10 – Drôles d’événements ? La menace nucléaire vue à travers les formes de son interprétation et de son remploi artistiques
De la catastrophe, et singulièrement des effets de l’accident nucléaire, maintes représentations ont été faites ; notre intérêt se portera, dans les arts visuels, sur la question de la place de l’humour face au désastre. En effet, en évitant le sérieux ou le sublime que semble appeler la figuration d’un événement dramatique, le recours à l’humour autorise, peut-être plus encore que l’avènement d’une œuvre apotropaïque, un pas de côté qui permet de prendre du champ et de songer le désastre. Le rire ou la stupeur seconde générés par certaines images ne constitueraient-ils pas a priori l’un des remèdes les plus efficaces à la « jubilation affreuse », à la sidération ou encore à l’indifférence, dans lesquelles bien des œuvres paraissent vouloir nous laisser ?... Ces images reprises et retravaillées ne pointent-elles pas, directement, aussi, un mode de consommation et de réception de la catastrophe et de l’horreur ? Les XXème et XXIème siècles, au cours desquels l’accident nucléaire aura fait son irruption, sont les cibles et les lieux d’exercices d’imagiers aux vues singulières qui ambitionnent de retourner ou de déjouer les représentations convenues, attendues, grandiloquentes et pathétiques des catastrophes, pour en proposer des visions tour à tour déconcertantes et grinçantes.