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6 – « Weder Kindheit noch Zukunft ». Rilke et l’expérience de pensée

Alors que la plupart des écrivains modernistes tiennent la vie et la littérature pour foncièrement incompatibles, Rilke considère les deux dimensions comme complémentaires, voire comme coïncidentes. La poésie n’est pour lui pas tant une manière de fuir la réalité qu’un moyen de s’y immerger davantage, en transformant le monde extérieur en caisse de résonance du monde intérieur. Cette vision encore romantique des rapports entre l’œuvre et son créateur ne l’empêche pas de faire des "Élégies de Duino" un véritable journal de laboratoire : le « Je » y est à la fois scientifique et cobaye d’une expérience de pensée dont sont notifiés les réussites, mais aussi et surtout les échecs. Souvent interprétés comme une question rhétorique, les vers initiaux du cycle (« Qui, si je criais, m’entendrait donc, d’entre / les ordres des anges ? ») constituent ainsi l’exposé d’un "puzzling-case" que le reste du cycle va développer dans tous ses aspects. Nous nous proposons d’analyser certaines expressions optatives (subjonctif, questions rhétoriques, adynaton) auxquelles Rilke a recours dans "Les Élégies de Duino" – et dans la Neuvième Élégie en particulier – en les regardant comme exemplaires de l’expérience de pensée moderniste.

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