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9 – Écrire l’histoire de l’olfaction au XIXème siècle : L’exemplarité de Zola

Cet article aborde sous l’angle de l’exemple la reconnaissance exceptionnelle dont bénéficient les écrits Zola auprès des historien·ne·s étudiant l’olfaction au XIXème siècle. Cela permet d’éclairer la tension entre le caractère exceptionnel du traitement des odeurs chez Zola qui le distingue des autres auteurs, notamment naturalistes, et le caractère significatif, exemplaire, de ces évocations olfactives qui fait de Zola un témoin privilégié des senteurs de son époque. Cette double fonction de l’exemple qui relève autant de la norme que de l’exception, fait écho à une autre tension qui habite particulièrement la perception olfactive : les odeurs évoquent à la fois des souvenirs individuels, parfois même intimes, et des catégories très codifiées ou des conventions partagées par des sociétés entières. Pour mieux comprendre l’exemplarité de Zola en matière d’olfaction et expliquer les prérogatives que lui accordent les historiens actuels qui appuient souvent leurs démonstrations à la fois sur la singularité et la généricité de ses descriptions olfactives, il s’agira de mettre en perspective la fortune critique que connait l’écrivain auprès des historiens actuels avec l’histoire longue de la réception critique du sens de l’odorat chez Zola et des senteurs évoquées par ses romans.

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6 – Le spectacle de la vision. Le discours autour de l’œil et de la vue dans la presse scientifique et populaire au XIXème siècle

Se situant dans la perspective d’une réflexion critique sur l’écriture de l’histoire de la vision, cet article étudie la manière dont l’œil et ses fonctions ont été appréhendés par la médecine au XIXème siècle. Il se base sur une analyse des publications à caractère médical et scientifique savantes et de vulgarisation du début des années 1850 aux premières décennies du XXème siècle, correspondant à la période où l’ophtalmologie s’affirme comme une spécialité médicale et à l’époque de l’essor de la presse scientifique de masse. La première partie montre comment l’exploration de l’œil entreprise par les médecins à travers l’ophtalmoscope et d’autres instruments optiques conduit à une reconfiguration profonde des connaissances sur l’anatomie et la physiologie de la vision. La deuxième partie décrit comment les études physiologiques portent à reconnaitre le caractère subjectif des perceptions visuelles et la fragilité du sens. La dernière décrit comment, à travers un rigoureux processus de classification et de rationalisation des connaissances nouvellement acquises, les ophtalmologues arrivent à re-objectiver les perceptions visuelles. Cet article met ainsi en question la théorie explicitée par Jonathan Crary qui soutient que la découverte du caractère subjectif de la vision au XIXème siècle entraîne une irréversible perte de confiance en ce sens comme moyen d’accès à la réalité du monde extérieur. Ce texte montre également que les recherches médicales autour de la vue trouvent une large diffusion dans la presse scientifique populaire, contribuant de cette façon à consacrer la médecine comme la science la plus autoritaire au sujet de la vision.

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7 – La colorisation de films d’archives, l’exemple de la société de production Composite Films

La société de production Composite Films s’est imposée ces dernières années dans le paysage des documentaires historiques, pour son expertise dans la colorisation de films d’archives. Cet entretien se propose d’expliquer les méthodes de travail utilisées, ainsi que de les inscrire dans la perspective de l’histoire des techniques cinématographiques, et de l’histoire des sens.

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8 – Régimes sensoriels modernistes : l’exemple de Rilke

Dans quelle mesure l’œuvre poétique, mêlant par nature facteurs socioculturels et convictions empiriques d’ordre anthropologique et esthétique, peut-elle être investie par les questionnements de l’histoire des sens ? Pour contribuer à répondre à cette question, cet article aborde le cas de Rilke, dont l’œuvre et les prises de position théoriques fournissent un remarquable exemple de trajectoire artistique où la sensorialité est sollicitée de façon multiple et originale, interrogeant aussi bien la manière d’être au monde de l’homme occidental que le rôle de l’artiste dans le contexte de la modernité industrielle.

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5 – Archéologie du paysage sonore : Entretien avec Mylène Pardoen

Mylène Pardoen est à l’initiative de nombreux projets de reconstitution historique du paysage sonore dont le Projet Bretez qui prend la forme d’une promenade virtuelle dans dans le quartier du Châtelet à Paris au XVIIIème siècle. À travers cet entretien, elle évoque le travail effectué en amont, sur les sources, et la méthodologie nécessaire à la réalisation d’un tel projet.

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10 – Table ronde :
Domestiquer les odeurs :
L’odorat et la construction de l’espace privé
(XVIIIème – XIXème siècle)

Cette table ronde rend compte des discussions qui ont eu lieu lors de la journée d’étude Domestiquer les odeurs : l’odorat et la construction de l’espace privé (XVIIIème – XIXème siècle). Elle réunit six chercheurs spécialistes d’histoire de l’habitat urbain, de littérature et d’histoire de l’architecture autour de la question.

