Parmi les disciplines « jeunes » – nées dans la foulée des découvertes intellectuelles de la fin du XVIIIe siècle – la linguistique occupe une place centrale et joue un rôle d’entraînement pour beaucoup de disciplines y compris parmi les sciences exactes.
Il y a à cela une raison essentielle : c’est un paradigme incontournable de science du vivant. Wilhelm von Humboldt, l’un des premiers, sinon le premier, à avoir pris conscience et à avoir tenté de conceptualiser cette nouvelle réalité – au sens scientifique de la notion de réalité – considérait d’emblée les langues comme étant des organismes vivants selon une approche en totale rupture avec l’héritage métaphysique et en complète harmonie avec des avancées majeures des sciences exactes de son époque dont la science moderne n’a toujours pas remis en cause ni les principes ni les résultats, comme les travaux de Newton sur la lumière ou ceux de Carl von Linné sur la classification des espèces végétales.
La linguistique naissante du XIXe siècle puis la linguistique moderne vont apporter des arguments décisifs pour appréhender le vivant, un peu à la manière de Bergson, comme l’antithèse absolue du mécanique et de la tentation récurrente de ce matérialisme primitif et naïf, hystériquement attaché aux manifestations matérielles des perceptions immédiates – (je ne bouge pas, donc la terre qui me porte ne tourne pas) – dont elle va démontrer de manière irréversible le caractère profondément non scientifique, voire littéralement « imbécile », ouvrant la voie à une critique radicale de la notion de «bon sens», immortalisée en littérature par le Bouvard et Pécuchet de Flaubert.
Il y a aujourd’hui un large consensus sur le fait qu’une des rares propriétés à distinguer l’humain de tout ce qui ne l’est pas, y compris des autres espèces vivantes, est la faculté de langage propre à l’Homme, cette possibilité de produire des langues naturelles qui sont le seul produit connu à être capable de se penser en ses propres termes, c’est-à-dire d’être à la fois langue et métalangue, existence et conscience de cette existence, produit et analyse de ce produit.
Nous tâcherons de montrer en quoi penser le fonctionnement de la langue est la manière la plus achevée qui nous soit donnée pour penser le vivant. Mais comment le vivant signe-t-il sa présence ? Comment signale-t-il son passage ? Nous faisons l'hypothèse que l'ensemble des propriétés du vivant et, à l’intérieur du vivant de l’humain, peut être appréhendé à travers sept types de traces et que chacun de ces types a une structure transposable à une propriété spécifique, définitoire et distinctive des langues naturelles :
/1/ Une irrégularité aléatoire au sein d'une régularité systémique qu’elle n’affecte pas.
L'individuation humaine présente couramment des variations extrêmes que ce soit sur le plan purement morphologique – il n'y a pratiquement pas deux êtres humains qui aient à une même époque les mêmes traits physiques -, perceptuel – nous n'avons pas des réactions nerveuses ou émotionnelles de même nature ou au même degré à des stimulations identiques de l'environnement ou d'autres êtres vivants -, affectif – nous n'éprouvons pas les différents types de sentiments ni de la même manière ni au même degré d'intensité -, ou intellectuel – il est très rare que la pensée de deux êtres humains suive exactement le même cheminement, soit animée par les mêmes motivations, parte des mêmes prémisses et aboutisse aux mêmes résultats. Il n'en reste pas moins que tous les êtres humains ont structurellement et fonctionnellement des dénominateurs communs qui justifient qu'ils puissent être traités sur un pied d'égalité non seulement sur le plan juridique des droits et des devoirs mais également dans des domaines qui connaissent des variations relatives beaucoup plus importantes comme la santé, l'éducation, la circulation, le logement, l'organisation sociale de la satisfaction de leurs besoins et, bien sûr, l'organisation politique de leur vie collective.
Cette contradiction est non seulement constitutive du vivant mais elle est également la source principale de sa dynamique. Les individus atypiques, c'est-à-dire ceux qui se situent dans un empan de variation qui dépasse largement la moyenne constatée à un moment donné dans l'espèce, jouent un rôle moteur de premier plan dans son évolution quelle que soit l'orientation de cette évolution. Dans les domaines artistique, littéraire, philosophique et scientifique, cette situation relève de l'évidence. Au mieux, il pourra y avoir débat pour savoir si l'être atypique est ou non pyramidal, c'est-à-dire si c’est la réalisation la plus achevée de la convergence des potentialités de son milieu ou si c’est un hapax. Il y aura toujours des sociologues, des psychosociologues ou des historiens pour expliquer a posteriori que Mozart, Hitler, Picasso, Goethe ou Spielberg sont le produit prévisible d'un concours de circonstances et d'un milieu mais personne, à circonstances et milieu analogues, ne se risquera à prédire aujourd'hui quel est l'être dont le génie ou la monstruosité est appelée à infléchir le cours des événements ou l'état d'une discipline.
