15Epistémocritique, Volume 15. Savoirs et littérature dans l’espace germanophone.
On assiste aujourd’hui à une véritable explosion des recherches sur les savoirs et la littérature en Europe. Il devenait urgent de rendre compte de la vitalité de ces recherches en faisant un tour d’horizon des travaux qui essaiment aujourd’hui à travers toute l’Europe. Cette quinzième livraison d’Epistemocritique initie ce tour d’horizon par un état des lieux de la recherche dans les pays de langue allemande (Allemagne, Autriche, Suisse), où une variété d’approches et de positions différentes se sont développées, donnant lieu à des controverses parfois très vives. Réalisé par Hildegard Haberl, ce numéro d’Epistemocritique propose un éventail de quelques-unes de ces approches et orientations ainsi que des tensions et débats qu’elles ont suscités, témoignant de la vitalité d’un champ aujourd’hui en plein essor dans le monde germanophone.

14Epistémocritique, Volume 14. GREFFES.
Greffes, hybridations, percolations… les métaphores ne manquent pas pour décrire la circulation des modèles, des idées et des représentations entre sciences et littérature. Parmi ces métaphores, celle de la greffe jouit d’une mémoire culturelle et d’une épaisseur historique toutes particulières : aux XVIIIe et XIXe siècles, elle a été mobilisée de façon massive par les scientifiques et les écrivains pour figurer différentes modalités du dialogue entre discours littéraires et savants. Les études réunies dans ce volume illustrent quelques-unes de ces modalités, interrogeant à partir d’exemples précis les rapports réciproques de la science et de la littérature, leur concurrence possible dans le champ du savoir, mais aussi la manière dont se constituent l’une par rapport à l’autre la « connaissance de l’écrivain » et la « connaissance du savant.

13Epistémocritique, Volume 13. Littérature et savoirs du vivant.
Depuis le 19ème siècle, moment où naissent les sciences du vivant, la circulation des modèles et des théories liés à ce domaine crée un espace de production épistémique qui permet aux représentations culturelles du vivant de se diffuser et de percoler dans la pensée historique, politique et sociale grâce à une série d’analogies, de déplacements métaphoriques, de généralisations et d’extrapolations. Les études réunies dans ce numéro visent à cerner la diversité de ces appropriations et des usages qui ont été faits des sciences du vivant dans le champ plus vaste des savoirs sur l’homme, mais aussi dans la production littéraire et, plus généralement, dans l’imaginaire, afin de mettre en évidences leurs enjeux idéologiques ainsi que les effets de culture qu’elles ont produit.

12Epistémocritique, Volume 12. Littérature et économie.
Le monde économique et le monde de la littérature et des arts ont souvent, depuis le Romantisme, été considérés comme antithétiques. Cependant les relations économiques sont présentes dans de nombreux textes et dessinent même une tradition littéraire. Après un bref parcours historique, du marchand dans la littérature du XVIIe siècle au Robinson de Defoe, des tribulations des personnages de Balzac dans le contexte du libéralisme naissant aux textes de Masséra, la littérature mettant en scène l’économie, surtout en période de crise, ne se contente pas de la représenter mais elle interroge les principes et l’éthique qui la fondent et entretient avec elle un dialogue constant .

La Mémoire : Proust et les neurosciences

Parmi les problématiques à l’œuvre dans les relations entre littérature et neurosciences, l’une d’elles s’applique directement au phénomène cognitif de la mémoire, à savoir dans quelle mesure, pour les neurosciences, la littérature rend compte de manière scientifiquement valide du fonctionnement de la mémoire individuelle. Depuis une dizaine d’années, les neurosciences se sont intéressées à l’apport cognitif de la littérature que représente l’œuvre de Proust et des expressions comme : « syndrome proustien », « Proust neurologue », « Proust phenomenon », «the Proustian hypothesis », « Proust as a neuroscientist » sont maintenant utilisées. [Une version imprimable de cet article est accessible en pied de page]

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Poe, Descartes et la cybernétique

Mon but est de cerner, dans quelques textes de Poe, une certaine image de la machine. Je ne m'intéresserai qu'à la machine en tant qu'elle est susceptible d'imiter l'humain, et j'interrogerai la nature et les limites que les textes de Poe attribuent à une machine qui contreferait, autant que possible, l'humain.

