image_pdfimage_print

6 – « Weder Kindheit noch Zukunft ». Rilke et l’expérience de pensée

Alors que la plupart des écrivains modernistes tiennent la vie et la littérature pour foncièrement incompatibles, Rilke considère les deux dimensions comme complémentaires, voire comme coïncidentes. La poésie n’est pour lui pas tant une manière de fuir la réalité qu’un moyen de s’y immerger davantage, en transformant le monde extérieur en caisse de résonance du monde intérieur. Cette vision encore romantique des rapports entre l’œuvre et son créateur ne l’empêche pas de faire des "Élégies de Duino" un véritable journal de laboratoire : le « Je » y est à la fois scientifique et cobaye d’une expérience de pensée dont sont notifiés les réussites, mais aussi et surtout les échecs. Souvent interprétés comme une question rhétorique, les vers initiaux du cycle (« Qui, si je criais, m’entendrait donc, d’entre / les ordres des anges ? ») constituent ainsi l’exposé d’un "puzzling-case" que le reste du cycle va développer dans tous ses aspects. Nous nous proposons d’analyser certaines expressions optatives (subjonctif, questions rhétoriques, adynaton) auxquelles Rilke a recours dans "Les Élégies de Duino" – et dans la Neuvième Élégie en particulier – en les regardant comme exemplaires de l’expérience de pensée moderniste.

Commentaires fermés sur 6 – « Weder Kindheit noch Zukunft ». Rilke et l’expérience de pensée

4 – La vengeance du comte Skarbek ou la bande dessinée comme expérience de pensée

En se fondant sur une bande dessinée complexe, cet article vise à appliquer le concept d’expérience de pensée à la recherche texte-image en général et à l’analyse de la bande dessinée en particulier. L’exemple de La Vengeance du comte Skarbek d’Yves Sente et de Grzegorz Rosiński (2004-2005) se distingue par de multiples ruptures dans le processus de la narration, notamment par un enchaînement de plusieurs narrateurs qui continuent un même récit tout en relativisant une partie de ce qui a été dit et montré avant. Dans ce jeu de références multiples, intertextuelles et méta-textuelles, la notion d’expérience de pensée permet de prendre en compte l’impact de cette narration instable entre texte et image sur le lecteur : l’éveil de sa curiosité tout comme le plaisir de reconnaître certains clins d’œil et références, mais aussi son identification déçue avec des personnages narratifs qui s’avèrent non fiables.

Commentaires fermés sur 4 – La vengeance du comte Skarbek ou la bande dessinée comme expérience de pensée

3 – L’image pense-t-elle quand elle parle ?

Cet article s’attache à un cas spécifique, voire limite, d’expérience de pensée, celle du créateur au prise avec la gestation de son œuvre. Plus précisément, l’analyse de deux films, Paterson (J. Jarmusch) et Rêveurs rêvés (R. Beckermann) permet de reposer de manière singulière la question d’un mode de pensée qui serait propre aux images, et la part qu’elles ménagent, malgré tout, à une dimension linguistique ou scripturale. En représentant un poète fictif, ou en laissant entendre la voix de deux poètes majeurs du XXème siècle (I. Bachmann et P. Celan), chacun des films étudiés propose, de manière dialogique, une rencontre entre élaboration visuelle et écoute attentive du texte.

Commentaires fermés sur 3 – L’image pense-t-elle quand elle parle ?

2 – La transparence et l’obstacle épistémologique : Visages de la fiction expérimentale chez Gourmont, Chesterton et Schwob

Nous proposons de lire les fables de Gourmont, Chesterton et Schwob comme autant d’espaces propices à l’émergence d’expérimentations conçues pour négocier l’isolement, l’incompréhension ou le déni dans lequel les personnages se retrouvent enfermés. Le présent article se propose, à partir de trois exemples, d’examiner sous quelles formes et par quels procédés nos auteurs qui jouent avec les possibilités épistémiques de la fiction ménagent au sein de chaque histoire un dispositif heuristique destiné à offrir une lisibilité nouvelle aux gestes mentaux de leurs opérateurs et, ce faisant, à reconfigurer les schémas mentaux du lecteur.

Commentaires fermés sur 2 – La transparence et l’obstacle épistémologique : Visages de la fiction expérimentale chez Gourmont, Chesterton et Schwob