La production de formes nouvelles, la découverte de nouvelles relations entre les éléments, l'invention de moyens nouveaux d'expression, de communication, de production, sont le plus souvent le fait d'un individu qui, par un ou plusieurs aspects de sa configuration physique et intellectuelle, est à la fois exceptionnel et représentatif d'un besoin partagé par l'ensemble ou une forte majorité de l'ensemble des individus de son espèce. L'émergence de ce moteur à la fois atypique et parfaitement inscrit dans la structure et la nature des êtres et des choses est aléatoire et imprévisible tout en étant récurrente. C'est là un trait majeur du vivant et une caractéristique très spécifique de son type de complexité.
Ce trait est transposable aux langues naturelles. Il est formulable aussi bien au regard d'une langue particulière que par rapport à l'ensemble des langues c'est-à-dire comme trait constitutif du langage humain.On en trouve une illustration claire dans ce que les grammaires normatives des langues appellent exceptions. Notamment de ces exceptions à une règle ou à un système qui ont une fonction centrale dans l’application de la règle ou dans le fonctionnement du système. C’est le cas également des irrégularités à haute fréquence qui n'affectent pas la cohérence de l'ensemble. Un cas d’école en la matière nous est fourni, en français, par des verbes irréguliers et dont le fonctionnement est à plusieurs égards atypique alors qu’ils présentent la plus haute fréquence dans l’usage et qu’ils sont indispensables au fonctionnement grammatical de la langue, comme être, faire et avoir. On peut même parler dans ce cas d’une double distorsion statistique. D’une part, ces verbes exceptionnels ne se constituent pas en paradigmes ou en prototypes, c’est-à-dire que leur fonctionnement ne sert pas de modèle à d’autres verbes – ainsi les nouveaux verbes du français, les néologismes, se construisent tous sur le modèle des verbes les plus nombreux et les plus réguliers du premier groupe -, mais d’autre part la fréquence d’usage très élevée des verbes atypiques et exceptionnels est sans commune mesure avec celle des verbes les plus réguliers et les plus nombreux. Ce phénomène, pour aberrant ou paradoxal qu’il soit, se retrouve dans pratiquement toutes les langues. Conceptuellement, c’est comme si, en langue, l’exception fondait la règle, en était le constituant principal, la colonne vertébrale puisqu’on pourrait à la limite imaginer un texte dont le cœur verbal, en l'occurrence le verbe être, appartiendrait à cette classe ultraminoritaire d’exceptions : c’est le cas, par exemple, de l’un des textes fondateurs de la philosophie occidentale : le poème de Parménide d’Elée. Il est par contre difficile, sinon impossible de construire un texte et a fortiori un discours achevé dont ce type de noyau atypique aurait été banni.
Inscrit dans la dynamique de la matière, faisant miroir à l’activité symbolisante de la langue, le cheminement du désir humain, semble suivre le même protocole paradoxal. Qu’on l’exprime dans le registre romantique immortalisé par Lamartine « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé » (L’isolement), ou dans le registre psychosocial « Si l’être humain n’éprouve pas de désir sexuel pour tous les êtres humains susceptibles de satisfaire ses besoins biologiques c’est que l’être humain est foncièrement sélectif », le paradoxe a toujours la même structure : le caractère radicalement irrationnel ou obscur du désir que A ressent à un moment donné pour B, et uniquement B, non seulement active – on dirait en linguistique actualise – les propriétés et prédispositions communes à tous les êtres humains qui font que A est attiré par B mais elles désactivent en même temps – totalement ou partiellement – ces propriétés et prédispositions pour tout autre que B. Or ce sont les propriétés et manifestations de ce désir individualisé et exclusif qui permettent de comprendre le désir humain en général, c’est-à-dire tel qu’il se manifeste chez tous les êtres humains.
Une autre dimension de cette propriété paradoxale est le fait que la langue, comme le vivant, tire souvent son efficacité de son imperfection. Il arrive en effet que des mécanismes grammaticaux soient constitutivement imparfaits mais que, comme l’a souligné Michel Bréal à propos, entre autres, des dérivés en –ier[1], cette imperfection ou irrégularité soit « suppléée » par un effort de l’esprit qui « devine ou sait par tradition des rapports qui ne sont nullement exprimés par les mots ». En « achevant ce qui est seulement indiqué par le langage » notre « entendement » s’approprie alors encore plus efficacement le sens qu’il a construit malgré l’irrégularité du mécanisme.
Contrairement au non-humain où l’anomalie, le défaut, le caractère incomplet, l’absence de netteté, voire de propreté constatés sur une partie,remettent en cause l’acceptabilité du tout et affectent irrémédiablement le jugement que l’on porte sur l’ensemble, l’humain est souvent conforté dans son humanité par une anomalie, un défaut, un manque ou un excès. Disons pour faire court qu’une rayure sur la carrosserie d’une belle voiture, une tache sur une belle robe, réduisent immédiatement leur valeur et peuvent aller jusqu’à les déclasser alors qu’un bouton, une ride, une démarche maladroite, voire des formes beaucoup moins romantiques ou stéréotypées d’irrégularités, de négligences, d’anomalies ou d’insuffisances sont le plus souvent des preuves décisives de vie. Nous dirons même plus : alors que dans l’univers du non-humain, le désordre, les interférences, le mélange des genres, le dérapage, le déchet peuvent être un argument pour arrêter le système, leur multiplication dans l’univers du vivant est l’illustration la plus éclatante de sa vitalité et de son dynamisme.
