Editorial
Cette cinquième livraison de la revue Epistemocritique pourrait être placée sous l’égide de Goethe, dont la pensée esthétique et épistémologique est…
Cette cinquième livraison de la revue Epistemocritique pourrait être placée sous l’égide de Goethe, dont la pensée esthétique et épistémologique est…
« C’est en reconnaissant bien plutôt à la vie tout ce dont il y a histoire, et qui n’en est pas seulement le théâtre, que l’on rend pleine justice au concept de vie. » Walter Benjamin, La Tâche du traducteur
Combien peu de ce qui s’est passé a été mis par écrit, combien peu de ce qui a été écrit a été sauvé ! C’est d’origine que la littérature est fragmentaire, elle ne conserve les monuments de l’esprit humain que pour autant qu’ils aient été couchés par écrit et aient survécu au temps. (Goethe, Maximes et réflexions, N° 267)
Certains mots suscitent l’engouement d’une société à une époque déterminée, ils surgissent et connaissent un succès sémantique avant de disparaître au terme d’une période parfois éphémère ; bref, il existe une mode des mots.
If, as Henri Bergson holds, a philosopher’s work is pervaded by the unfolding of a single thought, for Emerson it is the thought of "unfolding” itself. The driving force of Emerson’s thought is that form – whether natural form, object-form, political or moral form, forms of the self or of the mind – to remain vital can only be understood in terms of metamorphosis.
Un an après La Guerre du feu, fable des premiers hommes, Rosny Aîné publie, en 1912, La Mort de la terre, fable des derniers. Par le choix de ces époques seuils, commencement et fin, il étend l’histoire humaine à l’échelle de l’évolution, la projette dans la très longue durée de l’histoire du vivant, et la modélise selon les lois de celle-ci.
« Notre mémoire est faite de fragments, de restes, de lambeaux et c’est pourquoi, comme les ruines, elle est toujours à même de nourrir notre nostalgie. Mais elle est animée, excitée, par des détails et c’est pourquoi elle dessine aussi notre avenir. » Jean-Bertrand Pontalis [[Perdre de vue, Gallimard, 1988, p. 384.]]
Relevant à la fois du genre didactique et épidictique, la poésie scientifique s’est donné pour objet principal au XIXe siècle la célébration du progrès, en ses grandes découvertes comme en ses grands hommes, héros positifs d’un merveilleux renouvelé. De la découverte du microbe aux techniques de l’accouchement, tout savoir scientifique et technique du siècle a été mis en vers et, le plus souvent, passé à la toise de l’alexandrin.
La conscience de la mutabilité, qui envahit tous les domaines de la pensée au XIXe siècle, la substitution de la catégorie du devenir à celle de l’essence s’accompagnent d’un effort proportionnel de ressaisie. L’histoire, science des transformations du monde humain, conscience de tout ce que le temps fait naître mais aussi emporte, affiche alors une ambition de totalité : « résurrection de la vie intégrale », récapitulation du passé tout entier dans de « grands récits » supposant aussi une fin de l’histoire.