Politiques et pratiques de l’interdisciplinarité

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Colloque international
organisé par le Centre Alexandre-Koyré

 Jeudi 15 et vendredi 16 mars 2018

Centre Alexandre-Koyré
27 rue Damesme, 75013 Paris (salle de séminaire – 5e étage)

 

 

L’interdisciplinarité est un mot d’ordre autant institutionnel qu’épistémologique. Qu’on le loue pour sa capacité à briser les présumés « carcans » disciplinaires ou en déplore la dissémination universelle, il ne fait que très rarement l’objet d’enquêtes de la part des sciences historiques et sociales. Le programme de recherche « Politiques et pratiques de l’interdisciplinarité », soutenu par l’EHESS dans le cadre des festivités pour la commémoration du 70e anniversaire de la création de la VIe section de l’EPHE, a souhaité remédier à cet état de fait.

 

Depuis son lancement en novembre 2015, ce programme s’est décliné sous la forme de 4 ateliers, auxquels fait suite ce colloque international.

 

Il ne s’agit pas de produire de nouvelles propositions théoriques ou épistémologiques en matière d’interdisciplinarité. Le propos est, en revanche, de décrire et d’historiciser les opérations intellectuelles et institutionnelles qui se revendiquent de l’interdisciplinarité, l’objectif étant de faire apparaître dans quels contextes ont émergé ces discours, politiques et pratiques visant à la promouvoir, comment ils ont été reçus, appropriés, critiqués, à travers des études de cas analysées à diverses échelles: celle d’un département universitaire, d’un cursus de formation, d’une institution, d’un système national d’enseignement supérieur et de recherche, de structures et de programmes internationaux (congrès, organismes internationaux de financement de la recherche, fondations philanthropiques, etc).

 

Outre une étude de ses promoteurs, on se propose d’analyser la variété contextuelle des diagnostics justifiant, selon eux, de tels projets, ainsi que les cibles plus particulières visées (les savants eux-mêmes ? les administrateurs de la recherche ? certaines structures institutionnelles ? voire l'enseignement supérieur pris dans son ensemble).

 

Afin de ne pas réduire l’interdisciplinarité à sa dimension de manifeste, on souhaite aussi que soient analysées ses mises en œuvre dans des enquêtes précises, et si elle a transformé les habitudes de savants le plus souvent formés selon des normes disciplinaires. Il est également important d’étudier en contexte les critiques, réserves ou dénonciations de l’interdisciplinarité.

 

Enfin, dans chacun des cas étudiés, les frontières de l’interdisciplinarité sont mises en évidence : quelles sont les disciplines dont on souhaite qu’elles collaborent et lesquelles semblent inconciliables. Car un paysage mouvant d’affinités et d’incompatibilités interdisciplinaires s’est dessiné, dont il convient d’interroger les ressorts.

 

Organisation : Wolf Feuerhahn (CNRS, CAK) et Rafael Mandressi (CNRS, CAK)

 

Programme :

Jeudi 15 mars 2018

 

8h45. Accueil des participants.

9h-9h30. Wolf Feuerhahn et Rafael Mandressi : Introduction.

 

I. Chronologies et espaces de l’interdisciplinarité
Discutant : Christian Jacob (CNRS-EHESS)

 

9h30-10h10. Julie Thompson Klein (Wayne State University)
Beyond interdisciplinarity : changing scales and spaces.

10h10-10h50. Wolf Feuerhahn (CNRS, CAK) et Serge Reubi (Centre Marc Bloch, Berlin)
Interdisciplinarité, pluridisciplinarité… : émergence et dissémination d’un vocable et de pratiques.

 

10h50-11h05. Pause-café.

 

11h05-11h45. Vincent Larivière (Université de Montréal)
Une histoire quantifiée des relations entre les disciplines.

11h45-12h25. Claude Blanckaert (CNRS, CAK)
La « culture ethnologique » française, creuset des coopérations interdisciplinaires ?

12h25-13h05. Christian Hottin (Institut national du patrimoine, Ministère de la Culture, LAHIC)
L’architecture de l’interdisciplinarité.