/2/ Une combinatoire au résultat complexe et imprédictible malgré des constituants très simples et des règles de combinaison à la fois élémentaires et peu nombreuses
Il existe depuis un bon demi-siècle un quasi consensus parmi les chercheurs pour considérer que l’un des traits les plus radicalement spécifiques des langues naturelles, et qui les distingue donc de toute langue « artificielle », c’est-à-dire construite sciemment par des êtres humains adultes, est la double articulation (Martinet, 1954) ou le duality of patterning (Hockett, 1954). Le fonctionnement de cette configuration que les recherches et découvertes cumulées depuis, notamment dans le domaine de l’articulation de la prosodie, de la syntaxe et de la construction du sens tant à l’échelle de l’énoncé élémentaire que du continuum d’un texte, poussent à concevoir plutôt comme une triple adéquation (Ibrahim, 2010 : 55-58), se caractérise par deux propriétés majeures : le caractère arbitraire ou si l’on préfère non-motivé des constituants élémentaires de la configuration (Saussure, 1906-1911 : 100-102 ou [135]-[142]) ; et le fait que ces constituants, en nombre relativement faible, donc fini, puissent, via un tout petit nombre de relations combinatoires et sans sortir d’un ensemble fermé que tout locuteur est capable de circonscrire, produire un nombre virtuellement infini d’énoncés (Humboldt, 1827-1829 : chap. 24 ou [97]-[99]). Ce phénomène est à l’origine de cette créativité potentielle caractéristique de l’usage que les humains font des langues naturelles mais aussi, on l’a compris, du vivant dans un trait qui lui est radicalement spécifique : son aptitude à donner vie sous une forme a priori imprévisible à un produit qui tout à la fois lui ressemble – au point que nous considérons que tous les êtres humains sont nos semblables – et s’en distingue radicalement puisqu’il n’existe pas, à l’instar des empreintes digitales, deux êtres humains qui soient dans leur aspect extérieur comme dans leurs fonctions, leurs aptitudes ou leur sensibilité, absolument identiques. Ici, chaque dimension particulière de la langue est paradigmatique d’une dimension différente du vivant.
La combinatoire qui produit la grille phonologique et prosodique d’une langue – avec en moyenne une trentaine de phonèmes jamais identiques d’une langue à l’autre, une structure syllabique caractéristique et une dizaine ou une douzaine de schémas intonatifs de base – définit très précisément ce qui pour un être humain, signalera au sein de son univers sonore, non seulement la présence du vivant mais les modalités de cette présence et leur impact. Le paysage sonore de notre langue (Schafer, 1977) construit à notre corps défendant les mécanismes de sélection et de discrimination qui commandent nos réactions à l’univers sonore dans lequel on baigne. Il est d’ailleurs remarquable que la voix de la langue que l’on parle et dans laquelle les êtres et les choses prennent un nom, définisse en creux tout ce qui n’est pas vivant en assimilant la mort au silence « des voix chères qui se sont tues » (Verlaine, 1866).
Le type de contraintes qui gouverne la combinatoire d’une phrase simple illustre bien la manière avec laquelle le vivant produit de la diversité à l’infini avec un petit nombre d’outils et de constituants dont on peut dire qu’ils sont, dans tous les sens du terme, primitifs. Si, par exemple, on prend la phrase simple du français :
Ces │ emplois │ très │ rémunérateurs │ fascinent │ les │ jeunes │ peu │ avertis.
qui a pour indice structural:
Dét │ Nnr │ Adv │ Adj │ V │ Dét │ Nhum│ Adv │ Adj.
et qu’on cherche tous les mots susceptibles de figurer dans le paradigme constitué par chacune des catégories des neuf positions de notre phrase sans affecter son acceptabilité nous obtiendrons les chiffres suivants (Gross 1975 : 18) :
20 │104 │102│ 103 │ 4.103 │20 │103 │102│103
correspondant à 1022 phrases de 9 mots.
