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Le Roman de la Terre au tournant des XVIIIe et XIXe siècles

En 2011, dans L’Évolution des idées en géologie. Des cosmogonies à la physique du globe, le philosophe et historien des sciences Bernard Balan situe la « fondation » de la science géologique à la fin des années 1960, c’est-à-dire au moment où il est définitivement établi, grâce aux travaux de géophysiciens anglais et américains, que la surface de la Terre est mobile aussi bien dans un sens horizontal que dans un sens vertical . Devant l’émergence tardive, en matière de physique du globe, d’un discours scientifique, Balan s’interroge sur les raisons pour lesquelles le développement des études « géologiques » depuis la fin du XVIIIe siècle, et certains résultats obtenus par l’étude des strates déjà anciennes, n’ont pu aboutir plus tôt à l’explication tectonique. Ce « retard » de la géologie par rapport à d’autres branches de l’histoire naturelle a, selon lui, deux causes possibles : il fallait pour que la « géologie » progresse et naisse enfin qu’aient été acquis les résultats de la thermodynamique ; il fallait aussi que la géologie s’arrache aux mythes des origines et, plus particulièrement aux récits bibliques de la Genèse et du Déluge, qu’elle a d’abord et surtout chercher à laïciser. Ce second argument n’est guère nouveau ; il est récurrent sous la plume de ceux qui, depuis les années 1740 avec Buffon jusqu’aux années 1830 au moins avec Charles Lyell, entreprennent non seulement de retracer l’histoire de la Terre mais aussi de fonder la géologie en tant que science expérimentale. En 1812, Georges Cuvier s’étonne, au moment d’exposer une méthode d’analyse des fossiles essentielle aux progrès de la géologie, qu’aucun des anciens n’ait attribué les bouleversements de la surface du globe à des causes lentes ou n’aient cherché dans l’état actuel des causes agissantes. Il en dénonce très vite la raison en ces termes : « Pendant longtemps on n’admit que deux événements, que deux époques de mutations sur la surface du globe : la création et le déluge, et tous les efforts des géologistes tendirent à expliquer l’état actuel en imaginant un certain état primitif modifié ensuite par le déluge, dont chacun imaginait aussi à sa manière les causes, l’action et les effets » . Téléchargez cet article au format PDF: pdf/Weber.pdf

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L’Ère sanatoriale vue par Thomas Mann ou la médecine comme Weltanschauung

Cet article contribue à l’analyse des réseaux médico-littéraires en Allemagne dans la première moitié du XXe siècle, en interrogeant la mise en récit du sanatorium dans La Montagne magique (1924). Cette étude est issue de l’analyse des rapports entre l’écrivain et des médecins et s’appuie principalement sur la correspondance de Thomas Mann (1909-1927) et sur les informations consignées dans son journal (1920-1921). L’écrivain dresse un portrait impitoyable du milieu sanatorial, lui valant des critiques acerbes. Il profite de l’occasion pour revendiquer les droits à la parole d’un littérateur dans une revue médicale. Sa conviction profonde que les visées de la médecine et celles de l’écrivain ne diffèrent guère l’incite à dialoguer avec les docteurs Liefmann, Hanhart et Schnitzler, parmi d’autres. Mann s’intéresse aux pratiques des docteurs Bircher-Benner et Groddeck, qui transforment sa conception de la maladie, où la réflexion et le langage contribuent au processus de guérison. mots-clés : sanatorium, tuberculose, Thomas Mann, Ernst Hanhart, Emil Liefmann, Arthur Schnitzler, Georg Groddeck, Maximilian Bircher-Benner.

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« Mûrir sans vieillir jamais ». Conservation de la physique cartésienne dans la poésie néo-latine en Europe du XVIIe au XVIIIe siècle (Polignac, Le Coëdic, Stay)

Dans ses Pensées sur la décadence de la poésie latine, parues dans le Journal de Trévoux en mai 1722, Pierre Brumoy dresse le constat accablant d’une « poésie peu à la mode », « reléguée dans les collèges », ensevelie « dans la poussière du cabinet ». Cependant le savant jésuite entrevoit un espoir pour le renouvellement du genre : en revenant vers la philosophie et les sciences, la muse néo-latine pourrait selon lui se « réconcilier avec [son] siècle ». Dans la publication en 1721 du poème de Claude Fraguier sur la morale de Platon (Mopsus sive schola platonica de hominis perfectione), ainsi que dans l’Anti-Lucrèce du cardinal de Polignac (Anti-Lucretius sive de deo et natura libri IX), dont il a circulé des copies avant l’édition posthume de 1747, Brumoy croit deviner les premiers signes de cette « chance de salut pour la poésie latine ». L’objet de cette étude est de chercher à comprendre comment, aux yeux des « gens à latin », une langue « peu à la mode » peut être transformée en atout pour la poésie scientifique.