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La Pensée inquiète

Parce qu’elle met en jeu des procédures cognitives qui diffèrent de celles de la science ou de la philosophie, la littérature se conçoit souvent comme contre-savoir poétique ou même comme non-savoir. Par là, elle cherche moins à tracer une frontière qu’à exhiber le retournement toujours possible du déjà-su en insu, des réponses admises en nouveaux questionnements, de l’irrationnel en figure possible d’une autre raison.

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2 – Raconter le virus : Dialogue interdisciplinaire sur la transposition narrative du discours biologique

Face à la présence encore discrète des virus dans la littérature contemporaine, cet article examine quelques défis narratifs posés par la mise en récit des découvertes récentes de la virologie. Quels procédés littéraires peuvent transposer ces relations complexes, impliquant différentes échelles et différentes temporalités du vivant ? La modélisation en science a-t-elle des cousins en littérature, des procédés de formalisation qui pourraient communiquer les mêmes idées ? Cette réflexion est le fruit d’un dialogue entre un biologiste écrivain, qui s’interroge sur les moyens de transposer les connaissances et l’esprit des découvertes de microbiologie dans des récits, et une spécialiste de littérature anglophone, s’intéressant à l’imaginaire biologique du roman contemporain. Leur visée est aussi bien analytique que prospective : les trois premières sections s’appuient sur un panorama de la fiction narrative existante inspirée par les virus, de la science-fiction des années 1980 au roman contemporain (francophone et anglophone) ; les deux suivantes imaginent des pistes pour une littérature du virus encore à venir. Cinq pistes narratologiques sont ainsi explorées : i) les jeux de focalisation et d’échelle permettant de tenir compte de l’extrême hétérogénéité de la taille des populations interactives des virus et de leurs hôtes, et de la multiplicité des échelles temporelles et physiques exploitables ; ii) le potentiel déstabilisateur des virus dans les schémas actantiels classiques, en raison de la dynamique complexe de leurs relations avec leurs hôtes ; iii) la métaphorisation par la littérature d’un discours scientifique non exempt de ses propres métaphores, cette métaphorisation littéraire reposant sur une diversité d’imaginaires mobilisés ; iv) la transformation des relations virales en schèmes poétiques, et la transposabilité rhéthorique des images structurantes du discours scientifique ; v) l’intégration de nouveaux personnages qui correspondraient aux superorganismes associant les virus et leurs hôtes. Mots-clés Virus, récit, biologie, littérature, échelle, évolution, réseau, holobionte, focalisation, actant, métaphore, schème, organisme.

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Literary Devices of Conveying Knowledge

In my paper I shall discuss four devices common in works of literature that facilitate our learning from it. Namely, these are simplification, exemplification, the demonstration of options and representative discussions, and internal focalisation and the generation of immersion. It is important that these devices are not exclusively literary but that they nevertheless contribute to the genuine epistemic value of literature. My underlying approach is that of analytical literary criticism which draws on the traditional understanding of knowledge as justified true belief. While outlining this approach by elaborating two exemplary positions (that of Tilmann Köppe and Oliver R. Scholz) I shall also give a general but brief account about research on the relation between literature and knowledge in Germany. My line of argument will be illustrated with examples from novels that can be considered science-in-fiction, a term coined by Carl Djerassi.

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Les objets du savoir romanesque : musées et cabinets de curiosités dans Die Wahlverwandtschaften de Johann Wolfgang Goethe, Mardi d’Herman Melville et Bouvard et Pécuchet de Gustave Flaubert

Résumé : La récurrence des descriptions romanesques de collections ou de cabinets de curiosités dans des romans contemporains des musées ne traduit pas seulement la nostalgie de Goethe, de Melville ou de Flaubert pour une episteme moderne. Elle est l’occasion de réfléchir aux limites des modes d’exposition du savoir contemporain et de désigner les risques de la spécialisation des savoirs en cours. Mais l’insertion dans le roman de ces cabinets est aussi une gageure : le roman y éprouve ses capacités à décrire et à exposer ainsi qu’à faire signe vers une réalité extérieure, pétrifiée dans chacun des objets décrits. Dans les cabinets de curiosités qui envahissent les musées romanesques des Wahlverwandtschaften, de Mardi et de Bouvard et Pécuchet, se jouent la mise en abyme de l’appréhension savante du monde ainsi que la possibilité, pour le genre romanesque, d’échapper à l’impératif mimétique aristotélicien sans renoncer toutefois à l’exigence de référentialité. Entre l’exhaustivité réaliste (même illusoire) et l’exemplarité allégorique, les trois romans étudiés élaborent plusieurs articulations possibles du texte de fiction au monde.

