Appel à contributions : Arts et sciences en amateurs (Romantisme)

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Le conseil de rédaction de la revue Romantisme a décidé de programmer un numéro spécial consacré aux amateurs en arts et en sciences au XIXe siècle, sous la direction de Nathalie Richard (Le Mans Université, TEMOS CNRS) et Christian Joschke (Université Paris Nanterre)

Les propositions d’articles (deux pages avec une bibliographie de quelques titres) doivent leur être adressées à Nathalie RICHARD (nathalie.richard(@univ-lemans.fr) avant le 30 avril 2019.
La date de remise des articles qui auront été acceptés est fixée au 1er janvier 2020.

On assiste depuis quelques années à un renouveau de l’historiographie des amateurs. Les études portent surtout sur le présent, autour des sciences participatives (Houllier et Merilhou-Goudard 2016) et des pratiques artistiques (par exemple Babé 2012), et sur l’époque moderne (par exemple Guichard 2008, Smith 2016). Les travaux paraissent plus éparpillés – et plus rares – pour le XIXe siècle. De plus, peu de publications tiennent ensemble les formes artistiques et scientifiques
de l’amateurisme. Ce numéro sera l’occasion d’esquisser un panorama de
l’amateurisme au XIXe siècle et d’exposer des approches historiographiques neuves.
Ce numéro souhaite tenir ensemble les pratiques artistiques et scientifiques des amateurs. Sans nier leurs spécificités, il pose
comme hypothèse que certaines pratiques relèvent des deux champs (dessin, photographie par exemple) et qu’un nombre important d’amateurs pratiquent à la fois les arts et les sciences.
Afin d’éviter de multiplier les études de cas isolées, ce numéro privilégiera deux entrées dans l’histoire des amateurs : les
sociabilités et les pratiques. Les pistes proposées ci-dessous ne sont pas exhaustives.
Par le biais des sociabilités, il est possible de poser la question de la diversité sociale et de la démocratisation relative des pratiques au XIXe siècle, depuis les salons des élites et les pratiques en
amateurs qu’ils favorisent jusqu’aux groupes de théâtre amateur et aux orphéons de la seconde moitié du siècle, en passant par les sociétés savantes et artistiques où se forge et se renforce une identité bourgeoise nouvelle. Cette approche est susceptible de mettre en lumière des trajectoires, individuelles ou collectives, où se jouent des stratégies de distinction, des enjeux de réputation. Elle croise également la question des femmes en sciences et en arts.
Les pratiques permettent de mettre en lumière des manières de faire qui peuvent distinguer les amateurs des professionnels, mais aussi des simples profanes. Elles autorisent à identifier des domaines particulièrement ouverts aux amateurs (le théâtre, la photographie, la botanique, l’horticulture, l’archéologie métropolitaine, l’astronomie,
etc.) d’autres qui le seraient moins. Une approche par les pratiques ne peut se réduire à celle, classique et déjà beaucoup traitée, de la collection. Elle peut englober les instruments et les techniques, les gestes (les savoirs incorporés), les savoir-faire que les amateurs transposent d’un champ (professionnel, domestique) à un autre, l’expertise que ces savoir-faire permet de revendiquer. Elle peut mettre en lumière des conflits ou des coopérations autour « d’objets-frontières » (Star et Griesemer 1989). Elle ouvre sur l’évaluation de l’impact des productions des amateurs sur l’évolution de champs artistiques ou scientifiques.
Ce numéro de la revue Romantisme sera ainsi l’occasion de scruter un certain nombre d’oppositions et de tensions dans la pratique des arts et des sciences : autour des appartenances sociales et du genre, autour du couple amateur/professionnel, autour de l’individuel et du collectif, du cumulatif et de l’éphémère. Les propositions d’articles pourront porter notamment sur les
pratiques artistiques amateures (musique, théâtre, arts figuratifs, littérature) et sur les sociabilités qui leurs sont liées.

Références citées dans le texte
Babé Laurent, Les pratiques en amateurs. Exploitation de la base
d’enquête du DEPS « Les pratiques culturelles des français à l’ère du
numérique – 2008 », Repères DGCA, 6/12, octobre 2012.
Guichard Charlotte, Les amateurs d’art à Paris au XVIIIe siècle,
Paris, Champs Vallon, 2008.
Houllier F. et Merilhou-Goudard J.B., Les sciences participatives en
France. Etat des lieux, bonnes pratiques et recommandations, rapport,
février 2016.
Smith Pamela H. (ed), The Varied Role of the Amateur in Early Modern
Europe, Nuncius, 31/3, 2016.
Star, Susan et Griesemer, James, « Institutional Ecology,
‘Translations’ and Boundary Objects: Amateurs and Professionals in
Berkeley’s Museum of Vertebrate Zoology, 1907-39 », Social Studies of
Science, 19 (3), 1989, p. 387–420.

Calendrier
Les textes de 30 000 signes sont à remettre pour le 1er janvier 2020.
La publication est prévue fin 2020.

Contact : nathalie.richard@univ-lemans.fr

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