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DE L’OPTIQUE AU MENTAL. LA POÉTIQUE COGNITIVE DE BERNARD NOËL

De manière parallèle à sa poésie, Bernard Noël développe une œuvre en prose qui pose des interrogations d’ordre cognitif, tout particulièrement autour de la perception visuelle. L’exploration de dispositifs technologiques (l’appareil photographique) et de mises en scène de l’acte de création (la scène du peintre au travail) sert à vérifier la pertinence des intuitions et des réflexions du poète au contact des sciences cognitives actuelles. Le trajet de l’optique au mental s’inscrit de la sorte dans une compréhension incarnée et gestuelle de la cognition qui vise également le surgissement du langage. Sa poésie devrait alors être comprise comme l’aboutissement du processus. Mots-clés: poétique cognitive, perception visuelle, cognition gestuelle, cognition incarnée, Bernard Noël

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Quand les physiologies s’invitent dans les encyclopédies

L’article étudie les relations entre littérature et science au XIXème siècle en France à travers la mise en rapport du genre littéraire des physiologies et celui des dictionnaires et des encyclopédies. À partir de l’analyse détaillée de quelques exemples précis il décrit la dynamique des échanges entre des textes de statuts différents : les écrits assimilés à la littérature industrielle destinée au grand purlic (les physiologies) d’une part les ouvrages de référence voués à la diffusion du savoir d’autre part. Il montre la porosité des frontières entre ces genres en ce qui concerne la connaissance de la société contemporaine au XIXème siècle et invite à en interroger les effets. Mots-clés : Savoir pré-sociologique Encyclopédies Physiologie Dictionnaire.

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Entre vision progressive et enjeux professionnels, l’invention architecturale chez Louis Auguste Boileau (1849 – 1853)

Parmi les nombreux écrits de Louis Auguste Boileau (1812-1896), les textes rédigés vers 1850 témoignent particulièrement d’une réflexion sur l’invention, question qui ne cessera de préoccuper l’architecte dans la suite de sa carrière. Le cas de Boileau mérite l’attention car son œuvre révèle une tension complexe entre sa capacité de projection imaginaire et son aptitude à faire face aux réalités de la profession. Déjà en 1867, l’article du Grand Larousse remarque que l’œuvre novatrice de l’architecte possède à la fois des aspects pratiques et théoriques. Boileau est en effet l’un des premiers expérimentateurs du fer dans les édifices religieux, notamment à l’église Saint-Eugène réalisée à Paris en 1854-1855. Il est également, sur un plan plus spéculatif, l’auteur d’un système inédit de composition architecturale inspirée de l’ossature ogivale. L’application de ce principe permettrait de réaliser des espaces dont l’immensité et l’élancement rivaliseraient avec les grandes constructions médiévales.

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Le parti pris des mots : « lettres », « littérature » et « science » au tournant des XVIIIe et XIXe siècles

Lorsque l’on s’interroge sur les croisements historiques entre la science et la littérature au XIXe siècle, il apparaît vite nécessaire de mener une enquête sur l’émergence de la dichotomie « science/littérature » à travers l’examen des définitions des mots de « lettres », « littérature » et « science » dans les dictionnaires de l’époque. Cet article présente le premier volet de cette recherche réalisé sur la période 1750-1840 sur un corpus français et anglais. Par la suite, il conviendrait de prolonger l’enquête tant du point de vue chronologique que du point de vue géographique. Le corpus retenu comporte ainsi dans le domaine français : l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert (1751-1765), l’Encyclopédie méthodique de Charles-Joseph Panckoucke (1782-1832), le Dictionnaire philosophique de Voltaire (1764) , le Dictionnaire de l’Académie (éditions de 1694 à 1835) et le dictionnaire de Louis Sébastien Mercier intitulé Néologie ou vocabulaire de mots nouveaux (1801). Du côté anglais, nous avons consulté le dictionnaire étymologique de Nathan Bailey (1721) , le dictionnaire de Samuel Johnson paru en 1755 et réédité huit fois jusqu’en 1799, le dictionnaire réalisé par Samuel Johnson en collaboration avec John Walker (1827), et le dictionnaire de Charles Richardson publié en 1839. Téléchargez cet article au format PDF: pdf/girleanu.pdf