Si maintenant « nous autorisons dans le même type de phrase l’insertion d’un verbe modal ou auxiliaire (i.e. régissant l’infinitif ou le participe passé) et si nous le choisissons dans une liste de 10 verbes (donc restreinte), les phrases correspondantes comporteront 10 mots et seront au nombre de 16.1023. Si nous formons un nouveau type de phrase au moyen de ces deux types plus simples et d’une conjonction prise dans un ensemble de 10 conjonctions, les phrases résultantes seront composées de 20 mots, et leur nombre sera de 16 x 16.1046, soit approximativement 2.1048. Ce nombre n’étant qu’une borne très inférieure du nombre des phrases possibles de 20 mots, on peut donc admettre que l’ordre de grandeur du nombre de phrases de 20 mots est de 1050. De tels nombres sont considérés comme infinis dans le traitement mathématique de nombreux problèmes de physique. Une « créativité » limitée de 1050 cas peut donc être considérée comme intuitivement infinie, sans qu’il y ait besoin de faire appel à des mécanismes infinis pour rendre compte de sa richesse ».
Cette possibilité d’explosion combinatoire des énoncés simples malgré, au départ, la pauvreté des constituants et des relations qui les associent, rappelle bien entendu le développement de la complexité mathématique mais elle simule aussi parfaitement l’absence de frontières ou de limites aux déplacements que provoque l’une des caractéristiques les plus radicalement humaines : l’invention ou la découverte d’une relation nouvelle entre les éléments, c’est-à-dire en fait la construction d’un sens nouveau à partir de la mise en présence inédite de propriétés passées jusques là inaperçues d’éléments connus. Il n'existe pas, à notre connaissance, en dehors de la structure des langues, une configuration formelle qui simule aussi parfaitement les potentialités créatives propres au vivant.
Ce versant de la combinatoire se double d’un autre, dont le fondement est moins spectaculaire bien qu’il ait été plus largement popularisé du fait de l’intérêt que lui a porté la grammaire générative : la récursivité, c’est-à-dire la possibilité d’étendre indéfiniment la même phrase en y enchâssant de nouvelles propositions sans que le fil de la référence anaphorique ne soit jamais rompu, sans jamais affecter la dynamique diégétique voire en développant la construction de champs sémantiques nouveaux. D’un point de vue strictement stylistique c’est, comme on le sait, en France, la naissance de la période, avec Jean-Jacques Rousseau et Chateaubriand notamment, puis une complexification et une extension de la phrase qui atteindront un plateau de perfection avec Anatole France et Marcel Proust. Cette possibilité de faire tenir un roman en une phrase ne relève pas uniquement de la prouesse ou de ces records, en fin de compte assez ennuyeux, dont raffolent les surdoués de la complication. C’est aussi, peut-être surtout, l’image que la langue projette du fantastique, autrement dit de cette aptitude propre au vivant à changer de monde sans quitter son monde. La périodisation à l’infini de la phrase transporte le sujet de la principale dans des univers à la fois nouveaux et co-référents. La récursivité manifeste une dimension essentielle de ce pouvoir singulier de notre espèce d’échapper symboliquement à sa condition par des moyens qui confortent sa nature.
/3/ L’imbrication des systèmes : la vocation de la langue comme du vivant à intégrer l’hétérogénéité
Les langues se distinguent par leur aptitude à intégrer des sous-systèmes homogènes dotés chacun d’une logique spécifique, ce qu’on appelle en linguistique des grammaires locales ou encore des classes naturelles dans le système général. Ainsi dans pratiquement toutes les langues du monde il y a un fonctionnement spécifique des verbes de perception, des verbes de mouvement/déplacement, des termes désignant les couleurs, des verbes déclaratifs de parole, des verbes causatifs de sentiment, etc. Ces fonctionnements forment des îles à l’intérieur du système, qui s’en accommode parfaitement et assure le passage d’une île à l’autre sans que ces différences n’affectent la logique générale du système ni ses traits caractéristiques. On pourrait presque dire que le fonctionnement des langues figure mais aussi mesure, à travers ce phénomène, le pouvoir de tolérance et d’intégration, au sens le plus fort de ce terme, du vivant.
On dénonce souvent à juste titre l'intolérance, la tendance à la ségrégation, la propension à l'exclusion dont peuvent faire preuve des groupes humains mais on oublie les capacités quasi infinies d'adaptation et de relativisation dont notre espèce est capable lorsqu'elle assimile à son fonctionnement des êtres, des situations et des modes opératoires qui, par leur apparence, leur conduite, leur signification symbolique et leur mode d'inscription dans la durée vont à l'encontre de ses pulsions, de ses habitudes, de ses convictions et de ce qu'elle croit, à tort ou à raison, être ses intérêts. Le pouvoir d'intégration, d'apprivoisement, de domestication est un trait de l'espèce humaine qu'elle partage peu ou pas du tout avec les autres espèces vivantes. Le système général d'une langue dispose d'un pouvoir analogue vis-à-vis des systèmes locaux qui se démarquent des contraintes du système général.
/4/ Stratégies d’adaptation dans l’évolution des langues et du vivant : transformations, translations, restructurations, reformulations, reconfigurations, métamorphoses et exaptation.