 

13h05-14h30. Pause déjeuner.

 

II. Des objets aux studies : terrains et représentations de l’interdisciplinarité
Discutant : Rafael Mandressi (CNRS, CAK)

 

14h30-15h10. Stefan Mierzejewski (ESPE Lille, RECIFES)
L’institutionnalisation des STAPS : entre opportunités politiques et pesanteurs académiques (et/ou inversement).

15h10-15h50. Andreas Mayer (CNRS, CAK)
Étudier le sommeil et les rêves au XXe siècle : remarques sur l'émergence d’un champ interdisciplinaire autour d'objets récalcitrants.

15h50-16h30. Jean-Christophe Coffin (Université Paris 8 Vincennes-à-Saint-Denis)
Le genre et ses déclinaisons : politiques de l’interdisciplinarité et politiques de la reconnaissance.

 

16h30-16h45. Pause-café.

 

16h45-17h25. Diane Marie Plante (Université de Montréal)
Au-delà de la rhétorique, exploration des pratiques mesurées et perçues de l'interdisciplinarité.

17h25-18h05. Renaud Debailly (Sorbonne Université, GEMASS)
L’interdisciplinarité des science studies : du refus de l’autonomie de la science à la diversité du politique.

 

Vendredi 16 mars 2018

 

III. Institutions vectrices de l'interdisciplinarité
Discutant : Christian Topalov (CNRS-EHESS)

 

9h-9h40. Ludovic Tournès (Université de Genève, Département d’Histoire Générale, Global Studies Institute)
Les savoirs sur le monde dans l’entre-deux-guerres : construction interdisciplinaire et mise en réseau internationale.

9h40-10h20. Emanuel Bertrand (ESPCI Paris, CAK)
L’interdisciplinarité au CNRS de 1975 à 1997 : entre promotion discursive et obstacles institutionnels.

10h20-11h. Géraldine Delley (Laténium, Université de Neuchâtel)
Des pratiques aux injonctions : les recherches préhistoriques en Suisse et la création du Fonds national de la recherche scientifique (1950-1970).

 

11h00-11h15. Pause-café

 

11h15-11h55. Roland Lardinois (CNRS, CEIAS)
Émergence, appropriation et transformation d’un programme interdisciplinaire : la sociologie de Louis Dumont.

11h55-12h35. Jean-François Goubet (ESPE Lille, RECIFES, Université d’Artois)
Jerome Seymour Bruner et l’interdisciplinarité au Center for Cognitive Studies de Harvard.

12h35-13h05. Andrée Bergeron (Universcience, CAK)
Le service de la recherche de l’ORTF : regards sur l’interdisciplinarité en France (1960-1974).

 

13h05-14h30. Pause déjeuner

 

IV. Affinités interdisciplinaires ?
Discutant : Jacques Revel (EHESS)

 

14h30-15h10. Peter Galison (Harvard University)
The Manhattan Project as interdisciplinarity in action.

15h10-15h50. Jerry Jacobs (University of Pennsylvania)
Differentiation in the Life Sciences.

15h50-16h30. Élise Demeulenaere (CNRS, Eco-anthropologie et Ethnobiologie)
et Vincent Leblan (IRD, Patrimoines locaux)
De la gestion du patrimoine naturel à la gestion de la biodiversité : stratégies et positionnements (inter)disciplinaires de l’écologie scientifique au MNHN (1970-2000).

 

16h30-16h45. Pause-café

 

16h45-17h25. Sébastien Lemerle (Université Paris Nanterre, CRESPPA)
L’interdisciplinarité comme zone de négoce ? Bilan britannique sur quelques initiatives récentes de collaborations entre sciences sociales et sciences de la vie.

17h25-18h05. Sébastien Dutreuil (CNRS, IHPST), Hélène Guillemot (CNRS, CAK),
Fabrizio Li Vigni (EHESS, GSPR)
Des sciences de la complexité aux sciences du système Terre : injonctions et pratiques de l'interdisciplinarité.

 

18h05-18h30. Discussion générale, animée par Rafael Mandressi (CNRS, CAK).

 

 

Entrée libre et sans inscription préalable.

 

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