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Images du médecin dans le théâtre de la monarchie de Juillet

Entre 1830 et 1847, le répertoire dramatique s’enrichit d’une profusion de « pièces à médecins », qui ne sont pas seulement l’apanage du vaudeville, mais aussi du drame et de genres plus inattendus encore : l’opéra-comique et le ballet. Ces pièces mettent en scène les maux, mais aussi les procédés thérapeutiques à la mode, comme le magnétisme, l’homéopathie et l’hypnose. Parfois, le sujet est dicté par les circonstances, pour s’adapter à l’infirmité provisoire d’un acteur. Outre les broderies autour de l’image du médecin, tantôt tueur, tantôt « bienfaiteur », ce théâtre propose une vision nouvelle de la folie et de ses avatars. Mais surtout, l’exhumation de ce répertoire dévoile une autre conception de la médecine. Au-delà de la guérison des maux physiques, la médecine qui intéresse le théâtre du XIXe siècle est une médecine du cœur et de l’intuition, capable de guérir les esprits plus que les corps.

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Sammeln und Wissen schaffen : Die Petrefaktensammlung von Johann Jakob d’Annone (1728-1804)

Im 18. Jahrhundert entwickelte sich das Sammeln von Naturalien und Naturprodukten von einer Freizeitbeschäftigung wohlhabender Personen zu einer epistemischen Praxis der Naturforschung. Das Naturalienkabinett wurde zum Labor, in dem durch Beschreibung und Vergleich der Sammlungsobjekte neues Wissen über die Natur geschaffen werden konnte. Da die Objekte an ihre Sammlungsorte gebunden waren, war dieses Wissen oft auf einzelne Lokalitäten begrenzt. Bei gegenseitigen Besuchen tauschten die Naturforscher ihr Wissen untereinander aus und trugen damit zur Verbreitung neuer Ansichten über die Entstehung der Erde und der Beschaffenheit der Natur bei. In der zweiten Hälfte des 18. Jahrhunderts entstanden neue Publikationsformate, in denen Objekte aus unterschiedlichen Sammlungen zu systematischen Katalogen zusammengeführt wurden. Ein solches Werk war die Naturgeschichte der Versteinerungen von Johann Ernst Emmanuel Walch. Einen wesentlichen Beitrag zur Entstehung des Werkes leistete der Basler Sammler Johann Jakob d’Annone. Am Beispiel der Entstehungsgeschichte einer Naturgeschichte der Versteinerungen und der Sammlungsaktivitäten d’Annones zeigt der Beitrag, wie sich in der zweiten Hälfte des 18. Jahrhunderts das Sammeln von Naturgegenständen von der Liebhaberei zur ernstzunehmenden wissenschaftlichen Praxis wandelte.

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Henry More ou les esprits animaux au service de la pneumatologie

Mots clefs : Henry More, Descartes, dualisme, métaphysique, conarion, sens commun, spirit. Résumé : « Cet empire que notre âme a sur les esprits animaux, d’où vient-il ? Comment s’y prend-elle pour les faire couler dans toutes les parties du corps ? ». À cette question que lui pose Henry More dans une lettre du 5 mars 1649, Descartes ne répond pas autrement, le 15 avril 1649, qu’en annonçant que son traité à paraître des Passions de l’âme (publié à l’automne 1649) contient les explications demandées. Pourquoi donc More, qui affiche par cette question sa confiance dans la capacité de la philosophie de Descartes à résoudre la difficulté exposée, reprend-il cependant inlassablement, dans ses premières grandes œuvres philosophiques, An Antidote against Atheism (1653), An Appendix to An Antidote against Atheism (1655) et The Immortality of the Soul (1659), la démonstration que les esprits animaux ne peuvent pas se diriger eux-mêmes, ni être commandés par le cerveau, ou par cette partie du cerveau que Descartes nomme la glande pinéale, mais qu’ils sont l’« instrument général » et « immédiat » de l’âme ? Si la question du principe du mouvement animal ou volontaire revient dans ces différents écrits avec une insistance croissante, c’est que pour More, ce n’est pas de l’union de l’âme et du corps, mais de leur distinction réelle, que témoigne la subordination des esprits animaux au commandement de l’âme. Les esprits animaux constituent à cet égard un rouage essentiel dans la constitution par More de sa première doctrine métaphysique.

