8 – Claude Favre et la catastrophe migratoire : bifurcations et débordements de la poésie factuelle

Dans le recueil Crever les toits, etc. — Déplacements, l’écriture de Claude Favre se fonde sur une intertextualité foisonnante qui rassemble des extraits d’entretiens ou de discours politiques, philosophiques et journalistiques. Le rapprochement de ces voix aux thématiques communes engendre un questionnement sur les catastrophes migratoires. Ce collage textuel, associé à un paratexte rattaché aux actualités du moment de l’écriture, signale une collecte et rappelle que la question du document est présente dans le recueil. Mais les événements de l’actualité sont (re)décrits grâce aux procédés du flux continu et de la litanie. Bifurquant pour ne pas céder à la redondance, le je poétique se déborde en chansons, en citations et en statistiques, façonnant un grand corps dépareillé. Il s’agit, d’après l’auteure, d’attaquer la poésie et la doxa, et d’incarner une grande conversation à l’échelle planétaire, qui est aussi une expérience vécue de l’altérité. La catastrophe advient donc dans l’écriture a-hiérarchique, mais structurée, de Claude Favre. Son écriture négocie la distance, les relations et les tensions entre des espaces discursifs très divers qui créent un effet d’immédiateté. Soulignant l’existence de problèmes publics par l’évocation de faits divers ou de situations particulières, elle s’inscrit dans l’ensemble des nouvelles formes poétiques de l’infra-ordinaire qui interrogent en même temps l’histoire immédiate et la société actuelle. Face à la médiatisation des catastrophes, l’écrivaine propose une autre saisie du monde, qui peut sembler inadéquate pour en décrire les phénomènes, mais qui, pourtant, apporte un supplément de connaissance dans le retraitement de l’information et des savoirs qu’elle effectue.

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1-La critique saisie par les crises climatique et écologiques : l’écocritique comme remède, comme modèle, comme arme

En repartant des analyses de Jean-Luc Nancy, qui pose la question du geste critique en fonction, d’une part, du rapport que ce geste entretient à la « crise », et d’autre part, des « critères » qui fondent ce geste et en définissent la visée, cet article se propose de voir en quoi les trois grands modèles définis par le philosophe – critique médicale, esthète, politique – permettent d’éclairer le vaste champ des approches dites « écocritiques ». À la faveur de cet examen, il apparaîtra que c’est tant la nécessité que l’impossibilité d’articuler pleinement ces trois modèles qui font la singularité, paradoxale, de l’écocritique.

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