16 – Language after the Fall in the film Cloud Atlas (2012)

Lorsque l'on présente des mondes lointains dans la science-fiction ou le fantastique, l'un des procédés courants permettant d'accroître l'expérience de défamiliarisation pour les lecteurs ou les spectateurs consiste à les immerger dans des environnements linguistiques non familiers. À cette fin, les écrivains ont même créé des langues entières (par exemple, Tolkien et ses langues de la Terre du Milieu). Cependant, lorsqu'il s'agit d'un passé ou d'un futur lointain, on s'efforce rarement de reconnaître le fait que la langue évolue avec le temps. La section post-apocalyptique de Cloud Atlas s'appuie précisément sur le changement linguistique pour dépeindre un monde futuriste, à la fois dans le roman de David Mitchell de 2004 et dans son adaptation cinématographique de 2012 par les Wachowskis et Tom Tykwer. Dans une perspective de linguiste, il est frappant de constater que certains des changements créés pour Cloud Atlas sont tout à fait plausibles si l'on considère l'avenir réel des variétés d'anglais. Dans cet article, je montre comment cette langue futuriste est rendue dans le film et j'analyse les mécanismes de changement qui auraient pu être à l'œuvre s'il ne s'agissait pas d'une fiction. Certains aspects de l'évolution proposée ne sont pas très plausibles (par exemple, l'absence de variation vocalique), mais l'encodage de la variété est une représentation linguistique, une proposition esthétique et artistique, qui n'a pas besoin d'être complètement réaliste. Néanmoins, les caractéristiques linguistiques créées aident les cinéastes à produire un effet de réel (Barthes), probablement parce que la construction linguistique de Cloud Atlas repose sur l'observation de la variété actuelle et sur l'histoire de la langue anglaise.

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