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Variations Vésale. La mélancolie de l’anatomiste entre science et art Étude comparée d’un modèle esthétique et d’un paradigme scientifique

S’il est vrai que divers obstacles entravent l’exercice des arts et des sciences, nuisent à leur étude approfondie et en restreignent…

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3 – The “Right” Amount of Agency: 3 – Microscopic Beings vs Other Nonhuman Creatures in Contemporary Poetic Representations

This study examines contemporary poetic and literary attempts at bestowing agency and authorial power to microscopic beings and perceptible nonhuman beings. It finds that the agency of microscopic beings is starkly contrasted while that of perceptible nonhumans is bestowed in more careful terms. It first compares poems by Les Murray and Pattiann Rogers, both on perceptible nonhuman creatures and on microscopic beings, showing that poems about perceptible nonhuman creatures portray their objects’ agencies as nuanced, while poems about microscopic beings fully attribute and simultaneously fully deny agency to their objects. As for authorial power, poems about animals and trees strive to construe their objects as co-writers to a much greater extent than poems about microscopic beings. The study then examines more explicit attempts at granting authorial agency to animals and to a bacterium, by comparing Aaron Moe’s Zoopoetics and the rhetorics around Christian Bök’s Xenotext experiment which consists in inserting a sentence into the genome of a bacterium that will then issue a protein that encodes its answer to the sentence. While Moe struggles to establish the possibility of an animal poiesis, Bök holds together two opposed positions, the bacterium as mere support for a hubristic human power, and the bacterium as counter power and even writer of the poem. Moreover, it appears that the agency of microscopic beings (viral/parasitic) is drawn upon in attempts to establish the agency of other nonhuman beings. Finally, for the critic or poet setting out to describe attempts to transfer authorial power to nonhuman beings, viral/parasitic agency appears as an especially fruitful metaphor. The dichotomy at work in the literary attempts examined here may derive from the fact that the agency of microscopic beings such as viruses and parasites is often acknowledged, and largely feared by humans, while the agency of perceptible nonhuman beings (such as trees, plants, or animals) is often seen as hampered by human power and a society which has long been negating their ability to act. Key words Agency, Poetry (contemporary), Virus, Parasites, Bacteria in literature, Literature and the Environment, Animals in Literature. Mots-clés Agentivité, poésie (contemporaine), virus, parasites, bactéries dans la littérature, littérature et environnement, animaux dans la littérature.

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PROUST AU LABORATOIRE

Qu'est-ce que savoir? A cette question, les philosophes, les épistémologues, les historiens, les sociologues, les neurobiologistes, bien d’autres encore, s’efforcent depuis longtemps d’apporter des réponses, tantôt modestes et tantôt ambitieuses, mais dont il faut convenir qu’elles ne sont pas parfaitement éclairantes. Peut-être faut-il alors explorer des voies différentes et s’interroger : est-il d'autres manières de forger un savoir sur le savoir ? La réponse proposée ici, grâce à Proust, est : oui -- par la littérature.

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De la formation de l’homme économique au dépassement de l’économique par l’Homme : l’Histoire de Gil Blas de Santillane et La vocation théâtrale de Wilhelm Meister

Résumé: Pour imposer son propre intérêt, l’homme économique à tendance à dévaluer les intérêts de l’autre – à le tromper – et à cette fin il recourt à des stratégies comportementales empruntées au théâtre. Je me propose, dans mon article, de regarder de plus près cette problématique et de mettre en relation la théorie de l’homo oeconomicus avec l’Histoire de Gil Blas de Santillane (1715/1735) d’Alain-René Lesage et la première version du Wilhelm Meister (1776) de Goethe afin d’élucider la logique de la constitution, dans et par la littérature romanesque, de ce sujet, ainsi que les anthropotechniques lui permettant de mettre sa compétence performative au service de sa réussite économique.

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La Deuxième vie de Michel Pétrovitch

Un soir, préparant le feu pour la soupe de poissons au bord du Danube, Pétrovitch répondit à son ami, le pêcheur Miloutin Krstitch qui lui demandait les raison de sa vocation pour les mathématiques : « Les mathématiques sont la poésie suprême ».

