Les différentes figures ou familles de figures que sont la personnification, l’apostrophe (ou allocution), la prosopopée et encore une certaine sorte d’allégorie ont en commun de mettre en œuvre une forme de pensée, ou topos, que l’on peut dire anthropomorphique. C’est attribuer à une entité inanimée des traits humains, et particulièrement le don de parole ou de pensée. On reconnaît là un point de jonction entre la pensée religieuse, tout spécialement polythéiste ou animiste, et l’expression poétique. C’est en effet dans le cadre du discours religieux que se sont élaborées la plupart des grandes personnifications fondatrices des mythologies. Le XIXe siècle n’ignorait d’ailleurs pas que l’origine des mythes est indissociable de l’origine des langues en ce que l’action de nommer avait d’abord été un geste d’explication du monde par un recours à des analogies, naturelles et surnaturelles. Ce moment historique de fondation mythopoïétique des religions allait d’ailleurs être au centre de la réflexion théorique de Mallarmé . Il est également le moment fondateur de la pensée anthropomorphique.