De la fin du XVIIIe siècle à nos jours, on peut relever trois avancées majeures dans la compréhension de l'économie des espèces naturelles, des principes dynamiques qui justifient leur classement et des stratégies d'adaptation qui assurent leur survie et leur évolution :
/1/ La découverte par Carl von Linné (1707-1778)d'un principe qui fonde sa classification des plantes, la justifie et reste valable pour des espèces qu'il n'avait pas classées ;
/2/ La découverte par Antoine Laurent de Lavoisier (1743-1794)des transformations nécessaires au système respiratoire ainsi que sa validation des lois de conservation de la matière avec des expériences et une formulation qui donnera à la chimie ses fondements actuels ;
/3/ De Jean-Baptiste Lamarck (1744-1829) à Stephen Jay Gould (1941-2002) en passant par Charles Darwin (1809-1882), une connaissance plus précise, même si elle n'est pas encore définitive, des mécanismes d'adaptation et d'évolution des espèces.
Nous avons évoqué à diverses occasions (Ibrahim 2002a, 2002b, 2002c, 2002d & 2003) comment le lexique-grammaire de Maurice Gross (1934-2001) reconstruisait les paradigmes de la langue, suivant les méthodes et les principes de Linné, en faisant de la structure définitoire du verbe et de sa relation à ses compléments l'équivalent de la forme des organes de reproduction qui a servi de principe classificatoire à Linné. Indépendamment de son intérêt strictement linguistique, la démarche classificatoire de Maurice Gross suggère qu'une homologie est possible entre les paradigmes de la langue et les paradigmes du vivant.
Le principe de Lavoisier – « rien ne se crée, ni dans les opérations de l’art, ni dans celles de la nature, et l’on peut poser en principe que, dans toute opération, il y a une égale quantité de matière avant et après l’opération ; que la qualité et la quantité des principes est la même, et qu’il n’y a que des changements, des modifications. […] on est obligé de supposer dans toutes (les expériences en chimie) une véritable égalité ou équation entre les principes du corps qu’on examine et ceux qu’on en retire par l’analyse » (Lavoisier 1789 [1864 : 100-101]) – trouve une illustration éclatante dans la langue lorsque deux énoncés synonymes peuvent être formellement dérivés l'un de l'autre par une transformation ouune restructuration, c'est-à-dire, pour la transformation, par une modification mécanique, indépendante de leur contenu lexical, de leur index structural – par exemple Pierre a battu Paul et Paul a été battu par Pierre – et pour la restructuration, par une modification de cet index entraînant éventuellement une translation[2] ne se réalisant que sous contrainte lexicale et impliquant des mécanismes morphosyntaxiques plus étroitement appropriés au prédicat lexical – par exemple A cette époque, nous nous sommes beaucoup aimés et A cette époque, nous éprouvions un amour très fort l'un pour l'autre. Si on remplaçait le verbe s'aimer par le verbe se battre, la restructuration ne serait plus possible. D'autre part le verbe support de nominalisation éprouver est approprié aux prédicats de sentiment et ne peut pas apparaître avec d'autres types de prédicats sémantiques.
Un autre type de variation de forme sans perte de synonymie peut être constaté au sein d'une paire d'énoncés: la reformulation paraphrastique. Par exemple Il est passé en coup de vent à 4 h sans laisser d'instructions et Il est arrivé à 16 h mais est reparti très vite et n'a pas dit ce qu'il fallait faire.
Le fait que des formes différentes inscrites dans des configurations différentes puissent assurer la même fonction, avoir le même sens, mener au même résultat, voire appartenir aux mêmes paradigmes est un phénomène qui a toujours fait débat que ce soit dans le monde du non-vivant ou dans celui du vivant. Sans entrer dans les polémiques cycliques sur le sujet on peut essayer d'en débroussailler les sources.
Seul le vivant peut agir hic et nunc sur les formes et par rapport à elles, mais le vivant a lui-même une forme qui contraint son mode d'action sur les formes qui l'environnent. Ces contraintes constituent le problème premier de l'être vivant et plus particulièrement de l'être humain pour qui l'accès aux formes, que ce soit pour se les approprier telles quelles ou pour les transformer de telle sorte qu'il puisse se les approprier, est souvent la première question vitale ; d'autant plus vitale que le vivant lui-même a une forme transitoire et fragile et qu'il a, vis-à-vis de toutes les formes, une attitude réflexive, c'est-à-dire qu'il y a toujours dans sa perception des formes un effet de retour qui l'amène à confronter en permanence la forme qu'il perçoit à la conscience qu'il en a et qu'il a de ses propres formes. Toutes les variations, tous les écarts, tous les changements, ont dans ce contexte, quelque infimes qu'ils soient une importance cruciale. De même d'ailleurs que les équivalences lorsqu'elles s'imposent à lui.
