l’histoire des techniques cinématographiques, et de l’histoire des sens.

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3 – Altérités. La perception de l’Autre et des Autres en Préhistoire.
Un exemple de recherche anthropologique en Terre d’Arnhem.3 –

Partager, c’est bouger. Tout partage, qu’il soit social, économique, anthropologique ou scientifique, implique un déplacement de personnes, de valeurs et d’idées en réponse à une invitation ou à une question. Dans une collaboration, partager une pluridisciplinarité scientifique suppose d’accepter de pouvoir faire bouger les postures et trajectoires de recherche des partenaires mais aussi de repenser en les modifiant les points de vue de départ, voire de revisiter sa propre discipline. Cette disposition intentionnelle favorable à l’écoute, à l’échange, à la construction et au changement de point de vue qui fonde la démarche d’altérité a été placée au cœur d’un programme de recherche en Terre d’Arnhem (Territoire du Nord, Australie) à la demande de la communauté ethnique Jawoyn. Il est ici utilisé comme cas d’étude.

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Un exemple de recherche anthropologique en Terre d’Arnhem.3 –

8-L’expérience de pensée comme expérience esthétique : Tlön, Uqbar, Orbis Tertius de Jorge Luis Borges

Laurence Dahan-Gaida, Université de Franche-Comté La notion d’expérience de pensée connaît aujourd’hui une extension qui permet de l’appliquer à tous les…

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8-Jonathan Franzen: His Bird Solution

This article examines Jonathan Franzen’s different writings on birds inspired by his intense birding around the world in the past twenty years. The autobiographical approach, close to Derrida’s redefinition of man as a suffering animal and exposition of animal plight, has gradually given way to the ethical fashion of the Great American Novel Freedom (2010) on endangered species and a number of ornithological essays contradicting the Audubon Society’s position on climate change.

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