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Taches d’encre

Combien peu de ce qui s’est passé a été mis par écrit, combien peu de ce qui a été écrit a été sauvé ! C’est d’origine que la littérature est fragmentaire, elle ne conserve les monuments de l’esprit humain que pour autant qu’ils aient été couchés par écrit et aient survécu au temps. (Goethe, Maximes et réflexions, N° 267)

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Présentation

Les articles réunis dans cet ensemble sont issus d'un séminaire tenu à l'Université de Montréal en 2008 sous le titre «Le Corps réinventé».

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Sens séduits. Aspects neurocognitifs de la lecture poétique

Les déviations de sens qui fondent le langage poétique font ici l’objet d’une approche neurocognitive par le biais des voies de lecture (phonologique et lexicale) qui lient les régions cérébrales impliquées dans le processus : celle de la reconnaissance visuelle des lettres, celle d’attribution du son et celle d’attribution du sens. On tire parti pour cela de concepts tels que « bigramme », « arborescence du mot » ou amorçage. Sur un poème de Verlaine, sont étudiés des cas d'homophonie, de rébus et d’attraction sémantique dans lesquels les sens séduits sont aussi bien physiques que lexicaux. Mots-clefs : Neurocognition. Lecture. Erreur poétique. Bigrammes. Rébus.

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¿Qué es un acontecimiento? El conocimiento poético y anti-platónico de Chantal Maillard // Qu’est-ce qu’un événement ? La connaissance poétique et anti-platonicienne de Chantal Maillard

La cuestión de cómo se propicia el conocimiento es una de las inquietudes que Chantal Maillard somete a consideración dentro de su producción literaria. El primero de los poemas que conforman Matar a Platón plantea una exploración, a partir de varios sujetos, de los diversos modos posibles de comprender aquello que acontece en un instante. A pesar de la singularidad y especificidad de cada uno de los sujetos, todos se revelan como propuesta de un paradigma que es antiplatónico y que entona con el entendimiento de la cognición tal y como lo hacen las ciencias cognitivas actuales. Palabras clave: conocimiento, poesía, antiplatonismo, ciencias cognitivas, acontecimiento, instante, Chantal Maillard. Comment promouvoir la connaissance ? Cette question est une des préoccupations que Chantal Maillard soumet à notre considération dans son travail littéraire. Le premier des poèmes rassemblés sous le titre Matar a Platón envisage une exploration, à partir de plusieurs sujets, des diverses façons possibles de comprendre ce qui se produit en un instant. En dépit de la singularité et de la spécificité de chacun, tous les sujets se révèlent comme la proposition d’un paradigme anti-platonicien au diapason de la compréhension de la connaissance, tel que le font les sciences cognitives actuelles. Mots-clés : connaissance, poésie, anti-platonisme, sciences cognitives, événement, instant, Chantal Maillard.

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Synesthesia: Seeing the World Differently

Abstract : In this paper I examine the processes and outcomes of using synesthesia in art. I discuss what might be different about artists with synesthesia and look at some types of experiences that synesthetes may have. I explore Heinrich Klüver’s Form Constants that can be found in the artworks of synesthetic artists. While Klüver discovered that synesthetes see things in common, I observe how they can be used in painting and also show what some common forms look like in video. Synesthesia shapes and informs one’s aesthetic, as well as contributes to the artistic process, even when one is unaware of one’s shared abilities. Because integrating one’s abilities into one’s work can invite challenges I discuss the impact that the art world can make. I also discuss how knowledge about synesthesia, or the lack of it, contributes to an artist’s work and an audience’s reaction to their artwork. Keywords: synesthesia, synaesthesia, art, painting, colored music, colored sounds, colored touch, colored pain, artistic codes, video

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Le langage intérieur : un nouveau protocole d’enquête. Fait linguistique et fait endophasique.