Mais les équivalences, contrairement aux différences et aux variations dont la perception est naturelle, même si elle est plus aigue chez certains, sont construites ou à construire. Ce n'est pas un hasard si la conscience de leur existence et surtout de l'extension de leur domaine, que ce soit avec Lavoisier pour les sciences ou avec Zellig Sabbetai Harris (1909 – 1992)[3] pour l'étude des langues, ait été le produit d'une découverte scientifique c'est-à-dire de l'observation systématique, suivant un protocole précis d'un phénomène reproductible qu'on connaissait peut-être mais qui n'avait jamais été observé avec précision, décrit exhaustivement et conceptualisé de telle sorte qu'il devienne un outil de réflexion, de travail et de production.
Qui dit construction dit aussi possibilité d'une déconstruction, donc d'analyse à rebours de ce qui a été construit. Les équivalences linguistiques ont sur ce plan une longueur d'avance sur les équivalences non-linguistiques, même quand ces dernières sont construites expérimentalement. En effet, la construction et la déconstruction d'énoncés équivalents passe en langue par l'exploration et la levée des contraintes grammaticales et par la détermination de leur rôle dans la construction du sens. Elle permet également de suivre les itinéraires de l'ambiguïté. La contrainte de l'équivalence sémantique permet alors à l'un des énoncés de devenir la métalangue de l'autre. C'est ce que fait notamment de manière systématique l'analyse matricielle définitoire[4]. Ce ne serait évidemment pas possible si la langue n'avait pas, en plus de cette propriété, comme l'a souligné Harris, d'être le seul objet au monde à posséder sa métalangue, cette autre propriété observée pour la première fois par Charles Hockett (1954) d'être totalement réflexive[5], c'est-à-dire d'être une projection matérielle et matériellement observable et mesurable de la conscience, une propriété centrale de l'humain.
La linguistique historique et la linguistique comparée du XIXème siècle ne se sont reconnues ni dans le transformisme de Lamarck ni dans l'adaptation sélective de Darwin et il n'est pas inutile de rappeler que l'époque de la parution de l'Origine des espèces (1ère édition en 1859) est aussi celle où la Société de Linguistique de Paris interdit à ses membres de discuter de l'origine des langues (article 2 des statuts adoptés en 1866). Par la suite, jusqu'à une époque relativement récente – et pour certains jusqu'à ce jour – l'émergence de la parole, premier trait définitoire de l'espèce humaine – a souvent fait figure de chaînon manquant dans la théorie de l'évolution que ce soit sous sa forme canonique ou sous d'autres formes.
Dans sa reformulation majeure d'un darwinisme auquel il reste attaché, Stephen Jay Gould (2002) introduit deux concepts interprétatifs qui permettraient d'articuler le tempo de l'évolution linguistique à celui de l'évolution des espèces et plus particulièrement d'apporter un éclairage plausible aux conditions d'émergence, d'évolution et de différenciation des langues : il s'agit d'abord de l'idée d'une évolution ponctuée par des rééquilibrages relativement rapides et non graduels (punctuated equilibrium) (Gould 2002 : 9e chap. 745-1024), ensuite de l'idée qu'il existe une forme d'adaptation qui consiste à détourner l'usage d'un organe prévu à l'origine pour une fonction en le cooptant pour un nouvel usage : l’exaptation (Gould 2002 : 11e chap. 1179-1295).
Les deux concepts récusent la possibilité d'une évolution graduelle et accréditent l'existence dans le cours de l'évolution de stases relativement longues pendant lesquelles il ne se passe rien ou presque. Ils accréditent également la notion, non pas de rupture de la chaîne, mais d'événements de nature à introduire des modifications qualitatives susceptibles d'opérer des changements de direction ou des mutations de forme.
Bien que conçu et validé pour rendre compte de phénomènes qui s'étendent sur des millions d'années, le modèle de Gould rend compte de phénomènes communs à la langue et à la vie humaine à l'échelle de notre histoire documentée, voire à l'échelle de la succession des générations. Qu'il s'agisse des spécificités psycho-sociales d'une époque, voire d'une génération, ou de sa façon de parler, de la remotivation d’un terme tombé hors de l’usage ou de sa reconceptualisation – par exemple les métamorphoses du terme amant de l’ancien français à nos jours – il semble bien que l'évolution suive le chemin tracé par Gould. Mais l’homologie est encore plus nette à l’échelle de la macroévolution :
(α) Lorsque Humboldt écrit :
La langue ne peut se produire que d’un seul jet, ou, plus précisément, elle doit posséder, à chaque instant de son existence, les attributs qui font d’elle un ensemble consistant. Émanation immédiate d’un être organique dont elle traduit la double vocation sensible et spirituelle, elle partage la nature de tout ce qui est organique dans la mesure où chaque élément n’existe que par l’autre et où leur somme ne subsiste que grâce à l’énergie unique qui sature l’ensemble.(1974 : 72-3 paragraphe 4 de La recherche linguistique comparative dans son rapport aux différentes phases du développement du langage. Traduction française de 1820 Über das vergleichende Sprachstudium)
Il explique l’émergence des langues naturelles dans la perspective de Gould d’une évolution ponctuée par des rééquilibrages rapides.