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Humanisme du document et réseaux médico-littéraires, la marque d’Henri Mondor

Le 20 janvier 1939, Henri Mondor inaugure la chaire de pathologie médicale de la Faculté de médecine de Paris par un discours intitulé « les hommes de qualité » qui associe poètes et médecins. Après la guerre, il devient une figure majeure des échanges médico-littéraires (ce que montre à l’envi sa très importante correspondance avec les plus grands écrivains et savants de son temps). Il met à profit l’incontestable autorité que lui confèrent sa charge de directeur de collection chez Masson et Gallimard, son activisme dans la presse depuis les années trente, ses nombreuses publications, sa présence à de nombreuses académies, et comme président du jury du Prix des médecins - écrivains, pour promouvoir sans relâche cette figure de l’homme avec qualités qu’est à ses yeux l’humaniste alliant compétences scientifiques et poétiques, tout en plaçant le document au cœur de sa recherche. C’est autour du document à questionner qu’il crée ses réseaux et favorise le dialogue des disciplines. On parlera alors d’humanisme du document. mots-clés : Mondor, presse, médecine, littérature, réseaux, discours.

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Sciences psychologiques et style : la valeur heuristique de la métaphore dans De l’intelligence (1870) d’Hippolyte Taine

Hippolyte Taine est le principal artisan du renouveau des sciences psychologiques dans la seconde moitié du XIXème siècle. De l’intelligence (1870), son ouvrage capital, promeut une psychologie expérimentale, conçue sur le modèle des sciences naturelles et soutenue par la physiologie. Dans Les Philosophes du XIXème siècle en France (1857), Taine dénonçait déjà chez les spiritualistes une « métaphysique des métaphores », abstraite et pédante, éloignée de l’esprit scientifique et des valeurs classiques de la langue française – précision, clarté et concision. L’ouvrage de 1870 témoigne pourtant de la tendance très nette du philosophe à filer ses métaphores : la prétendue transparence de l’énoncé scientifique semble avoir partie liée au déploiement du sens figuré et aux vibrations suggestives d’un écho. Alors que De l’intelligence fait la réputation de Taine comme naturaliste et comme savant, l’ouvrage aboutit à un paradoxe qui n’est qu’une concession inavouée : l’image promue au rang d’outil heuristique ne contredit plus le savoir positif mais se substitue à lui. Mots-clés : Style scientifique, Abstraction, Image, Sensation, Métaphore, Psychologie, Philosophie, Spiritualisme, Claude Bernard, Taine.

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Unterwegs zu einer neuen wissenschaftlichen Mythologie. ”šPoesia scientifica’ im Italien der Aufklärung

Wie auch in anderen europäischen Literaturen bezeichnet das, was wir heute als 'poesia scientifica' bezeichnen, in Italien einen jener Bereiche des kulturellen Erbes der Aufklärung, mit dem sich die nachfolgenden Generationen besonders schwer getan haben. Als Inbegriff jener antirhetorischen und antipedantischen Wendung eines «hin zu den Dingen », das sich die Aufklärung auf die Fahnen geschrieben hat, ist sie einerseits integraler Bestandteil eines kulturellen und sozialen Modernisierungsprojekts, dem die italienische Kultur ohne jeden Zweifel wichtige Impulse verdankt. Gleichzeitig erscheint sie freilich als Teil eines klassizistisch-scholastischen Literaturverständnisses, dem die sich beschleunigende Autonomisierung von Literatur und Wissenschaft im 18. Jahrhundert zunehmend die Grundlage entzieht.

