Crises : Climat et critique, table des matières et introduction

       Crises : climat et critique, une introduction – Sarah Bouttier, Theo Mantion, Sarah Montin et Pierre-Louis Patoine

  1. La critique saisie par les crises climatique et écologiques : l’écocritique comme remède, comme modèle, comme arme – Julie Sermon
  2. Faire une littérature environnementale. Le pragmatisme à l’essai – Jonathan Hope
  3. Géopoétique de la catastrophe. The Book of the Dead de Muriel Rukeyser – Elvina LePoul
  4. Vivid Entanglements: Materializing Climate Crisis in Mainstream Poetry – Sarah Montin
  5. “Infamy in the Air”: Toxic Climate, Racial Atmospherics, and the Politics of Contagion in the Literature of the Nineteenth-Century United States – Thomas Constantinesco
  6. A Martial Meteorology: Carceral Ecology in Jesmyn Ward’s Sing, Unburied, Sing – Savannah DiGregorio
  7. Du “Storm Cloud” à Vertigo Sea. L’art britannique au prisme de l’“angloseen” – Charlotte Gould et Sophie Mesplède
  8. Jonathan Franzen: His Bird Solution – Béatrice Pire
  9. William Golding, Gaia, and the Crisis Ecology of Lord of the Flies Theo Mantion
  10. « Quelque chose qui flotte, qui bouge… qui grouille… » Some Flows of the Formless in Late Anthropocene Fiction – Terry Harpold
  11. Rewriting the Unthinkable: (In)Visibility and the Nuclear Sublime in Gerald Vizenor’s Hiroshima Bugi: Atomu 57 (2003) and Lindsey A. Freeman’s This Atom Bomb in Me (2019) – David Lombard

Introduction

l’impensable (Patrick Lagadec) ? Quelles nouvelles manières de lire la critique peut-elle inventer, au-delà du premier mouvement salutaire qu’a été l’écocritique ?

e siècle, donc dans une histoire longue des « politiques de la respiration », qu’il étudie en convoquant la pensée de Frederick Douglass et Harriet Jacobs, Emily Dickinson et Ralph Waldo Emerson, entre autres. Cette approche nous permet de penser le racisme et le colonialisme comme des phénomènes matériels, produisant des atmosphères contagieuses, où l’asphyxie fait face aux aspirations démocratiques et de libertés, et où la littérature et la critique peuvent nous aider à penser des formes positives de conspiration, un « respirer ensemble » vertueux.

Sing, Unburied, Sing montre comment le « trauma environnemental » traverse les générations et structure les communautés, de l’échelle locale jusqu’à celle du capitalisme globalisé.

Paul Cureton).

C’est également vers le domaine aérien, ou plutôt aviaire, que se tourne Béatrice Pire dans une enquête sur la passion de l’écrivain américain Jonathan Franzen pour les oiseaux, et l’influence de cette « compulsion » sur la genèse éthique de son roman Freedom (2010), ainsi que sur l’évolution de ses positions à propos des changements climatiques. Dans des interventions telles que son essai « My Bird Problem » (2006), Franzen établit – comme le fait Derrida dans L’Animal que donc je suis (2006), que Pire évoque également – des parallèles et différences entre les conditions humaine et aviaire, et nous engage à penser les discours sur le changement climatique dans leur dimension idéologique et eschatologique.

Hiroshima Bugi : Atomu 57 (2003), et une autobiographie de Lindsey A. Freeman, This Atom Bomb in Me (2019) – Lombard prolonge la pensée de chercheurs qui ont critiqué le sublime nucléaire, notamment pour son renvoi du complexe atomique au domaine de l’innommable, à un au-delà du matériel, du politique et du domestique, et qui ont proposé de développer la notion inverse de « nucléaire prosaïque ». Ces deux œuvres permettent de révéler le sublime nucléaire comme un cadre trop abstrait et universel, qui tend à effacer l’histoire multiculturelle qui complique les réponses sensorielles, affectives et éthiques face à cette technologie et à ses usages militaires et civils.

Ouvrages cités

Buell L., The Environmental Imagination: Thoreau, Nature Writing, and the Formation of American Culture, Cambridge (Massachusetts), The Belknap Press of Harvard University Press, 1995.

Chakrabarty, D., « The Planet, An Emergent Humanist Category », Critical Inquiry, vol. 46, n° 1, 2019, p. 1-31, doi.org/10.1086/705298.

Ghosh, A., The Great Derangement: Climate Change and the Unthinkable, Chicago, Chicago University Press, 2016. 

Lagadec, P., Le Continent des imprévus – Journal de bord des temps chaotiques, Paris, Les Belles Lettres, 2015.

Morin, E., « La notion de crise », Communications, n° 25, 1976, p. 149-163.

Morton, T., Hyperobjects: Philosophy and Ecology after the End of the World, Minneapolis, The University of Minnesota Press, 2013.

Rivière, J., « La crise du concept de littérature », La NRF, n° 125, février 1924, p. 159-170, republié dans Fabula LhT, n° 6, mai 2009, https://www.fabula.org/lht/6/riviere.html.