(β) Lorsque Harris, soulignant que la langue est conçue pour transmettre et que ce n’est pas forcément l’outil le plus adapté à la communication ou à l’expression[6], il radicalise l’idée soutenue un siècle plus tôt par Michel Bréal (1868) d’une imperfection constitutive des langues ; lorsqu’il écrit que « les énoncés bien formés grammaticalement sont en fait des vecteurs plutôt mal conçus de l’expression et de la communication directe » (Harris 1968 : 6-7), il illustre cet autre processus d’adaptation du vivant découvert par Gould : l’exaptation. En effet, bien qu’elle n’ait pas été conçue pour cela, la langue, comme en témoigne le patrimoine littéraire de l’humanité, peut évoluer, se transformer et devenir l’outil le plus parfait qui soit pour s’exprimer ou communiquer.
/5/ Redondances généralisées dans le vivant et dans les langues
Fondement du vivant qui est le résultat de ses instructions, le code génétique est l'ensemble des règles permettant de traduire les informations contenues dans le matériel génétique des cellules vivantes pour produire des protéines. Rappelons que :
ce code établit une correspondance entre un triplet de nucléotides, appelé codon sur l'ARN messager (ARNm) et un acide aminé qui sera incorporé dans la protéine en cours de synthèse. Cette correspondance codon-acide aminé permet de résumer le code génétique sous forme d'une table associant chacun des 64 codons ou triplets possibles (43) avec l'un des 20 acides aminés présents dans les protéines. Lors de l'expression des protéines à partir du génome, des portions de l'ADN génomique sont transcrites en ARN messager. Cet ARN messager (ou ARNm) contient des régions non-codantes, qui ne sont pas traduites en protéines, et une ou plusieurs régions codantes, qui sont décodées par le ribosome pour produire une ou plusieurs protéines. L'ARNm est composé de l'enchaînement de quatre types de bases nucléotidiques, A, C, G et U, qui constitue une sorte d'alphabet. Le code génétique est un code de longueur fixe égale à trois sur cet alphabet. Dans les régions codantes de l'ARNm, ce code associe un triplet de nucléotides ou codon à un acide aminé dans la protéine associée. (…) Le nombre de séries de trois lettres prises dans un alphabet de quatre lettres étant de 43, le code génétique comporte 64 codons différents, codant directement les vingt acides aminés standard et les signaux de fin de la traduction, appelés codons-stop ou codons de terminaison. Deux acides aminés mineurs, la sélénocystéine et la pyrrolysine sont insérés de façon spécifique au niveau de certains codons-stop, dont le recodage est obtenu grâce à des structures spécifiques sur l'ARN messager. Cette correspondance de 64 triplets ou codons avec 20 acides aminés principaux implique que ce code est très redondant — on dit qu'il est dégénéré — car chaque élément exprimé (acides aminés, fin de traduction) y est codé en moyenne par trois codons distincts : une mutation génétique sur trois affectant une séquence d'ADN codante n'entraîne pas de modification de la protéine traduite. On dit alors que cette mutation est silencieuse.[7]
La redondance est donc constitutive du système d’instructions qui fabrique le vivant. Or c’est également un trait majeur des langues naturelles. C’est d’ailleurs la possibilité de la redondance qui permet à la langue de produire sa métalangue. Ainsi si je dis à quelqu’un Viens !, cet énoncé sans redondances est strictement équivalent à l’énoncé très redondant : Au moment de mon énonciation je m’adresse à une personne qui m’entend et demande sa venue, c’est-à-dire d’effectuer un déplacement en allant de l’endroit où elle se trouve à l’endroit où je me trouve.
La biologie (en grec science de la vie) comme la linguistique identifient donc, à la base de la construction de leur objet qui est aussi la source commune de la vie et du sens, un décalage important entre des formes qui codent ou qui sont grammaticalisées et des formes qui, bien que morphologiquement analogues, ne codent pas ou qui ne sont pas ou ne sont que faiblement grammaticalisées, entre des formes condensées ou cristallisées dont toute redondance a été évacuée et qui sont des raccourcis ou des abréviations et des formes analytiques autorisant une redondance maximale. Ce décalage assure à la vie comme à la langue une plasticité et une élasticité extraordinaires, en effet, tous les éléments des séquences non codantes ou des séquences analytiques de la langue peuvent se retrouver en position codante ou en une position grammaticalisée. Ces éléments sont redondants lorsque, du fait de leur position, une partie plus ou moins importante de leur potentialité codante ou signifiante est neutralisée. Les conditions de cette neutralisation sont probablement l’une des clés qui nous permettront de mieux comprendre aussi bien les conditions de la vie que celles du fonctionnement des langues.