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PROSPECCIONES COGNITIVAS DE LA PERCEPCIÓN EN LA POESÍA DE LORAND GASPAR

L’objectif de cet article est de proposer une méthodologie d’analyse littéraire qui serve d’outil à la théorie littéraire dans le but d’un rapprochement de celle- ci avec la discipline connue comme « cognitive poetics ». Cette méthodologie consiste essentiellement en l’articulation de concepts développés par diverses sciences cognitives autour du texte littéraire. La particularité de cette méthodologie est de concevoir le texte poétique comme le dépositaire de différents processus cognitifs élémentaires ; pour les propos de cet article nous avons choisi d’explorer principalement les mécanismes de la vision, la façon dont le poème «regarde» et «configure» l’espace à travers le langage. Pour cela, plusieurs paradigmes épistémologiques concernant la perception (notamment la vision) sont considérés. Par la suite, l’analyse tient compte des concepts tels que : la pensée-paysage (Michel Collot), l’energeïa poétique (Pierre Ouellet), la embodied cognition (Mark Johnson), le contexte coloré (Jean-Didier Vincent), la plasticité neuronale (Ansermet) et la perception amodale (Gaetano Kanizsa). Une sélection de textes de l’œuvre poétique de Lorand Gaspar a constitué le corpus d’analyse de cette étude. Mots-clés: poétique cognitive, Lorand Gaspar, perception visuelle, pensée poétique

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(Re)configurations académiques : entre politique et savoirs

Pour analyser les rapports entre littérature et science, on peut s'interroger sur le sens des mots, des notions, sur les champs lexicaux propres à chacun. On peut se demander si c'est bien la même langue qui est employée pour parler du monde naturel et de celui de l'art, analyser des usages et des modèles littéraires ou scientifiques. On peut observer les interférences, les espaces partagés ou réservés, partir à la recherche des genres hybrides, des concepts migrateurs, des transferts de paradigmes. On peut aussi s'interroger sur les relations symboliques entre les deux champs, ou encore sur la hiérarchie qui les gouverne. De ce point de vue, l'histoire des institutions de savoir apporte des éléments utiles. Téléchargez cet article au format PDF: pdf/Leterrier.pdf

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Aucune trace : récits de l’inventeur inconnu dans la vulgarisation de la photographie, 1850-1870

Tout le monde sait que la photographie a été inventée en 1839. Cette année-là, le gouvernement français a rendu public le processus photographique de Louis Jacques Mandé Daguerre ; bien que le daguerréotype soit assez vite dépassé par d’autres processus se faisant à partir d’un négatif, c’est Daguerre qui a exposé le premier moyen fiable de fixer « l’écriture de la lumière ». Il s’était pourtant associé, depuis 1826, avec Joseph Nicéphore Niepce, qui a réussi à créer plusieurs images « héliographiques » très fragiles avant son décès en 1833 ; pendant ce temps, l’anglais William Fox Talbot a également poursuivi des travaux sur le « calotype », une procédure négative-positive qu’il a brevetée en 1841. Une foule de noms entoure donc la naissance de la photographie, dont aucun ne peut réclamer la seule parenté directe. N’empêche que, tout le monde le sait, Daguerre a inventé la photographie en 1839.

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An Archive of Sins: Experimenting with the Body and Building a Knowledge of the ‘Low’ in José Ignacio Eyzaguirre’s General Confession (1799-1804)

Abstract: In this paper I will analyze an unpublished document from the late eighteenth century, currently held in Chile’s National Archives.…

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Un recul en avant. Une traduction de l’Amour Médecin de Molière, au XVIIIe siècle au Portugal

À partir de l’analyse d’une adaptation lusitanienne de l’Amour Médecin de Molière au XVIIIe siècle, cette étude montre comment la réécriture témoigne – sur le plan dramaturgique - des oppositions nationales et culturelles relatives à la diffusion des pratiques médicales. Une innovation particulière fait l’objet des plus vives critiques dans la pièce : le vaccin contre la petite vérole, dont l’inoculation se propage à l’époque dans les cours européennes. Cette étude montre que la démystification moliéresque de la médecine trouve son équivalent au Portugal, malgré les différences très nettes qui semblent apparaître entre la version originale et son adaptation. En dépit d’un attachement des personnages à une forme de nationalisme thérapeutique, hostile aux innovations venues de France, et au-delà de son caractère édulcoré, la pièce semble dénoncer un obscurantisme primaire, et les effets de censure systématique qui semblent peser sur le répertoire de Molière, quel que soit le contexte plus ou moins tolérant de sa publication.