Résumé : Qu’est-ce qu’un fait endophasique ? Quels faits endophasiques les protocoles d’enquête en vigueur permettent-ils de construire ? Les enquêtes de terrain sur le langage intérieur, depuis la fin du XIXe siècle et le questionnaire de Georges Saint-Paul, premier du genre, tendent à mettre en valeur des résultats qui ne sont pas des faits de discours à proprement parler et qui ne sont pas susceptibles d’être appréhendés en tant que tels par la linguistique ou les sciences du langage. Pourtant, le langage intérieur relève bien, comme son nom l’indique, du langage, et appelle de ce point de vue une enquête selon un protocole adapté à cet aspect fondamental. Depuis 2014, nous avons mis en œuvre au sein du programme de recherche Monologuer un nouveau protocole d’enquête (protocole 2R, l’un des protocoles Monologuer), expérimenté à ce jour (novembre 2018) auprès de 113 adultes, qui permet d’étudier et de comparer des représentations et des restitutions de langage intérieur ordinaire, par le prisme incontournable de la subjectivité des participants. Ce nouveau protocole nous permet ainsi de mettre à l’épreuve certaines hypothèses très répandues, comme l’hypothèse Vygotski-Egger d’un langage intérieur abrégé, condensé et inintelligible pour autrui et de proposer de nouveaux outils d’analyse, adaptés à cet « envers » de la linguistique qu’est l’endophasie (voir Bergounioux, 2004). Le langage intérieur apparaît ainsi comme un fait de discours et un fait de style, combinant variation idiolectale et grammaire endophasique. Abstract : What is an inner speech fact? Which inner speech facts can the current traceback protocols reveal? Since the first questionnaire (Georges Saint-Paul, at the end of the XIXth century), various investigations of the phenomenon have been conducted. Inner speech has been mostly studied from a psychological or a neurocognitive point of view, sometimes from a sociological one as well. It has not really been studied as a linguistic fact, whereas it is above all a matter of language. In 2014, I have created within the interdisciplinary program Monologuer a new protocol (Protocol 2R), which has since been revised collectively. Up to November 2018, we have conducted investigations and experimentations with 113 adults and we have analysed representations and restitutions of ordinary inner speech. These representations and restitutions are necessarily subjective. With this new protocol, we tested the Vygotski-Egger hypothesis of a condensed and abreviated inner speech. We also created new analytical tools, adapted to this linguistics underside ("envers" de la linguistique, Bergounioux 2004). Inner speech can be considered as a linguistic fact and a stylistic fact, a combination of idiolectal variations, and an endophasic grammar. Mots-clés : langage intérieur, vie intérieure, endophasie, enquête de terrain, questionnaire, entretien, protocole, linguistique. Key Words : Inner speech, inner life, endophasia, field survey, questionnaire, interview, protocol, linguistics.

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La fictionnalisation de l’argent au XIXe siècle ou l’invention d’un sous-genre romanesque

Résumé: Au rebours des analyses référentielles qui font de l’argent un simple motif romanesque et réduisent la littérature à un témoignage, cet article pose l’hypothèse sous-genre « fiction économique » qui s’épanouirait, en même temps que les doctrines libérales, au cours du premier dix-neuvième siècle. L’analyse de La Comédie humaine et de quelques récits populaires permet en effet de dégager un certain nombre de structures narratives idéal-typiques qui témoignent d’une intériorisation profonde – c’est-à-dire au niveau des structures narratologiques et énonciatives – des principes économiques. La mise au jour de cette poétique de l’argent, loin d’enfermer la littérature dans une fonction ancillaire, permet d’en reconsidérer la puissance critique et herméneutique. Le récit réaliste ne se contente plus de dénoncer puisque, par la mise en texte des principes même de l’économie libérale, il en révèle les contradictions et la force d’assujettissement de l’individu livré à l’argent et au crédit.

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Écriture d’un cas entre psychiatrie et littérature : Lenz de Büchner

Ce texte s’attache à montrer le rapport constitutif entre littérature et psychiatrie à partir de l’écriture du Lenz de Georg Büchner (1839). L’écriture de Büchner peut en effet être comparée à celle des psychiatres de son époque en raison de sa forme de rédaction, de sa restitution de l’évolution de la maladie et de sa présentation directe de la folie. On se propose de montrer ainsi comment le contenu et la forme du texte littéraire se rapprochent de l’écriture psychiatrique. Si ce texte de Büchner a très tôt servi d’exemple aux psychiatres (du XXe siècle) pour une représentation réussie de la psychose schizophrénique, il est pourtant indispensable de prendre en considération l’histoire de la psychiatrie et de la folie au XIXe siècle pour pouvoir situer ces lectures psychiatriques de ce texte dans leurs contextes historiques.

