13 – 11 septembre, mon amour de Luc Lang ou l’écriture d’une « apocalypse moderne »

Le récit 11 septembre, mon amour est ancré dans la catastrophe des attentats de 2001 : leur étant quasi concomitant, il a aussi été écrit in situ. C’est à une écriture du témoignage répondant à l’appel de l’Histoire que se livre Luc Lang. Les écrans omniprésents diffusant les « radiations CNN », à l’« abyssal pouvoir d’hypnose », font paradoxalement écran à la saisie de la catastrophe au sens où « la mort est partout mais elle n’épouse aucun corps ». Contre cette déréalisation de l’horreur, Lang se livre à une écriture sensible des attentats, à la fois au sens d’empathique et de sensorielle. Pour donner à éprouver cette « apocalypse moderne » sous toutes ses facettes, Lang choisit également une configuration narrative résolument polyphonique en donnant voix notamment aux victimes qui étaient à bord des avions. La catastrophe, rendue d’un point de vue immersif, est aussi appréhendée de manière sérielle. L’Histoire est traitée comme un palimpseste dont l’écrivain gratte la surface (l’actualité) pour révéler les catastrophes enfouies. Bien plus qu’une œuvre de circonstances, 11 septembre mon amour est un récit qui se propose de relire et de relier les catastrophes pour établir une « mélopée du souvenir » dépassant les clivages historiques et nationaux.

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