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De Dezallier d’Argenville à Darwin : la question de la couleur dans la représentation des minéraux

Au XVIIIe siècle, plusieurs procédés de gravure en couleurs ont été mis au point et leur exploitation dans l’illustration scientifique a surtout été étudiée dans le domaine de l’anatomie, car le coloris a toujours été présenté comme idéal pour donner l’illusion du vivant. Cette problématique a été beaucoup moins interrogée à propos de l’inanimé, alors que plusieurs ouvrages importants de minéralogie ont paru à cette époque et qu’ils recourent tantôt aux traditionnelles planches gravées en noir et blanc, tantôt aux images imprimées en couleurs, ou encore peintes à la main. Ces différentes options renouaient avec l’ancien débat sur les mérites respectifs attachés au dessin au trait et au coloris pour rendre compte de la nature, débat réactivé par les récentes théories sur la lumière et la couleur de Newton. Dans ce contexte, l’article analyse la tension entre les parts respectives accordées au plaisir visuel et à la pédagogie dans la représentation des minéraux, chez des auteurs aussi différents qu’Antoine-Joseph Dezallier d’Argenville (1755), le baron d’Holbach (1768), Jean-Baptiste Romé de l’Isle (1772) et le graveur Fabien Gautier d’Agoty (1781). Il se conclut par le point de vue de Darwin sur le rôle de la couleur dans la caractérisation des espèces.

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Hobbes, les esprits animaux et la science politique du corps en tant que mécanisme vivant

Résumé : Thomas Hobbes développe sa propre perspective sur les esprits animaux depuis son œuvre de jeunesse, Court traité des premiers principes (1630), dont les échos continuent à être identifiés dans ses écrits philosophiques ultérieurs, notamment dans Eléments du droit naturel et politique (1640), De motu, loco et tempore (1643) et même dans le Léviathan (1651). En prenant comme point de départ sa propre interprétation mécaniste de l’idée de « puissance active » d’Aristote, Hobbes place les esprits animaux au cœur de son argumentation concernant la relation du corps humain avec l’extérieur, le tempérament psychologique de chaque individu, la naissance des passions. Sous l’influence des naturalistes italiens dans l’interprétation du contenu de l’idée d’esprit et à l’aide de sa propre interprétation des esprits animaux, Hobbes adopte aussi une position critique par rapport à l’argument traditionnel sur le rôle du péché dans le comportement immoral de l’homme. Mots clés: esprits animaux, puissance active, naturalisme, sensation et passion, matière subtile

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René-Albert Gutmann (1885-1981), un médecin dans le siècle

René-Albert Gutmann, spécialiste gastro-entérologue de renommée mondiale, dont l’activité médicale s’est déployée de 1910 à 1978, se révèle aussi un grand lettré, amoureux de la littérature classique et moderne, passionné par les échanges entre les cultures et les disciplines, à la fois historien et critique littéraire, traducteur et écrivain, poète, romancier et essayiste. Bien que très actif dans les milieux médicaux et littéraires de son temps, il se distingue des sociétés de médecins- littérateurs de la première moitié du siècle par son cosmopolitisme, son indépendance d’esprit et ses recherches personnelles. mots-clés : René-Albert Gutmann, médecine, recherche, littérature, poésie, essai, histoire, humour, échanges médico-littéraires, cosmopolitisme, Paul Morand, Ana de Noailles.

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L’impact de la physiologie dans la critique littéraire de la fin du XIXème siècle : l’exemple de Claude Bernard

Aux côtés de Darwin et Pasteur, Claude Bernard figure comme l’un des scientifiques les plus influents de la seconde moitié du XIXème siècle. Loin de se cantonner à la médecine, ses théories, dont la fameuse méthode expérimentale, vont trouver un écho décuplé dans d’autres disciplines – la philosophie avec Bergson, la sociologie avec Durkheim... Mais c’est dans la critique littéraire que cette circulation interdisciplinaire est la plus remarquable ; outre Zola, pour qui la référence bernardienne est prétexte à la caractérisation de l’esthétique naturaliste tout entière, les références explicites au savant se retrouvent chez des auteurs non moins éminents de l’époque, tels Renan et Brunetière. À l’heure où la critique esthétique fait le 15 procès de sa propre subjectivité, la méthode expérimentale semble en effet fournir au discours littéraire les moyens de son objectivation et de sa légitimation. Mais les emprunts à Claude Bernard sont bien plus nombreux et complexes que la simple « imitation » d’une méthode : imprégnation, transpositions, réappropriations... L’impact de Claude Bernard dans la critique littéraire de cette fin de siècle reste donc à déterminer, notamment pour restituer sa place véritable au cœur des débats qui opposaient alors vigoureusement critiques « scientifiques » et « impressionnistes ». Par cette identification des transferts textuels, il s’agit également d’étudier la façon dont la critique littéraire s’élabore sur le modèle d’une dialectique du vivant. Mots-clés : Claude Bernard, Critique, Interdisciplinarité, Physiologie, Méthode.

