Corps extrêmes : chirurgie et performance dans l’art contemporain

Longtemps érigées en spectacles, puis interdites aux regards profanes au début du XXe siècle, les opérations chirurgicales ont retrouvé une forme de théâtralité dans les années 1990, avec le développement de performances artistiques mobilisant le concours de chirurgiens et les moyens de la médecine lourde, en particulier chez ORLAN, Kac et Stelarc. Comment les actions inédites déplacent-elles les relations entre corps, médecine et esthétique ?

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L’histoire d’une histoire : reprise, diffusion et abandon d’une découverte botanique et poétique

Peu de végétaux fascinèrent autant les botanistes que la vallisnère ou vallisneria spiralis, en raison d’une particularité décrite au XVIIIe siècle par l’Italien Pier Antonio Micheli, puis par Linné, qui y vit un admirable exemple de la providence naturelle1. Cette plante subaquatique, qui pousse dans le lit de fleuves comme le Rhône, mais utilise le vent pour sa reproduction, met en contact de façon différenciée ses fleurs mâles et femelles, portées par des individus distincts. Pour gagner l’air libre, les premières se détachent entièrement du pied, tandis que les fleurs femelles restent arrimées à une longue spire, qui ramène l’organe sous la surface des eaux après fécondation. La vallisnère offre ainsi un cas de mobilité végétale qui frappa ses premiers descripteurs autant pour sa complexité que parce que, comme celui de la sensitive, ce « mouvement propre réel2 » semblait rapprocher la vallisnère du règne animal, pour en faire un « intermédiaire entre la plante et l’insecte », voire prouver chez les végétaux l’existence d’une « intelligence liée à la vie3 » ou d’un « instinct amoureux4 ». Aussi les savants des Lumières n’abordent-ils guère la vallisnère sans faire part de leur surprise, ni chercher à communiquer cette stupeur à leurs lecteurs. Picot-Lapeyrouse, par exemple, explique en 1799 qu’un « mécanisme aussi singulier » constitue un vrai « miracle de la nature », une « extraordinaire », « prodigieuse » et « merveilleuse » cause d’« étonnement5 ». Téléchargez cet article au format PDF: pdf/Marchal.pdf

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Des anthologies invisibles : la poésie en revue dans Nature, Science et La Nature (1880-1900)

Dans une récente et précieuse synthèse, l’historien Robert Fox estime que la désaffection qui frappa la poésie scientifique en France, après la vogue suscitée par les productions de Delille, se produisit au profit de la presse de vulgarisation. Certes, le basculement fut graduel, puisque Pierre Daru composa dans les années 1820, à la demande de Laplace, un poème sur L’Astronomie qui parut de façon posthume en 1830 . Mais le glissement, précise encore Fox, est consommé au milieu du siècle. Début d’un « âge d’or de la vulgarisation, qui dura jusqu’aux premières années du siècle suivant », cette période contraste avec la fin des Lumières et la période postrévolutionnaire, qui avaient encensé Delille

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Introduction

Nous nous sommes engagés à partir de 2007, avec d’autres chercheurs, dans le projet Euterpe : la poésie scientifique en France de 1792 à 1939, parce nous nous étions heurtés, en suivant des voies diverses, à un obstacle commun. Nous trouvions au XIXe siècle, et parfois fort tard, des textes relevant d’un genre de poésie qui n’aurait pas ou plus dû exister à cette date. D’abord prises pour des isolats, ces œuvres, dont la science contemporaine constitue le principal sujet, s’avéraient assez nombreuses pour former une ligne continue, des lendemains de la Révolution jusqu’à l’aube du dernier siècle. Davantage, ces textes faisaient l’objet d’un intense débat, mobilisant durant toute la période des noms restés célèbres. Or de ces œuvres comme de ces polémiques les manuels d’histoire littéraire ne gardaient pas trace. Au mieux, ils rappelaient que la fin des Lumières et le Premier Empire avaient porté au firmament des poètes « didactiques » ou « descriptifs », comme Jacques Delille, chantre de l’histoire naturelle ou de la physique ; mais cette production n’avait pas de postérité

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