/6/ L'émotion commandée par la forme
Une caractéristique importante du vivant et qu’il est souvent difficile de rationaliser ou même d’associer clairement à une fonction est le fait que l’être vivant puisse avoir une réaction émotionnelle d’intensité variable à la seule perception d’une forme, que cette perception soit visuelle, auditive ou tactile. L’être humain peut ressentir des émotions très vives face, par exemple, à l’arrondi d’une ligne, à la texture d’une surface, à la densité d’un contact, à l’effet harmonique d’un son ou à une structure rythmique. Cette émotion n’est pas nécessairement bijective au sens où une forme produirait toujours la même émotion chez tous les individus mais elle pourrait l’être pour des groupes, voire des masses d’êtres humains. Les réactions émotionnelles à une forme ou à une combinaison de formes sont souvent complexes au sens où elles intègrent différents paramètres, constitutifs de la forme – par exemple la taille ou la couleur – ou indépendants d’elle – par exemple la situation de la perception, la nature ou l’identité de ce qui est perçu -, mais cette complexité ne détruit jamais complètement la corrélation potentielle entre la forme et l’émotion.
Cette corrélation est patente dans la production linguistique au point que l’on peut reformuler en langue le célèbre proverbe français La façon de donner vaut mieux que ce que l’on donne en disant La manière de dire dit plus que ce qu’on dit.
La forme de l’expression – caractéristiques de la voix, de l’accent, de l’articulation, du débit et de la diction, effets harmoniques des assonances, de l’intonation et plus généralement de la prosodie, à l’oral ; construction des phrases, figures rhétoriques, découpage du texte, réglage des enchaînements cataphoriques et anaphoriques, à l’écrit – prime clairement sur le contenu du message.
Cette primauté absolue de la forme dans la production du sens est un trait commun au vivant et aux langues.
/7/ Le pouvoir de transposition et de simulation
La souveraineté du vivant ne lui vient pas seulement de ses qualités propres, elle lui vient aussi et on pourrait dire surtout du fait qu’il est capable d’entrer dans des logiques d’existence différentes de la sienne, de se les approprier au point de parvenir à faire croire qu’il est ce qu’il simule.
L’être humain a porté à son ultime perfection la logique du caméléon. Les Exercices de style de Raymond Queneau ont immortalisé cette logique dans la littérature mais à l’oral, on connaît depuis toujours le pouvoir de la voix et du geste – la voix surtout – pour simuler, reconstruire, représenter des constituants et des ensembles totalement étrangers à l’acteur ou au chanteur auteur de ces simulations.
Conclusion
D’une manière plus générale, on pourrait dire, si nos arguments sont reçus, que la langue est, par les possibilités qu’elle offre et dont témoigne en permanence et depuis toujours la production littéraire de l’humanité, la formulation la plus achevée de ce que le vivant a de plus spécifique. On peut aussi ajouter qu’une linguistique bien faite nous donne les clés de la genèse et des effets de cette formulation.
Bibliographie
Bréal, Michel, 1868, « Les idées latentes du langage », Conférence faite au Collège de France et reprise dans Mélanges de mythologie et de linguistique, Paris, Hachette (1877, 1ère éd. ; 1882, 2ème éd. ; réimprimé en 2005 avec une introduction de Gabriel Bergougnoux, Limoges : Lambert-Lucas).
Gould, Stephen Jay, The Structure of Evolutionary Theory, Boston : Belknap/Harvard, 1433 p., 2002.
Harris, Zellig Sabbetai, Mathematical Structures of Language, New York, Interscience publishers, 230 p., 1968.
Hockett, Charles, “The Origin of Speech”, Scientific American 203/3: 89-97, 1960.
Humboldt, Wilhelm von, Introduction à l’oeuvre sur le kavi et autres essais (traduction française de Pierre Caussat d’oeuvres de Humboldt produites de 1820 à 1835), Paris: Seuil, 440 p., 1974.
Ibrahim, Amr Helmy, “Introduction à la traduction” par Amr Helmy Ibrahim & Claire Martinot de Language and Information de Zellig Sabbetai Harris, Paris : CRL, 2007, p. 3-26.
“Les conditions de la prédication dans les langues”, Prédicats, prédication et structures prédicatives, Paris: CRL, 2009, p. 12-59.
“Supports d’actualisation et dualité constitutive de la predication”, Supports et prédicats non verbaux dans les langues du monde, Paris : CRL, 2010, p. 36-73.
Lavoisier, Antoine Laurent de, 1789-1864, Traité élémentaire de chimie.
Martinet, André, 1960-2003, Éléments de linguistique générale, Paris: Armand Colin.
Queneau, Raymond, Exercices de style, Paris: Gallimard, 1947.
Schafer, Raymond Murray, The Tuning of the World, New-York : A. Knopf, 1977 (trad. française par S. Gleize, 1979, Le paysage sonore, Paris : Lattès).
Verlaine, Paul, Mon rêve familier, Poèmes saturniens, 1866.
[1] 1868, p. 190-191.
[2] Changement de catégorie grammaticale d'une entrée lexicale. Par exemple dans l'exemple qui suit le passage du verbe aimer au nom amour.
[7] Article de Wikipedia consulté à l’adresse suivante : http://fr.wikipedia.org/wiki/Code_génétique