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L’encyclopédie comme programme éducatif chez Pierre Ramus : Conjonction ou réduction ?

L’intitulé : « Questions sur l’encyclopédisme », invite à envisager l’encyclopédisme sous un angle problématique et réflexif, dans toute l’ampleur de la notion: de la complémentarité et de la communication des disciplines entre elles, à l’élaboration d’un système total du savoir. Mon questionnement portera sur Pierre de La Ramée (dit Ramus), actif à Paris dans la seconde moitié du XVIe siècle. Dans son Histoire de la bibliographie (Storia della bibliografia), dont les deux premiers volumes sont consacrés aux « Encyclopédies de la Renaissance » (Enciclopedie rinascimentali), Alfredo Serrai, écrit : « Pour nous, Ramus est un encyclopédiste de fait, pour s’être occupé et pour avoir écrit des manuels ou des dissertations sur presque toutes les sciences, de l’histoire à la théologie, des mathématiques à la logique, de la rhétorique à la linguistique [nous dirions : la grammaire]1 ». Si sa qualité de rédacteur de traités sur les arts fait de Ramus un encyclopédiste, on se demandera s’il peut être qualifié d’encyclopédiste à ce seul titre, et à quel type d’encyclopédisme on a affaire chez lui.

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La poésie d’Erasmus Darwin entre science, mythe et pastorale

La magicienne d’Atlas, symbole de l’imagination créatrice dans l’œuvre de Percy B. Shelley (1792-1822), vit au temps où les êtres surnaturels n’ont pas encore été chassés par la révolution scientifique, qui discrimine sans relâche erreur et vérité. Ces montagnes de l’Atlas, univers clos et protégé de la pastorale, forment alors le berceau naturel de créatures littéraires héritées de la poésie antique. Lorsque nymphes, dryades et hamadryades proposent à la magicienne de devenir ses suivantes, « So they might live for ever in the light / Of her sweet presence—each a satellite » , cette dernière refuse de s’associer à leur déclin inéluctable

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FORME-MOUVEMENT, FORME-TEMPS : THÉORIES DE LA MORPHOGENÈSE CHEZ PAUL VALÉRY, THEODOR SCHWENK ET BOTHO STRAUSS

A la croisée de la science et de l’esthétique, la notion de forme a intéressé les scientifiques aussi bien que les artistes qui, depuis Goethe, reconnaissent une même générativité à l’œuvre dans les variations morphogénétiques de la nature et dans les images créées par l’homme. Pour illustrer cet intérêt commun, cette étude se penche sur l’œuvre de trois éminents « penseurs morphologiques » – Paul Valéry, Theodor Schwenk et Botho Strauss – qui, à partir de lieux d’intervention différents (la science pour l’un, la poésie pour les deux autres), ont produit un savoir original sur la forme. Matérialisé à travers une forme elle-même esthétique, ce savoir déplace les frontières de la connaissance en redistribuant les rapports de l’art et la science, mais aussi ceux du sujet et de l’objet, de la nature et de la culture, de l’esthétique et de la connaissance. Il fraye ainsi la voie à une nouvelle compréhension de l’esthétique, qui peut dès lors être entendue comme science des arts autant qu’art des sciences. Mots-clés: science et esthétique, morphogenèse, Paul Valéry, Theodor Schwenk, Botho Strauss

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The Romantic Vision of the Unity of Science and Poetry and the Institutionalization of Science in England

The period of English Romanticism, from the last decade of the 18th century to the 1820s, was a time when the scientific education and researches began to be systematized. The foundation of the British Association for Advancement of Science (BAAS) in 1831, was actually a claim against the old regime of the Royal Society whose members consisted largely of amateur gentlemen of science. The BAAS declared that they would choose members according to their merits, while organizing annual conferences throughout the United Kingdom. William Vernon Harcourt, founder of the BAAS, claimed that the aim of the organization was "to give a stronger impulse and more systematic direction to scientific inquiry (Morrell, 70)”, and to develop human networks through scientific knowledge.

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