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Fiction et savoir. La dimension épistémologique du texte littéraire au XXe siècle (Marcel Proust)

Résumé : Cet article réfléchit sur le rapport problématique entre fiction et savoir, en s'appuyant sur la théorie des systèmes luhmannienne. Selon cette analyse, lorsqu’un texte de fiction contient des éléments épistémiques, ceux-ci sont soumis à un « double codage », épistémique et esthétique, ce qui leur donne une fonction potentiellement auto-réflexive. Cette thèse est illustrée par une analyse d’À la recherche du temps perdu, qui montre l'hésitation du narrateur entre une position mettant sur le même plan l’écrivain et le scientifique et une position affirmant la différence entre les deux.

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Littérature, arts visuels et neuroesthétique

Grâce à l’arrivée de l’imagerie fonctionnelle il y a vingt-cinq ans et aux progrès continus réalisés depuis, il est maintenant possible de dresser la carte directement de l’activité du cerveau durant des tâches de perception et d’activité chez des sujets normaux. Fondée sur ces découvertes, la dernière décennie a ainsi observé des bouleversements majeurs dans la compréhension du cerveau musical. Dans cet article, nous nous sommes cependant limité aux relations de la neurologie essentiellement avec la littérature et les arts visuels.

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La norme et l’écart : étiologie et idéologie au XIXe siècle

Tout cela étonnera fort les gens du monde, qui, en général, ont pris le mot Mathématique pour synonyme de régulier. Toutefois, là comme ailleurs, la science est l'œuvre de l'esprit humain, qui est plutôt destiné à étudier qu'à connaître, à chercher qu'à trouver la vérité […]. En vain les analystes voudraient-ils se le dissimuler, ils ne déduisent pas, ils combinent, ils comparent ; quand ils arrivent à la vérité, c'est en heurtant de côté et d'autres qu'ils y sont tombés.1 Les mathématiques sont souvent présentées comme un langage. Qu’ils les considèrent comme provenant d’un autre monde, le monde des « idées pures »2, ou comme le « langage commode » donnant accès à l’ « harmonie interne du monde »3, de nombreux discours sur les mathématiques s’organisent autour d’une distinction entre ces dernières et le « monde », au sens de ce qui se situe hors du langage. C’est à de tels discours de démarcations que nous consacrons cet article. Notre objectif n’est cependant pas de déconstruire ces discours du point de vue de l’histoire sociale4, ou de traiter des problèmes épistémologiques posés par des distinctions entre logique et intuition ou abstraction et expérience. Nous envisageons plutôt ces discours de démarcation en tant qu’ils forment des récits dont nous souhaitons saisir certaines modalités de construction et d’évolution.

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The Language of Synesthesia

ABSTRACT: In "The Language of Synesthesia,” Marcia Smilack tells the story of her life as a fine art photographer who taught herself how to use a camera by relying on her synesthetic responses as signals for when to click the shutter. Photographing reflections on moving water, she created a career in which named herself a Reflectionist and named her images paintings by camera. The responses that tell her to take a picture include sound and texture elicited by what she sees. In detailing her history, she tells of the seminal experience at age six when she struck a piano note for the first time and instantly saw the color green; the musical sound elicited color. Later in her life, she became aware that her synesthesia worked in reverse as well. That is, looking at color and shape elicits sound and texture. She hears with her eyes and sees with her ears. She explains that from the first "green note” of her childhood, a room was carved out in her mind where all subsequent synesthetic experiences are viewed on an internal screen. It is the same room where her eidetic memories are preserved in present time. She lives her life in metaphor and describes the double life created by her synesthesia. That synesthesia is itself a language is obvious to her, which she shows with several examples from her artwork where the symbols of her photographs serve as musical nomenclature. The picture language that her body produces made of colors and shapes provide a natural metaphor to the words that come to her secondarily as a translation of what she sees. She calls her synesthetic picture language her native tongue and shows the relationship between her waking synesthesia and the synesthesia of her dreams, posing the question of whether synesthesia might be a waking form of dreaming.

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La notion de force dans Faust I de Goethe

Certains mots suscitent l’engouement d’une société à une époque déterminée, ils surgissent et connaissent un succès sémantique avant de disparaître au terme d’une période parfois éphémère ; bref, il existe une mode des mots.

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