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Domestiquer les odeurs :
L’odorat et la construction de l’espace privé
(XVIIIème – XIXème siècle)

1 – Le livre comme objet polysensoriel chez les bibliophiles

Dans son article « La ville sonore : Quelles sources pour l’histoire du bruit urbain ? », Aimée Boutin revient sur la méthodologie développée dans son livre City of Noise : Sound and Nineteenth-Century Paris. Elle recense une gamme de sources possibles pour écouter les sons du passé et « enregistrer » les bruits d'une rue parisienne d’avant la révolution industrielle, avant que l’enregistrement sonore n’existe. Étudier l’histoire du bruit nécessite une approche pluridisciplinaire articulant musicologie, histoire de l'art, études littéraires, histoire, architecture et urbanisme. Cependant il serait impossible de tout écouter ; il est donc nécessaire de réfléchir à la sélection des bruits quotidiens qui retenaient l'attention des auditeurs du passé et qui sont parvenus à nos oreilles. Enfin, cette étude examine si la tâche de l'historien·ne du paysage sonore se caractérise par la reconstruction ou plutôt par l'interprétation du passé sonore, en esquissant quelques exemples de chaque approche.

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2 – De la réceptivité à l’activité : lecture et mobilisation des sens dans la presse de vulgarisation scientifique du XIXème siècle

Dès ses origines dans les années 1830, la presse de vulgarisation se construit sur un modèle innovant. Le Penny Magazine, le Magasin pittoresque et le Musée des familles se présentent comme des dispositifs à regarder et à manipuler, inaugurant une nouvelle ère médiatique où le lecteur n’use plus seulement de sa vue, mais de sa pleine sensibilité. Métaphorique dans un premier temps, cette relation nouvelle à la transmission des savoirs est concrétisée par la presse de vulgarisation spécialisée dans les sciences qui, sous l’impulsion de Gaston Tissandier (La Nature), rend populaires les « récréations scientifiques » et la « science pratique ». Atteignant sa pleine maturité dans les années 1880, cette presse réalise pleinement les promesses du modèle interactionniste des magasins, tout en offrant au lecteur d’être aussi bien observateur qu’acteur dans la construction de son rapport au monde. Enrichissant les modèles pédagogiques s’appuyant exclusivement sur la vue (encyclopédies traditionnelles, cours, conférences, dioramas, spectacles scientifiques…), elle légitime l’utilisation des cinq sens dans les méthodes de transmission des savoirs.

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3 – L’Histoire des sens et les prisonniers : la science pénitentiaire et la littérature des prisonniers

Vue sous l’aspect de l’histoire des sens, la prison, qui a été le sujet de nombreuses recherches historiques et littéraires, continue de nous interroger : comment sentait-on les prisonniers ? Pour répondre à cette question, il faut d’abord suivre, dans les écrits des enquêteurs venant de l’extérieur, les traces de leur expérience sensorielle intramuros, afin de constituer et d’étayer, à travers une intertextualité parfois interdisciplinaire, un savoir sur les prisonniers. Il ne s’agit cependant pas de se contenter de cette histoire des « sens sur les prisonniers ». Il est en effet impératif de penser l’histoire des « sens des prisonniers » eux-mêmes, et ce d’autant plus que les romans et les mémoires dont ils sont les auteurs sont empreints de leur expérience visuelle, auditive et olfactive. De fait, la mise en valeur des éléments sensoriels au sein de la description de leurs codétenus est, pour les auteurs, une façon de résister à ce nouveau monde composé de criminels et marqué par l’insensibilité dans lequel ils ont été jetés. Enfin, la confrontation, sous l’angle des sens, des écrits des enquêteurs avec ceux des prisonniers, fait apparaître un changement de paradigme en cours : l’ouïe et la vue cèdent à l’odorat, voire à un nouveau sens : la sensibilité tactile étendue ou la sensibilité cutanée. Cette dernière, pourtant, ne se retrouve pas chez les écrivains prisonniers dont les sens s’émoussent progressivement et qui sont, par conséquent, délaissés par un monde extérieur qui évolue désormais sans eux.

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4 – La ville sonore : Quelles sources pour l’histoire du bruit urbain ?

Dans son article « La ville sonore : Quelles sources pour l’histoire du bruit urbain ? », Aimée Boutin revient sur la méthodologie développée dans son livre City of Noise : Sound and Nineteenth-Century Paris. Elle recense une gamme de sources possibles pour écouter les sons du passé et « enregistrer » les bruits d'une rue parisienne d’avant la révolution industrielle, avant que l’enregistrement sonore n’existe. Étudier l’histoire du bruit nécessite une approche pluridisciplinaire articulant musicologie, histoire de l'art, études littéraires, histoire, architecture et urbanisme. Cependant il serait impossible de tout écouter ; il est donc nécessaire de réfléchir à la sélection des bruits quotidiens qui retenaient l'attention des auditeurs du passé et qui sont parvenus à nos oreilles. Enfin, cette étude examine si la tâche de l'historien·ne du paysage sonore se caractérise par la reconstruction ou plutôt par l'interprétation du passé sonore, en esquissant quelques exemples de chaque approche.

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